L’analyse comparative du jugement professionnel révèle des disparités surprenantes dans la formation des comptables en Tunisie. En explorant les influences variées sur le jugement, cette recherche offre des perspectives essentielles pour améliorer l’enseignement et la pratique comptable, avec des implications significatives pour le secteur.
Section 2 : Les habitudes d’une pensée critique :
Ces habitudes varient d’une personne à une autre et d’un groupe d’individus à d’autres et tiennent à la nature et aux spécificités des individus concernés.
Sous section 1 : La variabilité des attitudes et des comportements personnels à l’égard du jugement professionnel :
Qu’il s’agisse d’analystes, d’experts ou de nouveaux diplômés comptables, les approches pour solutionner les problèmes sont nombreuses et variées. Beaucoup d’agents abordent des situations problématiques, confiants dans leur habilité de leur trouver une solution raisonnable tandis que d’autres s’adonnent en doutant de leur capacité comme décideur, penseur ou négociateur.
Certains font preuve d’ouverture d’esprit, d’autres d’intolérance, beaucoup approchent les problèmes avec diligence, de façon systématique et attentionnée. D’autres recherchent des points d’évidence et des raisons au fur et à mesure qu’ils progressent dans leur processus décisionnel. Certains ont tendance à être désorganisés, éparpillés et facilement distraits dans leurs tâches (P.Falcone et al, 1999).
D’autres évitent les données et une approche plus disciplinée en faveur d’une prise de décision dictée par l’impulsion, l’intuition, un caprice, la mode du jour ou des préoccupations quelconques.
De même, quelques individus démontrent une conscience et une intégrité professionnelle élevée, d’autres semblent incapables de passer outre les biais personnels, leurs craintes, leurs intérêts particuliers ou les préjugés. Certains chercheurs, constatant la complexité et la subtilité entourant des problèmes, notent plusieurs résolutions possibles ; tandis que d’autres entrevoient les choses en termes plus rigides et dichotomiques comme bons ou méchants, corrects ou incorrects, vrais ou faux, noirs ou blancs.
Des personnes sont curieuses du fonctionnement des choses ; elles veulent savoir d’avantage au sujet du problème posé plutôt que de le résoudre simplement. Par contre des personnes plus averties préfèrent uniquement régler la situation sans s’attarder « au pourquoi » ou « à qui et pourquoi faire » qui risque de prendre beaucoup de temps et une perte certaine d’énergie et d’argent.
Ces attitudes, ces valeurs et ces tendances sont des dimensions de la personnalité qui sont en relation directe avec le degré de succès obtenus par différentes personnes lorsqu’elles exercent leurs habilités de raisonnement dans l’encadrement d’un problème et de sa solution.
Signalons ici que deux études sur les indépendances utilisant des méthodes de recherches socio-psychologiques ont tenté de décrire les caractéristiques attendues d’une personne dont la réflexion est exemplaire (American Philosophical Association, 1990, Giancarlo, 1996).
A partir des techniques et de l’analyse factorielle, ces études ont permis de relever sept éléments particuliers et distincts. Dans leur manifestation la plus positive, ces sept attributs du caractère ou habitudes de la pensée sont reconnus ainsi : recherche de la vérité, ouverture d’esprit, capacité analytique, esprit systématique, confiance en son habileté à la pensée critique, curiosité intellectuelle et maturité du jugement (Facione et al, 1995).
Les sept habitudes de la pensée possèdent également en elles-mêmes leur puissance contraire à ce que nous pourrions qualifier de mauvaises dispositions. Ainsi, l’antithèse du penseur idéal ou exemplaire serait la personne exerçant son habileté à la pensée en étant intellectuellement malhonnête, intolérante, inattentive, désordonnée, sceptique de l’activité rationnelle, indifférente et simpliste.
Quoique les vertus soient des atouts évidents pour le praticien professionnel, les vices posent sans doute des inconvénients beaucoup plus grands que leurs contre-parties. La recherche s’avère intéressante quand elle est utilisée pour tracer le profil de différents individus et groupes d’individus selon ces sept caractéristiques.
En dehors des préconceptions engendrées par les modèles théoriques très complexes, une question empirique se pose consistant à s’interroger sur le degré de corrélation entre d’une part, la disposition envers la pensée critique et, d’autre part, l’habilité générale à penser de façon critique, le succès universitaire, la personnalité, le développement personnel et l’exercice approprié du jugement professionnel dans une situation donnée.
En définitive, comment les sept caractéristiques indiquées influent-elles sur la qualité du jugement professionnel en relation avec ces derniers paramètres ? Combien coûte t-il à l’individu et à la société en général lorsque la responsabilité de porter un jugement est confiée à des professionnels qui sont négatifs et laxistes sur une ou plusieurs des sept caractéristiques inhérentes à la disposition à la pensée critique ?
Toute la question de l’appréhension d’une telle disposition pour une solution réfléchie de ce problème reste posée et exige une analyse.
Sous section 2 : L’expérience et l’Art de la Résolution de Problème Réfléchi
La disposition à s’engager dans un mode de pensée critique est le résultat d’attitudes positives de l’individu envers les conséquences perçues d’un comportement réfléchi.
L’appréciation générale des résultats obtenus par la pensée est meilleure que l’utilisation d’une autre stratégie pour la sélection de solutions à des problèmes retenus.
De telles attitudes et l’estime accordée à la pensée critique sont des propensions plus ou moins latentes de la personnalité qui peuvent être développées, renforcées ou diminuées par des succès formatifs ou des échecs et ce lorsqu’il y a des tentatives d’utiliser la pensée pour résoudre des problèmes (Facione, Giancerlo, Facione et Gainen, 1995).
Nous apprenons à agir dans des environnements complexes, difficiles, hautement stimulants et provocateurs en reconnaissant des motifs de contexte et d’action qui signalent la présence de problèmes familiers. Peut-être, à la suite d’une évaluation méda-cognitive pour vérifier notre reconnaissance des motifs, sommes-nous en mesure de lancer de façon réflexive des grandeurs ou des scénarios de solutions déjà utilisés dans le passé et qui ont été évalués comme favorables jusqu’à un certain point pour la résolution d’un dilemme ; plutôt que de chercher d’autres scénarios de solutions non éprouvées jusqu’alors? (P.Falcone et al, 1999).
Par l’expérience et la réflexion, nous sommes en mesure de noter les distinctions et de répondre à des différences subtiles mais importantes. Est ce que nous sommes en mesure de reconnaître de plus en plus des motifs et des variations divers et différents ? Voilà sur quoi repose l’art de l’expert praticien. Bien qu’elle ressemble à un automatisme, l’expérience se développe uniquement chez les individus qui portent un regard réfléchi sur leur pratique et non une garantie de l’accumulation d’expériences (P.Falcone et al, 1999).
L’art d’une pratique réfléchie inclut non seulement la reconnaissance d’un plus grand répertoire de problèmes types mais aussi l’identification des caractéristiques qui les différencient.
L’individu devient alors plus précis et plus efficace dans son diagnostic des problèmes et la résolution de ces derniers. Dès lors, l’expert peut avec un certain degré de confiance s’engager sur des sentiers connus (Newell, 1990). Cela ne suppose pas pour autant que l’expert ne puisse se tromper. En fait, l’analyse sommaire ou rapide d’une situation peut amener l’expert à agir avec automatisme, ce qui peut mener à de sérieuses erreurs plus au moins graves et coûteuses.
Le praticien ayant moins d’expertise ne reconnaît pas aussi souvent les motifs et il est moins sensible aux nuances que l’expert professionnel (Benner, 1984 ; Gambrill, 1990). Contrairement au nouveau qui porte attention à un détail pris hors de proportion, l’expert réfléchit sur le fond de la solution du problème lui même.
Est-ce que le chemin proposé par cet expert produit les résultats attendus et désirables ? Sinon, il faut se demander si le problème posé et tous les paramètres pertinents ont été bien délimités. Devrions-nous considérer une solution alternative ou poursuivre avec celle qui est en cours ? A quel moment nous pouvons nous apercevoir que notre raisonnement nous mène bien à de bonnes décisions ?
Même si un problème se présente comme étant mal défini, mal structuré, sous-structuré ou nouveau, l’expert peut se sentir raisonnablement confiant car, au fur et à mesure que le problème se précisera, il sera en mesure de déterminer laquelle, parmi des solutions éprouvées, est pertinente. Tôt ou tard, les professionnels rencontrent des problèmes pour lesquels une nouvelle approche doit être tracée.
Si nous sommes experts dans un domaine, nous sommes en mesure de reconnaître l’existence de données aptes à guider l’élaboration d’un nouveau tracé. Il est probable qu’un novice se tournera vers l’expert pour le guider si le problème, bien qu’il soit nouveau pour lui, a été déjà éprouvé. Mais cela exige que nous tenions compte de l’état, de l’évaluation des connaissances du novice, de l’esprit critique qui sont les bases de tout bon jugement professionnel.
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les habitudes de pensée critique dans le jugement professionnel?
Les habitudes de pensée critique varient d’une personne à une autre et incluent des éléments tels que la recherche de la vérité, l’ouverture d’esprit, la capacité analytique, et la curiosité intellectuelle.
Comment les attitudes personnelles influencent-elles le jugement professionnel en comptabilité?
Les attitudes personnelles influencent le jugement professionnel en comptabilité en déterminant comment les individus abordent les problèmes, que ce soit avec confiance ou avec des doutes, et en fonction de leur ouverture d’esprit ou de leur intolérance.
Quels sont les attributs du caractère liés à une réflexion exemplaire?
Les attributs du caractère liés à une réflexion exemplaire incluent la recherche de la vérité, l’ouverture d’esprit, la capacité analytique, l’esprit systématique, et la maturité du jugement.