Analyse méthodologique pour la valorisation des rythmes traditionnels du Bénin

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🎓 Auteur·trice·s
Mahougnon Ange-Calin DEKAKON
Mahougnon Ange-Calin DEKAKON

La méthodologie de valorisation culturelle révèle un défi majeur : le manque de cadres pour les rythmes et danses traditionnels béninois. Cette recherche propose un centre de promotion à Porto-Novo, transformant ainsi la perception et la préservation de ce patrimoine immatériel crucial.


ECOLE AFRICAINE DES METIERS DE L’ARCHITECTURE ET DE L’URBANISME

Etablissement Inter-Etat d’Enseignement Supérieur www.eamau.org/ eamau@cafe.tg

Travail Personnel de Fin d’études

Project presentation

Méthodologie essentielle pour la valorisation du patrimoine immatériel

Sauvegarde et Valorisation du Patrimoine Immatériel Béninois : Un Centre de Promotion des Rythmes et Danses Traditionnels

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Mahougnon Ange-Calin DEKAKON

Supervised by: M. KAO Emile & M. GUIGMA Léandre

Juin 2019


Résumé de l’étude

Ce travail personnel de fin d’étude dont le thème s’intitule « Sauvegarde et valorisation du Patrimoine immatériel béninois : Proposition d’un centre de promotion des rythmes et danses traditionnels du Bénin à Porto-Novo » a pour but de contribuer à la valorisation des rythmes et danses traditionnels à travers un centre capable de susciter l’attention des béninois et permettre à ces derniers de se réimprégner de leurs rythmes et danses traditionnels.

Les rythmes et danses traditionnels occupent une grande place en Afrique et au Bénin. Ils correspondent à la diversité des ethnies et permettent d’exprimer divers types d’émotions. Constituant un patrimoine immatériel et touristique très riche, les rythmes et danses traditionnels du Bénin sont malheureusement méconnus de la jeunesse béninoise. Les raisons expliquant cet état de chose sont multiples. Au nombre de ces dernières l’on peut énumérer l’absence de cadres appropriés pour la pratique de ces rythmes et danses.

C’est pour apporter un essai de solution à ces insuffisances qui gangrènent les rythmes et danses traditionnels que nous avons proposé notre projet. Ainsi, notre étude se subdivise en deux parties :

Dans la première partie nous avons fait une analyse diagnostique du Bénin et nous nous sommes appesantis sur le secteur culturel et en particulier sur les rythmes et danses traditionnels du Bénin.

Dans la seconde partie, nous proposons l’aménagement du centre de promotion des rythmes et danse traditionnels que nous que nous implantons dans la ville de Porto-Novo.

Abstract

The topic of our personal work of fending study is about: saving and valuation of Benin immaterial patrimony: Proposal of patrimonial center of Benin’s traditional rythms and dances at Porto-Novo.

The purpose of this project is to contribute in valuation of traditional rythms and dances through a center which is would be able to arouse the attention of Beninese (Benin people) and allow them to immerse in their traditional rythms and dances.

Traditional rythms and dances are very important in Africa and especially in Benin. They are linked with the diversity of ethnic group and they could express many kind emotions. In addition traditional rythms and dances are rich immaterial and touristic patrimony. However, they are not well known by Benin’s youth. They are many reasons which explain this fact. We can list the lack of appropriate spaces for practices of those rythms and dances.

We suggest by this project to give a solution to the deficiency with effect the sector of traditional rythms and dances.

Then our study is in two parts:

In the first part, we have done a diagnostic analysis of Benin. We dwell on cultural sector especially on traditional rythms and dances of Benin.

In the second part, we have suggested the development of our promotional center of traditional rythms and dances which will be build at Porto- Novo.

Introduction Générale

Contexte et Problématique

Depuis la préhistoire jusqu’à notre époque, l’être humain a toujours ressenti le besoin d’extérioriser ses sentiments et émotions. Pour cela, il s’est d’abord tourné vers l’art et en particulier vers la danse et la musique. En effet, les premières indications sur l’exécution de danses datent de la préhistoire où des peintures rupestres attestent de l’existence de danses primitives.

Les rythmes musicaux et la danse constituent donc l’un des premiers arts et importants moyens par lequel l’homme exprime des idées, des émotions ou raconte une histoire. C’est dans cette optique que Curt Sachs déclare : « La danse est le premier-né des arts. La musique et la poésie s’écoulent dans le temps ; les arts plastiques et l’architecture modèlent l’espace.

Mais la danse vit à la fois dans l’espace et le temps. Avant de confier ses émotions à la pierre, au verbe, au son, l’homme se sert de son propre corps pour organiser l’espace et pour rythmer le temps. »

Présente à travers tous les âges et toutes les civilisations, la danse est également une forme de langage corporel et de communication non verbale. Elle n’est pas seulement un art, mais elle est aussi une forme de méditation, un acte cérémoniel et rituel adressé à une entité supérieure. À notre époque il existe une multitude de rythmes musicaux et de danses. La majorité de ces derniers sont propres à des peuples et ceux qui sont les plus populaires sont fortement inspirés de rythmes et de danses identitaires de certains peuples de l’Afrique. Chaque peuple danse pour des motifs distincts et d’une façon très révélatrice de leur mode de vie.

Dans la culture traditionnelle africaine, la musique traditionnelle représente l’expression de tout un peuple. C’est un état d’âme, un langage nécessaire pour la communion, la communication, un langage qui véhicule des messages importants. C’est pour aborder dans le même sens et même plus que Léopold Sédar Senghor affirme : « En Afrique, c’est la danse qui est au commencement de toutes choses. Si le verbe l’a suivi, ce n’est pas le verbe parler, mais

le verbe chanter, rythmer. Danser, chanter, porter des masques constituent l’art total, un rituel pour entrer en relation avec l’indicible et créer le visible ».1 La danse et les rythmes musicaux traditionnels constituent en Afrique un patrimoine identitaire qu’il importe de valoriser.

Le Bénin pays de l’Afrique de l’ouest est l’une des rares contrées où les rythmes et danses traditionnelles jouent un rôle prépondérant dans la vie quotidienne.

Dans les sociétés traditionnelles béninoises, les danses sont multiples et correspondent à la diversité des régions et ethnies. Chaque groupe socio-culturel s’appuie sur une gestuelle, une rythmique différente, pour exprimer des choses aussi essentielles que le sens de la vie. Ces diversités musicales de rythmes sont nées du temps des différents règnes de la royauté du Dahomey et du culte vodou. Elles sont exécutées afin de transmettre une tradition, d’effectuer un rituel, d’honorer une divinité ou de célébrer un événement. Le Bénin dispose d’un patrimoine immatériel important et de sites et attraits touristiques non négligeables. Parmi ces sites touristiques nous avons la ville de Porto-Novo.

Situé à 31 km de Cotonou, Porto-Novo est la capitale politique du Bénin. La ville abrite de beaux bâtiments coloniaux de styles brésiliens comme la grande mosquée, le musée da silva, le palais Honmè et autres sites touristiques culturels au nombre desquels nous pouvons citer entre autres le musée ethnographique Alexandre ADANDE qui présente une riche gamme de masque.

Il y a aussi le temple du monstre à neuf têtes, le Palais Toffa 1er, le Palais d’initiation des rois ainsi que plusieurs temples et lieux de culte basés sur les valeurs traditionnelles. Porto- Novo dispose également de danses et rythmes traditionnels qui font sa spécificité. En effet, Porto-Novo est une ville cosmopolite composé de plusieurs ethnies dont chacune possède une danse et rythme traditionnel qui lui est propre.

C’est ainsi qu’on retrouve chez les Gouns le « Adjogan » qui est un rythme traditionnel pratiqué le plus souvent dans les cours royales et uniquement par les femmes. En outre, Porto-Novo est connue pour être à chaque week-end une ville festive. L’on observe tous les week-ends à Porto-Novo une affluence de femmes et d’hommes venus de plusieurs villes du Bénin.

Vêtus de leurs plus beaux habits traditionnels, ces hommes et femmes se rendent à Porto-Novo à l’occasion le plus souvent des mariages chez

1 Déclaration de Léopold Sédar Senghor (1906-2001) rapporté dans Bénin-Dossiers, premier président du Sénégal et premier Africain membre de l’Académie française. Bénin-Dossiers : La danse au Sud-Bénin. In : Fraternité, AllAfrica Global Média, Cotonou, pp 25-27

les yorubas ou encore des « Ago » (grande fête chez les gouns). Au cours de ces réjouissances qui se déroulent chaque week-end à Porto-Novo, les rythmes traditionnels constituent la musique préférentielle sur laquelle les uns et les autres esquissent des pas de danse. Ainsi, les rythmes et danses traditionnelles occupent une place importante à Porto-Novo et dans le reste du pays.

Le poids de la tradition béninoise étant élevé dans l’épanouissement des masses populaires à travers les chants et danses traditionnelles, il urge donc de les sauvegarder et de les promouvoir en vue de leur exploitation non seulement à des fins d’historiographie mais aussi de valorisation tant au niveau national qu’international.

C’est pour atteindre ce but que le Bénin a ratifié la convention de l’UNESCO concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel en 1972 et également la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en 2003. Aussi, le Bénin a ratifié la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles en 2005.

En outre il s’est également doté d’une législation nationale de protection et de valorisation du patrimoine. Cette dernière comprend la loi no 91-006 du 25 Février 1991 portant charte culturelle en République du Bénin. Cette loi fonde sa politique sur le respect des origines culturelles nationales, la décentralisation de la vie culturelle, notamment en ce qui concerne l’installation d’infrastructures et équipements culturels performants.

La charte culturelle met également l’accent sur la nécessité de conserver, de protéger et de mettre en valeur le patrimoine physique et non physique qui constitue le fondement de l’identité culturelle nationale. La législation nationale de protection et de valorisation du patrimoine comprend également la loi no 2007-20 du 23 Août 2007 portant protection du patrimoine culturel et du patrimoine naturel à caractère culturel.

Cette loi qui constitue une avancée significative pour la protection du patrimoine, traduit la volonté de l’Etat de protéger tout ce que le peuple béninois a de plus cher à travers l’expression de son génie créateur, ses valeurs de civilisations, ses manifestations artistiques et culturelles, ses biens meubles et immeubles. Elle légifère sur les questions relatives à la protection, à l’inventaire et au classement des éléments du patrimoine culturel matériel et immatériel.

En dehors des différentes conventions et législations énumérées précédemment, le gouvernement béninois actuel à travers son programme d’action veut faire la promotion de la destination Bénin. En effet en matière de tourisme et de culture, la vision du gouvernement est claire. Le programme d’action du gouvernement intitulé le Bénin Révélé renseigne que :

« L’ambition du nouveau gouvernement est de faire du tourisme une filière de développement économique, créatrice de richesses et d’emploi, et un outil du rayonnement du Bénin à l’international ». Afin de parvenir à la réalisation de cette ambition, le gouvernement s’est doté d’une nouvelle stratégie de relance du secteur des arts et de la culture et d’un agenda culturel listant l’ensemble des manifestations culturelles parmi lesquelles figurent des festivals de danse et de musique moderne d’inspiration traditionnelle. La nouvelle stratégie de relance du secteur des arts et de la culture a de multiples buts dont voici certains :

  • La détection, la formation et la promotion des talents à la base dans les domaines tels que le chant, la danse, la musique, le théâtre et les arts plastiques.
  • La valorisation générale du patrimoine matériel et immatériel béninois et leur répertoriage.
  • La mise à disposition des financements structurants comme le fonds d’aide à la culture (FAC).
  • La création d’une nouvelle chaine de télévision destinée à la valorisation du patrimoine matériel et immatériel béninois.
  • La construction de 54 arènes culturelles dans 54 communes du Bénin.

Toutes ces politiques sont destinées à promouvoir le patrimoine immatériel béninois et par conséquent faire du Bénin une destination touristique de premier choix. Selon Mr Ange N’koué ministre du tourisme et de la culture du Bénin, le tourisme béninois représente plus de 2% du produit intérieur brut (PIB), emploie près de 2000 personnes et a généré en 2016 plus de 7 milliards de FCFA. 2

Cependant, malgré ces politiques et législations visant à promouvoir le patrimoine immatériel béninois parmi lequel figure les rythmes et danses traditionnelles, l’on remarque malheureusement que ces derniers sont en voie de disparition. En effet, force est de constater avec regrets et effroi que le secteur des rythmes et danses traditionnelles qui devrait être l’un des fers de lance de la promotion de la destination Bénin et du développement touristique et socio-économique est laissé pour compte et végète encore dans l’ornière. Les raisons de ce constat sont multiples et variées. L’on peut énumérer entre autres :

2 www.benincultures.com

  • Le désintéressement de la majorité de la jeunesse des rythmes et danses traditionnelles ; les jeunes préférant écouter et danser des rythmes modernes venus d’autres contrées.
  • Les initiatives privées en matière de valorisation des rythmes et danses traditionnelles ne sont pas légion et pérennes.
  • Les actions de sauvegarde et de valorisation du patrimoine immatériel ne font pas partie des priorités des collectivités locales, vues les nombreuses difficultés financières auxquelles elles sont confrontées.
  • Le manque de visibilité des rythmes et danses traditionnelles. En dépit des festivals autour de ces rythmes, une grande majorité des béninois ne les connaissent pas.
  • Le manque de lieux appropriés et propres à l’Etat dédiés aux rythmes et danses traditionnelles ;

Il y a des problèmes liés à l’accès aux lieux appropriés à la pratique des rythmes et danses traditionnelles.

  • Le manque de visibilité et de professionnalisme des acteurs du secteur des rythmes et danses traditionnelles.

Au regard de ces insuffisances et en considérant les politiques et législations en faveur de la sauvegarde et de la valorisation des rythmes et danses traditionnelles du Bénin, l’interrogation qui s’impose à nous futur architecte est :

Comment un espace architectural peut-il favoriser la sauvegarde et la valorisation des rythmes et danses traditionnelles du Bénin en vue de participer à leur revitalisation sur le plan national et d’en faire un important atout touristique pour le rayonnement du Bénin à l’international ?

De cette question principale découle deux interrogations subsidiaires :

  • Quel type d’équipement englobant les fonctions de sauvegarde et de valorisation faut-il pour favoriser la promotion des rythmes et danses traditionnelles du Bénin ?
  • Quels choix de concepts et de techniques architecturales doit-on adopter afin d’aboutir à une œuvre architecturale adéquate à la pratique, à la sauvegarde et à la valorisation des rythmes et danses traditionnelles du Bénin et qui s’intègre parfaitement dans son milieu ?

C’est dans la perspective de répondre à ces interrogations que nous avons opté pour notre thème de mémoire intitulé :

« Sauvegarde et Valorisation du patrimoine immatériel béninois : Un centre de promotion des rythmes et danses traditionnels du Bénin à Porto-Novo. »


Questions Fréquemment Posées

Pourquoi est-il important de valoriser le patrimoine immatériel béninois?

Les rythmes et danses traditionnels occupent une grande place en Afrique et au Bénin, permettant d’exprimer divers types d’émotions et constituant un patrimoine immatériel et touristique très riche.

Quel est le principal défi pour la valorisation des rythmes et danses traditionnels au Bénin?

Le principal défi identifié est le manque de cadres appropriés pour la pratique de ces arts traditionnels.

Quelle solution est proposée pour promouvoir les rythmes et danses traditionnels à Porto-Novo?

La recherche propose la création d’un centre de promotion des rythmes et danses traditionnels à Porto-Novo pour valoriser ce patrimoine immatériel.

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