Comment les Communautés Économiques Régionales transforment l’intégration régionale en Afrique?

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🏫 Université d'Abomey-Calavi (UAC) - École Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme du Cycle II - 2018-2020
🎓 Auteur·trice·s
Wilfried Lauréat VODOUNON
Wilfried Lauréat VODOUNON

Les applications pratiques de l’intégration régionale révèlent des différences surprenantes entre l’Union africaine et l’Union européenne. Alors que l’UA prône une adhésion universelle, l’UE impose des critères stricts, soulevant des questions cruciales sur l’efficacité et l’avenir de l’intégration en Afrique.


Paragraphe 2 : Autres organes importants pour l’intégration des peuples

Le chemin à double strate géographique que l’UA a emprunté conditionne l’avancée du projet d’intégration continentale aux progrès enregistrés par les CER et lui impose par ailleurs une nécessaire coordination entre les huit CER, de même qu’un niveau élevé de performance des Comités techniques spécialisés.

A- Rôle et coordination des CER renforcés

Nous pensons qu’il serait utile de mettre ici l’accent plus fortement sur le principe du renforcement de l’intégration continentale par le biais de l’intégration sous-régionale, en tant qu’élément constitutif de ce processus.

Il est en effet souvent plus facile pour les États membres de s’identifier avec le niveau sous-régional plutôt qu’avec le niveau continental.

C’est d’ailleurs le principe à la base du traité d’Abuja de 1991 faisant des Communautés économiques régionales les fondations de l’intégration continentale.

C’est ce schéma en deux étapes étroitement interconnectées du processus d’intégration qui a été envisagé par ce traité, c’est-à-dire à la fois sous-régionale et continentale.

Le rôle des Communautés Economiques Régionales (CER) pourrait ainsi davantage être utilisé à la fois en termes politiques et économiques.

L’exemple de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) montre également le rôle utile que peuvent jouer les CER dans la mise en œuvre et la gestion des projets continentaux de l’UA.

L’UA reconnaît huit CER comme étant des « piliers » de l’intégration continentale. Compte tenu de leur importance croissante en tant que pierres d’angle de l’intégration africaine, leurs rôles et leur expérience devraient être mis davantage à profit.

Les CER ne doivent pas seulement être un moteur économique mais jouer aussi peu à peu un rôle politique plus important, comme cela a été fait avec succès ces dernières années par la CEDEAO en matière de paix et de sécurité, de gouvernance et de liberté de mouvement.

D’autres CER élargissent elles aussi leur rôle à des questions plus politiques. Dans les années à venir, il faudra améliorer la relation entre la CUA et les CER et définir plus clairement la répartition des rôles.

L’intégration africaine devrait permettre la mise en place d’une architecture différenciée, s’appuyant sur les forces spécifiques des CER (voir par exemple le rôle joué par la CEDEAO en matière de gouvernance, et notamment la suspension du Mali en tant que membre de la CEDEAO, à la suite du renversement anticonstitutionnel du président Ibrahim B. KEÏTA).

La coordination entre les CER pourrait également être renforcée. Un bon exemple à ce sujet est la création du Comité interrégional de coordination (CIRC) en Afrique australe et orientale, qui a considérablement renforcé la concertation et la coordination entre les différentes CER.

Les chefs d’État des pays membres de la CDAA, du COMESA et de la CAE sont également en train de mettre sur pied une structure de coopération tripartite avec pour ambition future une plus grande intégration entre leur trois CER.

Même si l’objectif à long terme est de doter progressivement l’UA de plus grands pouvoirs et compétences sur les questions continentales, l’intégration au niveau régional ou sous-régional est vraiment le point de départ.

En Europe, l’on parlerait à ce sujet de « transferts de pouvoirs ». L’idée sous-tendant cette approche est qu’en associant leurs efforts, les gouvernements nationaux peuvent faire beaucoup plus que s’ils agissaient seuls.

Un bon exemple à ce sujet est la manière dont l’Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) a renforcé les capacités et la puissance d’action des États africains en matière de paix et de sécurité.

De quelle manière les différents acteurs (c’est-à-dire la CUA, les CER, les États membres, et la CEA) peuvent-ils améliorer leur capacité collective en matière d’intégration régionale ?

Ils doivent tout d’abord décider qui parmi eux est le mieux placé pour :

  • Fournir un cadre diagnostique sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, en se basant sur les expériences des CER ;
  • Organiser et faciliter des discussions avec les principaux acteurs en Afrique, axées sur la pratique et tournées vers l’avenir, sur les moyens de renforcer l’efficacité des organisations régionales africaines ;
  • Créer des possibilités d’innovation et de différenciation, afin d’éviter de se retrouver confrontés à un projet d’intégration rudimentaire ;
  • Adopter une approche qui permette une géométrie variable tout en maintenant un minimum de dénominateurs communs ;
  • Rassembler et développer des connaissances sur les manières dont les processus africains d’intégration peuvent être traduits dans des politiques applicables et axées sur les résultats.

Il est essentiel de reconnaître les avantages comparatifs des CER et de préserver leurs compétences spécifiques « de niche », et leur valeur ajoutée à la fois en tant que groupe et de manière individuelle.

Une approche uniforme appliquée à tous ne serait pas une solution, et même si le Programme minimum d’intégration (PMI) de la CUA peut être d’une grande utilité en termes de définition d’un seuil de base, il ne suffit pas à lui seul.

Il semble clair cependant que la CUA dispose d’un avantage comparatif dans certains domaines : en assumant un rôle de coordination, par exemple pour surmonter les problèmes créés par les APE au niveau régional, ou en créant un cadre permettant d’identifier les tensions, les rivalités institutionnelles et les chevauchements de fonctions entre les différents groupements régionaux en Afrique, et d’en discuter de manière constructive.

B- Les Comités techniques spécialisés

Les Comités techniques spécialisés (CTS) couvrent des thèmes variés et sont responsables devant le Conseil exécutif.

Chaque CTS devrait, en principe, être composé de ministres et de hauts fonctionnaires des États membres chargés des secteurs relevant de leurs domaines respectifs de compétence.

Les CTS ont pour mission de travailler en étroite collaboration avec les départements de la Commission de l’UA pour veiller à l’harmonisation des projets et programmes de l’UA ainsi qu’à la coordination avec les Communautés économiques régionales (CER).

L’Acte constitutif de l’UA stipule que chacun des comités, dans le cadre de sa compétence, a un mandat consistant à (1) préparer des projets et programmes de l’Union et de les soumettre au Conseil exécutif, (2) assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des décisions prises par les organes de l’Union, (3) présenter des rapports et des recommandations au Conseil exécutif, de sa propre initiative ou à la demande du Conseil exécutif, sur l’exécution des provisions de l’Acte constitutif.

Il faut renforcer les Comités techniques spécialisés rassemblant les ministres de ces secteurs (et en faire un meilleur usage).

A l’heure actuelle, le travail de l’UA est surtout placé sous le contrôle des seuls ministres des Affaires étrangères. Cet état de fait entrave les avancées éventuelles dans des domaines techniques spécifiques.

Ce faisant, il faut également veiller à éviter le danger inverse qui consisterait à développer une approche cloisonnée, chaque secteur avançant à son propre rythme et à sa manière, sans cohérence d’ensemble.


Questions Fréquemment Posées

Quel est le rôle des Communautés Économiques Régionales (CER) dans l’intégration régionale en Afrique?

Le rôle des Communautés Économiques Régionales (CER) pourrait ainsi davantage être utilisé à la fois en termes politiques et économiques, et elles sont reconnues comme des ‘piliers’ de l’intégration continentale.

Comment les CER peuvent-elles renforcer l’intégration continentale en Afrique?

Les CER ne doivent pas seulement être un moteur économique mais jouer aussi peu à peu un rôle politique plus important, comme cela a été fait avec succès par la CEDEAO en matière de paix et de sécurité.

Pourquoi est-il important de coordonner les CER pour l’intégration régionale?

La coordination entre les CER pourrait également être renforcée, comme le montre la création du Comité interrégional de coordination (CIRC) en Afrique australe et orientale, qui a considérablement renforcé la concertation et la coordination entre les différentes CER.

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