Comment la PNL transforme-t-elle le développement personnel des ex-détenus à Maroua ?

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🏫 Université de Maroua - Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines - Département de Philosophie et Psychologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2020/2021
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Les applications pratiques de la PNL révèlent des solutions innovantes pour aider les ex-détenus jeunes adultes de Maroua à surmonter leurs défis d’estime de soi. Cette étude met en lumière des approches essentielles pour leur réinsertion sociale, avec des implications significatives pour le développement personnel.


Contexte de la ville de Maroua

D’entrée de jeu, Maroua est le chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord. À ce titre, elle habrite depuis 1932 une prison centrale qui accueille en moyenne 1514 détenus par an (DAPEN, 2020). Sur cet effectif général, on dénombre environ 500 détenus adolescents soit le tiers. Conformément à la loi N° 93/00726/MINASCOF/SG du 1er avril 1993 fixant les attributions du poste social auprès des prisons au Cameroun, la rééducation des détenus adolescents est basée sur trois piliers à savoirs : la formation scolaire, la formation professionnelle et l’accompagnement psychosocial et moral.

Cependant, malgré ces multiples initiatives adoptées et implémentées, l’administration pénitentiaire fait face à un sérieux problème de récidive estimé à 80% par ACAT-Extrême-Nord. Ce dysfonctionnement carcéral est le terreau fertile de la criminalité et du grand banditisme qui anime cette ville. En fait, la ville de Maroua se démarque par une augmentation de la criminalité et de l’insécurité urbaine et périurbaine impliquant les ex-détenus jeunes adultes.

Cette situation s’est aggravée avec la décision de commutation de peine des détenus du 15 Avril 2020 en réponse à la crise sanitaire du COVID-19 (DRAPEN, 2020). Le constat empirique est qu’au lieu de se racheter, les ex-détenus socialement inadaptés se livrent à des contraventions, délits et crimes. C’est ainsi qu’à partir du mois de Juin, les quartiers de la ville de Maroua tels que Palar-Samedi, Ziling, Meskine, Pont vert étaient pratiquement infréquentables à une certaine heure de la nuit car on agresse, on vole, on viole. Pour preuve, les statistiques de l’activité criminelle établies au niveau de la ville de Maroua se présentent comme suit :

Tableau N°- 1 : Tableau descriptif de la criminalité des jeunes adultes au niveau des commissariats de Police de la ville de Maroua

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Source : Rapport MINJUSTICE (2020)

La lecture de ce tableau nous permet de comprendre aisément que sur 3085 infractions commises 882 sont attribuées aux jeunes adultes soit un taux de 28,58%. Les faits sont davantage liés aux coups et blessures.

Tableau N°- 2 : Tableau descriptif de la criminalité des jeunes adultes au niveau des postes de la Gendarmerie de la ville de Maroua

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Source : Rapport MINJUSTICE (2020)

La lecture de ce tableau nous permet de comprendre aisément que sur 2469 infractions commises 1150 sont attribuées aux jeunes adultes soit un taux de 46,57%. Les faits sont davantage liés aux coups avec blessures graves.

Dans la dimension culturelle, l’ex-détenu est exposé à la stigmatisation et le rejet. En effet, dans nos us et coutumes africaines plus particulièrement dans la société Guiziga de «Marva» ou Maroua, selon Pontié (1970), après un séjour carcéral, le sujet après la libération, avant d’entrer dans la concession familiale doit faire l’objet de certains rites. Il doit se débarrasser de tous ses vêtements avec lesquels il a vécu en milieu carcéral. Il doit se laver avant d’entrer dans la concession familiale. Enfin égorger un bélier et répandre son sang sur lui. Toute cette série de rites c’est en vue de conjurer le sort, afin que ce dernier ne tombe plus dans la récidive et que ce malheur n’arrive plus à personne dans la famille.

Malheureusement, le constat demeure déplorable vis-à-vis du regard qu’auront la famille et la société, le sentiment de méfiance et de peur va toujours demeurer à l’endroit de l’ex-détenu. Pour toute éventuelle incartade ou vol survenu au quartier ou bien dans la famille, les premiers soupçons vont directement être orientés vers l’ex-détenu ; car pour beaucoup, il vient d’un milieu dangereux et criminogène et que forcement il demeure un être méfiant.

C’est forcément pour cette raison que la majorité des ex-détenus stigmatisés et ostracisés vont aller vers leurs anciens pairs, formés des bandes à longueur de journées passant leur temps à consommer des psychotropes à échafauder des plans d’éventuels agressions, cambriolage, braquage pour la lutte pour leur survie. Leur lieu de refuge dans la ville de Maroua se trouve au niveau du Mayo de Ziling au lieu dit « Golgota », au Marché de Meskine, au vergé du Pont Makabaye, au Quartier Mokolo.

Allant dans le même sens, Grenier (2013, p. 81), enseignante en milieu carcéral au Québec, affirme que 1’incarcération « dépersonnalise, déstructure, déresponsabilise pendant des mois, des années au point de transformer certains détenus en individus incapables de se refaire, quant à la vie extérieure ».

Pour mieux appréhender le développement personnel des ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua sous l’angle social, il est nécessaire de mettre en exergue le phénomène de la délinquance juvénile liée à la crise d’adolescence. Selon Freud (1973) le comportement social à l’adolescence comporte trois (3) phases à savoir : la phase d’opposition, la phase d’affirmation du moi, la phase d’insertion. S’il est souhaitable que tout adolescent dans son processus développemental atteigne la phase d’insertion pour éviter dans le futur, la fixation (Freud, 1973), il doit absolument passer par les phases d’opposition et d’affirmation du moi caractérisées par des écarts de comportement susceptibles de provoquer la violation de la loi, résultante de la délinquance juvénile.

Selon la loi N°2016/007 du 12 Juillet 2016 portant code pénal Camerounais, la délinquance juvénile : « est l’ensemble des comportements en infraction avec la loi ou des règlements commis par des jeunes n’ayant pas atteint la majorité légale, c’est-à-dire 18 ans ».

À titre d’illustration, il existe 948 mineurs en prison (MINJUSTICE/DAPEN, 2018). Selon le Ministère de la Justice (2018) 398 mineurs ont été inculpés pour criminalité au niveau de la Police (Délégation Générale de Sureté Nationale, 2017), 1303 mineurs ont été impliqués dans des démêlées judiciaires auprès des Cours et Tribunaux. Par ailleurs, en plus de la délinquance juvénile, la société camerounaise est marquée par la recrudescence de la criminalité et de l’insécurité liée aux récidivistes.

Or, du point de vue de la criminologie, on distingue deux types de délinquance juvénile : la délinquance juvénile normale et la délinquance juvénile persistante. La première relève de comportements dit « normaux » chez presque tous les jeunes. Dans le groupe d’âge des 12-18 ans, 70 à 80 % des jeunes commettent annuellement au moins une action répréhensible. Du point de vue de la psychologie du développement, il n’est pas anormal que les jeunes adoptent un comportement à problème.

C’est à cet âge que les jeunes se détachent du foyer, qu’ils commencent à voler de leurs propres ailes, qu’ils se mettent à la recherche de leur place dans la société ; ils s’essaient à toutes sortes de rôles et vont parfois trop loin. Ils dépassent la mesure, ils « cassent » la norme. Ce n’est qu’alors qu’il peut être question de comportement délinquant. Dans ce cas, les criminologues recommandent de ne pas réagir par la répression à de tels comportements car une telle attitude risquerait de rompre le lien un tant soit peu positif avec la société et accroîtrait les risques de voir se reproduire ce genre de comportement.

Chez la plupart des jeunes, ce type de problèmes de comportements « normaux » s’estompe avec l’âge de 17-18 ans. Ils se poursuivent toutefois tout en s’aggravant dans une infime minorité. C’est dans de tel cas que l’on peut parler de délinquance persistante. Elle conjugue à la fois la mise en danger d’autrui ou des biens d’autrui et la mise en danger du jeune. Il devient donc justifié de s’inquiéter et plusieurs mesures socio-éducatives et judiciaires dont la mise en détention sont envisagées dans des buts qui ne sont pas nécessairement efficace à long terme.

Du point de vue économique, la vie de l’ex détenu n’est pas du tout aisée dans le Département du Diamaré en général et à Maroua en particulier, car il n’a pas de travail, il est refoulé comme un mal propre quand il se présente pour demander un gagne-pain, personne n’a confiance en lui et par conséquent, il va tomber dans le chômage. Rappelons que les activités économiques de cette contrée sont basées essentiellement sur l’agriculture, l’élevage, la Moto-taxi, la maçonnerie et le commerce.

Les activités agricoles ne sont pas très florissantes à cause du changement climatique qui sévit un peu partout dans le monde. Elle est caractérisée par un faible rendement de production de maïs, du mil, d’arachide, du niébé (haricots). Le sac de maïs qui autrefois coûtait 8 à 10 mille francs, coûte actuellement 25 mille francs ; situation très inquiétante qui laisse présager une disette pendant la saison des pluies des mois de juillet, d’août et septembre. En outre relevons le problème de l’insuffisance des terres cultivables étant donné que Maroua est une ville urbanisée.

1.1.2. Justification du sujet

Le choix de ce sujet est motivé par une série d’observation et d’étude que nous avons menée sur la délinquance juvénile et la rééducation des détenus adolescents en milieu carcéral. La première étude réalisée en 2018 dans le cadre de la monographie en licence-psychologie portait sur 60 adolescents du quartier Ziling-Maroua, nous avons remarqué que 45 d’entre eux ont fait au moins une fois la prison ou étaient en prison. La prison en tant qu’institution de rééducation du délinquant est sensée transformer positivement le comportement de l’adolescent, cependant, le constat était que à sa sortie de prison le comportement de l’adolescent était pire qu’à sa première incarcération.

En guise d’illustration, lors de la première incarcération les délinquants mineurs sont le souvent impliqués dans des infractions telles que la bagarre, le vol simple, la toxicomanie, le défaut de CNI… Or, à la seconde incarcération ces derniers sont impliqués dans les délits et crimes tels que le braquage, le vol à main armé, le viol, l’avortement, violation de tombeau, émission de fausse monnaie… Les conclusions de cette première étude nous ont stimulé a effectué une seconde recherche qui visait à comprendre si les mécanismes de rééducation en milieu carcéral favorisent-ils la récidive des ex-détenus adolescents de la Prison Centrale de Maroua ?

La seconde étude a été réalisée dans le cadre du mémoire de fin de formation à l’École Normale Supérieure de Maroua en 2020 (Djakba et Makadji, 2020). Cette recherche nous a permis de comprendre que 80% des ex détenus adolescents récidive un an après leur libération. Les raisons explicatives de ce problème sont liées aux programmes d’actions éducatives en milieu carcéral ; au profil des rééducateurs en milieu carcéral et aux interactions entre détenus adolescents en milieu carcéral.

Selon la Délégation régionale de l’administration pénitentiaire de l’Extrême Nord (2020) les prisons de l’Extrême-Nord comptaient 162 détenus adolescents. Avec l’évolution de la crise sanitaire du COVID-19, le Président Biya a instruit le 15 Avril 2020 la commutation des peines des détenus. Malgré cette libération qui a première vue est salutaire, les statistiques fournies par la Prison Centrale de Maroua font état de 93% de réincarcération en 6 Mois.

Les réalités présentées dans ce contexte et dans nos études précédentes nous ont permis de mieux cerner l’actualité autour du développement personnel des ex-détenus jeunes adultes. Cet état de lieu nous a motivé de chercher à savoir s’il existe un facteur susceptible d’améliorer le niveau d’estime de soi, de confiance en soi et de maîtrise de soi chez cette catégorie d’individu en vue de limite leur récidive. Les lectures exploratoires nous ont permis de découvrir les travaux de Bandler et Grinder (1970) sur la programmation neurolinguistique (PNL).

Selon Bandler et Grinder (1970) la PNL est un entrainement mental qui vise la transformation des schémas de pensées négatifs en pensées positives. Ce changement comportemental se fait grâce à des techniques telles que le recadrage cognitif, l’ancrage des ressources mentales, la synchronisation psychologique. C’est fort de cela que, nous nous sommes proposés d’étudier dans le cadre de ce mémoire le sujet « programmation neurolinguistique et développement personnel des ex-détenus jeune adulte de la Prison Centrale de Maroua ».


Questions Fréquemment Posées

Comment la PNL peut-elle aider les ex-détenus à Maroua ?

L’étude propose que la programmation neurolinguistique pourrait favoriser leur réinsertion sociale et leur développement personnel.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les ex-détenus jeunes adultes à Maroua ?

Malgré leur libération, ces individus luttent avec des problèmes d’estime de soi et de confiance en soi.

Quel est le taux de récidive parmi les ex-détenus à Maroua ?

L’administration pénitentiaire fait face à un sérieux problème de récidive estimé à 80% selon ACAT-Extrême-Nord.

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