La méthodologie d’étude sur la dysfonction érectile révèle comment la consommation croissante de boissons aphrodisiaques chez les jeunes de Bukumu influence leur santé sexuelle. Quelles implications cela a-t-il pour la prévention et le traitement de cette condition?
Université de Goma
Unigom
Docteur en Médecine
Présentation du projet
Étude de la dysfonction érectile chez les hommes et la consommation des boissons aphrodisiaques vendues dans la chefferie de Bukumu
Kitalyaboshi Ndacho Eric
Supervisé par : Prof. Ndayazi Byemero Désiré, PhD
2021-2022
Résumé
Contexte : La popularité des boissons aphrodisiaques a considérablement augmenté ces dernières décennies. En plus des athlètes, les élèves et les étudiants sont parmi les consommateurs les plus communs. La plupart de ces consommateurs croient qu’elles sont une bonne source d’énergie instantanée et ignorent les effets secondaires de ses ingrédients composant. Ainsi, cette recherche vise à appréhender les différents contextes et modes de consommation des boissons aphrodisiaques chez les hommes de la chefferie de Bukumu dans le groupement Munigi.
Méthodes : Cette étude descriptive a été réalisée dans la chefferie de Bukumu, en Groupement de Munigi (Nyiragongo/RDC) sur une période de six mois (du 1er juillet au 31 décembre 2022). Elle portait sur la population masculine de la chefferie de Bukumu âgée de 18 ans et plus. Les données ont été collectées par interview structuré face à face avec les participants à l’aide d’un questionnaire. Les données ont été enregistrées et codées à l’aide de Microsoft Excel 2007, puis analysées à l’aide du logiciel SPSS version 22.
Résultats : La tranche d’âge la plus touchée était celle de 18 à 28 ans avec 66,7% (1832/2750). Les mariés étaient majoritaires avec 74,3%. Les cultivateurs et les motocyclistes étaient les professions les plus représentées avec 26,1% et 20,4% respectivement. Plus d’un tiers des participants étaient des Kumus soit 45,7% suivis des Hutus avec 20,4%.
Les antécédents médicaux les plus représentés étaient l’HTA (37,1%) et le diabète (6,9%). L’existence des boissons aphrodisiaques était connue par la majorité de la population 96,7%. Les palpitations cardiaques (56,3%), manque de sommeil (33,5%) sont les effets majeurs qui étaient ressentis par les consommateurs des boissons aphrodisiaques. Les raisons ayant motivé la prise des boissons aphrodisiaques étaient dans la plupart des cas pour augmenter la performance sexuelle (60%) et le traitement de la dysfonction érectile venait à la deuxième position (14,7%).
La fréquence de rapport sexuel était de deux rapports par semaine sans la prise des boissons aphrodisiaques (72,3%) et de cinq rapports par semaine avec prise des boissons aphrodisiaques (55,2%). Ainsi, nous avons noté que la majorité de nos participants avaient un trouble de l’érection léger selon les résultats obtenus via le Score de IIEF5 qui a été coté à 17.
Conclusion : Les boissons aphrodisiaques sont de plus en plus consommées par les jeunes de moins de 30 ans. Globalement, nous avons pu relever une certaine reconnaissance vis-à-vis des boissons aphrodisiaques chez l’ensemble des participants.
Certains effets indésirables ou les risques d’une consommation des boissons aphrodisiaques ainsi que le pourcentage d’alcool contenu dans ces boissons étaient méconnus.
Introduction
Problématique
Les aphrodisiaques sont des substances naturelles (d’origine végétale ou animale) ou une alchimie utilisée afin de stimuler le désir sexuel. Au 19e siècle, le dictionnaire de l’académie française les définit comme des substances qu’on croit propres à exciter aux plaisirs de l’amour.
Ces dernières années, la popularité des boissons aphrodisiaques a connu une croissance phénoménale à l’échelle mondiale depuis une vingtaine d’années 1. Si certaines personnes consomment ces boissons aphrodisiaques pour des raisons telles que se tenir éveillé, obtenir un regain d’énergie, se motiver, augmenter la performance sportive ou faire la fête, d’autres les utilisent à de fins thérapeutiques telles que améliorer la dysfonction érectile (DE) ou booster la performance sexuelle 1.
Les boissons aphrodisiaques contiennent souvent des ingrédients comme la caféine, le viagra, la guarana, la taurine, la glucuronolactone…2. Ces boissons aphrodisiaques appartiennent à une catégorie d’aliments appelée aliments fonctionnels et il n’existe actuellement aucune législation concernant spécifiquement la consommation ou l’étiquetage des boissons aphrodisiaques en République Démocratique du Congo. Ces boissons aphrodisiaques sont de plus en plus consommées par de nombreux Congolais, surtout par les jeunes.
Elles sont commercialisées dans des bouteilles de plusieurs dimensions ainsi que dans des canettes.
Bien que la consommation de certains ingrédients comme la caféine et l’amélioration de la fonction érectile soit biologiquement plausible, on sait peu de choses sur les effets des autres ingrédients sur la santé, sauf que leurs niveaux dans les boissons aphrodisiaques sont plusieurs fois plus élevés que ceux du reste de l’alimentation 3, 2. Un apport excessif de ces boissons aphrodisiaques peut entraîner de nombreux effets secondaires chez les individus qui les consomment. Il a été démontré que les boissons aphrodisiaques affectent le système de conduction cardiovasculaire et conduisent à des événements catastrophiques via des arythmies mortelles 4.
Dans la province du Nord-Kivu (RDC), particulièrement dans le Territoire de Nyiragongo/Chefferie de Bukumu, la situation est préoccupante puisque les stratégies de commercialisation des boissons aphrodisiaques les rendent attrayantes pour les jeunes, et le fait qu’elles se retrouvent en vente libre et à bas prix un peu partout contribue à les banaliser. Vin libala, asili power, strong, buka mbeto… On ne compte plus les boissons
aphrodisiaques qui débarquent chaque année sur notre marché et la majorité contiennent des substances non élucidées et non testées scientifiquement. Ainsi, nous proposons d’étudier les différents contextes et modes de consommation des boissons aphrodisiaques chez les hommes dans la Chefferie de Bukumu (Nord-Kivu/RDC).
Hypothèses
Au cours de notre étude, nous avons émis les hypothèses suivantes :
- Les personnes consomment les aphrodisiaques pour traiter la dysfonction érectile et ̸ ou booster la performance sexuelle ;
- La consommation des boissons aphrodisiaques constituerait un problème de santé publique ;
- Les jeunes seraient les plus incriminés du fait que nombreux n’ont pas d’occupation ;
- Les personnes avec les conditions socioéconomiques basses seraient les plus touchées.
Objectifs
Objectif général
Évaluer la fréquence de la dysfonction érectile chez les hommes et la consommation des boissons aphrodisiaques vendues dans la Chefferie de Bukumu.
Objectifs spécifiques
- Déterminer la fréquence de la dysfonction érectile chez les hommes et la consommation des boissons aphrodisiaques vendues dans la chefferie de Bukumu ;
- Répertorier les boissons aphrodisiaques les plus consommées dans la chefferie de Bukumu ;
- Déterminer les circonstances de la consommation des boissons aphrodisiaques dans la chefferie de Bukumu.
Intérêt du sujet
Cette étude permettra à l’autorité publique, au personnel soignant et à la population de connaître l’ampleur de la DE dans la chefferie de Bukumu ; identifier les facteurs favorisant ainsi que les complications liées à la consommation des boissons aphrodisiaques.
Délimitation du sujet
Notre recherche est axée sur l’étude de la dysfonction érectile chez les hommes et la consommation des boissons aphrodisiaques vendues dans la chefferie de Bukumu.
Notre population d’étude est constituée de 2750 personnes dont l’âge varie entre 18 et 75 ans.
Subdivision du travail
Ce travail est subdivisé à part l’introduction en quatre chapitres :
La revue de la littérature sur la DE
La présentation du milieu d’étude et méthodologie ; Les résultats ; et
La discussion des résultats.
Une conclusion suivie des recommandations mettra fin à notre travail.
Questions Fréquemment Posées
Quelle est la tranche d’âge la plus touchée par la dysfonction érectile à Bukumu?
La tranche d’âge la plus touchée était celle de 18 à 28 ans avec 66,7% des participants.
Quels sont les principaux effets secondaires des boissons aphrodisiaques selon l’étude?
Les effets majeurs ressentis par les consommateurs des boissons aphrodisiaques étaient les palpitations cardiaques (56,3%) et le manque de sommeil (33,5%).
Pourquoi les hommes consomment-ils des boissons aphrodisiaques à Bukumu?
Les raisons ayant motivé la prise des boissons aphrodisiaques étaient principalement pour augmenter la performance sexuelle (60%) et pour le traitement de la dysfonction érectile (14,7%).