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Analyse révolutionnaire du discours politique en Algérie : stratégies et implications

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🏫 Université d’Alger 2 - Faculté des langues étrangères - Département de français
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Mme Messili Amel
Mme Messili Amel

Le discours politique en Algérie est au cœur de cette étude qui révèle comment le ministre des affaires étrangères utilise des stratégies argumentatives pour façonner la perception nationale. Découvrez les implications cachées de ses propos et comment elles influencent le débat public.


Les stratégies argumentatives

Argument logique ou par conséquence

Le passage le plus pertinent qui illustre ce type d’argument est le suivant :

« Je suis tenté de dire que s’il n’y avait pas eu de nation avant la colonisation française il n’y aurait pas eu de colonisation française ! C’est parce que la nation algérienne était là, était productive, active, entreprenante aux portes de la France à travers la méditerranée, ce parce que des livraisons de cargaisons de blé n’ont pas été payés en temps et en heure que des conflits et des difficultés sont apparues dans les relations entre les autorités algériennes de l’époque et les autorités françaises de l’époque. »

Argument de dilemme

« Si votre décision a pour effet inévitable de diviser l’organisation sur laquelle vous avez le devoir de veiller cela signifie que cette décision est mauvaise et qu’il ne faut pas la prendre, […] la deuxième faute de jugement également, c’est d’avoir constaté que les états membres sont divisés sur cette question et d’avoir laissé, j’allais dire, se gangréner ! Ceci est très mauvais pour l’organisation ».

Monsieur Moussa Faki, le président de la commission de l’union africaine a pris une décision dont le ministre algérien s’est opposé en présentant un argument dilemme qui montre les conséquences des deux fautes commises menacent l’unité de l’organisation.

Arguments ad hominem

L’orateur a présenté un argument en critiquant la partie adverse du sujet en débat. « Il faut se demander si ceux qui développent des coopérations militaires avec des puissances militaires étrangères n’ayant rien à voir avec la région nord-africaine ne sont pas ceux qui parient sur le pire ? » Cette remise en cause des attitudes du Maroc met l’Algérie dans une bonne position.

Raisonnement déductif

L’énoncé a déclenché d’une idée principale qui est « le respect de la souveraineté » à en déduire une autre secondaire qui consiste à « ne pas imposer ses préférences » dans les affaires des autres pays.

« Nous reconnaissons, à chaque pays africain souverain, le droit d’organiser sa défense nationale de la manière qui lui semble la plus appropriée, et donc nous ne jetterons la pierre à personne pour faire appel qui à la France ? Qui à la Russie ? Je ne sais à qui d’autres ! »

Raisonnement inductif

L’énoncé énumère plusieurs concepts secondaires pour induire à un argument principale qui résume tous les autres secondaires ;

« Nous veillons à ce qu’il n’y est pas de charters, nous veillons à ce que les gens bénéficient des recours possibles devant les autorités françaises avant qu’elles soient reconduites aux frontières. Et en cela, les autorités algériennes veillent véritablement, à ce que ces accords algero-français soient exécutés, mais de manière convenable ; donc il est faux de dire que nous refusons de recevoir nos compatriotes qui n’ont plus rien à faire en territoire français ».

Raisonnement par analogie

« L’Algérie a systématiquement condamné les changements anticonstitutionnels de gouvernement quelles qu’en soient les motivations … l’Algérie a participé à des efforts tendant à rétablir l’ordre constitutionnel ».

La première information est soutenue par un argument concret qui prouve qu’elle est réellement validée.

Techniques argumentatives de convaincre

Pour convaincre ses interlocuteurs présents et son auditoire in absentia en même temps, le ministre a appuyé ses propos et ses arguments par des outils linguistiques et stylistiques cité auparavant : la métaphorisation, la description, la narration comme dans les exemples suivants tirés de l’entretien :

On a constaté que certaines déclarations du ministre contiennent une métaphore puis une description et une narration :

« Nous entendons battre le cœur tumultueux de cette région et travaillons surtout d’arrache-pied à promouvoir des solutions pacifiques, des solutions qui soient de nature à épargner à ce peuple des drames, des tragédies. Et je crois pouvoir dire et rappeler à ceux qui nous suivent, c’est grâce aux efforts de l’Algérie que nous sommes parvenus à la signature par les parties de conflit interne aux maliens de l’accord de paix et de réconciliation au Mali »

La métaphore qui considère la région du sahel avec ses différents états comme un seul corps avec un cœur battant qui affecte tous les autres organes comme la région qui affecte tous les pays membres dans les zones mouvementées, agitées. Cela sert à donner une description plus profonde de la situation.

Ensuite, l’orateur explique les efforts produits par l’Algérie pour faire régner la paix et sauver le peuple. Enfin, il poursuit son idée avec la narration évoquant une réalité, un argument concret prouvant ce qui est dit dans la métaphore et la description.

D’autres exemples pour bien illustrer le concept :

« Si l’on devait rouvrir ces chapitres de l’histoire et traiter des massacres à travers l’histoire, les massacres perpétrés par la France coloniale en Algérie, certains étant connus d’autres ne l’étant pas, il y’aurait de quoi remplir beaucoup de livres de l’histoire. Le chef de l’état français, dans des circonstances particulières, a fait les déclarations vous indiquez, nous pensons que l’histoire doit être laissée aux historiens et que cela doit se faire dans la sérénité et que cette appropriation par chacun des peuples concernés de son histoire devrait se faire dans toute la mesure du possible sans acrimonie et sans des accusations qui ne sont pas forcément avérées et donc … »

Ici, le locuteur compare l’histoire de la colonisation française et tous les massacres contre les algériens cités dans les archives historiques de l’état à un livre composé de plusieurs chapitres. Ensuite, il fait la description de ces massacres. Et à la fin, il aborde une narration : « Que nous prenions une interprétation particulière de la signification et de la portée de l’événement en question séparé de tout un processus historique et de beaucoup d’événements similaires où malheureusement le sang des algériens a été versé en abondance » pour expliquer et démontrer la raison pour laquelle il refuse implicitement et indirectement de répondre à la question posée par les journalistes.

« Les groupes terroristes ne fassent pas qu’une bouchée de ce grand pays si névralgique et si important pour la paix et la sécurité de toute la région. Alors j’espère qu’il y a encore de l’espace pour de la raison et pour des démarches qui puissent être respectueuses de la souveraineté du Mali comme il se doit et également, qu’elle puisse laisser place à la communauté internationale pour qu’elle assume ses responsabilités sur la base de mandat, du conseil de sécurité des nations unis, du conseil de paix et de sécurité africaine, je veux dire ; il y a des solutions autres que les faits accomplis »

Une métaphore qui affirme que ces groupes de terroristes représentent une petite minorité « une bouchée » facile à dissoudre. En les comparants à un grand pays qui est le Mali. Ensuite, il entame la description en lui attribuant l’adjectif névralgique et important pour la paix et la sécurité de toute la région. Et enfin, la narration qui apporte accessoire explicatif pour donner une solution à la crise.

« Une explosion été là, nul ne pouvait la stopper face à la dégradation de cette situation, et dans sa sagesse, l’Algérie a opté pour la rupture des relations diplomatiques ; ce qui est un acte civilisé qui se retrouve dans les pratiques de toutes les nations du monde. Et donc nous vivons sans relations diplomatiques, ce n’est pas la première fois que ça nous arrive, c’est déjà arrivé à l’initiative dans la partie marocaine dans le passé et à l’initiative dans la partie algérienne cette fois-ci », ici le ministre a comparé la rupture entre le Maroc et l’Algérie à « une explosion ». Puis, la description de l’événement qui était inévitable vue la situation où en est arrivée la relation entre les deux pays. Ensuite, la narration qui fournit des explications pour justifier le choix de la rupture.

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