Cette étude révèle comment l’analyse du discours politique du ministre algérien des affaires étrangères dévoile des stratégies argumentatives et des implicites fascinants. Découvrez les mécanismes subtils qui façonnent la perception publique et enrichissent notre compréhension des enjeux politiques contemporains.
Partie théorique
Le discours et l’analyse de discours
L’objet d’étude de l’analyse de discours est le discours dans toutes ses formes, chaque énonciateur qui émet un énoncé, qu’il soit un simple citoyen, un journaliste, un artiste, un politicien, un avocat ou autre. Sa production langagière peut faire objet d’étude dans cette discipline.
Définition du discours
On ne peut définir le discours avec précision, plusieurs linguistes ont essayé de donner une définition comme Ferdinand De Saussure qui lui prend le synonyme de « la parole » ou comme Emile Benveniste qui le définit comme « toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière » (E. Benveniste, 1996 : 242).
Le discours n’est rien d’autre que du langage en situation selon Charaudeau P. et Maingueneau D., il se définit comme un ensemble d’énoncés produits par un énonciateur dans une situation d’énonciation liée à un environnement physique ou symbolique appelé contexte.
Le discours est une sorte de manifestation interactive de communication qui produit un acte de parole construit dans un contexte particulier et portant une intention. C’est une production langagière interactive destinée à un interlocuteur afin de l’influencer que ce soit dans sa présence ou dans son absence.
Ceci dit, un énoncé est un segment de discours oral ou écrit de façon à exprimer une information qui comporte un sens. Dans la construction du sens, il est important de connaitre les circonstances naturelles, sociales et culturelles où se produit chaque discours dans sa globalité et en fraction l’énoncé qui se définit comme un produit d’un énonciateur, réalisation d’une phrase au cours d’un acte d’énonciation dans une situation donnée.
Il y a plusieurs types de discours et le classement des types se réalise par rapport au domaine qui contextualise la production de ce discours tel que ; le discours médiatique, publicitaire, littéraire, poétique, politique,…
Aujourd’hui, on traite d’une façon plus particulière le discours politique vue que c’est un genre de discours qui concerne un grand public qui est censé être à jour avec l’actualité de l’état.
Ce type de discours se caractérise par son opacité, il est parfois incompréhensible chez le public ordinaire, il comporte des implicites en masse, une langue soutenue, des expressions confuses dont le sens est voilé, ambigu, flou qui nécessite un traitement scientifique et professionnelle pour dévoiler l’information communiquée.
Le discours politique
Le discours politique était qualifié de compétence communicative vue le statut du locuteur qui est l’homme politicien doté de performance oratoire qui lui permet de s’adresser à tout moment à un public et de faire des déclarations politiques et diplomatiques en prenant la responsabilité de décrire la situation et montrer la position de son pays sur le plan international et s’entretenir avec différents interlocuteurs qui peuvent être des journalistes, des politiciens ou le public local et international.
Cette compétence était palpable dans toutes les interactions puisque ce statut représente toute une nation. La qualité des interactions et la capacité de les gérer est une composante de la fonction politique, il est important de savoir utiliser la langue pour refléter l’image de soi et celle de la fonction qu’on occupe autant que responsable dans un état démocratique.
Selon Christian Le Bart, professeur des sciences politiques à l’université de Rennes en France :
« La difficulté est évidemment de parvenir à faire tenir ensemble toutes ces variables : ainsi verra-t-on dans la plus ponctuelle allocution d’un ministre à la fois le produit immédiat d’une intentionnalité tactique (exister dans le champ politique, s’imposer au sein d’un gouvernement, convaincre un public-cible, se rappeler au bon souvenir d’un électorat, s’imposer au sein d’un ministère…) et la résultante qui vient condenser une pluralité d’histoires entrelacées (histoire d’un individu, d’un ministère, histoire de la communication politique…) ». (C. Le Bart, 2014 : 36).
Cela veut dire qu’il est indispensable de maitriser l’argumentation, de disposer d’une large panoplie de connaissances culturelles et encyclopédiques, de savoir convaincre et de persuader et de mobiliser les moyens linguistiques nécessaires dans différents propos et différentes situations et contextes afin de participer à des débats politiques nationaux et internationaux, produire des déclarations médiatiques afin de représenter le gouvernement, la nation à travers sa fonction et régler les problèmes de l’état et préserver sa réputation.
En résumé, employer la langue dans une situation de communication en fonction de la nature des circonstances en ayant comme objectif de stimuler l’opinion publique pour des fins politiques.
Toutes ces variables et plus doivent être prises en considération dans la personne de l’homme politique comme il est cas aujourd’hui avec le ministre qui tient une interview médiatisé avec des journalistes étrangers.
Cependant, au cours de ces dernières années, la situation a changé et les politiciens ont parfois tendance à s’exprimer avec plus de spontanéité et de relâchement, d’après le même auteur : « Selon les situations et les publics, les locuteurs jouent tantôt la carte de l’exemplarité, tantôt celle du relâchement ». (C. Le Bart, 2014 : 35)
Pour aborder le domaine de l’analyse de discours et plus spécifiquement le discours politique, on a tendance à s’appuyer sur une perspective comme l’analyse énonciative, interactive, argumentative ou pragmatique, ces deux dernières perspectives qui vont être étudiées d’une façon plus approfondie dans ce travail mais aussi de la subjectivité dans le discours qui fait partie de l’analyse énonciative.
Ces perspectives visent à entraver les échanges verbaux qui ont le pouvoir de dépasser l’information véhiculée et influencer l’allocutaire et le pousser vers une réaction ou un comportement, un changement d’avis ou de croyance,… en considérant le langage comme une action produite par l’orateur et influe sur l’auditeur.