Cette étude révèle comment la gestion du crédit au Cameroun, à travers le cas de la CCEC-SA, impacte l’octroi et le recouvrement des crédits. Découvrez les améliorations potentielles qui pourraient transformer l’efficacité des institutions de microfinance.
PREMIERE PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE LA GESTION DU CREDIT DANS LES EMF
Dans cette partie nous présenterons d’une part dans un premier chapitre les généralités sur l’environnement microfinancier camerounais (chapitre 1) et dans un second la pratique d’octroi et de recouvrement des crédits dans les EMF (Chapitre 2).
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR L’ENVIRONNEMENT MICROFINANCIER CAMEROUNAIS
L’environnement microfinancier a subit de profondes mutations à travers le temps et selon la zone géographique c’est dans cette lancée que nous étudierons au cours de ce chapitre d’une part les origines mondiales de la micro finance (S1) et d’autre part le paysage de la micro finance au Cameroun (S2).
SECTION 1. ORIGINES ET HISTOIRE DE LA MICROFINANCE DANS LE MONDE
I : LES ORIGINES MONDIALES DE LA MICRO FINANCE
C’est au Docteur Muhammad Yunus que nous devons l’acceptation actuelle de la microfinance qui tient d’outil de développement économique et social des couches défavorisées. A l’aide des travaux pratiques réalisés avec ses étudiants sur les théories de l’investissement, ce brillant économiste bangladais découvre l’extrême indigence financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou qui n’ont aucun moyen de constituer des stocks de matières premières.
Leur besoin en crédit est pourtant infime : 27 dollars en tout pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant prêté cette somme de sa poche, il peut découvrir combien leur activité augmente, lorsqu’ils peuvent acheter d’avance la matière première, échappant ainsi aux fluctuations importantes des prix.
Il va formaliser cette expérience en créant en 1976 la Grameen Bank qui propose des prêts aux populations pauvres du Bangladesh et dont le succès va inspirer de nombreuses autres expériences à travers le monde.
Depuis la création de sa banque, la microfinance est devenue un instrument essentiel de la lutte contre la pauvreté. D’ailleurs, lors du sommet mondial du microcrédit qui a été tenu du 12 au 15 novembre 2006 à Halifax au Canada, le prix Nobel de la paix 2006 Muhammad Yunus avait lancé la cérémonie d’ouverture par : « Faisons de ce sommet une occasion historique pour créer un monde sans pauvreté. J’espère que ceux qui doutaient de nous seront désormais de notre côté ».
II : HISTOIRE DE LA MICROFINANCE DANS LE MONDE
Trois milliards de gens vivent avec moins de 2 dollars par jour. 600 millions de gens pauvres pourraient améliorer leur vie et devenir indépendants avec un petit prêt pour créer ou améliorer leur entreprise. « La Banque Mondiale »
La microfinance signifie fournir des services financiers à des entrepreneurs qui ont peu de ressources économiques, pour les aider à établir une petite entreprise autogérée. La microfinance est un outil important pour éradiquer la pauvreté et la faim. Les fournisseurs de ces services sont communément connus comme des institutions de microfinance.
Ces institutions ont l’habitude d’utiliser des méthodes développées ces 30 dernières années ayant pour objectif de réduire les risques associés. Ces méthodes incluent les prêts et les responsabilités de groupe, l’octroi de prêts sous condition d’un minimum d’apport personnel, l’augmentation graduelle du montant du prêt, et la garantie implicite d’accéder à des prêts futurs si les prêts en cours sont totalement et rapidement remboursés.
Le microcrédit
Le microcrédit fait référence à un petit prêt ayant pour bénéficiaires des non-salariés offrant peu, ou pas de garanties. Il est fourni par des institutions officiellement enregistrées. Les bénéficiaires n’offrant pas de garanties, n’ayant ni emploi stable ni historique bancaire, ne remplissent pas les conditions minimales pour avoir accès aux services bancaires traditionnels.
Le microcrédit est une partie de la microfinance, qui est une prestation offerte par une large variété de services financiers aux personnes avec peu de ressources économiques.
Les bénéficiaires du prêt peuvent être pauvres mais ils sont également fiers, honnêtes, et très travailleurs. Un grand nombre de bénéficiaires d’un premier prêt voudraient revenir pour bénéficier d’un second, par conséquent il est primordial pour eux de construire leur propre historique bancaire.
En pratique, les taux de default en microfinance sont faibles comparés aux niveaux qui sont habituellement acceptés dans les banques ordinaires des économies développées.
Histoire de la microfinance
Le concept de la microfinance n’est pas nouveau. Bien qu’il soit difficile d’en faire un historique précis, en 1720, Jonathan Swift, un scriban et pasteur irlandais, aurait commencé le premier fonds de prêts, en fournissant des prêts sans collatéral aux personnes sans ressources économiques à Dublin. Depuis, le secteur de la microfinance a évolué dans le monde entier.
La première banque asiatique à s’y intéresser fut la Banque Priyayi au Purwokerto à Java, Indonésie, établie en 1895, prédécesseur de l’actuelle banque Rakyat.
Dans les années 70, des programmes expérimentaux au Bangladesh, au Brésil et quelques autres pays commencent à accorder de petits prêts à des groupes de femmes sans ressources économiques pour investir dans les microentreprises :
- ACCION International : Le pionnier dans les viles d’Amérique latine, ACCION est l’une des premières institutions de microfinance dans le monde
- Banque SEWA : En 1972 l’association de femmes auto-employées (SEWA) était enregistrée comme formation syndicale à Gujarat (Inde)
- Banque Grameen : Au Bangladesh, le Professeur Muhammad Yunus s’attaque au problème bancaire subi par les personnes sans ressources économiques par un programme d’action et de recherche. Il recevra le Prix Nobel en 2006
Pendant les années 80, les programmes de microcrédit pour le monde entier se sont améliorés depuis les méthodes utilisées à l’origine et le financement de gens sans ressources économiques devient un véritable enjeu.
D’abord, il a été prouvé que les gens sans ressources économiques, en particulier les femmes, ont un taux de remboursement excellent. En fait, les taux de remboursement sont meilleurs que dans les secteurs financiers conventionnels dans la plupart des pays émergents.
De la même façon, les gens sans ressources économiques sont capables de payer des taux d’intérêts, ce qui permettrait aux institutions de microfinance (IMF) de couvrir les coûts d’opérations.
Dans les années 90, ces deux caractéristiques – un taux de remboursement élevé et le paiement de taux d’intérêts – permettent à quelques IMF d’être viables à long terme et leur nombre de clients devient très élevé.
Ce n’est qu’à la moitié des années 90 que le terme de microcrédit commence à être remplacé par le nouveau terme qui inclue non seulement le crédit, mais aussi l’épargne et d’autres services financiers.
La ‘Microfinance’ émerge en tant que terme faisant référence à un large panel de services financiers pour les gens sans ressources économiques, ce qui inclue non seulement crédit, mais aussi l’épargne et d’autres services comme les assurances et les transferts d’argent.
Malgré le succès de ces services de microfinance qui transforment des vies, la Banque Mondiale déclare qu’à l’heure actuelle ce secteur est loin de suffire à la demande. 500 millions de gens vivent dans la pauvreté et pourraient bénéficier d’un petit prêt pour démarrer un petit entreprise et seulement un tiers de la population a accès à un compte bancaire.
Comme l’industrie de la microfinance continue à bien se porter, il y a un risque qu’elle se tourne vers une clientèle plus sûre. Il est crucial que les organisations de microfinance continuent à se concentrer sur les personnes dans le plus grand besoin – celles qui ont été déplacées, ou habitent dans des régions rurales, celles que les institutions traditionnelles considèrent comme ‘inéligible à l’emprunt’.
En continuant à se concentrer sur ce public, la microfinance peut créer un monde dans lequel les gens sans ressources économiques pourraient avoir accès à des opportunités économiques et à l’espoir de sortir de la pauvreté.