Analyse de l’évolution de l’inflation en RDC

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🏫 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI - FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION - DEPARTEMENT D’ECONOMIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d’études approfondies en sciences économiques - 2018-2019
🎓 Auteur·trice·s
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco

L’inflation en République Démocratique du Congo est influencée par des facteurs exogènes, malgré des politiques monétaires restrictives. Cette étude met en lumière le faible impact des canaux traditionnels sur l’économie réelle, soulignant les défis de l’efficacité des politiques monétaires dans ce contexte.


EVOLUTION DE L’INFLATION

Le premier semestre de 2008 a connu globalement une tendance haussière du niveau général des prix. Cette hausse a été induite principalement par des facteurs exogènes liés aux chocs de l‟offre et ce, en dépit de l‟application des politiques budgétaire et monétaire restrictives à partir de mars.

A fin juin 2008, le taux cumulé s‟est situé à 15,34 % avec une tendance annuelle de 33,04 % contre un objectif révisé de 23,5 %.

Il y a lieu de noter cependant qu‟un ralentissement de l‟inflation a été observé au cours des deux derniers mois. A fin août 2008, le taux d‟inflation cumulé s‟est établi à 20,61 % et à 20,96 % à la première semaine de septembre 2008, correspondant à 32,10 % et 31,64 % en projection annuelle.

Tableau N°4 : évolution de la croissance économique et du revenu réel par habitant en réel
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Source : Nous-mêmes sur base des données brutes/direction des études banque centrale du Congo, 2008.

Les tensions inflationnistes observées au premier semestre résultent en grande partie des à-coups des crises alimentaire et énergétique sur le marché international. Ces dernières sont attestées au niveau national par l‟évolution à la hausse des rubriques « Alimentation » et « Matériel de transport personnel ». Dans la rubrique « Alimentation », la contribution des céréales est de 31,98 % au mois d‟août.

S‟agissant des produits pétroliers, il sied d‟indiquer qu‟au dernier réajustement du prix du carburant à la pompe, intervenu en juin 2008, le prix du litre de l‟essence est passé de 790,0 CDF à 825,0, soit une hausse de 4,4 %.

Depuis le début de l‟année, cette augmentation a atteint 35,25 % et s‟est répercutée principalement sur les prix de transport en commun et des biens manufacturés utilisant les produits pétroliers comme intrant dans leur fabrication.

A ces facteurs vient s‟ajouter le déficit au niveau des infrastructures de base qui engendre des perturbations majeures dans la fourniture de l‟énergie électrique et de l‟eau potable, entraînant ainsi des coûts supplémentaires aux ménages ainsi qu‟aux activités de production des industries.

« Par ailleurs, les marchés des biens et des services ont connu une surchauffe des prix à cause des perturbations intervenues dans le circuit de production ou de commercialisation de certains produits en raison notamment de l‟engorgement du port de MATADI, intervenu au premier trimestre. Cette situation a menacé sérieusement le bon approvisionnement de la ville de Kinshasa car la province du Bas-Congo demeure la principale porte d‟entrée des produits importés pour la capitale.

De même, le respect de la mesure fiscale (Bivac) relative au contrôle avant importation de la valeur monétaire des marchandises à destination de la RDC a poussé certains opérateurs économiques à la rétention de leurs produits et au refus du renouvellement de leur stock.

La rubrique « Logement » a présenté également une tendance haussière induite principalement par la désarticulation du marché de ciment gris. En effet, le prix du sac de ciment de 50 kg se négocie à 25 USD alors que le prix homologué par le Ministère de l‟Economie Nationale demeure à 13,5 USD.

Ce déséquilibre est dû à la pression grandissante de la demande face à une offre limitée par la capacité des industries existantes.

Par contre, le ralentissement du rythme de formation des prix intérieurs observé depuis juillet est expliqué par l‟évolution à la baisse du prix du baril sur le marché international.

De juin à août, il est passé de 140 USD à 110 USD, soit une baisse de plus de 20 %. Cette inversion a entraîné la révision à la baisse du prix du carburant à la pompe lequel, en date du 03 septembre, a été ramené à 795,0 CDF, soit une diminution de 3,6 %. 10

Après avoir connu des poussées inflationnistes de grandes ampleurs d‟avril à fin juillet 2008, à la suite des effets conjugués de la crise alimentaire et la flambée des prix des produits pétroliers, l‟inflation en rythme annuel, qui avait atteint des sommets successifs de 18,76 % en avril, de 25,93 % en mai et de 33,04 % en juin avant de culminer à 34,54 % en juillet, s‟est ralentie en revenant à 31,64 % au 07 septembre. »1

Tableau N°5 Evolution annuelle de l’inflation de base
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Source : Statistiques Economiques, Direction des Etudes, Banque Centrale du Congo, 2008.

Ce ralentissement est lié, notamment au repli des cours du baril sur les marchés mondiaux et à la relative stabilité des prix des produits alimentaires au cours des trois premières semaines du mois d‟août.

Evolution annuelle de l’inflation et ses principales composantes

Graphique N°11 : Graphique N°12 :

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Source : Statistiques Economiques, Direction des Etudes, Banque Centrale du Congo. 2007 -2008

Source : Statistiques Economiques, Direction des Etudes, Banque Centrale du Congo. 2007-2008

1 IFM International Financial Statistique, 2012 ; Banque Centrale du Congo

En effet, les cours du brut se sont repliés en moyenne autour de 147,0 USD le baril à mi-juillet à 117,0 USD à fin août, soit un peu plus que leur niveau d‟avril. Cette même tendance a été observée en ce qui concerne les prix des produits alimentaires, dont la progression en termes annualisée s‟était accélérée à mi-juillet atteignant un pic de 36,17 %, avant d‟afficher un fléchissement à 34,04 % à fin août. Ce repli est reflet d‟un léger relâchement de la tension induite par le recul des prix des produits de base et les ajustements opérés dans la demande des ménages du fait du renchérissement du coût de la vie.

Tableau N°6 Contributions des principales composantes de l’indice général des prix à l’inflation de base
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Source : Statistiques économiques, Direction des études, Banque Centrale du Congo.2008.

En dépit de ce repli, les produits alimentaires et des autres articles et services divers sont demeurés depuis le mois d‟avril des composantes majeures dans la formation des prix intérieurs dans la mesure où leur contribution moyenne a été particulièrement élevée se situant à 55,5 % et de 26,1 %, comme l‟illustrent les graphiques ci- après :

[17_img_5]Evolution annuelle de l’inflation et de ses principales composantes Graphique N° 13 Graphique N°14

Source : Statistiques économiques, Direction des études, Banque Centrale du Congo.2007-2008

Source : statistiques économiques, direction des études, banque centrale du Congo2007-2008

Il sied de noter que la légère atténuation des pressions inflationnistes pourrait être seulement de courte durée, car des risques réels continuent à peser sur la stabilité des prix. Ces risques sont de deux ordres, à savoir :

  1. Les revendications salariales amorcées ces dernières semaines par les différentes organisations syndicales des travailleurs du secteur des administrations publiques et
  2. les difficultés pour le Gouvernement à garantir la sécurité alimentaire sur un horizon de court terme. En effet, parmi ces deux facteurs, les mouvements de revendication salariale font particulièrement craindre « les effets de second tour» lesquels pourraient enclencher la boucle « inflation-augmentation de la masse salariale – persistance du déficit du trésor ».

Une telle évolution sur le reste de l‟année pourrait déboucher sur une combinaison d‟une inflation d‟origine monétaire avec celle entretenue par les coûts élevés des entreprises et des ménages qui serait difficilement maîtrisable pour la Banque centrale.

paradoxe entre la stabilité du taux de change et l’envolée du niveau général des prix

Depuis l‟indépendance du pays jusqu‟à la fin de l‟année 2012, en passant par la période de l‟hyper inflation des années 90-2000, le taux de change et l‟indice des prix à la consommation ont toujours évolué de façon synchrone. Le comportement de ces deux indicateurs de la stabilité du cadre macroéconomique reflète l‟évidence selon laquelle l‟inflation en RDC était considérée comme étant d‟origine monétaire à cause principalement de la monétisation du déficit du Trésor.

Dans ce contexte, le mécanisme de transmission du processus inflationniste était le suivant :

Schéma N°15 Mécanisme de transmission du processus inflationniste d’origine monétaire

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SOURCE : Francklin Kyayima Muteba : une croissance macroéconomique gonfler/RDC/université de Kinshasa, Page 7, 2013.

Ce schéma a longtemps était à la base de la persistance de la spirale inflationniste qui a fait basculer le pays dans l‟hyperinflation des années 90-2000. Cette réalité explique d‟ailleurs la corrélation unitaire qui a toujours existé entre l‟inflation et la variation du taux de change comme l‟illustre le graphique 8 ci-dessous :

Graphique N°16 relation entre l’évolution de l’indice général des prix et le taux de change.

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Source : Statistiques économiques, Direction des études, Banque Centrale du Congo, 2001-2008.

Cependant, depuis la hausse durable des cours du baril du pétrole brut sur les marchés mondiaux et la crise alimentaire, le processus inflationniste est désormais expliqué essentiellement par les facteurs de l‟offre à travers le schéma ci-dessous :

Graphique N°17 Mécanisme de transmission du processus inflationniste d’origine de l’offre

Augmentation du prix de revient des entreprises

Accroissement des prix à l’importation

Augmentation des cours des produits

Augmentation de l’inflation

SOURCE : Francklin Kyayima Muteba : une croissance macroéconomique gonfler/RDC/université de Kinshasa, Page 11, 2013.

Augmentation des cours des produits de baseAccroissement des prix à l‟importationAugmentation du prix de revient des entreprisesAugmentation de l‟inflation.

Ce phénomène, qui est d‟ailleurs à la base de la déconnexion entre l‟évolution de l‟inflation et du taux de change, explique la progression moins rapide de ce dernier indicateur dans un contexte de resserrement de la politique monétaire et d‟ajustement budgétaire.

Par ailleurs, il est important de relever aussi que ce phénomène est exacerbé en RDC par les facteurs structurels liés à la faiblesse des infrastructures de base et la pénurie en énergie électrique qui tendent à engendrer des surcoûts pour les entreprises.

Cette déconnexion entre l‟évolution du taux de change et de l‟évolution est illustrée par le graphique N°10

[17_img_8]Graphique N°18 : Déconnexion entre le taux de change et le taux d’inflation

Source: Statistiques économiques, Direction des études, Banque Centrale du Congo, 2007-2008

Graphique N°19 : L’évolution de l’inflation sous-jacente et du taux de change

Source: statistique économiques, direction des études, Banque Centrale du Congo ; 2007-2008

La croissance plus rapide de l‟inflation par rapport au taux de change a pris de l‟ampleur à partir du mois d‟avril à la suite notamment de la forte augmentation des cours du baril du brut sur les marchés mondiaux et le début de la crise alimentaire. Mais par contre, le graphique N°11 indique que l‟écart plus ou moins réduit entre la progression en rythme annuel de l‟inflation sous-jacente et du taux de change tend à admettre l‟idée selon laquelle dans un contexte caractérisé par une inflation par les coûts l‟efficacité de la politique monétaire pourrait être appréciée par le suivi de ces deux indicateurs.

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1 IFM International Financial Statistique, 2012 ; Banque Centrale du Congo

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