Analyse du cadre dialogique dans Ravisseur

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🏫 Université d’Oran - Faculté des Langues, des Lettres et des Arts - Département des Langues Latines
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de magister - 2009-2010
🎓 Auteur·trice·s
Mlle Dris Ghezala
Mlle Dris Ghezala

Le cadre dialogique dans Ravisseur de Leila Marouane révèle comment les dialogues, ancrés dans un contexte spatio-temporel précis, structurent la narration et enrichissent la dynamique tragique. Cette analyse met en lumière leur rôle crucial dans la progression de l’intrigue et la représentation des idéologies.


I.1.2. Le cadre dialogique

Dans Ravisseur, le discours converge vers une même optique le tragique et la lutte. Les dialogues s’inscrivent dans un temps et sont précédés de marques de ruptures temporelles.

Le cadre spatio-temporel assure l’acte d’énonciation qui crée un réseau de voix et qui englobe ces éléments constitutifs :

  • « Des protagonistes fondamentaux qui se prêtent mutuellement des connaissances.
  • Un temps et un lieu spécifiques.
  • Des objets présents, qui constituent l’environnement perceptible des protagonistes. »1

Le temps

Le récit commence par une rétrospection, prenant appui sur une phrase de la narratrice qui signale une situation tragi-comique « mon père gisait sur le canapé pendant que ma mère convolait en justes noces avec Youssef Allouchi » (p. 13). Si nous reconstituons le temps de l’histoire, nous verrons qu’elle se déroule sur une durée de15 mois du premier jour de l’hiver-la veille de la rentrée scolaire-jeudi qui vient c’est le printemps).

L’auteur n’évoque pas de manière directe le temps historique, mais il nous est possible de situer cette fiction dans les années 90.

La terre vibrait, tremblait, s’écartelait et engloutissait des humains sous le regard approbateur d’hommes sans visage déclamant des Textes d’eux seuls connus. (p. 15)

– Des balles sifflaient…je veux dire les secousses de la nuit dernière. (p.88)

Nous trouvons des repères temporels, conformément à ce qu’affirme Ricœur « (…) tout ce qu’on raconte arrive dans le temps, prend du temps, se déroule temporellement, et ce qui se déroule dans le temps peut être raconté »2

Nous relevons dans ce récit de nombreux déictiques. Citons quelques uns: – ça fait trois mois que nous attendons, reprit-il avec calme (p. 17), le lendemain, nous fûmes réveillées par le prêche hebdomadaire (p. 72), jeudi qui vient c’est le printemps (p. 185)

Et dans le sillage de la temporalité de Maingueneau, nous trouvons des indications temporelles relatives à l’énoncé : ce matin (p. 185), cette nuit, ce jour là (p. 156), il était midi (p.156)

L’auteur tient à préciser les moments où se déroulent les dialogues (nous le verrons dans le tableau qui récapitule le cadre dialogique),ils sont toujours signalés dans les commentaires d’ouverture ou de clôture.

L’espace

« L’espace permet à l’intrigue d’évoluer et par conséquent, c’est un véritable agent qui conditionne jusqu’à l’action romanesque elle-même »3. Nous relevons dans Ravisseur des espaces intradiégétique et extradiégétique. Les espaces extradiégétiques sont la Grande Bretagne, Alger, et bien sûr la ville de la narratrice Sidi Bou Saïd et Zurich que nous retrouvons à la fin du roman comme signature.

Alger est le lieu de transit des deux couples Allouchi et Nayla, Omar et Khadidja avant de quitter l’Algérie.

Nous reçûmes de Khadidja une lettre postée de la capitale où elle demandait de bien prendre soin de son fils. (p. 98)

  • Ils ont pris le train ce matin […]eux deux, Allouchi et Nayla…le train qui va à la capitale. (p. 89)
  • Et quel était le marchand de vin téméraire qui aurait servi une femme ? même à la capitale, ça ne se pratiquait plus. (p. 110)

Grande Bretagne est le lieu d’exil d’Omar et Khadidja

Elle promit de me faire venir en United Kingdom. (p.158)

  • Mais que faites-vous chez les Anglais si Crémieux est français ? demande Fouzia. (p. 161)

Les lieux intradiégétiques ce sont les espaces issus de la vision intérieure de la narratrice.

La maison de la narratrice : les images données de la maison d’Aziz exprime l’idée de l’enfermement et de la claustration de la femme.

La femme d’Aziz le pêcheur, la bru de Mahmoud Zeitoun, n’a rien à faire dans les bains publics. Elle a tout ce qu’il faut à la maison : de l’eau et des salles de bains. (p. 35)

– Si papa vient, dit Amina, comme pour excuser son double, on ne risque rien puisque c’est à cause de maman qu’il nous interdit le balcon… (p.39)

La chambre de la narratrice : une description indique l’état de délabrement et de pourrissement, qui marque la misère qui s’est installé chez les Zeitoun.

Ma table est en formica. Mon lit en fer forgé. Mon armoire est en bois, mais elle est vieille et pullule d’acariens. (p. 186)

La maison de la veuve : la précarité est aussi présente chez la voisine.

Dans la pénombre de son unique pièce, ses enfants dormaient en enfilade sur des matelas jetés sur le sol. Une odeur de friture collait aux murs. (p. 87)

La maison d’Allouchi : sa description relève de la poétique

Le mari de ma mère habitait la petite maison d’en face. Nous avons pleine vue sur son jardin qui embaumait nos balcons, et ni les coupures d’eau ni la sécheresse n’eurent jamais raison de ses fleurs honorées […] on appelait alors Jardin des Mille Senteurs et couleurs. (p. 13)

Les lieux clos sont les lieux favorables à la conversation. En effet, tous les dialogues dans Ravisseur se déroulent dans un seul lieu clos qu’est la maison à l’exception de deux dialogues : l’un qui se déroule à l’hôpital, l’autre dans la rue. Ces espaces clos rappellent le tragique et la violence. La maison qui est normalement un lieu de sûreté et de quiétude ne l’est pas dans Ravisseur.

Il nous fallait de l’argent, lui dis-je, beaucoup d’argent. Pas seulement pour nous nourrir mais aussi et surtout pour fortifier les portes et les fenêtres du rez- de-chaussée, murer l’entrée du garage, trop facile d’accès : la voiture de notre père et du matériel de pêche avaient déjà disparu. (p.140)

Elle est donc est un espace associé à la violence, à l’atmosphère angoissante et devient un espace dangereux.Sous les menaces, les personnages féminins décident de renforcer et de blinder leurs portes au lieu de quitter leur maison comme l’avait conseillé l’imam.

Dans la troisième partie du roman, les dialogues se déroulent dans la chambre de la narratrice ce qui marque un passage à un lieu plus clos soulignant l’état psychologique de la narratrice.

Les personnages

L’auteur introduit les personnages dès les premières pages du roman. La narratrice prend en charge la description de quatre personnages : son père, sa mère, Allouchi et Khadidja, tandis qu’elle, ses sœurs et son frère sont présentés dans le discours du père qui en dépeint les défauts.

  • Samira, dix-neuf ans, sournoise, fugueuse, menteuse, à la mémoire soi-disant trouble. Une belliqueuse, oui ! Une belliqueuse capable à elle seule de déclencher des discordes tribales. Et puis Yasmina et Amina, seize ans chacune, ce qui nous fait trente- deux, collées l’une à l’autre toute la sainte journée, bavardes et souillons, qui traînent au collège, une dépense inutile pour l’État et moi-même. ..D’ailleurs je me demande pourquoi on ne les met pas dehors. Couturières, elles finiront. Au mieux ! (p. 17-18)
  • Noria, treize ans, qui trébuche sur les mots et passera sa vie à chuinter. En plus, elle marche en dormant ou dort en marchant, peu importe, en tout cas, elle ne fonctionne pas comme il faut. Combien de fois ne l’a-t-on pas rattrapée e de la rue ? Fouzia, onze ou douze ans, je ne sais plus… À sa naissance, alors qu’elle poussait ses premiers vagissements, mon plus eau chalutier a pris feu, un jouroù il pleuvait des cordes, poursuivit-il. Aujourd’hui encore, il lui suffit d’ouvrir la bouche pour Qu’une catastrophe nous nous tombe sur la tête . ..La dernière fois qu’on l’a entendue, la vésiculede ma pauvre tante, que Dieu ait son âme, a explosé. Zanouba ou Manouba, peu importe, arrivée depuis peu, que personne n’attendait, née robuste comme un ours et pourtant bien avant terme, montre déjà des signes pas réjouissants. Dieu seul sait! sous quelle funeste forme elle quittera ses langes… Six filles qui ne sauraient pas cuire un neuf sans leur mère. Six filles qu’il faudra élever, qui ne seront jamais de vraies femmes, des tarées, quoi !qu’il vafalloir caser au bras de fer, à là force du poignet et du portefeuille. D’ailleurs la plus grande est définitivement incasable. (p.18)
  • Il n’y a pas que les filles, d’ailleurs. Même le garçon, l’aîné, ne vaut pas un clou. Au lieu de s’intéresser aux études, il s’est laissé pousser les favoris et a eu l’ingénieuse idée de se marier. Pourquoi ? j’ai demandé. Pour la sunna d’Allah et de son Prophète, il a répondu. À vingt ans, Omar, mon fils unique; est déjà père de famille… pour la sunna d’Allah et de son Prophète, da dada, da dada, dit mon père, déformant sa voix pour imiter celle de mon frère. (p.19)

À trente-sept ans, ma mère était encore belle. Ni les parturitions, ni le dur labeur, ni les déchirantes angoisses, ni sa vie de recluse n’avaient en rien altéré sa peau douce, son teint laiteux, sa chevelure luxuriante, ses yeux de braise sertis de cils touffus et recourbés, sa stature sculpturale, son ventre plat… Une beauté dont sa progéniture — excepté peut-être notre frère — n’avait guère hérité, les gènes de notre auteur ayant sans conteste dominé. (p.60)

Youssef Allouchi avait cinquante-cinq ans et ne s’était jamais marié. Dans le quartier, on racontait qu’une femme d’un autre monde, une djinnia, le possédait, et les plus médisants le suspectaient d’impuissance sexuelle. Quelle que soit la raison de son célibat, elle avait paru suffisante à mon père pour le fiancer à ma mère. Youssef Allouchi était beau — il avait le teint clair, les mains douces, les jambes d’un jeune homme et les yeux qui s’étiraient vers le haut quand il souriait. Il était aussi, et de loin, notre voisin le plus raffiné et le plus cultivé. Écrivain public, poète, un peu philosophe, il maîtrisait le français aussi bien que l’arabe, et peut-être bien d’autres langues. (p. 13-14)

L’étude des personnages se révèle nécessaire. Nous réalisons qu’à l’intérieur du récit, le parcours des personnages est un vecteur de sens et permet la lecture de l’idéologie de l’auteur à travers la quête des personnages féminins : Nayla retrouve sa liberté, se venge et humilie son époux, Samira veut attenter à la vie de son tortionnaire physique et psychique, Amina qui brise les tabous et vit une histoire d’amour. Fouzia et Noria qui aspirent à un avenir meilleur que celui que promet l’école.

En nous appuyant sur les paroles des personnages, et en reconstituant leurs parcours nous pouvons constater que leurs rôles se modifient tout au long du roman.

Aziz : son prénom est un attribut de Dieu, par son nom, il est le détenteur du bien, du pouvoir, de la force, de la victoire. Tout au long de la première partie, Aziz était un personnage supérieur, il était le père et le mari autoritaire, violent, imposant ses lois et ordres ; obéit de tous. Dés lors son prénom convenait parfaitement à son caractère.

Cependant dans la deuxième et la dernière partie, Aziz endure tous les malheurs. Après la disparition de sa femme, ensuite enlevé et torturé, Aziz devient unijambiste, émasculé, presque fou. Il perd tout son pouvoir et sa raison. Il meurt souffrant d’une maladie. Ainsi son prénom ne correspond plus à son caractère. Son état est alors contraire au signifié de son prénom.

Samira : elle devient responsable de sa famille après la déchéance du père. Violée, battue, elle perd la raison, laissant la charge de la famille à ses deux sœurs Yasmina et Amina qui, assureront les besoins de la famille et les soins médicaux..

Khadidja et Omar : il est possible d’établir une correspondance avec des personnages historiques appartenant à la mémoire islamique. Khadidja, l’épouse du prophète Mohamed (QSSL), et Omar son compagnon. Tout comme les personnages historiques Omar et Khadidja sont épris de religion. D’ailleurs la narratrice la surnomme « la mère des croyants, la sainte ».

Au début du roman, du moins jusqu’à la deuxième partie, ces personnages portent bien leurs noms (le signifiant correspond au signifié). Omar refuse que sa sœur Samira se fasse avorter, tout comme il exige à son père d’appliquer correctement la loi coranique pour reprendre son épouse répudiée par trois fois.Khadidja, de son côté essaye d’influencer son beau père et ses belles sœurs pour qu’ils se mettent à la prière.

Cependant, nous constatons qu’à la troisième partie ce parallélisme cesse d’exister lorsque le couple s’exile en Grande Bretagne.

De retour au quartier, Khadidjane portait plus le voile islamique et ne parlait plus l’arabe classique. Tout ce qui faisait d’elle la « mère des croyants » a disparu.

Nous pouvons donc déduire qu’Omar aussi a changé du moment qu’il a pu tolérer ces changements.

Youssef Allouchi : nom attribué au nouveau mari de Nayla. Un personnage qui bouleverse la fiction et contribue par son acte (la fuite avec Nayla au lendemain de leur mariage.) à l’évolution du récit.

Étant décrit dans le roman comme un homme très beau, sage, érudit et croyant et connaissant parfaitement le coran ce nom peut être rapproché au messager Joseph.

Nous constatons donc une correspondance entre le signifiant et signifié.

Nayla: l’épouse d’Aziz. Son prénom signifie celle qui obtient tout, celle qui atteint ses buts.Nayla, la femme soumise et cloîtrée devient la cause du malheur et de la déchéance de son époux

À deux reprises, Nayla s’oppose à la volonté de son époux. La première fois quand Aziz refuse de marier son fils Omar ; la seconde quand il voulait que sa fille Samira avorte. Nayla représente le signe de la résistance, de la liberté retrouvée.

Noria : son prénom signifie la lumière. Personnage comique, trébuchant sur les mots, Noria apaise les situations tendues par ses interventions naïves et enfantines Comme exemple nous choisirons la scène où les filles abordaient un évènement tragique : l’explosion qui a touché la maternelle ; à un moment une des filles évoque Eve (sortie de la côte d’Adam), Noria demande alors si « Effe était une côtelette ? ».

Si nous faisons le décompte des répliques des personnages masculins et féminins, nous compterons 609 répliques provenant de voix féminines contre 194 provenant de voix masculines. Ce qui souligne la volonté de l’auteur de donner la voix aux personnages féminins et de relater l’histoire d’un point de vue féminin.4

Selon la classification de Goffman, nous pouvons catégoriser ces personnages en deux types de destinataires : « Les destinataires ratifiés qui participent effectivement à la conversation, et les simples spectateurs qui sont les témoins d’un échange. »5

Dans tous les dialogues, la fonction locutrice est occupée par les différents personnages qui participent à la conversation (Samira, Yasmina, Amina, Fouzia, Noria, Aziz, Khadidja, Imam, la veuve). Néanmoins, nous avons relevé des dialogues dans lesquels la narratrice personnage se trouve en situation d’une simple spectatrice : dans le dialogue d’Aziz et la veuve, le dialogue de ses sœurs et Khadidja, et enfin le dialogue de ses sœurs ayant pour thème l’adultère de la mère.

Dans chacun des cas cités, la narratrice est présente dans le groupe des locutrices mais s’interdit d’intervenir en raison des thèmes abordés (l’adultère de la mère puisqu’elle avait des doutes, la proposition d’Allouchi de les aider, parce qu’elle n’y croyait pas et l’attentat ayant touché l’école de ses deux sœurs) et les relations qu’imposent le rapport hiérarchique (elle ne pouvait pas intervenir en présence de son père).

Dans un autre dialogue Noria et Fouzia se trouvent elles aussi en situation de spectatrices. Elles n’interviennent qu’au moment nécessaire pour exprimer leur opposition qu’on les considère encore petites.La mèreen tant que partenaire assiste au dialogue de son mari et son fils qui décident qu’elle doit contracter un deuxième mariage et une deuxième répudiation sans qu’elle n’intervienne laissant les autres décider à sa place.

L’auteur utilise également une technique proche du théâtre celle du « nouveau-venu »6 qui soit apporte une nouvelle information que les personnages ignorent, soit il découvre une situation. Au moment où les personnages échangent des paroles, un autre personnage fait irruption et amorce ou relance un dialogue. L’exemple à citer est celui de Khadidja qui de retour d’Angleterre apporte des nouvelles mais découvre en même temps toutes les souffrances qu’endurent sa belle-famille.

Nous synthétisons dans le tableau ci-après les éléments qui constituent le cadre dialogique. Nous tenons à expliquer que les dialogues dans Ravisseur se répartissent en trois catégories : la séquence, l’échange et l’intervention.

Orecchioni définit la séquence « comme un bloc d’échanges reliés par un fort degré de cohérence sémantique ou pragmatique, c’est—à- dire traitant d’un même thème, ou centré sur une même tâche »7. Selon toujours Orecchioni, la séquence se compose de trois parties : séquence d’ouverture, corps de l’interaction, séquence de clôture.

L’échange est la plus petite unité dialogale. Il comporte au moins deux interventions produites par deux ou trois locuteurs. Quant à l’intervention, elle est produite par un même locuteur.


Tableau : Cadre dialogique dans Ravisseur
Les locuteursCadre spatio-temporelSituationButsRelations interpersonnellesNature du dialogue
LieuTempsBut global (thèmes)Buts ponctuels (actes de langage)

________________________

1Riegel Martin et al. Grammaire méthodique du français. Paris : Quadrige/PUF. 2005. p. 75

2Cité par Jean MichelAdam. Types et prototypes. Nathan. 1993. p. 46.

3Goldestein Jean Paul. Pour lire le roman. Paris : Duculot. 1985. p. 98

4Rappelons que dans ses romans, Leila Marouane choisit une narratrice pour relater l’histoire, excepté dans son dernier roman La vie sexuelle d’un islamiste à Paris où c’est narrateur qui relate l’histoire. Mais l’auteur avoue le peu d’empathie pour son personnage, auquel elle prenait soin de garder une certaine distance.

5Kerbrat Orecchioni. La conversation. Seuil. p. 17

6Terme emprunté à Rullier. Op. cit. p. 17

7Orecchioni Kerbrat Catherine. La conversation. Seuil. 1990. p. 37

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