L’attractivité des IDE en Algérie est entravée par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel insuffisant. Cet article propose des recommandations inspirées des modèles asiatiques pour renforcer l’impact des investissements directs étrangers sur l’économie algérienne.
Les NPI d’Asie entre marchés et quête de débouchés extérieurs
Il est important de souligner que la dimension de base de la production industrielle acquise par les pays émergents d’Asie, entre 1960-1990, a par ailleurs engendré de nouveaux marchés dans le cadre de l’économie mondialisée. Les NPI deviennent aussi des marchés pour plusieurs biens nécessaires à leurs industries1.
Les NPI deviennent des marchés d’équipements et d’intrants industriels
Suite à la robuste croissance qu’avaient connue, à partir des années 60, les économies émergentes asiatique, et l’importance que l’industrie y occupait, cette région est devenue incontournable pour les entreprises étrangères qui produisaient des biens d’équipements ou d’intrants industriels. A en croire bien l’essor enregistré par leur industrie, notamment à la fin de la décennie 90. « Ainsi, dans la même période, l’ensemble des économies émergentes (y compris plus tard la Chine) comptent pour plus de 12% de la production mondiale d’Automobile, 20% de l’électronique et de la sidérurgie, 35% de la construction navale et de la production de textiles synthétique mondiale »2.
Le poids des IDE dans les exportations et la compétitivité extérieure de l’Asie
Pour analyser les exportations une remarque s’impose : les IDE vont dans certains pays, progressivement vers des secteurs tournés vers l’extérieur, et s’intéressent peu ou pas, selon les régions, aux marchés locaux. Avec ce déplacement, l’IDE pourrait jouer un rôle majeur dans la relance des exportations manufacturières. Ceci étant, les apports des IDE sont ainsi évidents en termes d’apport en devises, de création de réseaux facilitant la recherche de nouveaux débouchés extérieurs.
En effet, comme semble l’attester, si bien, le cas de la Chine pour ne citer que celle-là, qui selon l’étude de Lui Liang3, les statistiques montrent que: bien que les entreprises d’IDE ne créent que 27% de la VA totale dans le secteur industriel (ration qui est encore faible dans d’autres secteurs), elles se présentent toutefois comme le principal acteur de l’exportation chinoises.
Depuis quatorze ans4, les IDE sont à l’origine de 60% des exportations du pays, essentiellement de produits manufacturières5. Une telle situation n’aurait pu toutefois résulté qu’en partie grâce à la politique de gouvernement chinois vis-à-vis de l’IDE, qui a privilégié depuis longtemps les IDE qui se spécialisent dans les exportations.
Ainsi, des incitations fiscales leurs sont mises en place pour stimuler les exportations et le progrès technique. Mais les entreprises étrangères ne sont-elles sans incidences sur les entreprises locales qui elles, de fait de la concurrence créée, tendraient de plus en plus à rechercher plus de compétitivité. En sus, en dépit d’exigences de transfert de technologies qui sont, dans la plupart de la région, imposés aux IDE, cependant, comme en témoigne la Chine (voir figure 18), ne freinent pas les afflux d’IDE6.
Figure 18 : poids des IDE dans le commerce extérieur chinois, entre 2000-2009(en %)
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Source : China statistical yearbook 2010.
Au total, d’après les développements qui ont été faits, nous pouvons dire que les pays d’Asie industrialisés ont franchi, a priori, une première phase d’attraction d’IDE dans les secteurs intensifs en main d’œuvre pour passer ensuite vers des secteurs plus productifs et à forte VA, dans l’Automobile, l’électronique, surtout en l’aéronautique et la construction navale.
Ne serait-ce que grâce à l’investissement dans le capital humain et physique ayant engendré un certain niveau d’accumulation, qui a rendu possible une véritable industrialisation. Force est ainsi d’admettre que ces économies (notamment la Corée du sud) passent, aujourd’hui, après avoir bien entendu surpassé les précédentes étapes, sur le modèle classiquement définie par W.W.
Rostow7, de la marche à la maturité à l’ère de la consommation de masse8. Ce dernier a même considéré le cas de la Corée du sud-que nous allons analyser ultérieurement-comme l’exemple type validant ses théories9. D’où l’intérêt de s’interroger sur les facteurs qui auraient permis un tel succès, notamment à pouvoir réussi à faire participer les entreprises étrangères dans leur décollage économique(NPI) et leur spécialisation internationale, et en tirer davantage de profits ?
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1 DUFOUR.J.F., « l’Asie émergente après la crise : les Dragons, les Tigres et la Chine », éd.EMS, 2000, P112. ↑
2 Atlas éco, 1996 et 1997. ↑
3 LIU HONG LIANG, « l’ouverture de la Chine et ses impacts sur l’économie chinoises », thèse de doctorat, Université de Bourgogne, France, Décembre 2012, P102. ↑
4 Là nous faisons allusion, à l’année 2001, date d’adhésion de la Chine à l’OMC. ↑
5 Le quotidien El Watan de 10/02/2012. ↑
6 ChAPONNIERE. J. R et LAUTIER. M, ibidem. ↑
7 Les cinq qu’il a défini sont :a) les sociétés traditionnelles, b) l’accumulation des conditions préalables au décollage (take-off) c)le décollage, d) la marche à la maturité e) la marche à la consommation de masse.. Voir, Rostow. W. W, « les étapes de développement économique, un manifeste anti-communiste », Londres Press, Cambridge University, 1960. ↑
8 Dans les années 60-70, la Corée du sud connait une formidable croissance de PNB : de 1962-1971, le taux de croissance moyen de PNB s’élève à 8.8%. C’est le résultat d’une industrialisation marquée. Comme en témoigne le recul de la part de l’agriculture dans PNB passant ainsi de 39.1%(1961) à27.2%(1971). Voir, Barjot. D, « le développement économique de la Corée du sud depuis 1950 », les cahiers de Frame spa, 8, 2011(en ligne), consulté le 09/03/2015. http://framespa.revues.org/899. ↑
9 PARK. T. G, « W.W.Rostow et son discours sur l’économie en Corée du sud dans les années 60 », revue Cairn, Histoire, économie et société, 2006/2, P281-289. ↑