Analyse des effets des Investissements Directs Etrangers sur l’économie algérienne

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

Section 3 : Analyse des effets des IDE sur l’économie algérienne

Depuis la prise de conscience sur les effets de report des IDE, ces derniers ont été fortement recherchés par les gouvernement algériens qui se sont succédés et ce, à la fois sous formes de production de biens et services (créateur de richesses et d’emploi), mais surtout à leur aptitude de contribuer au dynamisme de l’économie, notamment dans les secteurs faisant appel à des technologies très avancées, voire dans d’autres cas, constituer des plateformes à l’exportation et conquérir des marchés étrangers, via notamment d’accords de partenariat

avec les firmes étrangères. A c e t i t r e, il nous semble très encourageant d’en apprécier et évaluer le poids dans l’économie nationale, même si pas d’une façon exhaustive (relative), compte tenu de la fragmentation de périodes et l’intérêt tardé porté à l’IDE.

Contribution des IDE à la croissance de PIB et la productivité des facteurs(PGF)

L’IDE, ces dernières années, est considéré comme une composante importante dans le développement économique en Algérie, à en juger par les différents dispositifs et facilités mis en place. Mais il serait erroné de ne voir dans l’IDE que le seule transfert de capitaux, une contribution à l’épargne intérieure et le confortement de la balance des paiements; l’amélioration de la productivité globale de l’économie en est certainement un aspect très important.

Cet effet, pourrait être opéré par l’impact de la concurrence sur la productivité des filiales nationales, sur les fournisseurs des IDE par l’amélioration de la qualité de leur produit et entre autres services liés à leurs activités, de ce fait l’amélioration de la PGF et la croissance1. Pour savoir quelle serait le poids des IDE dans le PIB national et partant sur PGF, le tableau 18 nous montre quelques données portant sur la place de l’IDE dans le PIB national en comparaison avec d’autres pays

de MENA, sur toute la période 1990 à 2013.

Tableau 18: comparaison de flux et entrées nettes d’IDE en PIB(en pourcentage)

2Il serait utile de rappeler au passage que la PGF s’est ralentie en 1970, et même négative sur la décennie 1980, mais suite aux réformes lancés après, la PGF s’est un peu vue redressée la barre. A noter que cette faible performance de PGF est due à l’inefficacité et la mauvaise gestion de système économique, entre autres le problème de distorsion des prix relatifs, une ouverture réduite aux échanges hors hydrocarbures et en plus notamment d’un flux limité voire quasi absent des investisseurs étrangers.

Il n’en demeure pas moins, en sus, de souligner que la croissance de PGF est dans toujours la même trajectoire que celle de PIB. Il a un statut de résidu. La PGF peut être très importante dans les hydrocarbures car il s’agit d’un secteur ouvert au progrès technique et au nouveau management, du fait même qu’il soit ouvert à la concurrence.

Ceci dit, la PGF dans les hydrocarbures améliorerait la PGF globale (compte tenu par ailleurs de manque de données sur le capital en hydrocarbures pour faire des calculs séparés de PGF). Voir Y.BENABDELLAH, « émergence : quels enseignements pour l’Algérie », colloque international, « l’Algérie face aux défis de la mondialisation », MSH Alpes Grenoble, février 2011.

Tableau 18: comparaison de flux et entrées nettes d’IDE en PIB(en pourcentage)
pays1990199520002003-20092010201120122013
Algérie00.60.511.41.30.70.8
Tunisie0.61.53.5530.93.42.3
Maroc0.60.30.631.42.533.2
Turquie0.50.50.421.22.11.71.6
Libye///32.4/1.70.9

Source : élaboré par nos soins d’après les données de la BM(2014) (données.banquemondiale.org), réseau Anima-Mipo (2009), Op.cit, rapport AFD, «vers une nouvelle dynamique pour le maintien des équilibres économiques et sociaux », 2014.

Comme il ressort de tableau ci-dessus, la part de l’IDE à la croissance de PIB demeurait marginale et extrêmement faible, en dépit d’une augmentation substantielle connue en 2010(1.4%) et 2011(1.3%), si l’on compare aux autres pays de Maghreb. En moyenne sur la période 2003-2009, elle s’élève à 1% en passant ensuite à 0.8% en 2013, alors que pour la même période, la moyenne pour les pays voisins se situe autour, consécutivement, de 5, 3.4 et 2.3(pour la Tunisie), 3, 3 et 3.2(pour le Maroc) et

3, 1.7 et 0.9 en Libye. En fait, quoi qu’il en soit judicieux de prendre en compte le caractère tardif de la véritable ouverture aux IDE, ce chiffre ne reflèterait cependant que la très faible part que joue l’IDE dans l’économie nationale. Il reflèterait également l’hostilité et la politique longtemps autocentré adopté par les gouvernements qui se sont succédé à son égard.

En outre, si certains secteurs de l’économie sont aujourd’hui dominés par des entreprises crées dans le cadre de l’IDE3, force est cependant de constater que les IDE reçus par l’Algérie, voire annoncés pour les prochaines années préfèrent davantage les énergies, les mines et les services. Les IDE participeraient donc objectivement à déséquilibrer encore la structure de PIB qui est déjà marqué, faudrait-il le rappeler, par les hypertrophies de secteur des non échangeables, réduits aux services et à la construction(BTPH) 4. Mais est de reconnaitre qu’il resterait encore en Algérie un potentiel inexploité d’IDE.

5 Si la croissance hors hydrocarbures, reste appréciable, ceci ne signifie cependant pas que les secteurs qui la génèrent se soient autonomisés des hydrocarbures. Le rôle de la demande publique en la croissance de ces derniers n’est jamais à écarter.

6 Conjugué en outre à une politique des dépenses publiques(DP) à outrance, adoptée par les pouvoirs publics. Une augmentation des DP est toujours associée à un choc d’offre négatif. L’effet de cette augmentation sur la consommation privée et taux de change réel(TCR) dépend en fait de la répartition des DP entre biens non échangeables et échangeables.

Ainsi, une hausse de DP en les premiers, est associé à une appréciation du TCR, soit une détérioration compétitive de pays (du production nationale), alors qu’une augmentation dans les seconds en provoque sa dépréciation. Dans le cadre théorique de l’économie dépendante, dans lequel se situe la théorie du syndrome hollandais, un bien échangeable à la marge est, stricto sensu, un bien dont le prix est fixé par le marché international, si minime que soit la quantité échangée.

En revanche, le prix d’un bien non-échangeable à la marge est déterminé par l’offre et la demande sur le marché national.

IDE et son impact sur la balance des paiements

Les IDE, en Algérie, se caractérisait par deux traits marquants : la logique essentiellement extractive des FMN en s’implantant, et la logique commerciale en s’orientant davantage aux services et le commerce, mais surtout la modestie des flux des IDE entrants . Qui plus est, si on s’accorde avec les données de la banque d’Algérie, les conséquences des IDE de point vue des revenus versés à l’extérieur (constitués de dividendes et profits transférés et expatriés) par les FMN, pétrolières ou autres, progressaient en atteignant des niveaux colossaux et ce, relativement en disproportion au capital entrant. Ces prélèvements auraient des implications négatives sur la balance des paiements (voir le tableau 19).

Tableau 19 : Flux d’IDE et leur impact sur la balance des paiements (2001-2012, en MD$)

Tableau 19 : Flux d’IDE et leur impact sur la balance des paiements (2001-2012, en MD$)
200120022003200420052006200720082009201020112012
Revenus facteurs nets autres que intérêts(1)– 1.020– 1.6002.280– 3.300– 5.350-6.18-5.41-6.28-5.88– 4.85– 6.25– 7.50
Dont part associés pétrolières-1.02-1.600– 2.200– 3.120– 4.750-5.293.90-4.56-3.92– 3.93– 4.97– 6.34
IDE nets(2)1.1800.9700.6200.6201.0201.761.372.492.543.472.051.52
Entrants-sortants (2-1)+0.16-0.63-1.66-2.68-4.33-4.42-4.04-3.95-3.34-1.38-4.2-4.82

Source : élaboré par nous-mêmes d’après les rapports de banque d’Algérie, 2005, 2008, 2010 et 2012.

Comme nous pouvons l’observer, à travers le tableau 19, depuis le début de nouveau millénaire, l’effet négatif de sortie des revenus des FMN se fait souvent sentir dans le solde de flux de capitaux, même en exceptant le paiement des intérêts de la dette extérieur, passant de

+0.16% (2001) à -4.82%(2012). Mais, il n’en reste pas moins qu’avec l’aisance financière (depuis 2000) et la quasi paiement des engagements vis-à-vis de l’extérieur (reste à payer que 4MD$)7 que connait notre pays, ce déséquilibre semble, selon de nombreux observateurs, supportable à court terme(CT). Ainsi, l’idée d’une balance des paiements devant montrer des aspects positifs étant née, à travers notamment les correctifs stipulant l’obligation de céder 51% aux investisseurs nationaux dans la production et 30% pour les activités d’importations,

8 Paiement anticipé de 11MD$ en 2006. L’encours de la dette à MT et LT descend à 3.62% contre 59% 1999.

et chaque projet doit drainer plus de devises qu’il n’en fait sortir de dividendes et profits(LFC 2009)9.

Après plus de deux décennies d’ouv erture aux IDE et en dépit des codes d’investissements qui se sont succédés et des dispositifs incitatifs soucieux d’attirer le capital étranger, les entrées d’IDE demeurent peu significatives et inefficaces, mais dont l’effet de levier est puissant. En effet des milliards de dollar sont, chaque année, transférés à l’étranger par des firmes n’investissant pas, s’indigne un PDG d’un cabinet d’expertise en affaires et lobbying Nord-Sud Venture, en évoquant une entreprise étrangère qui pour 1MD$ investi aurait transféré 7Mds$ de bénéfices à l’étranger10. En outre, même si les flux d’IDE entrants en Algérie sont le plus souvent en petite quantité, néanmoins manifesteraient un grand empressement à transférer leurs profits à moins de les réinvestir ailleurs.

Ceci étant, comme il ressort des différents rapports de la banque d’Algérie, ces sorties auront augmentés de 64.7% entre 2001-2005 et entre 2005-2007, 15.7Mds$(soit un 1/3 des exportations en 2005) ont été transférés, soit plus de 5Mds$/an contre 1.5Mds$/an entre 2001- 2004, souvent dans la cadre de contrats de partage de production, depuis le début des années 90, dans les hydrocarbures11, les télécommunications12 et les banques. Les rapatriements des partenaires de SONATRACH sur la période s’étalant de 2001-2008 se sont, comme l’illustre le tableau ci-contre, chiffrés à plus de 26.412Mds$.13

Tableau 20 : montants des rapatriements des associés de SONATRACH en Mds DA.

Tableau 20 : montants des rapatriements des associés de SONATRACH en Mds DA.
Année20012002200320042005200620072008
montant10021600220031204740519039004560

Sources : établi par nous-mêmes d’après les rapports de la banque d’Algérie (2005, 2006 et 2009).

14Dans ce cas, les entreprises étrangères auraient souvent recours à des pratiques usitées de par le monde, consistant notamment à surfacturer les importations en montrant une fuite déguisée de capitaux pour rapatrier leurs dividendes(en sus de non paiement de TVA y afférente) et ce, par l’intermédiation souvent des banques étrangères installées en Algérie.

15 CHIKAOUI.A(2009) « l’Algérie à la croisée des chemins », cité par A.REHAB « l’économie algérienne, le développement national contrarié », INAS, 2012, P112.

16 Au titre de contrat de partage de production, la rémunération des associés de SONATRACH, pour l’année 2013, s’est chiffrée à plus de 600 Mds DA, soit 11% de chiffre d’affaires de l’année. Rapport d’activité de SONATRACH (2013).

17 Pour ne citer que l’opérateur égyptien Orascom, qui transfère, chaque année sous formes de dividendes plus demi Mds$, faisant ainsi pression de plus en plus importante sur la balance des paiements (El watan de 19 Mai 2010). Notons que cette entreprise est rachetée par l’Etat algérienne, par l’équivalant de 2.5Mds$.

18 Cette augmentation serait due à la nouvelle loi sur les hydrocarbures(2005), visant la valorisation des ressources énergétiques, par l’ouverture de ce dernier à la concurrence internationale.

Comme le montre le tableau 20, c’est les hydrocarbures qui attirent le plus les IDE en Algérie, en drainant ainsi des capitaux générateurs de lourds transferts de devises. Pour remédier à cette hémorragie de notre balance devises, selon les spécialistes, l’impact sur la balance des paiements doit être inclue dans la loi des IDE et former les analystes bancaires nationaux à l’utiliser, notamment dans le processus de transfert de devises.

L’économiste LAMIRI.A(2013), en a proposé une formule approximative de calcul de l’effet d’IDE sur la balance des paiements : Investissements(en monnaie de réserve) + exportations+ substitutions aux importations (équipements et matières premières)- dividendes19.Mais cela ne veut pas dire, se limiter seule aux aspects liés à la balance des paiements, mais la politique des IDE, devrait davantage privilégier les aspects liés au transfert de technologie, du savoir et de diversification des marchés extérieurs etc.

N’étant pas cependant le cas. La politique d’attraction d’IDE 2002-2008, s’est remplacée par la politique de la balance des paiements.

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1 355Il serait utile de rappeler au passage que la PGF s’est ralentie en 1970, et même négative sur la décennie 1980, mais suite aux réformes lancés après, la PGF s’est un peu vue redressée la barre. A noter que cette faible performance de PGF est due à l’inefficacité et la mauvaise gestion de système économique, entre autres le problème de distorsion des prix relatifs, une ouverture réduite aux échanges hors hydrocarbures et en plus notamment d’un flux limité voire quasi absent des investisseurs étrangers.

2 Il n’en demeure pas moins, en sus, de souligner que la croissance de PGF est dans toujours la même trajectoire que celle de PIB. Il a un statut de résidu. La PGF peut être très importante dans les hydrocarbures car il s’agit d’un secteur ouvert au progrès technique et au nouveau management, du fait même qu’il soit ouvert à la concurrence.

3 Si la croissance hors hydrocarbures, reste appréciable, ceci ne signifie cependant pas que les secteurs qui la génèrent se soient autonomisés des hydrocarbures. Le rôle de la demande publique en la croissance de ces derniers n’est jamais à écarter.

4 Conjugué en outre à une politique des dépenses publiques(DP) à outrance, adoptée par les pouvoirs publics. Une augmentation des DP est toujours associée à un choc d’offre négatif. L’effet de cette augmentation sur la consommation privée et taux de change réel(TCR) dépend en fait de la répartition des DP entre biens non échangeables et échangeables.

5 Ainsi, une hausse de DP en les premiers, est associé à une appréciation du TCR, soit une détérioration compétitive de pays (du production nationale), alors qu’une augmentation dans les seconds en provoque sa dépréciation. Dans le cadre théorique de l’économie dépendante, dans lequel se situe la théorie du syndrome hollandais, un bien échangeable à la marge est, stricto sensu, un bien dont le prix est fixé par le marché international, si minime que soit la quantité échangée.

6 En revanche, le prix d’un bien non-échangeable à la marge est déterminé par l’offre et la demande sur le marché national.

7 Paiement anticipé de 11MD$ en 2006. L’encours de la dette à MT et LT descend à 3.62% contre 59% 1999.

8 Dans ce cas, les entreprises étrangères auraient souvent recours à des pratiques usitées de par le monde, consistant notamment à surfacturer les importations en montrant une fuite déguisée de capitaux pour rapatrier leurs dividendes(en sus de non paiement de TVA y afférente) et ce, par l’intermédiation souvent des banques étrangères installées en Algérie.

9 CHIKAOUI.A(2009) « l’Algérie à la croisée des chemins », cité par A.REHAB « l’économie algérienne, le développement national contrarié », INAS, 2012, P112.

10 Au titre de contrat de partage de production, la rémunération des associés de SONATRACH, pour l’année 2013, s’est chiffrée à plus de 600 Mds DA, soit 11% de chiffre d’affaires de l’année. Rapport d’activité de SONATRACH (2013).

11 Pour ne citer que l’opérateur égyptien Orascom, qui transfère, chaque année sous formes de dividendes plus demi Mds$, faisant ainsi pression de plus en plus importante sur la balance des paiements (El watan de 19 Mai 2010). Notons que cette entreprise est rachetée par l’Etat algérienne, par l’équivalant de 2.5Mds$.

12 Cette augmentation serait due à la nouvelle loi sur les hydrocarbures(2005), visant la valorisation des ressources énergétiques, par l’ouverture de ce dernier à la concurrence internationale.

13 364Mais cela ne veut pas dire, se limiter seule aux aspects liés à la balance des paiements, mais la politique des IDE, devrait davantage privilégier les aspects liés au transfert de technologie, du savoir et de diversification des marchés extérieurs etc.

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