Analyse des flux d’IDE dans les pays en développement

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

Le flux d’IDE dans les PED, en particulier en Algérie, révèle une contribution économique limitée, influencée par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel inadapté. L’article propose des recommandations pour renforcer l’attractivité des IDE, en s’inspirant de modèles asiatiques.


Evolution géographique et sectorielle des flux d’IDE dans les PED

Les entrées d’IDE à destination des PED ont globalement évolué en dents de scie et à rythme moins soutenu. Bien que, la part des PED dans le total des flux entrants au niveau mondial, a enregistré un niveau record dans l’année de 1994 avec 41%, mais elle n’en a représenté que 19% en 2000, en atteignant 240 Mds $. Et de même, dans d’autres certaines régions comme, l’Afrique et l’Amérique latine. Les PMA, quant à eux, n’en ont reçu que 0.3 du total des IDE à destination des PED( Cnuced, 2001 et 2002).

Pour une troisième année consécutive, les entrées d’IDE dans PED, ont enregistré une baisse en 2003 comparé au pic de 2000(252 Mds $), en s’élevant à 172 Mds$. Ce qui n’était pas le cas cependant en 2004, où les entrées des IDE ont été estimées à 255 Mds $, soit une hausse de 48 % par rapport l’année précédente, une progression constatée dans tous les PED.

Selon la CNUCED(2005), le record enregistré en 2005, est dû notamment au développement des activités firmes des PED sur les marchés des pays émergents caractérisés par une forte croissance, afin d’augmenter leurs chiffres d’affaires, de profiter des économies d’échelle et de la baisse des couts de production, entre autres la hausse importante des prix des ressources naturelles sur les marchés internationaux, ont engendré des flux significatifs d’IDE vers PED.

Par ailleurs, en 2007, comme il ressort de rapport de la CNUCED(2008), les IDE à destination des PED, ont atteint un niveau record avec 500 Mds $, en hausse de 21 % par rapport à l’année précédente. Selon la même source, les PED ont continué à jouer un rôle de plus en plus important en tant sources d’IDE, ainsi, les flux d’IDE en provenance des PED, ont atteint, en parallèle, un nouveau sommet en 2007, s’élevant à 253 Mds $.La raison principale est l’expansion à l’étranger des FMN des PED, notamment asiatiques1. Toutefois, après six années de croissance ininterrompue dans les PED, en 2009, comme il ressort de rapport de CNUCED(2010), les flux d’IDE à destination de ces pays ont reculé de 27% en 2009, à 548 Mds $. Nonobstant cette chute, ces pays semblent mieux résister à la crise que les PD du fait que la contraction en a été moindre comparée à celle ressentie dans les pays développés(PD), avec -44%.

Les PED ont absorbé en 2009, la moitié des flux mondiaux d’IDE2.

En dépit de la chute enregistrée au niveau mondial en 2012(de 18%), les PED, pour toute la première fois aux avant-postes, en absorbant davantage d’IDE que les PD. Les flux d’IDE entrants dans les PED, ont en effet représenté 52% des flux mondiales3. Cela, selon la même source, tient en partie au fait que la plus forte baisse des entrées d’IDE est intervenue dans les PD, qui ne représentaient que 42% de total des entrées mondiales. Cela étant, certains PED (notamment, la Chine, Inde) sont aussi à l’origine d’un tiers des sorties mondiales d’IDE (CNUCED, 2013), comme le nous montre si bien les deux figures (07 et 08).

Figure(07) : les 20 premiers pays destinataires en 2012(en Mds$)

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Source : rapport sur l’investissement dans le monde, « les chaines de valeurs mondiales :l’investissement le commerce au service développement », CNUCED 2013, P04.

Figure 08 : les 20 premiers pays investisseurs en 2012(en Mds$)

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Source: CNUCED (2013), op.cit, p05.

En Afrique

Quel soit la hausse des flux des entrées des IDE enregistrée dans les PED, n’a cependant concerné que quelque pays. Ainsi la marginalisation de l’Afrique dans le domaine des IDE parait aussi radicale que dans le commerce(Van Huffel.C, 2001). Depuis les plans d’ajustement structurels(PAS), la réponse des IDE à la libéralisation des économies imposés par le FMI et la BM, a été très décevante. Cela étant, les FMN, s’intéressaient principalement aux pays pétroliers et gaziers (Angola, Nigéria etc.) ou pays plus au moins développés comme l’Afrique de sud. Les modifications apportées par certains pays à leurs régimes nationaux d’investissements sont présentés dans le tableau 06.

Tableau 06: modifications apportées aux régimes nationaux des investissements.

Tableau 06: modifications apportées aux régimes nationaux des investissements
Année199119941995199619971998199920002001
Nombre pays ayant modifié354964657660636971
Nombres modifications82110112114151145140150208
Plus favorables à l’IDE*8010810698135136131145194
Moins favorables à IDE**226161699314

Source : CNUCED (2002), Op.cit, P6. * Modifications allant dans le sens de la libéralisation ou améliorer le fonctionnement de marché, et renforcements des mesures incitatives. ** Modifications visant à accroitre le contrôle et réduire les mesures incitatives.

Bien qu’elle ait connu, depuis 1995, des évolutions favorables en termes des entrées d’IDE, l’Afrique, en 2000, il y a cependant eu renversement de tendances, où les IDE à destination de l’Afrique, ont reculé de 10.5 Mds $(1999) à 9.1 Mds $ en 2000, soit une baisse au dessous de 1% de totale des entrées4.

En dépit d’une hausse par ailleurs enregistré dans l’année qui suit, en passant à plus de 17 Mds $, la région reste une destination marginale, et suivi d’un recul à 11 Mds $ en 2002. Idem, pour beaucoup de pays de la région dont les entrées n’ont d’autant pas changé à la contraction enregistrée en 2000.

L’augmentation de 8 Mds $ est dû à quelques grands projets, à juste titre, le Maroc et l’Afrique de sud, et à la façon dont ceux-ci sont comptabilisés dans les statistiquesCNUCED(2004). Toutefois, il y a eu une augmentation très prononcée dans certains pays, jusqu’y compris des pays moins avancés comme Ouganda.

Comme il ressort de même rapport, par suite de certaines initiatives comme l’adoption par les USA de loi sur la croissance et les potentialités économiques en Afrique, entre autres l’augmentation forte des prix au niveau mondial des produits de base, en parallèle d’une forte demande des matières premières, avaient contribué à stimuler l’augmentation des entrées des IDE dans certains pays bénéficiant d’un meilleur accès aux marchés5.

Ce qui en fait témoigne la hausse, pour la deuxième année consécutive, en 2003 et 2004, pour atteindre les 15 et19 Md$. Ces entrées ont augmenté dans 36 pays et diminué dans 17 pays (CNUCED 2004).

Les chiffres montrent aussi que la composition sectorielle des entrées des IDE en Afrique a évolué. Plus de la moitié de ces flux sont à destination de secteur primaire, notamment la production de pétrole. Cependant, s’agissant des investissements sortants sont beaucoup plus restreint et proviennent principalement de l’Afrique de Sud alors que le Maroc a été le plus à bénéficier de entrées d’IDE. Globalement, les pays riches en ressources naturelles, comme l’Afrique de sud, Angola, Nigéria, Tchad, Algérie, sont demeurés les principales destinations, mais un grand nombre de pays de moindre envergure ont prit part à la reprise. L’IDE est en augmentation dans le secteur des services (les télécommunications, l’électricité et le commerce de détail). A titre d’illustration, en Afrique de sud, les TIC ont attiré plus d’IDE que les industries extractives.

Par ailleurs, en dépit de la crise financière et de crédit de 2007 et pour la troisième année consécutive, les flux des entrées d’IDE en Afrique ont continué sur leur rythme, pour s’élever à 63 Mds$.Ainsi, un nouveau record a été enregistré. Selon la CNUCED (2008), cette amélioration est due à la hausse des produits de base, la rentabilité croissante des investissements et l’amélioration de cadre directif.

En effet, en cours de l’année une grande partie des IDE était liée aux industries extractives, en l’occurrence les PMA. Le montant des flux d’IDE entrants s’est élevé avec une croissance de 6 Mds en 2006, ainsi l’Afrique a conservé un montant relativement élevé de l’IDE entrant. Nonobstant de cette hausse, la part de l’Afrique de total des entrées est resté de 3% environ6.

Les FMN US et d’Europe ont été les principaux investisseurs dans la région suivi de celles de l’Afrique de sud et d’Asie.

Cette croissance s’est par ailleurs poursuivie, pour la quatrième année consécutive, en dépit de la crise économique, en 2008, pour enregistrer un nouveau record. Le stock d’IDE dans la région a été ainsi porté à 511 Mds$7. Selon la CNUCED(2009), les fusions et acquisitions (F&A) internationales, dont la valeur a plus que doublé en 2008, ont largement contribué à cet accroissement des entrées des IDE, nonobstant le problème de liquidité au niveau mondial.

L’envolée des marchés des produits de base, en 2007, aurait été aussi déterminant à cet égard. Les entrées d’IDE ont augmenté dans toutes les régions, excepté l’Afrique de nord. Ce sont les pays de l’Afrique de l’Ouest qui ont enregistré le plus fort taux de progression (63%). Toutefois, après presque une décennie de croissance ininterrompue, les flux d’IDE à destination de l’Afrique sont par ailleurs retombés à 59 Mds$ en 2009, soit en repli de 19% comparé à 2008(Voir la figure 09).

Figure 09: évolution de volume des IDE entrants en Afrique

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Source: « global growth outlook », institut AMADeus, rapport 2013, P25.

Pour la deuxième année consécutive, au période ultérieure à la crise, les entrées d’IDE en Afrique ont augmenté pour s’établir à 50 Mds $, soit une hausse de 5%. La région étant ainsi l’une des rares à avoir enregistré en 2012 une croissance supérieur à celle de 2011. Les IDE sortants de l’Afrique, quand à eux, ont presque triplé en 2012, pour s’établir à 14 Mds$.

S’agissant des pays investisseurs, les FMN du sud sont de plus en plus présentes en Afrique, et ce, avec une tendance observée ces dernières années à un accroissement de la part des IDE venant notamment de pays émergents. Pour ce qui est des stocks des IDE, la Malaisie, l’Afrique de sud, la Chine et l’Inde, sont les principaux PED investissant en Afrique.

Au plan sectoriel, les flux des entrées d’IDE, ont en partie été alimentés par des investissements dans le secteur des industries extractives, et ce, dans beaucoup de pays africaines à savoir : la Mauritanie, le Mozambique, l’Ouganda et la République Démocratique de Congo. D’un autre coté aussi, un accroissement des investissements a été observé parallèlement dans la production manufacturière pour la consommation finale et dans les services. C’est une évolution, qui témoignerait par ailleurs de changements démographiques. Ainsi, entre 2008-2012, la part de ces secteurs d’activités dans la valeur des projets d’investissement de création de capacités est passée de 7% à 23% du total.

________________________

1 Il est à rappeler que les firmes des PED, ont de leur part contribué dans le total des flux mondiales sortants, et ce, en passant de 6% mi-1980 à 11% dans la deuxième moitié des années avant d’enregistrer un recul (7%) entre 2001 et 2003, soit annuellement 46Mds. Selon la CNUCED(2004), les IDE en provenance des firmes des PED, a été établi à 859Mds$, soit une hausse de 8% par rapport à l’année précédente, en 2003. Ce rythme (CNUCED 2006), s’est poursuivi, en 2005, pour atteindre les 133Mds$, passant de 10%(2003) à 17%(en2005) environ de stock mondial d’IDE.

2 CNUCED, « investir dans une économie à faible intensité de carbone », 2010, p6.

3 Même s’ils ont légèrement diminué en 2012,(-4%) pour atteindre 700,3 Mds $, ils dépassent de 142 Mds $, les flux à des destination des PD.

4 CNUCED 2001, op.cit, P4.

5 Par l’investissement dans les ressources naturelles et le redémarrage des F&A internationales, y compris par le bais des privatisations.

6 CNUCED (2007), op.cit? P 12.

7 CNUCED (2009), op.cit, p.19.

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