La ventilation des IDE en Algérie révèle une contribution limitée à l’économie nationale, exacerbée par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel inadapté. L’article propose des recommandations pour renforcer l’attractivité du pays en s’inspirant de modèles internationaux, notamment asiatiques.
Section 3 : Ventilation géographique et sectorielle des IDE dans le monde : de l’inégalité
Au moment où les flux d’IDE dans le monde atteignaient des niveaux record qui, à partir de 1995, les flux d’IDE sortants ont crû de plus de 41% en 1998, les inégalités entre les grandes régions mondiales auraient été accentuées1, voire on assistait à une polarisation croissante qui aurait fait aujourd’hui que quelques pays – les pays triadiques- seulement reçoivent 71% des entrées mondiales d’IDE et plus de 82% d’IDE sortants.
Evolution des IDE dans les PD
En 2000, les pays de l’OCDE représentaient plus de 80% de l’IDE mondial à l’étranger. L’essentiel de cette activité consiste en F&A internationales d’entreprises existantes (OCDE 2002). En 1998, les USA et l’UE détenaient plus de trois quarts des stocks totaux des pays de l’OCDE, en provenance et à destination à l’étranger.
Concernant la ventilation des IDE au niveau des trois continents, on constate que le Japon adopte une politique offensive vis-à-vis de son sud en termes d’IDE. Les investisseurs japonais préfèrent investir en Chine, en Thaïlande, en Malaisie et autres pays de Sud-est asiatiques. En sus, une proportion notable des IDE dans la zone OCDE a lieu entre des pays notamment lies par des accords commerciaux régionaux et entre des pays géographiquement proches.
Ainsi, la plupart des pays européens accueillent un montant relativement élevé en provenance des pays de l’UE que d’ailleurs, le même cas pour le Canada et le Mexique qui voient dans une plus grande mesure les IDE venir principalement des USA, dans le cadre de l’ALENA2. Cependant, ne serait pas uniquement le cas dans le cadre d’accords régionaux, dont le cas de l’UE qui ne s’est juste préoccupé des PECO, et tout récemment, il oriente une grande partie de ses investissements vers l’Amérique latine.
A titre d’illustration, en 1996, l’Amérique latine a reçu plus de 38 Mds $, l’Asie plus de 84 Mds $ et le sud de la Méditerranée 4.7 Mds $, y compris Israël et la Turquie.
Selon le rapport de l’OCDE (2003), les entrées et sorties des IDE dans les pays de l’OCDE, en 2002, ont accusé leur baisse la plus forte depuis plusieurs décennies. Les entrées totales sont tombées de 1 270 Mds $ à 566 Mds $, soit une baisse de 56%. Ce recul était caractérisé par l’effondrement des F&A internationales (notamment aux USA et la R-U) suite aux opérations de remboursements des prêts intragroupes. Contrairement aux autres pays tels le Japon et l’Allemagne, se sont vus recevoir plus d’entrées d’IDE au cours de l’année. Les IDE
sortants, de leur part, ont été diminués en atteignant, en 2002, 600 Mds $. Cette chute touchait particulièrement la France, le R-U et les pays bas, alors que d’autres pays (USA, Norvège et Finlande) ont vus leur sorties d’IDE augmenter. En 2003, les entrées et sorties des IDE de l’OCDE, ont poursuivi leur chute en 2003.Alors que, les entrées reculaient de 28 % en 2003, les sorties d’IDE ont resté presque identique à ceux de 2002, montant de 567 à 576 Mds $, en 2003, soit une hausse de moins de 2%(OCDE 2004, p2).
Ce repli des entrées a touché toutes les grandes régions, mais plus encore l’Amérique du Nord, où les entrées en USA, ont baissé, passant de 72Mds(2002) à 40 Mds $ en 2003, soit une baisse de 45%. Le Canada de son coté, a vu ses entrées d’IDE baisser, en raison des choix qu’auraient fait les IDE américains en s’intéressant aux régions plus lointaines, de 15 Mds $, soit une environ 70%.
Le japon, quand à lui, a vu ses entrées reculer, en 2003, d’environ tiers par rapport aux années précédentes. S’agissant de l’Europe, en dépit d’un déclin supérieur à la moyenne, du fait de la résistance de certains grands pays, l’effet sur les chiffres globaux a été atténué. Les IDE entrants ont baissé de 21%( s’élevant à 295 Mds $).
En 2004, les PD on demeuré exportateurs nets de capitaux par le biais de l’IDE, les sorties nettes ont dépassés les entrées nettes de 260 Mds $. Toutefois, si les sorties d’IDE de l’UE ont baissé de 25%, en s’élevant à 280 Mds $, un montant plus bas depuis 1997, la plupart des autres PD ont accrus leur investissements à l’étranger. Ainsi, les sorties des USA ont progressé de plus de 90%, atteignant un montant record de 229 Mds $3. Du coté des entrées, les PD ont enregistrés un montant de 396 Mds $.L’Europe avec 217,7 Mds$, les USA avec 122,4 Mds $ et le Japon avec 7,8 Mds $.
En 2005, selon la CNUCED (2006, p1) les entrées d’IDE en PD, ont enregistré 542 Mds $, en hausse de 37% à l’année précédente. En pourcentage, la part des pays développés(PD), a légèrement augmenté par rapport aux entrées mondiales, en passant à 59%.Avec une augmentation de 108 à 165 Mds $, la R-U restait comme le principal PH en cours de cet année. De leurs part les IDE sortants ont atteint 779 Mds $, les PD était la principale provenance.
En 2006, en dépit d’un accroissement des entrées d’IDE de 45% en PD, nettement supérieur aux chiffres enregistrés en deux années précédentes, atteignant 857 Mds $, les flux à destination des pays en développement(PED) et en transition, ont atteint un record, soit respectivement, de 379 Mds$ (+21% par rapport à 2005) et 69 Mds $(+68%).La Chine, Hong Kong et Singapour en étaient les principales destinations. Les USA sont redevenus premier pays d’accueil(PA) parmi les pays développés(PD), suivis de R-U et la France. En représentant 84% d’IDE sortants au niveau mondial, les PD restaient la principale provenance d’IDE.
Dans une conjoncture caractérisée par une hausse des cours boursiers et d’accroissements des bénéfices des firmes conjugués à des financements favorables, les opérations de F&A internationales n’ont qu’augmenté. Ainsi, les opérations de F&A de plus d’un milliards de dollars, s’étaient élevées à plus de 172 transactions. En 2007, selon la CNUCED(2008), les entrées d’IDE, ont atteint 1 248 Mds $, dont les USA, sous l’effet de plusieurs accords conclus dans l’industrie minière, restaient les premiers destinataires (232,8 Mds$) suivis de R-U, la France, le Canada et le Pays-Bas. L’UE était la première région d’accueil en attirant plus de deux tiers d’entrées d’IDE dans PD, s’élevant à 804.3 Mds$. Mais en dépit, de la crise financière de 2007, le montant des F&A ont dépassé le niveau record enregistré en 2000(1 272 Mds $) de 21%, s’élevant à 1 637 Mds $4.
Du fait de la chute des ventes des F&A internationales, en 2008, les flux d’IDE vers les PD ont chuté de 29% par rapport à l’année précédente, faisant un recul de 39%, après cinq années d’euphorie. En Europe, ces opérations ont baissé de 56% et au Japon de 43%, qui consistaient notamment en opérations d’une valeur de plus de trois milliards de dollars5, qui ont fortement ressentis les conséquences de la crise.
En effet, les entrées des IDE ont chuté à 965 Mds $ tant dis que les sorties ont passé à 1 541 Mds $.
Force est par ailleurs de constater que, le repli des opérations des F&A internationales, a été la principal raison de recul de l’IDE en 2009. Les acquisitions à l’étranger ont diminuées de 34%(65% en valeurs), alors que les projets d’IDE pour la création de capacité n’ont diminué que de 15%6. De leur coté aussi, les entrées d’IDE à destination des PD ont reculé, en passant de 965 Mds $(2008) à 603 Mds $ tant dis que aussi les sorties, ont chuté de 1541 Mds$ à 851 Mds $.
Pour l’année de 2011, si les flux d’IDE vers les pays développés(PD) ont été si dynamiques, en passant à 748 Mds $, soit une augmentation de 21% de plus qu’en 2010, le niveau des entrées d’IDE dans ces pays, restait néanmoins inferieur de 25 % au niveau moyen des trois années précédentes à la crise.
Les sorties des IDE des PD, quand à eux, ont fortement augmenté en 2011, avec une hausse de plus de 25 %, pour atteindre 1 240 Mds $. En sus, si les pays de la triade, ont contribué à cet accroissement, les facteurs dominants cependant ont été différents pour chacun. Ainsi, les IDE sortants des USA, ont été alimenté par un niveau record de bénéfices réinvestis, avec 82% de total des sorties d’IDE, du fait que les firmes ont cherché de tirer profit de leur liquidités en devises. La hausse des flux d’IDE en provenance de l’UE, quand à eux, a été tirée par les F&A internationales. L’appréciation de la monnaie japonaise, a par ailleurs fait améliorer le pouvoir d’achat des firmes japonaises, engendrant un doublement de leurs sorties d’IDE. Les achats nets par opérations F&A en Amérique de nord et en Europe ont progressé de 132%.Les F&A internationales ont progressé en 2011 de 53% en atteignant 526 Mds $, sous l’effet d’un accroissement des méga-transactions, dont le nombre a passé de 44 en 2010 à 62 en 20117.
En 2012, selon la CNUCED(2013), une forte baisse des entrées d’IDE est intervenue dans les PD, en ne représentant 42% des flux mondiaux, soit 561 Mds $. Les pays en développement(PED) dépassent ainsi, pour toute la première fois, de 142 Mds $, les flux à destinations de PD. Quand aux flux d’IDE en provenance des PD ont reculé à un niveau proche de creux de 2009, s’élevant à 909 Mds $.
Ceci peut être argué, selon le même rapport, à la conjoncture économique incertaine qui a conduit les FMN des PD à conserver une stratégie attentiste à l’égard des nouveaux investissements ou à céder des intérêts à l’étranger plutôt que d’entreprendre un développement majeur à l’international. Ainsi, en 2012, 22 PD sur 38 ont vus leurs sorties d’IDE diminuer, d’une diminution globale de 23%8.
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1 VAN HUFFEL. C, « IDE : problèmes et enjeux pour les pays de sud et de l’est de la méditerranée », CRERI, Revue Région et Développement n°13-2001, p 198. ↑
2 Accord de Libre Echange Nord Américain, signé entre trois pays : USA, Canada et le Mexique, en 1993. ↑
3 CNUCED, 2005, op.cit, P3. ↑
4 CNUCED, 2008, op.cit, P4. ↑
5 Ce qui est qualifié d’ailleurs de méga-transactions. ↑
6 Car les opérations de F&A sont très sensibles à la conjoncture financière internationale que les opérations de création des capacités, par le fait que les turbulences des marchés boursiers empêcheraient de voir les signaux donnés par les prix sur lesquels reposaient ces opérations et par ce que les cycles des d’investissement pour F&A sont généralement plus court que ceux des investissements de création des capacités. L’assèchement du financement des IDE réduit le nombre d’acquisitions. ↑
7 CNUCED, 2011, op.cit. ↑
8 CNUCED, 2013, op.cit. ↑