La croissance économique en Algérie est fortement influencée par les Investissements Directs Étrangers (IDE), dont l’impact reste limité en raison d’un climat des affaires défavorable et d’un cadre institutionnel inadapté. Cet article propose des recommandations pour renforcer l’attractivité du pays en s’inspirant de modèles asiatiques.
La vision des classiques de la croissance : pessimisme et état stationnaire
Les differentes visions des classiques de la croissance et ses sources sont présentées comme suit:
Analyses diverses, partielles ou inadaptés de la croissance : lutte contre l’état stationnaire
Bien qu’ils vivent dans un contexte où la croissance économique demeurait instable et incertaine, les premiers économistes s’en préoccupaient de plus en plus, et se gardant de toute fragilité de leur société et de leur avenir.
La croissance selon A. Smith : la division de travail comme source de croissance
Smith. A est considéré comme un des premiers ayant longtemps entreprit d’expliquer la problématique et l’origine de la croissance. Dans son livre célèbre(1776) sur les richesses des nations, afin de démontrer le rôle important distingue et compare deux types de nations. Les premières les qualifiait de « sauvages », vivant dans un état de pauvreté et de misère tant dis que les deuxièmes les a qualifiées de « nations civilisées » dont la population vivait en prospérité et progrès. Smith expliquait ce grand fossé existant entre ces deux nations et leur
137 Une explication très détaillée sera développée ultérieurement dans le point portant sur la théorie de croissance endogène et les travaux de l’économiste néo-classique R. Solow(1960).
138LAMIRI.A, « la décennie de la dernière chance, émergence ou déchéance de l’économie algérienne ? », CHIHAB éditions, 2013, P67.
niveau de vie par la croissance économique et s’y est montré totalement convaincu139.Pour Smith la recherche de l’intérêt personnel pousserait sans doute progressivement à la recherche de l’intérêt général (collectif), donc à la croissance et non pas vers un état stationnaire, comme nous en avons précédemment évoqué. Smith n’est donc pas un pessimiste.
En effet, dans son manuscrit, Smith mettait l’accent sur le rôle de la division de travail(DT) comme un facteur de croissance économique (l’industrie des épingles). Pour Smith, la division du travail exerçait son influence sur la croissance économique par trois voies140: grâce à la division du travail, l’habilité et la dextérité des ouvriers.
On obtient dans les entreprises une économie de temps et la division du travail provoque l’emploi des machines. En commençant sa théorie de l’avantage absolu, Smith soutenait qu’une extension des marchés parait nécessaire pour cette division du travail. Et la participation du pays au commerce international et du fait de son intégration à l’économie mondiale consoliderait de plus en plus la division du travail, de ce fait sa contribution dans la chaine de valeurs mondiales(CVI).
Contrairement à Ricardo, pour qui, ce mouvement de croissance convergerait sans doute vers un état stationnaire141.
Par ailleurs, il serait intéressant d’avancer que Smith est optimiste à travers les traits d’une croissance illimitée et qui durerait suivant l’ampleur de la division du travail et des marchés. La croissance peut être donc liée à la croissance de marché qui elle-même dépendante en sus de l’implication des pays dans le commerce international.
D. Ricardo : Théorie de la rente et la loi des rendements décroissants
Comme déjà dit, Ricardo s’opposait à l’optimisme partagé, il ya long temps. Attitude partagée d’ailleurs par un bon nombre d’économistes qui se sont montrés pessimistes et s’attacheraient à montrer que la croissance économique ne peut être un état stable et durable. Ricardo et Malthus (étaient des symboles d pessimisme soutenaient que l’économie, sans
139 Smith. A, « recherche sur la nature et les causes des richesses des nations», traduction française, G. Garnier, livre 1, Québec 2002, P12 et 13. http://classiques.uqac.ca/classiques/Smith_adam/richesse_des_nations/livre_1/richesse_des_nations_1.pdf (consulté le 12/06/2014).
140GOUTTEFARDE.C, « la croissance économique dans les théories d’A.Smith, D.Ricardo et T.Malthus », licence APE, 1999.
141C’est le ralentissement ou l’arrêt de la croissance, même si on augmenterait la quantité des facteurs il n’y aura ni augmentation ni diminution de la production.
doute, buterait à certaines barrières qui, par ricochet, va influencer négativement la croissance économique. C’est l’introduction à l’état stationnaire.142
En publiant son livre en 1817, Ricardo s’inspirait des principes de la population de Malthus, en s’insurgeant contre les taxes de hauts revenus. Ricardo a influencé considérablement le bien-fondé de la réflexion économique. Il soulignait que la croissance est limitée par les rendements décroissants et d e ce fait, on ne pourrait pas échapper à une situation d’état stationnaire. Pour Ricardo, la croissance économique ainsi sera bien vite ralentie par toute éventuelle hausse des prix des biens de subsistance (la nourriture).Comme cause, les rendements agricoles décroissants143. Ce faisant, ceci s’en solderait constamment
par la hausse de la rente foncière des propriétaires des terres, la hausse des salaires et les profits vont se réduire jusqu’au point que les capitalistes ne se trouvent pas être incités à investir. Toutefois, Ricardo s’est montré mi-optimiste, et pour un tant soit peu, tarder cette situation, il préconisait l’augmentation des gains de productivité dans l’agriculture et ce, grâce à un facteur autres que le travail et le capital, le progrès technique et l’ouverture au commerce international144. C’est la théorie des avantages comparatifs(AC)145.
Robert Malthus : théorie de la population et la rente
Partant de l’analyse faite sur l’explication par Ricardo de la croissance, nous avons pu constater qu’à travers la théorie de la rente croissante qui, à cause du progrès démographique et la croissance de la population qui s’en suivrait, Ricardo s’inspirait de Malthus. En fait, ce dernier dans son « essai sur le principe de la population, 1798» et dans le cadre d’analyse des phénomènes de la population et de la croissance, il considérait que la croissance est limitée à cause d’un fort progrès démographique. Il avait expliqué la misère en Angleterre par le gap existant entre une loi de progression arithmétique des subsistances et la loi de la progression géométrique de la population. Malthus est le premier à élaborer une
142 Au point que l’historien britannique Thomas Carlyle qualifie l’économie d’une « économie lugubre, en anglais dismal science ». Car elle ne tient pas compte aux caractères avantageux ou désastreux de ses conséquences qui sont jugés inévitables. Cité in A. Samuelson, op.cit, p50.
143 RICARDO.D, « des principes de l’économie politique et de l’impôt », 2002, traduit par F. S. Constancio et Fontynaud.A, p121. Voir, http// :www.gallico.bnf.fr.
144Ricardo, partant des effets de la loi de « corn laws » ; loi douanière (1815) avait tiré l’analyse de la croissance pessimiste (état stationnaire), ainsi, il avait mis l’accent sur l’importance de commerce international pour lutter contre cette dernière par une loi de lutte anti-corn- laws. Pour la comprendre on l’a fait revenir à son analyse de rente qui elle-même dépendante des rendements décroissants.
145 DIEMER.A, « la croissance économique : grands problèmes économiques contemporaines », université d’Auvergne, GPEC, P08. Http// :www.oeconomia.net.
théorie de la croissance de la population qui constituait la pierre angulaire de toute pensée classique sur l’économie politique146, pour paraphraser Samuelson.
A cet effet, comme solution, Malthus souhaitait que la rente ralentit l’expansion démographique des hommes, mais dans l’intérêt général. Pour ce faire, Malthus usait le terme prévoyance et de la croissance zéro147. Il entendait par là, à la fois, la chasteté et le recul de l’âge de mariage, et l’équilibre entre le taux de fécondité d’une population et le taux de mortalité.
Cependant, dans le cas de la mise en culture des terres nouvelles et peu productive aboutirait, certainement, par le truchement d’augmentation de la rente foncière à l’appauvrissement des membres des sociétés. En d’autres termes, la hausse de la rente conduit à la hausse des coûts de nourriture, qui elle-même conduirait à la hausse des salaires et la réduction des profits et donc à la baisse de taux d’investissement, notamment productif.
Contredisant, toutefois, la loi des débouchés de J. Say148, Malthus défendait que dans un système social, toute offre s’améliorait plus vite que sa demande. Comme conséquence, la contribution d’incitation à la consommation et à l’investissement s’y serait insignifiante. S’agissant de l’incitation à la consommation, la tendance à la concentration de la richesse parmi les rentiers plutôt que de s’être introduite dans le système social, la croissance de population y serait ralentie, ça d’une part. D’autres part, s’agissant du l’incitation à l’investissement, le cas échéant, s’il ya manque de débouchés à quoi sert –il de produire? 149
Mais, il est admis que dans un tel contexte, pour des raisons économique et démographique, la croissance économique pourrait être ralentie. Ce qui conduirait indubitablement vers un état stationnaire. Cependant, Malthus n’était pas contre toute intervention de l’Etat pour créer des marchés ou s’extérioriser.
Marx. K : la baisse tendancielle de taux de profit et la crise de surproduction
Marx. K(1818-1883), pour son compte, va par ailleurs reprendre la vision pessimiste des premiers classiques en l’analysant de façon différente et lui donnant une autre dimension.
146A. Samuelson, op.cit, 1993, P 71. A noter le principe de la population a été parfaitement exprimé dans les années 1589 par Giovani Botero qui est le premier pessimiste tant dis que Franklin.B (1751) disait « les hommes se multiplient comme des souris dans une grange s’ils ont les moyens de subsister sans limitations ».
147 MALTHUS.R, « principes d’économie politique considérés sous le rapport dans leur application politique », 1969, Paris, calman-lévy, P170.
148 « L’offre crée sa propre demande » c.à.d. l’offre d’un bien (X) dépend de la demande exprimée à un autre bien (Y) équivalente de l’offre de bien en question. Selon certains écrits en a été loué et félicité par Keynes.
149 MALTHUS. R, Op.cit, P 170.
Il soutenait que l’économie capitaliste porte en elle-même ses propres contradictions et s’il prenait à son compte la conception classique de la valeur de travail, il avance que l’accumulation de capital avait pour effet la baisse tendancielle de taux de profit. Cette baisse de profit va conduire forcément à la crise. Cette baisse de taux de profit chez Marx ayant trait, faudrait-il le noter, à d’autres raisons que celles existantes chez les classiques, en l’occurrence l’évolution technologique150. En effet, selon Marx, le capitaliste intensifie sa production par des innovations technologiques, en augmentant le capital qu’il investit essentiellement dans les moyens de production(le capital fixe) au détriment d’une augmentation de plus en plus lente de capital variable(le travail).
La logique de Marx peut être présentée comme suit :
Par supposition, le taux de profit constitué est le taux de plus value et la composition organique, l’expression sera présentée comme suit151 :
𝑟 = PL , par division de dénominateur et le numérateur par (v), on obtient :
c+v
𝑟 = pl/v
c + v/v
V
= pl/v
c + 1
v
== pl′ K = 1
𝑟 = taux de plus value 1+composition organique de capital
Partant de cette équation, si par hypothèse (v) est stable, pl/v (l’exploitation) est constant, l’augmentation de taux de capital fixe(c) (loi tendancielle d’élévation de composition organique), va conduire certainement à la baisse de taux de profit. Selon Marx, malgré cette baisse tendancielle de profit dû implicitement au progrès technique et son importance dans l’investissement, à cause la hausse de la concurrence le capitaliste se trouverait dans l’obligation à introduire davantage les innovations.
Si ne serait-il pas appelé à disparaitre. Pour remédier à ce probléme, Karl Max proposait, en effet, comme solution temporaire à choisir, par le capitaliste, entre dévalorisation du capital, progrès technique ou enfin le recours à l’extérieur (au sens de Rosa Luxembourg). Ainsi, l’économie capitaliste ne pourra pas parvenir durablement à l’état stationnaire, la baisse tendancielle de
150Rappelons que cette baisse tendancielle de profit a déjà été signalée par Smith dans des occasions de limites des investissements. Ricardo par la hausse de coûts de subsistance. Malthus par loi de population et la rareté des terres expliquant la hausse des prix de blé et de la rente, comportant une hausse des coûts salariales et donc réduction des profits. C’est l’état stationnaire
151 Samuelson. A, op.cit, P394 et 395.
profit devrait provoquer des crises, des blocages dans le processus d’accumulation, du chômage et approfondissement de luttes des classes.152
Force est cependant de souligner que ces visions pessimiste en termes de croissance stationnaire, vont se heurter à la croissance de XIX siècle et l’arrivée des premiers néo- classiques allaient ainsi réfléchir en termes d’équilibre statique et abandonner l’analyse dynamique. C’est l’arrivée de Schumpeter et le retour à l’analyse de croissance.
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137 Une explication très détaillée sera développée ultérieurement dans le point portant sur la théorie de croissance endogène et les travaux de l’économiste néo-classique R. Solow(1960). ↑
138 LAMIRI.A, « la décennie de la dernière chance, émergence ou déchéance de l’économie algérienne ? », CHIHAB éditions, 2013, P67. ↑
139 Smith. A, « recherche sur la nature et les causes des richesses des nations», traduction française, G. Garnier, livre 1, Québec 2002, P12 et 13. http://classiques.uqac.ca/classiques/Smith_adam/richesse_des_nations/livre_1/richesse_des_nations_1.pdf (consulté le 12/06/2014). ↑
140 GOUTTEFARDE.C, « la croissance économique dans les théories d’A.Smith, D.Ricardo et T.Malthus », licence APE, 1999. ↑
141 C’est le ralentissement ou l’arrêt de la croissance, même si on augmenterait la quantité des facteurs il n’y aura ni augmentation ni diminution de la production. ↑
142 Au point que l’historien britannique Thomas Carlyle qualifie l’économie d’une « économie lugubre, en anglais dismal science ». Car elle ne tient pas compte aux caractères avantageux ou désastreux de ses conséquences qui sont jugés inévitables. Cité in A. Samuelson, op.cit, p50. ↑
143 RICARDO.D, « des principes de l’économie politique et de l’impôt », 2002, traduit par F. S. Constancio et Fontynaud.A, p121. Voir, http// :www.gallico.bnf.fr. ↑
144 Ricardo, partant des effets de la loi de « corn laws » ; loi douanière (1815) avait tiré l’analyse de la croissance pessimiste (état stationnaire), ainsi, il avait mis l’accent sur l’importance de commerce international pour lutter contre cette dernière par une loi de lutte anti-corn- laws. Pour la comprendre on l’a fait revenir à son analyse de rente qui elle-même dépendante des rendements décroissants. ↑
145 DIEMER.A, « la croissance économique : grands problèmes économiques contemporaines », université d’Auvergne, GPEC, P08. Http// :www.oeconomia.net. ↑
146 A. Samuelson, op.cit, 1993, P 71. A noter le principe de la population a été parfaitement exprimé dans les années 1589 par Giovani Botero qui est le premier pessimiste tant dis que Franklin.B (1751) disait « les hommes se multiplient comme des souris dans une grange s’ils ont les moyens de subsister sans limitations ». ↑
147 MALTHUS.R, « principes d’économie politique considérés sous le rapport dans leur application politique », 1969, Paris, calman-lévy, P170. ↑
148 « L’offre crée sa propre demande » c.à.d. l’offre d’un bien (X) dépend de la demande exprimée à un autre bien (Y) équivalente de l’offre de bien en question. Selon certains écrits en a été loué et félicité par Keynes. ↑
149 MALTHUS. R, Op.cit, P 170. ↑
150 Rappelons que cette baisse tendancielle de profit a déjà été signalée par Smith dans des occasions de limites des investissements. Ricardo par la hausse de coûts de subsistance. Malthus par loi de population et la rareté des terres expliquant la hausse des prix de blé et de la rente, comportant une hausse des coûts salariales et donc réduction des profits. C’est l’état stationnaire ↑
151 Samuelson. A, op.cit, P394 et 395. ↑
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