La différence entre IDE et IP est cruciale pour comprendre l’impact des Investissements Directs Etrangers sur l’économie algérienne. Cet article met en lumière les spécificités de ces deux types d’investissement et leur influence sur le climat des affaires en Algérie.
IDE et investissement de portefeuille(IP)16 : quelle différence ?
Avant de nous intéresser aux autres caractéristiques et implications de l’IDE, il est important de distinguer entre deux formes d’investissement étranger : le placement en portefeuille(IP) et l’IDE. Ceux-ci, faut-il le noter, ont le privilège de créer des opportunités supplémentaires de financement, en permettant une diversité des services financiers dans le PA, cependant, obéissent à des logiques différentes.
Alors que l’IDE consiste en une participation directe dans le capital d’une entreprise et quand il est majoritaire, permet d’en assurer le contrôle et l’influence durablement, l’investissement de portefeuille sont des placements purement financiers, généralement à court terme. Ce sont des capitaux flottants et rotatifs.17 Ce sont des investissements qui réagissent rapidement dès que les perspectives de rendement deviennent meilleures ailleurs.18 Ils sont plus volatiles et instables que les premiers et plus sensibles aux fluctuations économiques et la faiblesse de l’économie. On les qualifie, d’ailleurs même de « mauvais cholestérol »19.
C’est le cas, à titre d’illustration, d’un soupçon qui s’empare des marchés financiers, où les mouvements de l’investissement de portefeuille peuvent précipiter une crise financière comme celle connue par le Mexique en 1994. Ainsi, dès que la confiance est mise en cause, les flux d’investissements aient souvent tendance à réagir rapidement, leurs activités souvent critiquées de n’être que des spéculations couteuses alors que leurs fonds, comme on vient de l’évoquer, permettent aussi de fournir des capitaux et leurs activités fournissent des indications importantes sur la tendance des marchés.
En résumé, nous pouvons dire qu’en plus de ne pas avoir un caractère d’implantation pour agir sur la firme résidante, nous pouvons constater que l’investissement de portefeuille ne répondrait pas à la condition d’intérêt durable, autrement dit, l’existence d’une relation à LT entre l’investisseur et l’investie ainsi qu’un degré de contrôle dans la gestion de l’entreprise résidante. La détention par la firme non-résidente d’au moins 10% de capital social de la firme résidante se comptabilise dans la balance de paiement comme l’IDE alors qu’une détention au dessous de 10% sera considéré comme investissement de portefeuille.
La mesure de l’IDE, flux et stocks
La mesure de l’IDE peut se faire soit en termes de participation ou soit en termes de stocks. Partant de ce dernier, l’IDE peut être présenté en flux et en stock :
En termes stocks
L’IDE peut être comptabilisé en stock et comprend les valeurs des opérations (c’est-à- dire, une estimation des valeurs totales des capitaux étrangers) enregistrées dans la balance des paiements au cours d’une année. On distingue deux types de ces stocks : Stocks entrants qui représentant la valeur totale des capitaux étrangers dans un pays, tandis que les stocks sortants sont la valeur totale des capitaux nationaux sortis du même pays vers l’étranger à un moment donné.
En termes de flux
Dans ce cas, l’IDE représente la somme des flux financiers comptabilisés qui consistent en: a) des opérations en fonds propres (création d’une entreprise, acquisition ou extension d’une entreprise existante, achats obligation convertibles en actions, subventions, financement de déficits d’exploitation, consolidations de prêts, immobiliers) ;b) les bénéfices réinvestis sur le champ20;c) les prêts à long terme effectués entre maison mère et ses filiales ;d) les flux financiers à court terme entre affiliés résultant de la gestion centralisée des trésoreries au des groupes. Ainsi, dés lors que le seuil de participation de 10% soit frôlé, les opérations de trésorerie et de prêts entre les firmes seront comptabilisées comme IDE.
Mais quel que soit l’importance qu’a prise aujourd’hui l’IDE, il n’en demeure pas moins d’admettre que l’acteur principal de la recrudescence de ce phénomène au niveau mondial resterait, bien entendu, ce qu’on appelle communément la FMN. En quoi alors consisterait cette dernière ?
La firme multinationale : définitions hétéroclites!
Quand une entreprise est-t- elle une multinationale ? Pour Michalet. C, il est facile d’identifier une firme multinationale car elle est experte dans l’art de se faire connaitre21 et ses définitions sont multiples22. En effet, il définit une FMN comme étant « une entreprise qui fabrique tout ou une partie à l’étranger, la production à l’étranger est l’essence même de la multinationalisation : elle nécessite l’établissement de filiales à l’étranger »23.
Toutefois, l’apport des organismes internationaux (OCDE, CNUCED) pour délimiter le concept FMN est appréciable. Elles qualifient de multinationale « toute entreprise qui, indépendamment de sa forme juridique particulière, exerce un contrôle direct ou indirect sur les actifs possédés par une ou plusieurs autres entreprises situées dans des pays différents de celui où cette entreprise a installé son siège social ».24
Plusieurs classements des firmes ont été par ailleurs réalisés. En effet, PERLMUTTER.H dans un ouvrage de 1969, intitulé the tortuous evolution of the multinational corporation, distinguait trois types d’entreprises multinationales correspondant à trois catégories de stratégies territoriales25: les multinationales ethnocentriques, entre 1945 et 1960, dont la production reste centrée dans le pays d’origine(PO), produisent sur leur territoires des produits nationaux à vocation mondiale(stratégie d’exportation) ; les multinationales polycentriques, entre 1960 et 1970, les firmes implantées dans plusieurs pays les traitant comme des marchés distincts, autrement dit, elles acquièrent des sociétés étrangères afin de produire en fonction des marchés locaux(firmes multidomestiques avec filiales relais).
Quant, in fine, aux multinationales géocentriques (aux cours des années 70), des firmes le plus souvent orientées vers le marché mondial, qui en le traitant comme un tout unique, elles créent des filiales ateliers dans le cadre d’une stratégie de rationalisation des coûts de production.
C’est cette dernière catégorie, qui va par ailleurs être qualifiée, par M. PORTER de multinationales globales et qui, pour REICH.R(1993)26 cité par NONJON et DALLENNE27, sont détachées de toute racine locale, deviendront nationales et adopteront des stratégies de recentrage géographique (production pour des marchés porteurs et solvables) et sectoriel (production dans des activités lucratives).
Ces firmes globales, sont assez coordonnées et hiérarchisées, contrairement, aux multinationales multidomestiques (polycentriques), qui sont faiblement coordonnées avec plusieurs filiales extrêmement dispersées.
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14Krugman.P. et Obstfeld.M « économie international »,4éme éd, ouvertures économiques, Debock, 2003, P196. ↑
15CAVES.E, FRANKEL.J, JONES.R.W; traduit par M.CHIROLEU-ASSOULINE. « Commerce et paiements internationaux » ,9ème éd, Bruxelles, De Boeck, 2003, p188. ↑
16 Il ya aussi « le crédit bancaire » qui sont des crédits alloués par les banques internationales à d’autres économies que les leurs et ce, soit directement à travers les crédits internationaux, soit indirectement via l’entrée aux marchés locaux des PA par création d’une filiale. Ces prêts sont généralement accordés sous certaines conditions qui sont souvent instables et variables d’une période à une autre. ↑
17 Il est admit que les marchés de produits dérivés sont en partie responsables de la forte augmentation de ces flux de capitaux. Ces produits dérivés définis comme étant de contrats dérivés d’actifs fondamentaux comme les devises, les matières premières ou les actions ordinaires. Ils peuvent concerner une acquisition de devises à un prix déterminé et une date ultérieure(contrat de change à terme),l’acquisition d’une matière première à un prix déterminé et une date ultérieure(contrat à terme)ou le dépôt d’une option visant à vendre un certain volume d’actions à un prix déterminé en un temps imparti(option d’achat d’action). Ces contrats quelque soit leur forme, fournissent à l’un des deux parties une ou une couverture contre les fluctuations des prix des actifs; l’autre partie supporte le risque en échange d’une prime sur le prix des actifs. ↑
18 AKARI.A, cité in GUERRAOUI. D et RICHET .X, « les IDE : facteurs d’attractivité et de localisation, comparaison », Paris, l’Harmattan, 1997, P265. ↑
19 HAUSMANN et FERNANDZ-ARIAS cités par TITEM.K.C, « Facteurs d’attractivité d’IDE en Algérie : aperçu comparatif aux pays de Maghreb », mémoire de Magister, option MFB, UMMTO, 2012.p13. ↑
20Correspondant à la part des profits réalisés par les entreprises affiliées à un groupe, non prélevés par leurs maisons mères. Cette part est donc laissée à la disposition des filiales. ↑
21 Cité en introduction de l’ouvrage de Poulet. S.P, « multinationales : frein ou moteur dans l’économie », éd, les économiques ,1997. ↑
22MUCCHIELLI. J. L. « les FMN : mutations et nouvelles perspectives », Economica, paris, 1987, cité en introduction générale. ↑
23 Cité par MUCCHIELLI.J.L, « les relations économiques internationales », hachette, 4eme éd, 2010, p 25 ↑
24 CNUCED, 2004, p 375. ↑
25MUCCHIELLI, J.L., « Multinationales et mondialisation », Édition du seuil, 1998, pp27-28, et NONJON ET DALLENNE, Op.cit, P295. ↑
26REICH.R, « l’économie mondialisée », Paris, éd. Dunod, 1993. ↑
27 NONJON.A et DALLENE, ibidem. ↑