L’institutionnalisme en Algérie est analysé à travers l’impact de la qualité des institutions sur l’attractivité des investissements directs étrangers entre 2000 et 2016. L’étude met en lumière les réformes institutionnelles et leur rôle crucial dans l’amélioration du climat d’investissement.
L’Institutionnalisme dans la pensée américaine :
Le pouvoir des institutions dans l’analyse économique a été véritablement posé en tant que tel chez les américains même si un léger intérêt a été perceptible à la même époque en France et en Allemagne dont les préoccupations avaient des points en commun mais l’impact n’était pas comparable. Ce courant institutionnaliste a réussi à ce développer aux Etats-Unis entre 1890 et 1940 sans aucune réticence parce que les idées restrictives (extrémiste) n’ont jamais eu d’influence comparativement en Europe ( Augtson 1994).
L’Ancien institutionnalisme ne repose sur aucune théorie il ne constitue qu’une collecte normale de données. ( Willimason, North, ….) ses auteurs de la NEI semblent être indifférents aux messages envoyés par ceux de l’ancien courant institutionnaliste désirant instaurer un dialogue et une réconciliation avec les auteurs de la théorie moderne des institutions.
L’ancien courant, qui a été très connu durant la période entre deux guerres représenté par les travaux T.Veblen et de J.Commons tend à disparaître progressivement après la seconde guerre mondiale pour se focaliser ensuite sur une représentation cohérente du processus de l’économie dans le système social et dont les interactions sont très complexes.
Historiquement daté et historiquement marqué, l’institutionnalisme américain s’est construit à partir d’une pluralité de travaux, relativement indépendants. Il ne représente pas une pensée unifiée et bien définie en termes de méthodologie et de programme de recherche.
L’approche Veblenniéne :
Ce courant est né avec l’œuvre célèbre de T.Veblen il s’agit d’un article « Why is Economics Not an Evolutionary Science » publié en 18991, considéré comme le texte fondateur de la pensée institutionnaliste américaine avant et après la première guerre mondiale. Il insiste sur les deux éléments fondamentaux de ce courant: les institutions et l’évolution.
La théorie veblenienne du comportement humain part d’une critique de la théorie classique qui tend à interpréter tous les événements relativement à une conception de normalité. Cette présupposition de normalité influence fortement les théories économiques, ce qui empêche la science économique de franchir le cap et devenir une science évolutionnaire. Autrement dit, Veblen estime que la théorie classique tend à dire ce qui devrait être et non ce qui est. Cette tendance d’interprétation est qualifiée par Veblen d’ « animisme ».
2 (http://creativecommons.org/ licenses/by-nc-nd/2.0/fr/) – CHAN Narith – Université Lyon 2 – 2011
Il est généralement considéré comme le principal Instigateur du courant de pensée institutionnaliste américain. On peut mesurer cela au fait que tous les auteurs se situant au sein de l’approche institutionnaliste se référeront, parfois de manière extensive, à l’œuvre de Veblen. Parmi ces derniers, on pourra notamment citer John R. Commons, Wesley C. Mitchell, Clarence E. Ayres, John K. Galbraith.
T.Veblen s’est s’inspiré de la théorie évolutionniste de l’école historique allemande pour fonder sa propre théorie institutionnaliste sur l’évolution des habitudes d’action. Les partisans de l’école historique allemande ont introduit durant le 19ème siècle les institutions dans l’explication des phénomènes économiques. Ils introduisirent des concepts tels que les coutumes, les conflits d’intérêt, les droits de propriétés…etc. ces derniers n’étaient pas pris en compte par les écoles passées (classiques, néoclassiques…).
Veblen définit l’économie évolutionnaire ainsi: « la science économique doit être la science de l’évolution des institutions économiques et du comportement humain »3. Cette évolution ne peut être possible qu’en condition de l’abondant de la conception « hédoniste » de l’individu. En effet, l’approche hédoniste de l’individu a pour effet d’ignorer les faits et les éléments culturels et institutionnels et donc de ne pas les analyser.
Dans ces conditions la science économique ne produit que des analyses statiques, pour sortir de cette impasse. Il affirme qu’il faut déplacer le point d’analyse de l’économie en prenant en compte l’environnement de l’individu à savoir la culture et les institutions. Celui-ci voit dans l’évolution des institutions le produit du comportement humain.
C’est à travers ce comportement qu’émergent les institutions, et en retour, ces mêmes institutions agissent sur les comportements humains. C’est cette dialectique, qui selon Veblen, doit être l’objet d’analyse de l’économie.
Bien que Veblen n’ait pas laissé un système théorique de taille importante comme de grands théoriciens, il a laissé une porte ouverte pour une approche économique bien impressionniste à ceux qui le suivent. Le système de Veblen se constitue autour du concept de la dichotomie fondamentale entre aspect pécuniaire et industriel de l’économie. De manière plus large, le programme de recherche associé à l’œuvre de Veblen se concentre sur l’investigation des effets de la nouvelle technologie sur le système institutionnel et la manière dont les conventions et les intérêts sociaux résistent à ce changement [Corei, 1995].
L’évolutionnisme de Veblen semble être empreint d’un pessimisme s’appuyant tantôt sur son analyse de la dynamique décalée des institutions, tantôt sur la nature de l’évolution des systèmes industriels dont la complexité grandissante est de nature à remettre en cause sa fiabilité et à en augmenter la fragilité.
4 T.Veblen « Why is Economics Not an Evolutionary Science ? », p 77
Historiquement, l’utilisation du terme Institutional Economics semble se développer entre 1916 et 1918. En 1916, Hamilton a mentionné que Hoxie s’est prénommé comme étant un « économiste institutionnel ». C’est à ce moment là que le terme est utilisé, mais son usage reste encore limité. « The institutional Approach to Economic Theory » était la première conférence sur l’institutionnalisme américain organisée par Hamilton dans le cadre de L’Americain Economic Association en 1918 et les papiers issus de cette conférence étaient publiés en 1919.
Le terme institutional aproach et institutional economics ont commencé à être utilisé de manière générale en 1927 et le terme s « institutionnalisme » et « institutionnaliste » ne sont apparus dans les publications qu’en 1931 (Rutherford, 2000).
Selon T.Veblen, une institution se définit comme « une régularité du comportement ou une règle, généralement acceptée par les membres du groupe de la société, qui spécifie le comportement dans une situation spécifique et qui peut faire respecter par soi-même et par une autorité externe ».5 Le théoricien avait besoin de deux termes primordiaux pour définir les institutions: les instincts et les habitudes.
1. Les instincts :
Veblen conçoit les instincts comme des buts ou des propensions universelles qui sont innés chez l’agent humain et qui sont transmis de manière héréditaire. Donc les instincts sont biologiquement hérités, mais ils ne peuvent se suffire à eu mêmes, ils ont besoin d’être mis en action par les habitudes. Veblen a souligné qu’il existe différents comportement sociaux dus à la diversité des instincts :
- Instinct de travail: il ya des individus qui veulent travailler afin de réaliser l’efficience économique ;
- Instinct social: relatif à un comportement d’entente avec les autres et la création de liens sociaux ;
- Instinct de prédation: se dit de personnes voulant s’enrichir au dépend des autres.
Par conséquent, la société peut tendre soit vers l’équilibre (l’harmonie) lorsque l’ensemble des individus se comportent d’une façon convenable, ou bien vers le conflit.
2. Les habitudes :
les habitudes correspondent à des routines qui permettent à l’individu d’interagir avec son environnement.
6 Narith Chan ; institutions et investissement ; 2011 ; thèse de doctorat ;p11. Définition citée par Rutherford (1994) P. 128.
C’est la recherche de la satisfaction des instincts qui mène à la formation des habitudes. Ces derniers sont des dispositions à agir qui ne se concrétisent pas forcément en action. En d’autres termes, les institutions se rapportent à l’aspect social du comportement humain et sont la concrétisation au niveau social de certaines habitudes mentales présentes chez les individus de la société.
Donc, selon Veblen, les institutions sont d’une part l’effet émergent de l’association des habitudes mentales qui peuvent se concrétiser en action par l’individu, et d’une autre part, en tant que normes conventionnelles stables, ont pour effet d’orienter les comportements vers la poursuite de certaines finalités. 7 L’influence de la technologie, notamment des machines, sur les habitudes mentales des individus, par leur simple observation du fonctionnement des machines a été estimé par ces successeurs insuffisant pour développer une théorie comportementale capable d’analyser une économie évolutionnaire sous l’influence du progrès technique. Le mécanisme par lequel la technologie influencerait les schémas mentaux et cognitifs n’a jamais été expliqué d’une manière satisfaisante par T.Veblen.
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1 T.Veblen, « Why is Economics Not an Evolutionary Science », 1899. ↑
2 http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr/ – CHAN Narith – Université Lyon 2 – 2011. ↑
3 T.Veblen, « Why is Economics Not an Evolutionary Science ? », p 77. ↑
4 Corei, 1995. ↑
5 Rutherford, 2000. ↑
6 Narith Chan ; institutions et investissement ; 2011 ; thèse de doctorat ;p11. Définition citée par Rutherford (1994) P. 128. ↑
7 Augtson 1994. ↑