L’impact des FMN sur les IDE en Algérie est analysé à travers la qualité des institutions et les réformes institutionnelles entre 2000 et 2016. L’étude met en lumière comment ces facteurs influencent l’attractivité du climat d’investissement dans le pays.
Le rôle des firmes multinationales :
L’étude des FMNs ne rentre pas dans le cadre classique de l’analyse économique. Chacune d’elle possède une stratégie qui diffère selon les attitudes du marché néanmoins elle contribue à l’internationalisation de production, au développement des échanges, et la mobilité des capitaux1. Par le biais des IDE, elle segmente la production mondiale on insistant davantage sur les principes « chaine des valeurs », l’évolution de leurs flux traduit l’extension du poids des FMN, ces investissements ont considérablement augmentés depuis les années 80 ci bien que la mondialisation semblé davantage porter aujourd’hui par l’accroissement des IDE que par l’ouverture commerciale du pays.
L’influence croissante des multinationales sur le commerce extérieur:
Suivant les théoriciens et leurs résultats de recherche sur les investissements internationaux et dans le cadre de la théorie de l’échange international. Ils ont pu détecter l’effet des FMNs sur le commerce international, on peut distinguer deux effets totalement différents : l’effet de substitution proposé par (R.A. Mundell 1957)2 et l’autre de complémentarité dénoncé par (K. Kojima 1978)3.
L’effet de Substitution:
Cet effet est inspiré de la logique du modèle d’Heckscher et Ohlin d’échanges liés aux différences d’abondances relatives des facteurs. Si les pays échangent des produits, c’est parce que, initialement, les facteurs de production sont immobiles. À l’inverse, si les facteurs sont mobiles internationalement (en particulier le capital) et le commerce des produits fortement limité (sinon empêché) par des obstacles tarifaires ou par des coûts de transport élevés (conditions de l’IDE horizontal), donc les IDE apparaissent comme des substituts au commerce de marchandises lorsqu’il existe des entraves et des barrières tarifaire ou non empêchant le commerce des produits.
La rémunération du capital étant plus élevée dans le pays qui est le moins bien doté en capital, il s’opère un mouvement de capitaux du pays qui en détient relativement le plus vers celui où il est rare. Ce dernier va alors produire davantage de biens intensifs en capital, biens qu’il importait auparavant. Les IDE se substituent ainsi aux importations et les dotations relatives en facteurs de production se rapprochent les unes des autres. Avec ce transfert de capital, les avantages comparatifs peuvent être amenés à disparaître, entraînant l’arrêt du commerce. L’IDE horizontal est alors destructeur du commerce international.
L’effet de complémentarité:
(K. Kojima1978)4 prend l’appui sur les IDE japonais dans les pays en développement pour souligner l’aspect complémentaire entre IDE et commerce international de marchandises, en introduisant une différence de technologie entre les pays.
L’argument de Kojima peut se résumer de la façon suivante : il considère deux pays, un pays développé, abondant en capital et ayant un avantage comparatif dans la production de machines, et un pays en développement, intensif en travail et ayant un avantage comparatif dans la production de textile. Compte tenu d’une faible demande internationale de textile, le prix international du textile se trouve être égal à celui qui prévaut dans le pays en développement : ce dernier n’a donc aucun intérêt à exporter et il n’y a pas de commerce international.
Cependant, le capital et la technologie étant spécifiques à chaque secteur, les firmes du textile dans le pays développé auront un avantage à se délocaliser dans le pays en développement où la main d’œuvre est moins chère. Le transfert du capital et de la technologie améliore alors la productivité de l’industrie textile dans le pays en développement, abaisse ses coûts de production qui deviennent inférieurs au prix international. Le pays en développement a alors intérêt à exporter du textile et à importer des machines. L’IDE est ainsi créateur d’échange.
Plus généralement, il apparaît que, dans le cas des IDE verticaux où les firmes multinationales répartissent leurs activités entre les pays en fonction des différents avantages comparatifs, IDE et commerce international peuvent être complémentaires, notamment en accroissant les échanges intra-firmes.
Les FMN, principal moteur de la mondialisation :
Ainsi, loin de réduire les incitations à commercer, les firmes multinationales permettent de pousser plus loin la mondialisation ; la croissance rapide des flux d’IDE depuis les années 70 a donc vraisemblablement tiré la croissance des échanges mondiaux. En localisant les différents éléments de la chaîne de valeur dans les économies proposant les meilleures conditions de production, les FMN renforcent les spécialisations des pays et permettent une exploitation plus approfondie des avantages comparatifs. Par ailleurs, cette complémentarité laisse entendre que les IDE sont très largement verticaux. Ce constat n’est pas sans conséquences pour l’économie mondiale. Tout d’abord, cette fragmentation des processus de production conduite par les FMN permet de renforcer encore la division internationale du travail, et donc, a priori les gains mutuels à l’échange mis en avant par les théories du commerce international.
Les FMN et le capital humain :
Dans le cas des pays en voie de développement ; le transfert de savoir-faire technique et des techniques de management est utilisé pour améliorer la qualité du travail local, la gestion et les systèmes d’éducation et de la formation.
L’éducation, les activités de formation, le payement des salaires, ont été considérés comme les principaux mécanismes à travers lesquels l’IDE contribue à l’accumulation du capital humain par le biais des FMNs.
Les FMN et la croissance économique :
L’IDE influence positivement la croissance du pays d’accueil en améliorant la productivité totale des facteurs, grâce au transfert de technologie accompagnant les firmes multinationales sans oublier l’exportation du produit fini à l’étranger ce qui engendre par la suite un effet positif sur la balance commerciale.
(P. Romer 1993)5 souligne que l’IDE entrant peut faciliter les transferts de technologie et de savoir-faire en gestion dans le pays d’accueil, non seulement dans les filiales investies, mais aussi dans l’ensemble des entreprises du pays d’accueil par des phénomènes de diffusion. L’IDE entrant doit également faciliter l’accès au marché d’exportation et contribuer à une amélioration de la compétitivité des entreprises locales.
FMN et l’emploi :
L’impact de l’entrée de l’IDE sur l’emploi dans le pays d’accueil :
- La création d’emploi dans les activités,
- Les salaires versés par les multinationales qui s’implantent, peuvent être plus élevés (avec une productivité des travailleurs élevée),
- L’aggravation des disparités régionales d’emploi,
- lors de l’acquisition d’une entreprise locale par une firme étrangère, cette dernière rationalise sa production, ce qui va conduire à réduire l’emploi dans le pays d’accueil,
Les stratégies de localisation des FMN :
Les firmes décident de s’implanter à l’étranger lorsqu’elles peuvent combiner leurs avantage compétitif spécifique avec les avantages comparatifs des pays d’accueil, il s’agit en sorte de diviser le processus de production dans un cadre de stratégie globale. (C.A. Michallet 1999)6 distingue quatre stratégies :
La stratégie d’approvisionnement :
C’est la première stratégie adoptée ; elle émerge avec l’apparition des FMNs dans le monde et elle a été la stratégie la plus dominante de l’investissement à l’étranger jusqu’au début du XXème siècle. Cette stratégie consiste qu’une FMN décide de s’implanter dans un pays étranger dans le but d’accéder aux ressources naturelles du sol et sous sol. Cela a coïncidé avec le démantèlement des colonies et l’accession d’Etats politiquement indépendant, où les nationalisations se sont concentrées dans le secteur primaire. Les nouveaux États indépendants ont cherché à s’assurer le contrôle de leurs richesses naturelles, qui constituent souvent leur seule ressource. Les activités des FMN passent de l’exploitation directe à l’assistance technique.
La stratégie du marché :
Cette stratégie consiste qu’une FMN décide de s’implanter dans un pays là ou il existe une forte demande. Donc elle s’applique aux décisions d’investissement à l’étranger, qui visent à produire pour le marché local d’implantation par le biais de « filiale-relais » dans des pays ou le niveau de développement est équivalent(caractérisée par des flux commerciaux intra-branche Nord-Nord) ; dont le but et de conquérir des nouvelles parts de marché.
Elle est apparue au XXe siècle, Un investissement horizontal conduit à une simple réplication de la firme (c’est-à-dire à produire le même produit dans plusieurs pays). Cette stratégie est actuellement la plus répandue due à ces caractéristiques qui sont : la nature intra-industrielle des flux, les produits et techniques de production ne différent guère d’un pays à un autre.
La stratégie de rationalisation et de minimisation des coûts :
Cette stratégie est apparue vers le milieu des années soixante. Vise que les FMNs se délocalisent dans des pays en voie de développement dont le but est de minimiser les coûts de productions est fondée sur l’inégalité de développement, et pratiquée d’une façon unilatérale, Nord-Sud, et non plus croisée. Cette inégalité donne lieu à des IDEs motivés par la différentiation des dotations factorielles. A l’inverse des investissements horizontaux, les investissements verticaux dont elle fait partie cette stratégie sont intersectoriels et non pas intra-branche vise à fragmenter le processus de production. Ainsi, la chaîne de valeur est scindée en différentes activités (assemblage, fabrication des composants d’un produit fini, distribution). Donc, le choix de localisation dépend d’une part de la fonction de production de la firme et d’autre part des dotations factorielles des pays d’accueil.
La production n’est pas destinée au marché d’implantation forcément ; mais orientée vers le marché mondial. Des économies d’échelle sont engendrées par la spécialisation des « filiales-ateliers ». Cette stratégie conduit à un processus d’intégration verticale entre les économies du Nord et celles du Sud, permettant ainsi une minimisation des coûts. La compétitivité-prix recherchée par les FMN, dépend fortement des avantages tirés de la localisation du pays d’accueil, selon une stratégie de division internationale des processus productifs7.
La stratégie techno-financière :
Il s’agit d’une nouvelle génération de stratégie, qui n’est plus fondée sur la délocalisation d’activités productives, qu’elles soient des « filiales-relais » ou des « filiales- ateliers ». Cette stratégie repose sur la vente de technologie : brevets, licences, usines clés en main, savoir-faire, ingénierie et assistance technique. Cette forme de multinationalisation correspond à une internationalisation fondée sur des actifs intangibles de la firme et les compétences de son capital humain plutôt que ses actifs financières (C.A Michalet, 1997)8.
La base de sa compétitivité est désormais assise sur le fait de valoriser cet avantage dans tous les secteurs où des applications de ses compétences technologiques sont possibles. La mise en place et la réussite de ces nouvelles formes d’activité reposent essentiellement sur une étroite collaboration entre les fournisseurs de savoir-faire et les financeurs.
Ce nouveau fonctionnement des firmes fonde l’accès au profit non pas sur la détention directe de capital, mais sur le contrôle de la technologie et des sources de financement, et répond à une double préoccupation : celle des firmes de minimiser le risque de nationalisation et de pertes de leurs actifs réels ; celle des Etats de développer un tissu industriel local et de réduire la présence étrangère directe dans l’appareil productif national (Michalet, 1997)9.
La stratégie de partenariat ou l’intégration de type « hub and spokes » :
Ce type de stratégie est adopté par les FMN, qui projettent d’externaliser un certain nombre de fonctions, pour faire face à une forte concurrence internationale. L’internalisation est un moyen appréciable de réduction des coûts de transaction, réduction de l’incertitude et diminution des risques de comportements stratégiques. Mais, dans le but de rester compétitives, les FMN tentent plutôt de réduire les coûts fixes et les apports en capitaux par l’externalisation de certaines fonctions qui étaient auparavant gérées directement par la maison mère. Les firmes sous traitantes sont choisies en fonction de leurs compétences en la matière. Elles s’organisent en firmes-réseau, partenariat pour gagner des parts de marchés (B.Bellon et R.Gouia, 1997)10.
________________________
1 Xavier Browaeys, Introduction à l’étude des firmes multinationales, In: Annales de Géographie, t. 83, n°456, 1974.pdf ↑
2 Mundell R.A. (1957), « International trade and factor mobility », American Economic Review, Juin, pp. 321-335 ↑
3 Kojima K. (1978), ―Direct foreign investment: a Japanese model of multinational business operations‖, Croom Helm, London, Chapitre 4-6. ↑
4 Kojima K. (1978), ―Direct foreign investment: a Japanese model of multinational business operations‖, Croom Helm, London, Chapitre 4-6 p 285. ↑
5 Romer P.M. (1990), ―Endogenous technological change―, Journal of political economy, n°98, pp 71-102. ↑
6 Michallet C.A ; Un nouvel impératif de la politique industrielle dans la globalisation : L’attractivité― in Bouët. A et Le Cacheux. C, eds, ―Globalisation et politiques économiques : Les marges de manoeuvre―, Economia, Paris p325-330. ↑
7 Michalet C.A. (1997), ―Stratégie of multinationals and competition for foreign direct investment―, FIAS p60-63 ↑
8 Michalet C.A. (1997), ―Stratégie of multinationals and competition for foreign direct investment―, FIAS p.76-80 ↑
9 Michalet C.A. (1997), ―Stratégie of multinationals and competition for foreign direct investment―, FIAS p.61-62 ↑
10 B.Bellon et R.Gouia, 1997 ↑