Analyse de la société de consommation dans le quartier Kyeshero

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🏫 UNIVERSITE LIBRE DE PAYS DES GRANDS LACS - FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme de graduat - Novembre 2020
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La société de consommation Kyeshero est analysée à travers les facteurs socio-économiques influençant les dépenses des ménages. L’étude met en lumière l’affectation des revenus et les comportements de consommation selon les classes sociales dans ce quartier.


La société de consommation

Il sied de préciser que le présent paragraphe constitue un cadre théorique, qui va nous aider à appréhender le concept de la société de consommation du point de vue économique et leurs comportements selon les classes sociales.

A) Définition : la société de consommation se définit d’abord d’un point de vue économique par l’accession du plus grand nombre à la consommation et d’un point de vue culturel par la valorisation du bonheur. C’est également une société où la consommation sert à la fois de moyen de communication et d’élément de distinction. Alors que la majorité de la population n’avait qu’un accès limité à la consommation au cours du XIXe siècle, la salarisation croissante et l’augmentation des salaires ont permis à des fractions de plus en plus larges de la population d’accéder à la consommation de biens durables à partir des années 1950.1

La consommation s’inscrit alors dans cette quête du bonheur et permet d’en mesurer le niveau : plus la consommation est importante, plus le niveau de satisfaction est élevé et plus le bonheur est supposé l’être. La valeur centrale d’une société de consommation est donc le bonheur. A cette valeur correspondent des normes, Alors que les économistes néo-classiques considèrent qu’un individu achète un bien ou un service pour satisfaire un besoin, Jean Baudrillard voit dans la consommation l’achat de signes destinés à rentrer en contact avec les autres.

La consommation est un acte social car elle met les individus en relation. Un certain type de consommation permet à des groupes d’individus non seulement de se reconnaître, mais aussi de se distinguer des autres groupes.

Dans « La distinction » parue en 1979 Bourdieu a montré comment les classes sociales s’opposent par leur consommation. La classe dirigeante se distingue d’abord par le niveau de sa consommation mais également par le choix de ce qui est consommé, indépendamment du revenu : un disque de musique classique confère à son détenteur un prestige plus important que la possession d’un disque de variété alors que tous les deux coûtent le même prix.2

Il faut donc en conclure que les consommateurs ne sont ni passifs ni totalement manipulés par les grandes firmes et que les individus ont consciemment ou inconsciemment des stratégies de consommation.

Structure de la consommation

Dans ce paragraphe nous allons définir la structure de consommation et faire eu bref aperçu de dépenses de consommation vis-à-vis du bien être des ménages.

  1. La structure de la consommation se définit comme étant la part des différents types de dépenses au cours d’une année donnée.

Les dépenses sont réparties par postes budgétaires, chaque poste correspondant à l’une des grandes fonctions de consommation. Il sied de souligner que la dépense de consommation est globalement un meilleur indicateur monétaire du bien-être que le revenu, parce que :

  • La consommation est naturellement liée au bien-être des individus : la consommation réelle est plus directement liée au bien- être d’une personne que le revenu qui ne permet que d’accéder à cette consommation. Le revenu ne préjuge donc pas du niveau du bien-être de l’individu. La consommation est donc un meilleur indicateur de résultat du bien-être des individus.
  • La consommation est plus stable dans le temps que le revenu : un certain nombre d’arguments permettent de soutenir ce point de vue. En effet, dans les milieux ruraux, les revenus des ménages peuvent varier au cours de l’année en fonction du cycle prévisible des récoltes ou même du fait de certains facteurs imprévisibles.
  • La consommation est plus facilement mesurable que le revenu : la volatilité des emplois informels en milieu urbain ainsi que leur mode de gestion peuvent aussi expliquer la difficulté qu’ont les opérateurs de ce secteur à fournir des informations précises et fiables sur leurs revenus. Le même problème se pose aux agriculteurs des milieux ruraux quand il leur faut estimer leurs revenus à partir des intrants achetés pour assurer leur production.

La consommation peut résumer la capacité du ménage à couvrir ses besoins fondamentaux : les dépenses de consommation ne reflètent pas uniquement les biens et services qu’un ménage peut obtenir sur la base de ses revenus actuels, mais aussi sa capacité à accéder à d’autres stratégies de survie lorsque ses revenus sont faibles (mauvaises récoltes, variations saisonnières, autres raisons diverses).

Caractéristiques de Consommation

Ce chapitre démontre d’une façon sommaire la réflexion économique portant sur la considération du revenu comme facteur explicative de la consommation, et cela sera démontré par la célèbre fonction de consommation keynésienne.

La réflexion économique sur la consommation fût et continue aujourd’hui d’être très féconde. Les précurseurs furent Keynes, Brown, Friedman et Modigliani. La première spécification ayant retenu l’attention des économistes est à mettre à l’actif de Keynes et considérait le revenu comme étant la variable explicative de la consommation.

À sa suite, les autres auteurs précités ont proposé des modèles plus approfondies et plus élaborés pour donner des spécifications encore plus réalistes. Il est à souligner que la réflexion économique, du moins dans ses débuts, considérait peu les dimensions microéconomiques de la fonction de consommation et raisonnait sur le plan macroéconomique où l’on fait « l’hypothèse d’un individu représentatif ».

Certes, Keynes a fondé sa relation sur une « loi psychologique » d’ordre microéconomique mais il l’a développé d’un point de vue macroéconomique. Les Keynésiens s’intéressent à la relation fonctionnelle s’établissant entre la consommation globale en termes réels et le revenu réel de la période à partir de la loi psychologique fondamentale de Keynes qui est stipulée comme suite : « lorsque le revenu augmente, la consommation augmente aussi mais d’un montant inférieur à l’accroissement du revenu ». La fonction de la consommation keynésienne est la suivante :

C = C0 + cY

Avec :

  • C : Consommation actuelle
  • Y : Revenu actuel
  • C0 : Consommation autonome
  • c : Propension marginale à consommer

Dans cette spécification, seul l’effet revenu est retenu et on suppose les effets des autres facteurs comme étant des données stables ou constantes. Ce modèle fût critiqué par l’économiste Brown qui a intégré un aspect inter temporel de la consommation. La spécification proposée par Brown est la suivante :

Ct = C0 + cYt + bCt-1

Avec :

  • Y : Revenu actuel
  • Ct-1 : consommation passée
  • C0 : consommation autonome
  • b et c : paramètres

La consommation n’est pas seulement fonction du revenu actuel mais plutôt elle est fonction du revenu actuel et de la consommation passée. Friedman (1957) va approfondir l’approche introduite par Brown de la consommation à court terme. Selon cet auteur, la consommation n’est pas déterminée par le revenu courant mais par le revenu moyen anticipé, appelé revenu permanent.

Ce revenu permanent, économiquement pertinent pour analyser les décisions de consommation, n’est pas observable statistiquement. Il diffère du revenu courant observable et est soumis à des fluctuations conjoncturelles sans grande importance pour les décisions de consommation.3

Pour Modigliani (1963), la consommation d’un individu est en fonction de son âge. D’où l’approche du cycle de vie selon laquelle le revenu est élevé en début d’activité et diminue lorsque l’individu prend sa retraite ou ne peut plus travailler physiquement. Ainsi, DEATON (1985), a montré que la consommation est essentiellement fonction croissante d’une variable « active » qui est la proportion de la population âgée de 15 à 64 ans.4

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1 Définition de la société de consommation, Disponible sur http://www.grandes-ecoles-studyrama.com [Consulté le 05 mars 2020]

2 J. Bourdieu ‘’ La distinction » parue en 1979, 3ème éd., De Boeck Université, Paris, p. 7.

3 FRIEDMAN M. (1957), La théorie de la fonction de consommation (Theory of the Consomption Function), Princeton University Press.

4 La théorie du cycle de vie, Disponible sur : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-perso/epargne-et-placement/epargne/la-theorie-du-cycle-de-vie/Pdf, [ Consulté le 28 février 2020]

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