Le cadre méthodologique de l’étude définit l’univers de recherche et la stratégie adoptée pour analyser les violences subies par les mineurs en milieu judiciarisé au Burkina Faso. Il détaille les instruments de collecte de données et les défis rencontrés lors de l’étude.
CHAPITRE II: CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE
Ce chapitre présente l’univers et la stratégie de la recherche.
L’univers de la recherche aborde le milieu d’étude et la population à l’étude. Quant à la stratégie proprement dite, elle présente les instruments et les techniques de collecte des données, décrit la collecte et l’analyse des données d’une part, et met en exergue les difficultés ainsi que les limites de l’étude, d’autre part.
2.1- UNIVERS DE LA RECHERCHE
1. Cadre institutionnel de l’étude
L’étude s’est réalisée dans deux Communes distinctes à savoir celle de Ouagadougou dans la Région du Centre, et celle de Laye dans la Région du Plateau central.
Pour le cadre institutionnel de l’étude, nous nous sommes intéressé à deux établissements judiciarisés que sont : la MACO et le Centre pour mineurs en conflit avec la loi de Laye.
La présentation de la zone d’étude découle de l’aperçu général du Burkina Faso (voir carte du Burkina Faso en annexe n°10).
1.1. Aperçu sur le Burkina Faso
Situation Géographique
Le Burkina Faso encore connu sous l’appellation « pays de l’homme intègre » est situé dans la boucle du Niger au cœur de l’Afrique occidentale. Il est un pays sahélien qui s’étend sur une superficie de 272 967 km2 environ et fait frontière avec le Mali au Nord et à l’ouest, le Niger à l’Est, le Bénin au Sud-Est, la Côte d’Ivoire, le Ghana, et le Togo au Sud. Il dispose d’un climat tropical de type soudanien, rude, sec caractérisé par la faiblesse de sa pluviométrie doublée de sa mauvaise répartition dans le temps et
27 INSD (2012), Enquête Démographique et de Santé à Indicateurs Multiples du Burkina Faso (EDSBF-MICS IV) 2010, p.1
dans l’espace. La majeure partie des sols est de nature pauvre et est rendue fragile par l’érosion éolienne et la régularité et l’intensité des eaux de ruissèlement. Le sous-sol regorge de l’or, du manganèse, du plomb, du fer, de la bauxite, des phosphates, du zinc, de l’argent, du nickel, du cobalt et des diamants.
Caractéristiques sociodémographiques
Le Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH) de 2006 fait état d’une population résidente de quatorze millions dix-sept mille deux cent soixante-deux (14 017 262) habitants, dont six millions sept cent soixante-huit mille sept cent trente-neuf (6 768 739) hommes (48,3 %) et sept millions deux cent quarante-huit mille cinq cent vingt-trois (7 248 523) femmes (51,7 %). Entre 1996 et 2006, la population du Burkina a connu un accroissement annuel moyen de 3,1 % contre 2,4 % entre 1985 et 1996 et 2,7 % entre 1975 et 1985.
En 20201, cette population atteindra vingt un millions cinq cent dix mille cent quatre-vingt-un (21 510 181) habitants. L’indice synthétique de fécondité s’établit à 6,2 (soit 6 enfants/femme). Ce nombre élevé d’enfants dans les ménages conjugué à la pauvreté pose donc le problème de leur prise en charge au plan scolaire, sanitaire, alimentaire.
L’espérance de vie à la naissance est passée de 54 ans selon le RGPH de 1996 à 56,7 ans en 2006 avec un léger avantage marqué pour le sexe féminin (57,5 ans) par rapport au sexe masculin (55,8 ans). Cette même source indique que 22,7 % de la population soit trois millions cent quatre- vingt-un mille neuf cent soixante-sept (3 181 967) habitants vivent en ville.
Près de la moitié des citadins résident à Ouagadougou. La région du Centre qui abrite la capitale administrative du pays renferme 12,3 % de l’ensemble de la population. La proportion des enfants (0-17 ans) représente 53 % de la population totale. La langue officielle est le français, et l’on rencontre une soixantaine de groupes ethnolinguistiques dans le pays.
L’islam, le christianisme et l’animisme sont les trois religions dominantes.
28 INSD (2009) projections démographiques de 2007 à 2020 par région et province p.9
Au plan socioculturel, le Burkina Faso compte environ une soixantaine de groupes ethnolinguistiques qui, généralement, cohabitent pacifiquement. La parenté à plaisanterie demeure un facteur déterminant de la cohésion au sein de ces communautés. Les mossis forment le groupe majoritaire (46,8 %) et viennent avant les peulhs (7,8 %) et les gourmantchés (7 %). Quant aux autres ethnies, elles sont numériquement faibles.
Au plan religieux, l’islam est pratiqué par 61 % de la population. Le christianisme (catholicisme et protestantisme) et l’animisme sont pratiqués, respectivement, par 23 % et 15 % de la population.
1.2. Présentation du milieu de l’étude
1.2.1. Présentation des Communes de Ouagadougou et de Laye
Commune de Ouagadougou
La commune de Ouagadougou, collectivité à statut particulier est la capitale politique séculaire du Burkina Faso anciennement appelé Haute Volta. Elle est située au cœur du pays. Ouagadougou est à la fois le chef-lieu de la province du Kadiogo et de la région du centre. Ouagadougou appartient avec six autres communes (Pabré, Lombila, Saaba, Koubri, Komsilga, Tanghin-Dassouri) à la province du Kadiogo qui relève de la région du Centre. La commune de Ouagadougou couvre environ une superficie de 518 Km2 soit une proportion de 0,2% de la superficie nationale.
Depuis 2009, la commune de Ouagadougou connait un nouveau découpage suite à la promulgation de la loi n°2009-066 portant redécoupage des communes urbaines de Ouagadougou et de Bobo du 22 décembre 2009.Elle est subdivisée en douze (12) arrondissements composés de cinquante-cinq (55) secteurs (voir carte du découpage des arrondissements de ladite commune en annexe n°11).
Données démographiques
La population de la ville de Ouagadougou est estimée à un million quatre cent soixante-quinze mille huit cent trente-neuf (1475839) habitants. A la lumière des tendances faites en 2015, elle totalise un million neuf cent quinze mille cent deux (1.915102) habitants avec une densité de l’ordre de 69 habitants/km22.Cette croissance fulgurante de la population de la ville de Ouagadougou s’explique par l’exode rural. Ouagadougou est un carrefour où cohabite une multitude de groupes ethniques venus de toutes les localités du pays et une population étrangère d’origine africaine, américaine, asiatique, océanique et européenne.
Les structures communautaires intervenant dans la protection de l’enfant
Dans le domaine de la protection de l’enfant, des structures non étatiques viennent en appui aux actions du gouvernement. On y retrouve des Organisations Non Gouvernementales(ONG) et des organisations à base communautaires. Nous pouvons citer entre autres, l’ONG Terre des Hommes Lausanne, l’ONG Save the Children, l’ONG ECPAT(Réseau international de lutte contre l’exploitation des enfants à des fins commerciales) France Luxembourg, la Fondation Agir pour les enfants, l’ONG Enfants et Développement, L’association contact hors limite, l’Association AMPO(Association Malgrenoma pour la protection des orphelins), Association Kioogo, Remar Burkina, Samu social Burkina et la CIJER(Coalition des intervenants auprès des jeunes et enfants vivant en rue). Toutes ces structures contribuent dans le domaine de la protection des enfants soit dans la prévention soit dans la prise en charge. Mais cela se fait avec des difficultés dues à l’insuffisance de coordination.
Présentation de la commune de laye
Localisation
La commune rurale de Laye est située dans la province du Kourwéogo qui fait partie des trois provinces constituant la Région du Plateau Central (R‐ PLC). Avec une superficie de 1558 km2, la province compte cinq (05) communes. Il s’agit des communes de Toeghin, Niou, Boussé, Souroubila et Laye. Cette dernière commune regroupe dix (10) villages. Elle est limitée
29 INSD, 2009, projections démographiques de 2007-2020 par région et province
à l’Ouest par la province du Boulkiemdé, à l’Est par la province du Kadiogo, au Nord par la commune urbaine de Boussé et au Sud par la commune rurale de Sourgoubila. Laye, le chef‐lieu de la commune, est à 35 km au Nord de Ouagadougou sur la RN2 reliant Ouagadougou Ouahigouya (carte des communes de la province du Kourouwéogo en annexe n°12).
Population
Le rapport du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2006 a dénombré une population totale de douze mille trois cent vingt- trois (12 323) habitants avec cinq mille six cent vingt-huit (5628) hommes et six mille neuf cent quatre-vingt-quinze (6 695) femmes. Le Plan communal de Développement sectoriel pour l’Approvisionnement en eau potable et assainissement (PCD‐AEPA) mentionne un accroissement probable de la population qui pourrait évoluée de douze mille cinq cent dix-sept (12 517) en 2010 pour atteindre douze mille six cent soixante-deux (12 662) en 2012. Les mossis constituent la plus importante communauté ethnique de la commune.
La population est essentiellement agricole, vivant d’une agriculture de subsistance, la plupart du temps jumelée avec un élevage extensif de petits ruminants et de volailles. L’artisanat et le petit commerce constituent les principales activités de saison sèche.
Les intervenants dans le domaine de la protection de l’enfant
La commune de Laye travaille en collaboration avec un certain nombre d’acteurs du développement dont :
- Terre des Hommes Italie. Elle intervient dans le domaine de l’éducation (parrainage d’élèves) et dans le financement du Centre d’accueil de Laye pour mineurs en conflit avec la loi ;
- Association pénitentiaire africaine (APA). Elle cogère le Centre d’accueil avec les partenaires techniques et financiers ;
- Solidar Suisse dont les domaines d’intervention sont : genre et développement (sensibilisation sur les droits humains et renforcement des capacités) ; l’éducation (réalisation d’infrastructures éducatives de base) ;
- UNICEF intervient dans le domaine de l’assainissement et de l’eau potable (forages et latrines dans les écoles) ;
- Gascode qui intervient dans la Lutte contre l’excision et protection de la femme et de la jeune fille ;
- Programme alimentaire mondial (PAM). Il appuie la commune dans la prise en charge alimentaire des personnes vulnérables (veufs/veuves, orphelins, handicapés) ;
- REMAR–Burkina qui vient en aide aux enfants vulnérables. Il intervient aussi dans le secteur de l’éducation par la réalisation d’infrastructures scolaires.
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1 INSD (2009) projections démographiques de 2007 à 2020 par région et province p.9 ↑
2 INSD, 2009, projections démographiques de 2007-2020 par région et province ↑