Les outils de prévention des conflits électoraux sont essentiels pour réduire les délais d’attente des résultats en Côte d’Ivoire. Cet article analyse les stratégies mises en œuvre par la Commission Électorale Indépendante (CEI) et propose des solutions pour améliorer la transparence et l’efficacité du processus électoral.
LA CONTRIBUTION DES OUTILS RÉGIONAUX ET INTERNATIONAUX
Pour renforcer l’exercice de la démocratie, entretenir la paix et éliminer la violence y compris électorale, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a mis en place un certain nombre de mécanismes comme le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance, Le Protocole propose une adhésion stricte aux normes constitutionnelles dans les pratiques électorales. Il rejette par voie de conséquence l’accession ou le maintien anticonstitutionnel au pouvoir, et définit les paramètres pour la conduite d’élections pacifiques et crédibles qui soient libres, équitables et transparentes.
L’Union Africaine participe aussi à la réduction de la violence électorale à travers son Protocole d’accord sur la sécurité, la stabilité, le développement et la coopération de 2002. Ce protocole indique que les élections transparentes et crédibles constituent un élément important qui favorise le respect du droit fondamental et universel à la gouvernance participative et démocratique. Il rejette aussi les changements non constitutionnels de gouvernements.
En coordination avec les diverses organisations régionales, les Nations Unies, à travers le UNOWAS et les différentes agences, ne ménagent pas leur effort et soutien pour aider à éradiquer la violence électorale et renforcer la bonne gouvernance en Afrique de l’Ouest (UNOWAS E-Magazine NUMERO 5 : Les élections libres et crédibles, un outil majeur pour la consolidation démocratique et le développement en Afrique de l’Ouest et le Sahel, Novembre 2017)1.
- OBJECTIFS
Notre étude vise à analyser les stratégies pour prévenir les conflits électoraux en Côte d’Ivoire.
- OBJECTIFS SPECIFIQUES
Les objectifs spécifiques de l’étude sont les suivants :
- Décrire les facteurs qui interviennent dans la production des résultats électoraux en Côte d’Ivoire.
- Identifier les facteurs qui entrainent le non-respect des délais dans la production des résultats électoraux en Côte d’Ivoire.
- Faire des suggestions pour que la période d’émission des résultats soit réduite en Côte d’Ivoire.
- HYPOTHESE
Le délai d’obtention des résultats est lié aux facteurs endogènes et exogènes à la Commission Electorale Indépendante.
- HYPOTHESE SPECIFIQUE 1
La logistique mise en place par les Commissions Electorales Locales ne facilite pas la collecte rapide des résultats.
- HYPOTHESE SPECIFIQUE 2
L’accessibilité de certains lieux de vote retarde la consolidation des résultats.
CADRE DE RÉFERENCE THÉORIQUE
- LA THÉORIE DU CONFLIT DE RALF DAHRENDORF ET V. PARETO.
Ralf Dahrendorf explique le changement social par les conflits. Ceux-ci selon lui ont leur origine dans les contradictions de la structure sociale et ils opposent les groupes sociaux. Contrairement à Karl Marx pour qui les contradictions se font au niveau économique et dans la distribution des richesses, pour Dahrendorf, les conflits de la société sont tournés vers l’exercice de l’autorité.
Pour cela, il définit l’autorité comme étant la probabilité qu’un ordre produise de l’obéissance. Il affirme qu’au sein d’une communauté comme une nation par exemple, il existe une séparation très nette entre ceux qui exercent l’autorité et ceux qui y sont assujettis. La logique selon lui voudrait qu’un groupe domine l’ensemble des relations sociales et qu’un autre subisse cette domination.
Quand c’est le cas, ces deux groupes forment alors des classes sociales dont la lutte a pour enjeu l’exercice de l’autorité au sein de la société. La principale contradiction est donc pour lui celle qui oppose une classe détentrice de l’autorité et une autre classe qui en est privée.
De son côté, V. Pareto parle d’élite au lieu de classe sociale. Il explique que lorsque l’élite est le groupe social qui dirige la société, son action est, en principe, la conservation du pouvoir. Mais lorsqu’il existe plusieurs élites, la compétition qui les oppose est un des facteurs du changement social.
Il définit l’élite de deux façons différentes. Elle est, d’une part, l’ensemble des personnes ayant particulièrement réussi dans un domaine ; elle est, d’autre part, la minorité de personnes qui exerce des fonctions dirigeantes dans le domaine politique. Il distingue alors l’élite gouvernementale qui exerce le pouvoir étatique de l’élite non gouvernementale qui est dans l’opposition.
En s’appuyant sur les réflexions de Machiavel, Pareto affirme que les élites peuvent utiliser soit la force, soit la ruse pour accéder au pouvoir et y rester. La ruse consiste, pour Pareto, à déguiser la recherche du pouvoir sous l’apparence de mobiles généreux. Les élites qui utilisent la ruse prendront l’accédant sur celles qui font usage exclusif de la force.
Les élites au pouvoir risquent donc toujours de disparaître. Elite gouvernementale et non gouvernementale sont toujours en compétition l’une avec l’autre. Elles participent au changement social en produisant des normes, des valeurs et finalement des idéologies.
- LA THÉORIE DE LA PRIVATION RELATIVE
La théorie de la privation relative donne une explication des expériences psychologiques nées des inégalités existantes entre les individus ou groupes sociaux.
Il y a d’un côté ce à quoi les gens pensent avoir droit c’est-à-dire propriété et statut et de l’autre côté ce qu’ils ont en possession. Plus grand est l’écart qui sépare les rivaux, plus intense sera le sentiment d’insatisfaction et de mécontentement au niveau de l’individu défavorisé. Cette perception de privation augmente la chance d’un comportement déviant.
Cette théorie nous aidera à comprendre pourquoi est-ce que la partie perdante aux élections a toujours du mal à céder face à la victoire de l’autre et s’engage dans une lutte très acharnée pour réclamer ce sur quoi il pense avoir droit.
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1 Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel « Comprendre la violence électorale pour mieux la prévenir », unowas magazine, Novembre 2017 n0 5 p 8-9. ↑