La technologie innovante contre le trachome révèle des défis surprenants dans le district de santé de Kolofata, où l’insécurité complique l’élimination de cette maladie. Cette étude met en lumière des stratégies audacieuses pour surmonter ces obstacles, avec des implications cruciales pour la santé publique.
DIFFICULTÉS POSÉES PAR LE CAS
La pratique du management stratégique constitue un véritable défi. Il faut en effet être capable d’appréhender les problèmes et difficultés auxquels les organisations sont confrontées dans leur développement à long terme, tout en s’inscrivant dans leur fonctionnement quotidien et dans leur réalité effective.
Au vu des observations faites
- Insécurité et risques humains
Pour une personne ou une collectivité, l’insécurité désigne l’inquiétude qui résulte du manque de sécurité et de l’éventualité d’un danger réel, imminent ou imaginé. Dans notre contexte, elle représente l’ensemble des menaces physiques, morales, économiques, sociales, politiques environnementales et / ou culturelles rencontrées dans la vie quotidienne, et qui font que la sureté physique et la tranquillité ne soient plus assurées.
Dans le cadre du DS de Kolofata, l’insécurité réduit considérablement la mobilité des acteurs sur le terrain. Les réfugiés et déplacés internes dans le contexte de Boko Haram sont victimes de la restriction des mouvements surtout lors de la perte des documents d’état civil. Les populations affectées sont dépouillées de leurs biens du fait des pillages des bétails et récoltes, de la destruction de leurs maisons par les incendies criminels, des abus et autres formes d’exploitations des femmes et des enfants. La présence des populations déplacées modifie les équilibres ethniques, religieux et de genre dans les localités d’accueil, et elle est susceptible de générer des conflits sociaux.
Les populations réfugiées ou déplacées internes présentent des risques humains liés à l’insécurité, la perte des moyens de subsistance, l’accès limité à l’alimentation, la réduction de l’accès aux services de santé de base, l’insuffisance de l’aide humanitaire, la fermeture des écoles, la restriction des mouvements et la migration saisonnière.
Déplacement des populations
Les différents incidents perpétrés par les combattants de Boko Haram dans le département du Mayo Sava ont provoqué le déplacement des populations de cette zone frontalière avec le Nigéria vers Mora, Djoundé et Mémé. En mai 2019, on recensait 13.476 personnes déplacées internes de l’arrondissement de Kolofata pour celui de Mora ; on note une forte proportion des enfants de moins de 5 ans au sein de ces populations déplacées internes.
Une personne déplacée interne est une personne qui a été forcée ou contrainte à fuir ou à quitter son foyer ou son lieu de résidence habituel, notamment en raison d’un conflit armé, d’une situation de violence généralisée, de violations des droits de l’homme ou de catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme ou pour en éviter les effets, et qui n’a pas franchi les frontières internationalement reconnues d’un État.
Un réfugié est une personne ressortissante d’un pays autre que celui où elle se trouve, et qui est venue dans ce dernier pour chercher refuge d’une situation à laquelle elle était confrontée dans son pays d’origine.
Ces différents acteurs se retrouvent dans une zone d’incertitude ; il s’agit d’une zone au sein de laquelle l’acteur rend son comportement incertain, imprévisible et indéterminé. Ce concept met l’accent sur deux notions liées : l’autonomie et le pouvoir. À ce niveau, les attitudes des différents acteurs sont dictées par la recherche de leurs intérêts au moindre risque. Il faut cerner les contraintes auxquelles les acteurs ont à faire face pour comprendre les enjeux. Napoléon décrit cela comme « le courage de l’improviste qui, en dépit des événements les plus soudains, laisse néanmoins la liberté d’esprit, de jugement et de décision ».
Défaut dans l’accès aux soins de santé
L’accès aux soins de santé implique que soit réuni un ensemble de critères sociaux favorables à la santé de tous, notamment la disponibilité de services de santé, des conditions de travail sans risque, des logements appropriés et des aliments nutritifs, ceci dans un système de santé solide et efficace. Le système de santé désigne l’ensemble des organisations, des institutions, des ressources et des personnes dont l’objectif principal est d’améliorer la santé.
Le mauvais état d’un système de santé est l’un des principaux obstacles à l’accès aux soins de santé essentiels. C’est le cas dans le DS de Kolofata où les différents programmes de santé n’arrivent pas toujours à mener à bien leurs activités. Du fait de l’insécurité et des risques humains, les partenaires sont souvent réticents à déployer les différentes ressources (matérielles ou humaines) ou accompagner les prestataires de soins sur le terrain.
L’absence de services d’assainissement et d’hygiène de base, y compris l’absence de choix éclairés en matière de santé constitue une violation des droits humains à l’eau et à l’assainissement, ainsi que des droits à la santé, au travail, à un niveau de vie adéquat, à la non-discrimination, à la protection, à l’information, à l’équité et à la dignité humaine.
Par rapport à la question de recherche
La question de recherche de notre travail est : comment surmonter les contraintes présentes dans le DS de Kolofata, afin d’atteindre l’objectif d’élimination du trachome comme problème de santé publique au Cameroun ?
Au vu des difficultés posées par le cas, il ressort 3 problèmes principaux :
Apparition de nouveaux cas de la maladie dans le DS
Le trachome est la principale cause de cécité infectieuse. Cette pathologie se transmet de personne à personne, le plus souvent d’un enfant à un autre ou d’un enfant à sa mère, dans un contexte de pénurie d’eau, de promiscuité et d’absence d’hygiène individuelle et collective. L’absence (ou la non utilisation) des latrines et la mauvaise gestion des déchets domestiques et animaux rendent propice la prolifération des mouches qui sont des vecteurs passifs de la maladie.
Le DS de Kolofata tel que décrit dans les paragraphes précédents, présente un contexte de promiscuité et d’insalubrité qui prédispose à la survenue de nouveaux cas de la maladie. De plus la présence de la secte terroriste Boko Haram limite grandement les interventions des différents acteurs et partenaires de la lutte contre le trachome. Les aspects CH et A de la stratégie CHANCE n’y sont pas mis en œuvre depuis 2014 ; la dernière distribution de masse d’antibiotiques (en 2013) n’a concerné que 14,93% de la population du DS. Quant aux aspects N et CE, ils ne sont pas documentés.
On retrouve à Kolofata la présence de populations nigérianes, réfugiées du fait de cette secte terroriste. Ces populations proviennent d’une région du Nigéria (Borno State) qui en 2019 était encore suspectée endémique au trachome (trachoma atlas). Le trachome étant une maladie contagieuse, la possibilité d’apparition de nouveaux cas de la maladie est à envisager.
Présence d’un foyer secondaire de la maladie dans les camps des déplacés
Les camps des déplacés de Mora abritent des populations venant du DS de Kolofata. Or ce DS n’a pas atteint les standards de l’OMS pour ce qui est de l’élimination du trachome comme problème de santé publique. Une autre partie de la population de ces camps de déplacés vient de l’État de Borno au Nigéria, zone de ce pays qui en en 2019 était encore suspectée pour être endémique au trachome.
De plus, dans ces camps de déplacés l’hygiène individuelle et celle de l’environnement y sont précaires et une forte influence des habitudes culturelles dans ces zones entretiennent le cercle vicieux d’impureté et de pestilence qui motive l’apparition des cas de trachome.
Au vu de la présence de ces différents facteurs favorisants le trachome, la possibilité d’apparition d’un foyer secondaire de la maladie dans les camps de déplacés de Mora n’est pas à exclure.
Le foyer de la maladie désigne le lieu où elle sévit avec une prévalence élevée, et où elle rayonne et se communique. Le foyer secondaire est en rapport ici avec la flambée des cas de trachome dans un espace géographique jusque là indemne. Cela peut passer inaperçu, et n’être reconnu qu’au décours d’une enquête.
Retard par rapport à l’agenda d’élimination du trachome au Cameroun.
Le Plan National d’Élimination du Trachome au Cameroun a pour vision de faire du Cameroun un endroit où le trachome ne sera plus une cause de cécité, et où les couches sociales les plus vulnérables pourront vivre dans un environnement sain, aspirant ainsi à la prospérité. L’objectif de ce plan est d’éliminer le trachome cécitant comme problème de santé publique au Cameroun.
La certification de l’élimination du trachome comme problème de santé publique dans un pays est la résultante de la soumission et de la validation d’un dossier d’élimination auprès des instances de l’OMS. Ceci ne peut être fait s’il existe encore un DS où les seuils d’élimination (TF < 5%, TT < 0,2%) et les critères d’élimination (enquête de base, CHANCE, enquêtes d’impact et surveillance, transition) n’ont pas été atteints.
Aujourd’hui, le PNLCé ne dispose pas de données actualisées sur la prévalence du trachome dans le DS de Kolofata. Depuis l’année 2014 aucune intervention en rapport avec la stratégie CHANCE n’y a été mise en œuvre, et ce DS se retrouve dans une des régions endémiques à la maladie. Une endémie désigne une infection présente au sein d’une population (ou une région) donnée, et dont l’incidence doit être surveillée et faire l’objet de prévisions.
Dans l’attente de l’estimation de la prévalence du trachome dans ce DS, avec éventuellement la mise en œuvre de la stratégie d’élimination de la maladie, l’objectif du Plan National d’Élimination du Trachome au Cameroun pourra être revu, le chronogramme redéfini, et la date de soumission du dossier d’élimination reprécisée.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux défis de l’élimination du trachome au Cameroun?
Les principaux défis incluent l’apparition de nouveaux cas, un nouveau foyer dans le camp de déplacés de Mora, et le retard dans l’agenda d’élimination.
Comment l’insécurité affecte-t-elle l’élimination du trachome dans le district de Kolofata?
L’insécurité réduit considérablement la mobilité des acteurs sur le terrain, ce qui complique les efforts d’élimination du trachome.
Quelles stratégies sont proposées pour lutter contre le trachome dans la région de Kolofata?
Les décisions stratégiques incluent la cartographie, la planification des activités de traitement de masse et l’actualisation de l’agenda d’élimination.