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Quelles stratégies de mise en œuvre pour la microfinance en Haïti ?

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🏫 Université d'État d'Haïti (UEH) - Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales (INAGHEI) - Département des Sciences Administratives
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licence - 2014-2018
🎓 Auteur·trice·s
Sarah DUMA
Sarah DUMA

Les stratégies de mise en œuvre microfinance révèlent que 70 % des bénéficiaires en Haïti constatent une amélioration significative de leur niveau de vie grâce aux prêts de FINCA. Cette étude met en lumière des résultats surprenants qui pourraient transformer notre compréhension de l’impact social de la microfinance.


    1. La microfinance en Haïti

L’évolution de la microfinance en Haïti a connu plusieurs tranches depuis la création des premières caisses jusqu’à l’expansion de la microfinance. Nous allons voir dans cette section l’évolution qu’ont connue les IMF ainsi que le cadre légal règlementant ce secteur.

      1. Les premières caisses et coopératives

Les deux (2) premières caisses populaires d’Haïti apparurent en 1946, elle fut

15 Quantité répertoriée lors de la campagne du sommet du micro-crédit en 2004

structurée suivant le modèle Canadien Desjardins16. En 1950, suite à l’échec des politiques de financement agricole et rural en Haïti17, le mouvement de coopérative et de crédit a vu le jour. En 1950, cinq (5) caisses populaires furent initiées dans le Sud du pays par les Pères Oblats18. Entre 1951 et 1953 le Service Interaméricain de Production Agricole (SCIPA) développa environ 40 caisses dans le pays. 1953, le mouvement coopératif haïtien comptait déjà 52 caisses populaires regroupant plus de 6 000 membres.

Vu le développement rapide de ce secteur, une commission fut créée en 1952, ayant pour mission de travailler sur un projet de législation coopérative. Dans la même année, cette loi créa le Conseil National de la Coopération (CNC), rattachée au département d’économie.

Le secteur est encadré par trois réseaux ou associations professionnelles :

  1. l’Association Nationale des Caisses Populaires Haïtiennes (ANACAPH)
  2. le « Konsèy Nasyonal Finansman Popilè » (KNFP)
  3. l’Association Nationale des Institutions de la Micro finance en Haïti (ANIMH). Ces associations ont pour but de renforcer les caisses populaires a fin qu’elles soient beaucoup plus intégrées dans la vie des membres (BRH, 2018)

De la coopérative aux organisations micro financières non coopératives en Haïti

Les organisations de microfinance (OMF) de types non coopératives ont vu le jour en Haïti avec la création en 1979, de la Fondation Haïtienne de Développement (FHD). Cependant, la venue des IMF en Haïti ne se fait qu’une année plus tard, soit en 1980 sous la résolution de plusieurs hommes d’affaires, ayant l’appui de

16 Le mouvement Desjardins est un système de caisses populaires qui a vu le jour en 1900 par Alphonse Desjardins. Il est considéré comme l’une des plus importantes institutions financière mondiale.

17 Ce mouvement fut encouragé par le Service Coopératif Interaméricain de Production Agricole (SCIPA)

18 Les missionnaires oblats a été fondée par le Père Eugene Mazenod le 25 Janvier 1816. Ils se sont établis en Haïti depuis 1943.

l’USAID. Il visait d’aider des micro-entrepreneurs par l’octroi de micro-crédit aux couches défavorisées qui sont ignorées par les banques traditionnelles.

En 1982, avec le soutien de la Women’s Wold Banking et l’Inter-American Foundation, la Fondation Haïtienne d’Aide aux Femmes (FHAF) a vu le jour, avec pour objectif l’octroi de prêts en vue d’aider les commerçantes.

Jusqu’ici, le secteur coopératif fut supérieur par rapport au mouvement de microfinance mais, la diversification de ce dernier lui a permis de toucher une large partie de la population. Ainsi, à côté de leurs activités traditionnelles, ils ajoutèrent à destination de leurs bénéficiaires un volet ayant rapport aux crédits.

La première phase d’extension de la microfinance en Haïti

La première phase d’extension de la microfinance a découlé de la libération financière faite dans le cadre du deuxième plan d’ajustement structurel en 1995. Depuis lors jusqu’à 2001, une première phase de cette expansion a été enregistrée. Beaucoup d’Organisations de Microfinance (OMF) sont devenues plus rentables grâce à une élévation taux d’intérêt. En autre, cette période est marquée par l’entrée en jeu des Banques dans le secteur financier Haïtien. Ainsi, avec l’aide de l’international, les OMF ont passé du stade amateur au stade professionnel et, la microfinance s’est commercialisée et transformée en secteur financier à part entier.

De la libéralisation financière à l’expansion de la microfinance en Haïti

Les retombées socio-politiques des années 1991, la crise qui s’ensuit, la dégradation des conditions de vie des couches défavorisées et la disponibilité des financements aux niveaux internationales ont encouragé la mise en place et le développement de programme de microfinance. En effet, la fin des années 1991 est marquée par une forte croissance des acteurs de la microfinance. Cette dite accélération est due à deux facteurs principaux :

  1. Un facteur dit interne, qui est marqué d’abord par une croissance de la population, ensuite par une augmentation du taux de chômage due à la réduction de l’emploi dans le secteur formel et enfin une augmentation du travail autonome.
  2. Un facteur dit externe, on peut considérer l’ouverture du pays aux produits importés, qui offrent de nouvelles opportunités de revenus et d’activités commerciales.

Commercialisation de la microfinance en Haïti et expansion de l’aide ex- térieur

A partir de 1995, le secteur de la microfinance a obtenu des aides financières importantes de divers organismes internationaux notamment la Banque Mondiale, l’USAID, le Développement International Desjardins (DID) Entre autres, le secteur coopératif a bénéficié d’un projet de revitalisation du mouvement coopératif en Haïti dont le budget était estimé à 2 277 928 dollars canadiens financés par l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI). A partir de 1995, Haïti a reçu plusieurs millions de dollars notamment :

  1. Dans le cadre du Programme pour la Relance de l’Economie en Transition (PRET), entre 1995 et 2000, Haïti a reçu un financement de l’USAID, d’un montant de 4.2 millions de dollars américains ;
  2. De 2000 à 2005, le Financial Services Network for Entrepreneurial Empowerment (FINNET) a financé Haïti d’un montant de 10.3 millions de dollars américains ;
  3. Entre Juillet 2006 et Juillet 2009, le Support to Haiti’s Microfinance, Small and Medium Enterprises Sector (Haiti MSEM), a financé le pays par un budget de 7 197 854 dollars américains ;
  4. Depuis 2009, l’Haïti Integrated Finance for Value Chains and Enterprises (Haiti HIFIVE) pour un montant de 34,4 millions de dollars américains.

A partir du succès des coopératives, les Banques ont remis en question leur crainte à desservir les populations rurales. Ainsi, au lendemain de l’an 2000 presque toutes les grandes Banques du pays avaient un département de services micro financiers. Et en 2010, Haïti comptait :

    1. 175 caisses populaires ;
    2. 20 (IMF)19 ;
    3. 3000 structures de financement de base.

Et, au 31 Juillet 2017, le système compte 59 caisses agréées par la BRH et le Conseil National des Coopératives (CNC).

Cadre légal et règlementaire de la microfinance en Haïti

Dans tous les pays où il y a prédominance de la microfinance, l’Etat intervient comme régulateur pour réglementer le système afin de faire la prévention contre de s risques de faillites systémiques et du coup protégé l’épargne des clients.

Très tôt en Haïti, un cadre réglementaire fut instauré par promulgation de la Loi du

22 Avril 1939 qui confère au Département de l’Agriculture, la tutelle des coopératives agricoles. Peu de temps après, la Loi du 14 Septembre 1953 fut votée ou l’Etat fixe les modalités de fonctionnement des coopératives, depuis leur fonctionnement jusqu’à leur dissolution le cas échéant.

Le 26 Juin 2002, la Loi portant sur l’organisation et le fonctionnement des caisses populaires fut adoptée, laissant ainsi les autres structures sous la tutelle du décret de 1981. Ce fut donc la seule structure à être contrôlée en tant que coopérative sous la direction du CNC. Pour les microfinances non bancaires ayant pour statut ONG, Fondation, Association, elles furent contrôlées par le Ministère de la Coopération Externe ou le Ministère des Affaires Sociales.

19 De ces IMF on compte également les fondations ou associations, les filiales de départements spécialisés de banque s commerciales…

Cependant, il faut souligner que le contrôle qu’exercent ces Ministères rentre seulement dans le cadre de la reconnaissance légale ou l’octroi des autorisations de fonctionnement. Mais, en tant que structure opérant dans le système financier du pays, les IMF n’avaient aucun cadre légal les réglementant.

La faillite de nombreuses coopératives de l’an 2001 a accéléré la création au sein de la BRH une unité spécialisée de régulation et de supervision des Coopératives d’Epargne et de Crédit (CEC). Ainsi, les IMF font dès lors partie intégrante du système financier national.

Le cadre institutionnel de la microfinance est ainsi structuré :

  1. Les organes de régulation et de supervision (CNC, BRH, le Ministère de la Coopération Externe)
  2. Les institutions d’encadrement technique et les associations d’IMF (DID,
    • Association Nationale des Caisses Populaires (ANACAPH),
    • Fédération Nationale des Caisses Populaires Haïtiennes (FENACAPH),
    • Association Nationale des Institutions de Microfinances d’Haïti (ANIMH),
    • Konsèy Nasyonal Finansman Popilè (KNFP)
    • Différents projets et programmes actuels (HIFIVE) et passés (Haïti MSME

, FINNET, PRET)

  1. Les bailleurs de fonds nationaux et internationaux (Fond de Développement Industriel (FDI), Union Européenne, USAID, Banque Mondiale, l’Agence Canadienne de Développement International, Fond International de développement Agricole (FIDA), Coopération Allemande, Banque Internationale de développement (BID), Plan International, Agence Française de Développement (AFD), Agence Espagnol pour la Coopération Internationale de Développement (AECID), etc.
  2. Les grossistes qui, recevant des fonds nationaux et internationaux, font des

prêts en gros à des IMF appelés en la circonstance « opérateurs », à des fins de sous-prêts à des individus ou microentreprises.

Les deux-cents (200) institutions de microfinance sont réparties comme suit :

  • Cent- soixante-quinze (175) caisses populaires
  • Une vingtaine (20) d’ONG/Fondations/Associations
  • Quatre (4) Filiales/Satellites/Unités spécialisées de banques commerciales

Les personnes ciblées par le secteur de la microfinance en Haïti

Durant ces dernières décennies, la microfinance est reconnue comme l’outil par excellence d’inclusions financières20. En effet, elle constitue non seulement le moteur des activités économiques du secteur informel mais elle est également au service de ceux qui n’ont aucune garantie à fournir (bien meuble, immeuble, titre de propriété…) dans le cadre du montage de leur dossier.

Ils sont généralement constitués de paysans et petits commerçants qui désirent se lancer dans les activités économiques ou agrandir ces activités-là. D’une part parlant de paysans, on voit les personnes de zones rurales qui se tournent généralement vers l’agriculture et l’élevage. D’autre part, on retrouve les petits commerçants dans les zones urbaines, ce sont des micros entrepreneurs, des marchands ambulants.

Les IMF interviennent comme sauveurs des personnes émanant de cette tranche de la population, en

20 L’inclusion financière est l’ensemble des dispositifs mis en place pour lutter contre l’exclusion bancaire financière

. Fais partie de cette notion les produits financiers et non financiers accessible aux populations pauvres.

fournissant aux paysans des prêts en rapport avec l’agriculture et l’élevage et aux micro-entrepreneurs des micro-prêts. Ainsi, les produits que mettent les IMF aux services de sa clientèle se condensent en services financiers (micro-crédits, épargne) et en services non financiers (assurance, transfert…).


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les premières caisses de microfinance en Haïti?

Les deux premières caisses populaires d’Haïti apparurent en 1946, structurées suivant le modèle Canadien Desjardins.

Comment la microfinance a-t-elle évolué en Haïti?

L’évolution de la microfinance en Haïti a connu plusieurs tranches depuis la création des premières caisses jusqu’à l’expansion de la microfinance.

Quel a été l’impact de la libéralisation financière sur la microfinance en Haïti?

La libéralisation financière a permis une première phase d’extension de la microfinance, marquée par l’entrée en jeu des Banques dans le secteur financier haïtien.

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