Les stratégies de mise en œuvre restavèk révèlent une réalité troublante : des enfants haïtiens, souvent invisibles, vivent dans des conditions proches de l’esclavage moderne. Cette étude met en lumière les racines postcoloniales de cette pratique, soulignant son impact dévastateur sur le bien-être des enfants.
CHAPITRE 2 – CADRE THÉORIQUE INSPIRÉ DES THÉORIES POSTCOLONIALES
Ce chapitre vise à décrire le cadre théorique dans lequel cette recherche, elle s’inspire des théories postcoloniales dans la mesure où elle examine les racines coloniales de cette pratique sociale et ses liens avec la pratique historique de l’esclavage.
Ce chapitre débutera avec une description et une explication de la hiérarchie raciale, il est important que ce sujet soit abordé, car il aidera à comprendre comment l’esclavage et le colonialisme ont eu un impact sur la société haïtienne. Le racisme scientifique est une idéologie qui considère que certaines catégories de personnes sont supérieures à d’autres. Cette théorie est une tentative de la science afin de justifier les préjugés raciaux.
Le concept de la race
Le racisme scientifique est une idéologie qui considère que certaines catégories de personnes sont supérieures à d’autres (Kuhl, 2002). Cette théorie est une tentative pseudoscientifique de justifier les préjugés raciaux.
Les idées qui furent présentées par les partisans du racisme scientifique visent à rendre le racisme acceptable. Aux XVIIIe et XIXe siècles, des révolutions scientifiques et industrielles ont modifié le paysage du monde occidental (Kuhl, 2002). Dans le but de justifier ces horreurs à « l’âge de la science et de la raison », des explications scientifiques ont été recherchées (Kuhl, S., 2002, p. 3).
Des sous disciplines comme la phrénologie a aussi été utilisées pour justifier la croyance que les personnes noires étaient moins intelligentes que les personnes blanches (Kuhl,2002), dont notamment une mobilisation de la théorie de l’évolution qui expliquerait pourquoi les Africains et les autres peuples non blancs étaient moins humains que les Européens (Kuhl, S., 2002, p. 5).
Le mot race lui est apparu récemment. C’est à partir du 16e siècle et au moment où les Européens découvraient de nouvelles terres et entraient en contact avec de nouveaux peuples dont les caractéristiques physiques étaient différentes des leurs et pour justifier l’œuvre de colonialise (Kuhl, 2002).
Au 18e siècle le concept de race sera utilisé par certains scientifiques pour justifier la supériorité européenne (Kuhl, 2002). Ces théories ont contribué à à la justification des mauvais traitements qu’on subit certains peuples tels que l’esclavage, le colonialisme et l’Apartheid (Balibar, 2005).
Ces théories sont plus souvent associées aux nazis en Allemagne, à l’apartheid en Afrique du Sud ou aux lois Jim Crow des États-Unis (Weber, 1998). Par ailleurs, Weber note que la race est l’une des inventions conceptuelles centrales de la modernité qui a été utilisée pour expliquer l’histoire européenne et la formation de la nation et pour refléter la découverte et l’expérience de groupes différents, voire étranges aux yeux des Européens.
Il décrit la race comme une alternative utilisée pour classer les humains (Weber, 1998). De même, Guillaumin (1972), ajoute que la race est un concept utilisé pour catégoriser et qualifier différentes variétés de corps humains à partir des traits physiques, un phénotype, un groupe sanguin ou un groupe distinct de personnes partageant un espace géographique (Guillaumin, 1972).
Suivant cette ligne de pensée, la race peut être décrite comme une construction analytique capable de capturer les différentes catégories d’êtres humains, leurs caractéristiques physiques, leur bagage historique et leurs dimensions transnationales (Wade, 2012).
La race est, fondamentalement une base et un mécanisme de distinction et de différenciation utilisées dans les discours scientifiques, politiques et sociaux capables de façonner et d’ordonner les relations sociales ainsi que la répartition des expériences de vie et des chances dans la vie (Wade, 2012).
Les relations sociales complexes peuvent être expliquées en utilisant les simplicités évidentes de l’économie mentale consistant à employer la race comme concept descriptif et explicatif. Pour la grande majorité des spécialistes des sciences sociales, la race est une construction sociale utilisée pour catégoriser, différencier ou séparer les peuples selon des différences présumées.
Ce n’est pas une entité biologique significative construite sur la variation phénotypique, c’est-à-dire les disparités dans l’apparence physique. Weber (1998), par exemple, soutient qu’avec d’autres concepts comparables tels que le genre et la classe, la race fait historiquement partie des hiérarchies de domination et de systèmes d’oppression socialement construites.
La question de qui appartient à quel sous-groupe est en grande partie une question de définition sociale et de tradition. Elle ne repose sur aucune différence biologique (Guillaumin 1972). Bien que la race soit biologiquement et génétiquement non pertinente, il s’agit d’un fait social, une caractéristique évidente de l’identité et du caractère humain parce qu’elle est largement utilisée comme catégorie descriptive universelle (Wierviorka, 1998).
L’un des éléments qu’il faut retenir lorsqu’on utilise le mot race est le fait que l’on tient ce terme pour acquis quand vient le temps d’identifier des personnes (Weber, 1998). Aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux, l’identité raciale est tellement politisée que personne n’est complet sans elle, et souvent, les gens revendiquent une identité raciale qui représente pour eux des aspects centraux de leur personne.
Sur la base de leurs attributs physiques, en particulier la couleur de la peau, les personnes sont vues, marquées ou décrites comme différentes, comme appartenant à un groupe qui aboutit soit à l’inclusion, soit à l’exclusion (Wade, 2012). Par conséquent, Weber (1998) soutient que la clé pour comprendre la race est de noter qu’elle est basée sur les relations sociales, c’est-à-dire dans les relations de pouvoir, entre les groupes dominants et subordonnés et que la pièce maîtresse de la race en tant que système est l’exploitation d’un groupe par un autre, car il ne peut y avoir de race valorisée sans races définies comme « l’autre » et races qui ont plus de pouvoir et de privilèges que les autres (Weber, 1998).
C’est par cette même exploitation entre les groupes que la hiérarchie globale de la race s’est forgée au fil des années. Le prochain paragraphe traitera de la hiérarchie raciale afin de démontrer comment certains groupes sont en situation d’infériorité par rapport à d’autres.
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les origines historiques de la pratique du restavèk en Haïti ?
Cette recherche examine les racines coloniales de cette pratique sociale et ses liens avec la pratique historique de l’esclavage.
Comment le racisme scientifique a-t-il influencé la société haïtienne ?
Le racisme scientifique est une idéologie qui considère que certaines catégories de personnes sont supérieures à d’autres, et a été utilisé pour justifier les préjugés raciaux et les mauvais traitements tels que l’esclavage et le colonialisme.
Quelle est la définition de la race selon les théories postcoloniales ?
La race peut être décrite comme une construction analytique capable de capturer les différentes catégories d’êtres humains, leurs caractéristiques physiques, leur bagage historique et leurs dimensions transnationales.