Les ressources médicales en Haïti révèlent un paradoxe inquiétant : malgré une expertise croissante, les taux de mortalité maternelle et infantile demeurent alarmants. Cette étude propose une modélisation innovante du système hospitalier, promettant une amélioration significative de la prise en charge des soins.
Conception et dimensionnement des ressources intégrant les compétences
La compétence médicale est un élément fondamental dans l’organisation de la production et l’offre de soins de santé dans un établissement hospitalier. Toutefois, elle n’est pas indispensable à l’organisation et la planification des soins dans les pays du tiers monde. C’est plutôt la connaissance médicale qui joue ce rôle essentiel. Cette connaissance peut être transmise par un professionnel compétent à certaines personnes désireuses d’avoir une formation spécifique sur l’assistance médicale.
Mais elles se limitent à certaines complications dans la prise en charge du sujet et doivent orienter le patient vers des centres plus structurés ayant des ressources plus compétentes. En Haïti, comme nous l’avons mentionné précédemment, il y a une carence phénoménale de ressources médicales compétentes et une centralisation des services de soins en milieu urbain. La conjoncture actuelle du pays ne permet pas à certaines professionnelles d’abandonner la capitale et d’aller s’installer dans d’autres départements du pays.
Il faut, pour certains endroits, essayer de fonctionner avec des moyens très limités en commençant par identifier les ressources locales pour satisfaire les attentes médicales pressantes de la population féminine.
Pour la mise en place de la plateforme de prise en charge de la maternité à domicile, trois ressources humaines sont identifiées : Secrétaire médicale ; Médecin/Obstétrico-Gynécologue et Sage-femme.
- Secrétaire médicale : Elle assure le lien entre le médecin, la sage-femme, la patiente et l’institution dans leur quotidien. Elle est la gestionnaire du dossier médical patient (rendez- vous, enregistrement). Elle est l’intermédiaire en amont et en aval entre le patient et le médecin, en plus de gérer les appels téléphoniques, les comptes rendus et les mises à jour des dossiers médicaux.
- Médecin/obstétrico-Gynécologue : Dans le cadre de notre démarche, ce médecin a pour rôle d’assurer le diagnostic de la patiente dans le centre de la maternité qui est l’instigateur de la structure de soins à domicile. C’est à cet endroit également qu’il doit soigner les patientes si besoin est. Il a de très bon rapport avec la secrétaire médicale et la sage-femme, et il est au courant des activités médicales entre ces deux acteurs.
- Sage-femme : Elle a pour rôle d’accompagner la femme enceinte au cours du processus de la maternité (avant, pendant, et après l’accouchement). Durant la période de grossesse, elle assure le suivi médical, les prescriptions et les examens. Elle prend en charge l’accouchement physiologique de la patiente, mais en cas de complications elle fait appel au médecin ou du moins elle oriente dans l’immédiat la parturiente vers un centre de santé approprié.
Ces trois ressources avec la patiente constituent les quatre acteurs principaux du processus. Ils sont des partenaires médicaux qui travaillent de concert en vue de produire, d’offrir et de recevoir des soins. La patiente participe activement à la réalisation des soins. Et, toute mauvaise manipulation des outils médicaux ou toute erreur de prescriptions peut avoir un impact direct sur elle.
La patiente peut toujours avoir l’impression de savoir de quoi il souffre, mais seul le diagnostic du médecin peut le déterminer. C’est pourquoi, il s’avère important qu’il y ait une certaine symbiose dans la relation patiente/médecin dans ce processus.
Ayant identifié les acteurs, le choix du type d’organisation de l’assistance médicale doit se faire suivant un modèle triparti, c’est-à-dire : i) en identifiant le centre de santé le plus proche à contacter en cas de complications ; ii) en définissant l’agglomération à couvrir par la sage-femme, et iii) en établissant le calendrier d’intervention ou de visites chez la patiente.
L’organisation et la gestion des flux d’informations en ce qui concerne le parcours de la patiente et les limites d’actions de chacun des acteurs, constituent une étape importante dans ce processus. Nous voulons donc proposer un système permettant de mieux organiser et de décentraliser leurs services de soins obstétricaux, et d’accorder une alternative aux patientes qui n’arrivent pas à pouvoir voir un médecin en arrivant au centre par manque d’organisation et de capacité.
Nous souhaitons également offrir une possibilité unique à l’état haïtien de pouvoir valoriser la compétence des sages-femmes et les utiliser comme outils de développement communautaire en les affectant à des villages situés dans l’agglomération d’un établissement de santé. Elles pourront contribuer largement à la formation des agents de santé locaux.
La disponibilité de certaines ressources techniques, telles que l’ambulance peut s’avérer être une nécessité. Toutefois, notre réflexion est construite sur la réalité du pays. La notion de priorité est relative en fonction du milieu où l’on se retrouve. Si dans certains pays, l’ambulance est une pièce importante dans l’organisation et la planification des soins, en Haïti elle est utile mais pas indispensable.
En effet, en cas de complications dans un accouchement à domicile, la parturiente peut être transportée sur un brancard improvisé et construit pour l’occasion en attachant une chaise sur deux barres placées de façon horizontale. On peut tout aussi faire appel au voisin possédant un moyen de locomotion ou du moins contacter le chauffeur de tap-tap du bourg.
Ce qui nous permet, dans un premier temps de concentrer nos efforts sur l’organisation des tournées des sages-femmes chez les parturientes et les tâches qui leurs seront assignées.
La gestion des données se fera au niveau du centre instigateur de la structure d’accompagnement de la maternité à domicile. Le processus de prise en charge de la maternité se déroule comme suit: la patiente, en ayant un problème de santé, décide d’aller voir un médecin. Arrivée au centre de santé elle se fait enregistrer pour la consultation par une secrétaire médicale moyennant elle paie les frais de dossiers et de consultation.
Elle attend par la suite la disponibilité du médecin. Si elle est enceinte, et si l’option de prise en charge à domicile par une sage-femme est envisageable médicalement et socialement, celle-ci lui sera proposée. Dépendamment de sa décision à vouloir s’adhérer ou pas à cette structure, elle sera mise en contact avec la sage-femme qui élaborera avec elle un protocole de visites tout au long de sa grossesse.
Ce protocole est soumis au responsable de la plateforme validation et suivi. La sage-femme discutera également avec la parturiente sur les modalités d’accouchement et les suivis postnatals.
Les ressources sont identifiées et les processus sont élaborés, il convient à présent de déterminer en quantité le nombre de chacune des ressources nécessaires à l’implémentation de ce système. Nous utilisons les données que nous avons recueillies lors de nos diverses enquêtes comme paramètres. Et nous procédons en nous appuyant sur la démarche ASCI.
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les ressources humaines identifiées pour la prise en charge de la maternité à domicile en Haïti?
Trois ressources humaines sont identifiées : Secrétaire médicale, Médecin/Obstétrico-Gynécologue et Sage-femme.
Quel est le rôle de la sage-femme dans le système de soins en Haïti?
La sage-femme accompagne la femme enceinte au cours du processus de maternité, assure le suivi médical, les prescriptions et les examens, et prend en charge l’accouchement physiologique.
Comment fonctionne l’organisation de l’assistance médicale en Haïti?
L’organisation de l’assistance médicale doit se faire suivant un modèle triparti, en identifiant le centre de santé le plus proche, en définissant l’agglomération à couvrir par la sage-femme, et en établissant le calendrier d’intervention ou de visites chez la patiente.