La réinsertion des ex-détenus jeunes adultes est un enjeu crucial, avec près de 70 % d’entre eux rencontrant des difficultés d’estime de soi. Cette recherche révèle comment la programmation neurolinguistique peut transformer leur parcours, offrant des solutions prometteuses pour leur développement personnel et leur intégration sociale.
Perspective théorique
Dans cette partie, nous allons présenter la perspective théorique qui décrit l’état du développement personnel de l’ex-détenu adolescent devenu jeune adulte en nous focalisant principalement sur les éléments tels que l’estime de soi, la confiance en soi et la maîtrise de soi. Sachant qu’aucune théorie à elle seule ne peut expliquer toutes les caractéristiques du développement du concept de soi à cet âge, dans une approche éclectique, nous avons opté tirer de chaque théorie les concepts nécessaires susceptible de mieux nous aider dans la formulation
du problème. À cet effet, nous convoquons quatre théoriciens, les trois premiers notamment Super (1990), Hater (2012) et Rogers (1987) parlent du jeune adulte en général tandis que la dernière à savoir Guindon (1970) traite particulièrement de l’ex-détenu jeune adulte.
Super (1990) dans sa théorie de la carrière estime que la maturation du concept de soi encore appelé le développement personnel se fait en grandes étapes à savoir : l’exploration ou l’apprentissage, la maîtrise ou le développement, la maintenance ou la routine et le désengagement ou le retrait. Durant la phase d’exploration située à l’adolescence, les individus identifient leurs intérêts afin de mieux les actualiser et les utiliser.
À la période d’établissement qui correspond à la jeunesse adulte, les individus sont occupés par l’avancement de leur vie. À l’attente de la période de maintien qui appartient à l’âge adulte, les individus ne sont plus enclins à investir dans le développement de nouveaux domaines d’expertise mais cherchent plutôt à consolider les acquis.
Quant à la période de désengagement qui correspond à la vieillesse, elle coïncide avec le départ à la retraite et le repos.
Hater (2012) dans sa théorie de l’estime de soi, soutient que l’estime de soi connait d’autres variations intéressantes à partir de l’âge du jeune adulte. En général, elle baisse légèrement au début de l’adolescence pour augmenter ensuite de manière régulière et substantielle. Les jeunes adultes de 22 à 25 ans ont une estime de soi beaucoup plus positive que celle qui était la leur entre 8 et 11 ans. La brève baisse de
l’estime de soi au début de l’adolescence semble davantage liée au changement d’école et aux changements pubertaires simultanés qu’à l’âge chronologique. Cependant, lorsque la transition est graduelle, on n’observe aucune baisse de l’estime de soi au début de l’adolescence.
D’après la théorie de la congruence du concept de soi de Rogers (1987), la personne humaine est un être libre et rationnel dotée d’une force primitive fondamentale et naturellement positive qui le pousse à développer son potentiel. Sa personnalité se structure par le développement du concept de soi qui est l’ensemble de croyances que l’individu entretient sur sa nature, ses qualités personnelles et ses comportements.
Le concept de soi se forme en réaction à ses expériences de vie, surtout durant l’enfance et se stabilise au cours de l’âge du jeune adulte (22 à 25 ans). Dès lors, la congruence du concept de soi de l’individu à l’âge du jeune adulte c’est-à-dire la conformité du soi à la réalité favorise le développement d’une personnalité saine et adaptée.
Selon la théorie des étapes de la rééducation des délinquants de Guindon (1970) le processus de rééducation est une démarche graduelle d’acquisition de l’autonomie à travers la réorganisation du moi et la reconstruction de l’identité. Parmi les quatre stades, nous avons d’abord l’acclimatation où on propose au nouveau détenu un programme d’action éducative articulé autour des objectifs pour le mettre en confiance et l’imprégner du mécanisme de rééducation en milieu carcéral ; ensuite l’étape du contrôle.
Ici, on initie le détenu aux activités d’enseignement scolaire, professionnelle et morale ; puis la production, à ce niveau, le détenu est capable de réaliser lui-même une activité antérieurement apprise et enfin, le stade de la personnalité pendant lequel l’individu se rend compte de la transformation positive de son identité à travers l’acquisition du savoir, savoir-faire et savoir être il est à partir de désormais opérationnel pour la vie sociale.
Ainsi, cela améliore son niveau d’estime, de confiance et de maîtrise de soi à l’âge du jeune adulte (22 à 25 ans).
En conclusion, ces quatre théories s’accordent à dire qu’à partir de l’âge du jeune adulte, la construction du développement personnel chez l’ex-détenu est positive et
graduelle. Cela se traduit par la consistance du niveau d’estime de soi, de confiance en soi et de maîtrise de soi.
Formulation du problème
Dans cette partie, il sera question pour nous d’exposer les facteurs nous permettant de confirmer empiriquement l’existence d’une crise de développement personnel chez les ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua. Pour ce fait, nous avons réalisé une pré-enquête à l’aide d’un questionnaire le 1er Février 2021 sur 20 sujets jeunes adultes. De cette étude exploratoire, il ressort que :
En ce qui concerne l’estime de soi, 71% des ex-détenus jeunes adultes répondants à l’échelle de Rosenberg (1964) ont un niveau d’estime de soi très faible, avec un score inférieur à 25 sur 40. Cela se manifeste chez ces derniers à travers une autocritique exagérée, un état habituel d’insatisfaction de soi, l’hypersensibilité aux critiques, l’indécision chronique, une peur exagérée de faire une erreur, la culpabilité, l’irritabilité, le pessimisme, point de vue négatif généralisé.
Parlant de la confiance en soi, 65% des ex-détenus jeunes adultes estiment ne pas avoir une confiance en eux. Cet état de chose se matérialise chez le sujet par le sentiment d’incompétence ou de mise en doute de soi, l’image de soi liée à la peur du regard et du jugement de l’autre, la relation aux autres est liée au sentiment d’infériorité et d’être incompris, le repli sur soi.
Pour ce qui est de la maîtrise de soi, 83% des ex-détenus jeunes adultes n’ont pas une maîtrise de soi. Elle est marquée par la tendance à être impulsives, insensibles envers les autres, preneurs de risques, myopes et non verbales.
Des lors, nous constatons que, malgré les prescriptions théoriques de Super (1990), Hater (2012), Rogers (1987) et de Guindon (1970) qui soutiennent qu’à partir de l’âge du jeune adulte, le développement personnel est positif et graduel, qui se traduit par la consistance du niveau d’estime de soi, de confiance en soi et de maîtrise de soi. Les ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua ne le manifestent pas d’où le problème du développement personnel. De façon plus accrue, cette crise se
manifeste aussi par l’inadaptation post détention, la délinquance juvénile et l’inculpation dans les cellules de la police et de la gendarmerie.
Questions de recherche
Pour examiner, comprendre et remédier au problème inquiétant du développement personnel des ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua, nous posons une question générale et trois questions spécifiques.
Question générale
L’enquête exploratoire déroulée ci-haut nous a permis de comprendre que malgré sa libération, l’ex-détenu jeune adulte éprouve un sérieux problème de la construction de l’identité de soi, dès lors, on se pose la question centrale qui est celle de savoir « la programmation neurolinguistique favorise-t-elle le développement personnel des ex- détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua ?
Questions spécifiques
De manière spécifique, nous posons les trois questions de recherche suivantes :
QS1 : le recadrage cognitif contribue-t-il au développement personnel des ex- détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua ?
QS2 : l’ancrage des ressources mentales favorise-t-il le développement personnel des ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua ?
QS3 : la synchronisation psychologique accroît-t-elle le développement personnel des ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua ?
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les défis de développement personnel des ex-détenus jeunes adultes à Maroua?
Les ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua rencontrent des problèmes d’estime de soi et de confiance en soi malgré leur libération.
Comment la programmation neurolinguistique peut-elle aider à la réinsertion des ex-détenus jeunes adultes?
L’étude propose que la programmation neurolinguistique pourrait favoriser la réinsertion sociale et le développement personnel des ex-détenus jeunes adultes.
Quelles théories sont utilisées pour analyser le développement personnel des ex-détenus jeunes adultes?
L’analyse convoque les théories de Super, Hater, Rogers et Guindon pour décrire le développement personnel des ex-détenus jeunes adultes.