Quelles sont les perspectives d’avenir pour l’autogestion en 2023?

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🏫 Université Haute Bretagne
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2005-2006
🎓 Auteur·trice·s
Suzy Canivenc
Suzy Canivenc

Les perspectives d’avenir en autogestion révèlent une transformation inattendue des formes organisationnelles contemporaines. En réactualisant ce concept, cette recherche met en lumière des principes essentiels tels que la participation et la responsabilisation, redéfinissant ainsi notre compréhension des dynamiques organisationnelles face à la crise du modèle industriel.


      1. L’effacement des frontières internes et externes de l’organisation:

La figure du « réseau »84 comme nouvelle modalité d’organisation entraîne un effacement des frontières liées à la multiplicité des interactions qui se développent à l’intérieur des entreprises mais également entre celles-ci et leur environnement.

Sous l’effet de ces multiples interrelations, les frontières deviennent perméables, mouvantes et contingentes.

Comme l’explique Thierry Kirat : « les frontières de la firme s’estompent, aussi bien à l’intérieur (dans les cloisonnements entre divisions fonctionnelles, entre niveaux hiérarchiques) qu’à l’extérieur (mise en réseau des firmes, pratique du flux tendu…).

Cette gestion des interrelations fait donc apparaître clairement la nécessité du façonnage de « nouvelles frontières » désormais plus invisibles et psychologiques que visibles et formalisées »85.

Ainsi, si la notion de frontière perdure, elle ne doit plus prendre le sens de « limite », de « fermeture », mais bien plutôt de « point d’ancrage des relations qu’elle instaure avec son environnement »86.

Les frontières sont désormais plus symboliques, psychologiques que matérielles, géographiques. Elles bénéficient ainsi d’une plus grande souplesse.

Cette conception de l’organisation brouillant ses frontières tant internes qu’externes se retrouve dans la théorie autogestionnaire :

L’idée d’effacement des frontières internes de l’entreprise renvoie à la logique de polyvalence et de rotation des postes, à la base de la dissémination du pouvoir organisationnel et décisionnel dans l’organisation autogérée.

L’idée d’effacement des frontières entre l’entreprise et son environnement renvoie quant à elle au fédéralisme proudhonien.

Cette idée préconise le développement de relations, non de subordination mais de coopération, entre plusieurs unités autonomes de petite taille, comme nous l’avons évoqué en première partie.

Ces unités ne sont ainsi plus fermées sur elles-mêmes, bien au contraire, elles vivent en partie grâce aux relations qu’elles entretiennent avec leur environnement.

Mondragon, fédération basque de 218 entreprises regroupant plus de 70 000 travailleurs au sein d’une même structure pluraliste, illustre la faisabilité de cette idée proudhonienne.

      1. L’intelligence :

L’intelligence est également devenue une thématique clé des nouvelles théories organisationnelles.

En effet, l’entreprise, réclamant désormais des travailleurs autonomes et responsables, ne serait plus seulement à la recherche d’une « force de travail » mais également de « compétences cognitives ».

Ainsi, pour Jacques Henri Jacot, « le caractère le plus évident des formes nouvelles d’organisation est relatif à la prise en considération de la montée explicite de la connaissance, ou plus précisément de la cognition à tous les niveaux de l’activité productive : atelier, entreprise, système industriel ».

Les expressions telles que « organisation apprenante » ou « qualifiante » et « knowledge management » attestent du développement de ces nouvelles conceptions, plaçant l’intelligence au cœur des processus organisationnels et encourageant à faire de l’entreprise un véritable « lieu pédagogique »87.

La théorie autogestionnaire accorde elle aussi une place centrale à l’intelligence88.

Les thèmes de l’éducation et du développement des potentiels y sont omniprésents car ce sont eux qui vont permettre de développer chez tous l’esprit critique indispensable à la remise en cause permanente de l’existant et à la recherche de l’innovant.

Mais c’est à une conception complètement renouvelée de l’intelligence que nous invite ces deux corpus théoriques.

En effet, dans ces deux corpus théoriques, l’intelligence ne se conçoit plus comme un attribut individuel mais collectif, une conception soulignant une fois de plus le rôle primordial que tiennent les interactions dans les processus organisationnels.

Cette nouvelle conception de l’intelligence met également l’accent sur son côté « pratique » (le « learning by doing »), réconciliant ainsi conception et exécution du travail.

Par conséquent, cette intelligence organisationnelle se conçoit également comme disséminée à tous les niveaux de l’entreprise, et non plus comme confinée au sommet hiérarchique.

________________________

81 ZARIFIAN, Philippe et VELTZ, Pierre. Op. Cit. (1993).

82 BORZEIX, Anni et LINHART, Danièle. Les identités en parole, entreprises et pratiques langagières. In L’individu dans l’organisation, les dimensions oubliées. Sous la direction de Jean-François Chanlat. Les presses de l’université de Laval, Editions ESKA, 1990

83 CHANLAT, Alain et BEDARD, Renée. La gestion, une affaire de parole. L’individu dans l’organisation, les dimensions oubliées. Sous la direction de Jean-François Chanlat. Les presses de l’université de Laval, Editions ESKA, 1990

84 Voir annexe 1 : « généalogie des théories organisationnelles et communicationnelles » : « la métaphore du réseau » (p 46)

85 KIRAT, Thierry. L’organisation entre statique et dynamique. In JACOT, Jacques-Henri. Formes anciennes, formes nouvelles d’organisation. Presses Universitaires de Lyon, 1994

86 AMBLARD, Henri ; BERNOUX, Philippe ; Herreros, Gilles; LIVIAN, Yves-Frédéric.Les nouvelles approches sociologiques des organisations. Seuil, 1996 (3° éditions augmentée en 2005)

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Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les nouvelles modalités d’organisation selon la théorie autogestionnaire?

La théorie autogestionnaire évoque l’effacement des frontières internes et externes de l’organisation, favorisant des relations de coopération entre unités autonomes.

Pourquoi l’intelligence est-elle essentielle dans les nouvelles théories organisationnelles?

L’intelligence est devenue clé car les entreprises recherchent des travailleurs autonomes et responsables, plaçant la cognition au cœur des processus organisationnels.

Comment la théorie autogestionnaire aborde-t-elle le développement des compétences?

La théorie autogestionnaire accorde une place centrale à l’éducation et au développement des potentiels, permettant de cultiver un esprit critique et d’encourager l’innovation.

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