La monétisation des dépenses publiques révèle des effets contrastés sur les performances macroéconomiques des États de la CEMAC. Alors que le Cameroun en tire des bénéfices à court terme, le Congo et le Gabon font face à des défis majeurs, soulignant l’importance d’une gestion fiscale optimisée.
L’impact de la monétisation publique sur les performances macroéconomiques des États de la CEMAC révèle des résultats surprenants : alors que le Cameroun bénéficie d’effets positifs à court terme, le Congo et le Gabon font face à des défis significatifs. Cette étude propose des recommandations cruciales pour optimiser la gestion fiscale et garantir la stabilité économique.
Inflation et plein emploi
L’inflation et le taux de chômage sont des variables importantes pour l’étude du niveau de croissance d’un pays. Pour cette raison, nous esquissons sur les travaux empiriques de ces deux variables de la manière suivante : d’abord le lien entre masse monétaire et inflation (a) ensuite celui que l’inflation entretient avec la croissance (b) et enfin la relation inflation, taux de chômage (c).
Masse Monétaire et inflation
L’intérêt suscité par le lien entre la monnaie et l’inflation ne date pas d’hier. Dès 1958, Phillips constate une relation empirique négative entre le taux de croissance des salaires nominaux et le taux de chômage au Royaume-Uni sur des données couvrant la période 1861 -1957. Cette relation plus couramment connue sous l’appellation de courbe de Phillips a bénéficié de plusieurs améliorations à travers le temps dont la plus importante est due à Friedman et Phelps en 1968.
Ces deux auteurs ont introduit pour la première fois l’idée d’attentes donnant lieu à la courbe de Phillips augmentée (des anticipations du taux d’inflation). Ce sont également eux qui ont enrichi ce concept par les notions de niveau naturel de la production et des écarts par rapport à ce niveau pour les différentes dates.
En utilisant une approche empirique basée sur un modèle Vecteur Autorégressif (VAR), pour tester l’efficacité de la politique monétaire sur l’inflation, (B. Bouyacoub, 2020) pour le cas de l’Algérie utilise les données annuelles de la banque mondial et de la banque d’Algérie sur une période de 2000-2019. L’auteur exprime le taux d’inflation (variable dépendante), en valeurs réelles par la masse monétaire (M2) et le taux de change.
Les résultats obtenus montrent l’existence d’une causalité unidirectionnelle du taux de change et de la masse monétaire vers l’inflation ce qui confirme l’importance des indicateurs de la politique monétaire sur l’inflation en Algérie durant la période 2000-2019.
Dans le but d’identifier les potentielles homogénéités des corrélations entre croissance monétaire, inflation et croissance réelle dans l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), K. Keungne et A. Ousman, dans une étude de la BEAC en 2014, par le biais des données de la World Development Indicators (WDI), rapports de la Banque Mondiale les auteurs ont enregistré des résultats importants : Sur les périodes 1973-1990 et 1994-2001.
Ils enregistrent l’existence une corrélation positive entre croissance monétaire et inflation. En revanche, entre 2002 et 2012, la corrélation entre croissance monétaire et inflation est hétérogène ; La corrélation entre croissance monétaire et croissance réelle est hétérogène entre 1994 et 2001. Par contre, sur les périodes 1973-1990 et 2002-2012, ils constatent une corrélation positive entre croissance monétaire et croissance réelle.
Afin d’identifier de potentielles ruptures dans les corrélations entre les variables d’intérêt au cours de la période d’étude (1973-2012) les auteurs ont segmenté en plusieurs sous périodes caractérisées par des changements majeurs dans la conduite de la politique monétaire de la BEAC ou par des changements structurels dans l’UMAC. Ces derniers affirment avoir eu des résultats parallèles à ceux de Walsh (2010) qui fait un Survey des études ayant analysé les corrélations entre ces deux variables.
B. Bationo (2012) dans le cadre d’une étude de la BCEAO, a trouvé une relation positive entre inflation et la masse monétaire à court et à long terme. L’auteur a utilisé un modèle VECM sur les données trimestrielles de 1997 à 2011 et annuelles de 1971 à 2011. Il réalise qu’une augmentation de la quantité de liquidité de 1% toute chose égale par ailleurs accroit l’inflation de 0,12% à court terme et 0,21% à long terme.
Inflation et croissance économique
L’inflation est la « hausse généralisée et durable du niveau général des prix ». Elle se traduit par une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. L’effet de l’inflation sur la croissance à long terme a été un domaine d’investigation important du point de vue empirique. De Gregorio (1993) a trouvé une relation négative entre le niveau d’inflation, la variabilité de l’inflation et la croissance en Amérique Latine.
En utilisant un échantillon de 12 pays d’Amérique Latine en coupes instantanées sur la période 1950-85. Sarel (1996), sur la base des données de panel, a trouvé un effet positif mais non significatif de l’inflation sur la croissance lorsque celle-ci est inférieure à 8%. Mais quand l’inflation est élevée (supérieure à 8% par an), elle a un effet négatif et statistiquement significatif sur la croissance.
Un doublement du taux d’inflation (disons de 20 à 40 %) réduit le taux de croissance de l’économie de 1,7 point de pourcentage. Ceci est bien plus élevé que l’estimation dérivée dans plusieurs autres études. Dans une régression sur la période 1960-1990, Barro (1997) a aussi trouvé, que l’inflation avait un effet négatif sur le taux de croissance de la production par tête et sur la part de l’investissement dans la production. Cet effet n’est cependant pas important.
Une augmentation de l’inflation moyenne de 10 points de pourcentage par an réduit le taux de croissance du PIB réel par tête de 0,2 à 0,3 points de pourcentage l’an. En outre, il n’existe que lorsque les observations d’inflation élevée, c’est-à-dire, les pays dans lesquels l’inflation est supérieure à 40% par an (un échantillon qui incluait une large proportion de pays d’Amérique Latine) sont introduits dans l’échantillon.
Dans le même ordre d’idées, Bruno et Easterly (1998) avec un panel couvrant la période 1961-1992 n’ont pas trouvé d’évidence robuste d’une relation de long terme entre l’inflation et la croissance du taux d’inflation annuel inférieur à 40%.
Ils ont affirmé que l’effet significatif reporté dans certaines études anciennes en coupes était un artifice qui résultait à la fois de la période de l’échantillon utilisée et de l’inclusion de certains pays à inflation très élevée représentant des points extrêmes. Par contre pour les pays de l’échantillon ayant une inflation supérieure à 40%, ils relèvent un effet négatif (élasticité de -0.012) de l’inflation (variable dummy) sur la croissance économique (croissance PIB/tête).
Des recherches comme celle A. Alouani et M. Whibi en 2020 concluent une relation négative entre inflation et croissance économique pour la Tunisie. Les auteurs concluent ainsi sur les résultats d’une modélisation d’un vecteur autorégressif (VAR) et d’une causalité au sens de Granger sur les données de 1980-2017.
À l’issue de l’examen de l’impact de l’inflation sur la croissance économique, Giri jasankar Mallik et Anis Chowdhury (2001) ont mené une étude dans un échantillon de 4 pays d’Asie du Sud notamment le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan et le Sri Lanka. Ils montrent que l’inflation et la croissance économique sont positivement liées.
En revanche, ils recommandent une inflation modérée pour accélérer la croissance économique car l’élasticité du taux d’inflation par rapport au taux de croissance est plus importante que celle du taux de croissance au taux d’inflation.
Fischer (1993) montre qu’un niveau d’inflation élevée n’est pas compatible avec une croissance économique soutenue, il confirme l’hypothèse de l’impact négatif de l’inflation sur la croissance économique, donc d’après ses résultats, l’inflation réduit la croissance en réduisant l’investissement et la croissance de la productivité.
Bruno et Easterly (1998) ont examiné seulement le cas des crises discrètes d’hyperinflation (40% et au-delà) sur la croissance économique et ont trouvé un résultat empirique robuste selon lequel la croissance baisse brutalement pendant les crises d’hyperinflation, et s’améliore rapidement et fortement lorsque l’inflation baisse.
D’autres recherches ont été réalisées telles que celle de Faria et Carneiro (2001) qui soutiennent le concept de super neutralité de la monnaie dans le long terme. Ils montrent que l’inflation n’a aucun effet sur la croissance économique dans le long terme, malgré l’existence d’une relation négative dans le court terme.
À ce sujet, il importe de mentionner que des études empiriques sur les dépenses publiques par création monétaire en tant qu’instrument de la politique budgétaire et croissance en tant qu’objectif poursuivi produisent d’importants résultats de recherche. Cependant, la plupart des études sur ce sujet présentent des limites, parfois méthodologiques et parfois empiriques, qui nuisent aux résultats trouvés et par la suite aux conclusions.
Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact de la monétisation de la dépense publique sur la croissance économique des États de la CEMAC?
Les résultats montrent des effets variés de la monétisation sur la croissance économique, avec des impacts positifs à court terme pour le Cameroun et négatifs pour le Congo et le Gabon.
Comment la masse monétaire influence-t-elle l’inflation selon l’article?
L’article mentionne qu’une augmentation de la quantité de liquidité de 1% accroît l’inflation de 0,12% à court terme et 0,21% à long terme.
Quels sont les résultats des études sur la corrélation entre croissance monétaire et inflation dans l’UMAC?
Les auteurs ont enregistré une corrélation positive entre croissance monétaire et inflation sur les périodes 1973-1990 et 2002-2012, tandis que la corrélation était hétérogène entre 1994 et 2001.
Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact de la monétisation des dépenses publiques sur le Cameroun?
Le Cameroun bénéficie d’effets positifs à court terme de la monétisation des dépenses publiques.
Quels pays de la CEMAC font face à des défis en raison de la monétisation des dépenses publiques?
Le Congo et le Gabon font face à des défis significatifs en raison de la monétisation des dépenses publiques.
Quelles recommandations sont proposées pour améliorer la gestion fiscale dans la CEMAC?
Des recommandations sont proposées pour optimiser la gestion fiscale et garantir la stabilité économique.