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Comment la monétisation des dépenses publiques transforme les économies de la CEMAC ?

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🏫 UNIVERSITÉ DE DOUALA - ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES SOCIALES ET HUMAINES - Unité de Formation Doctorale en Sciences Économiques et de Management Appliquée (UFDSEMA)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master Recherche - 2021–2022
🎓 Auteur·trice·s
NGUINI Justin Jerzy
NGUINI Justin Jerzy

La monétisation des dépenses publiques a des répercussions inattendues sur les performances macroéconomiques des États de la CEMAC. Cette étude révèle des résultats contrastés, avec des bénéfices pour le Cameroun, mais des effets négatifs pour le Congo et le Gabon, soulevant des questions cruciales pour la gestion fiscale.


La monétisation de la dépense publique révèle des effets contrastés sur les performances macroéconomiques des États de la CEMAC. Cette étude met en lumière des résultats surprenants, avec des bénéfices à court terme pour le Cameroun, mais des impacts négatifs pour le Congo et le Gabon, soulignant des enjeux cruciaux pour la gestion fiscale.


Université de Douala

École Doctorale

Des Sciences Sociales et Humaines

Unité de Formation Doctorale en Sciences Économiques et de Management Appliquée (UFDSEMA)

Laboratoire d’Économie et Management Appliquée (LEMA)

Master Recherche en Sciences Économiques

Présentation de projet

L’impact de la monétisation de la dépense publique sur les performances macroéconomiques des États de la CEMAC

Monétisation des dépenses publiques : étude des effets

Rédigé et soutenu par : Nguini Justin Jerzy

Supervisé par : Pr Manga Engama Etgard, Dr Ekomane Jean Louis

Année académique : 2021–2022

Résumé

La présente recherche analyse l’impact de la monétisation de la dépense publique sur les performances macroéconomiques des états de la CEMAC. Pour y parvenir, des régressions économétriques de six séries chronologiques, via la modélisation ARDL sur des données annuelles de la banque mondiale, la BEAC et du FMI, pour la période 1989 à 2018 ont été effectuées et exploitées.

L’étude conclut que la monétisation, a des effets variés dans la sous-région. À court terme, elle agit positivement sur la croissance économique du Cameroun. Par contre, elle impacte négativement sur la croissance du Congo et du Gabon. À long terme, elle affecte directement de manière négative la croissance du Cameroun et positivement pour le cas du Congo, de la Guinée et du Gabon.

Les mesures et suggestions qui ressortent de cette analyse incluent notamment le renforcement du processus de monétisation de la dette publique au niveau régional, l’amélioration de la compétitivité, l’amélioration des stratégies dans la conduite de la politique fiscale et le renforcement de la stabilité politique.

Mots clés : Monétisation, Politique Économique, Croissance Économique, CEMAC

Abstract

This research analyses the impact of monetisation on economic growth in CEMAC countries. To achieve this, econometric regressions of six time series, by ARDL modelling on annual data from the World Bank, BEAC and the IMF, for the period 1989 to 2018 were performed and exploited.

The study concludes that monetization has varied effects in the sub-region. In the short term, it has a positive effect on Cameroon’s economic growth. On the other hand, it has a negative impact on the growth of Congo and Gabon. In the long term, it directly affects growth in Cameroon negatively and positively in the case of Congo, Guinea and Gabon.

The measures and suggestions that emerge from this analysis include, in particular, the strengthening of the process of monetization of public debt at the regional level, the improvement of competitiveness, the improvement of strategies in the conduct of fiscal policy and the strengthening of stability Politics.

Keywords: Monetization, Economic Policy, Economic Growth, CEMAC

Sommaire

Introduction générale

Première partie : Cadre théorique de l’impact de la création monétaire sur la croissance économique

Chapitre 1 : Approche conceptuelle de la monétisation et performance macroéconomique de la CEMAC

Section 1 : Concept de monétisation12

Section 2 : Les Performances macroéconomiques de la CEMAC22

Chapitre 2 : Monétisation et politique économique : Une revue de littérature

Section 1 : Monétisation, analyse des différents courants de pensée35

Section 2 : Lien entre monétisation et politiques économiques44

Deuxième partie : Étude empirique de la création monétaire sur la croissance des économies de la CEMAC

Chapitre 3 : Revue empirique du lien monétisation-croissance économique et méthodologie de l’étude 56

Section 1 : Revue empirique de la relation monétisation-croissance économique56

Section 2 : Méthodologie d’étude et données63

Chapitre 4 : Analyse des résultats et recommandations

Section 1 : Résultats sur l’analyse des données et d’estimation76

Section 2 : Interprétation des résultats et recommandations des politiques86

Conclusion générale

Références bibliographiques

Annexes

Table des matières

Introduction générale

La crise financière mondiale a révélé les faiblesses de l’économie dominante et a donné un coup de pouce aux théories hétérodoxes, en particulier les théories keynésiennes. L’opinion couramment répandue de la non-pertinence du volontarisme budgétaire a fortement été critiquée et en cause par l’utilisation active de la politique budgétaire au beau milieu de la crise financière mondiale. Bien que cela ait été suivi par un revirement rapide des économistes traditionnels dès qu’une récession plus profonde que prévu eut engendré d’importants déficits publics et haussé des ratios de dette souveraine.

Depuis quelques années, les problèmes de financement du déficit public sont revenus au cœur de l’actualité mondiale, principalement à travers la crise de la dette souveraine en Europe entre 2011-2012 (C. Besso, 2018, P.3). Il se pose alors un sérieux problème du mode de financement des dépenses publiques d’où la remise en cause du financement par les recettes fiscales et la dette (S. Kelton, 2020). La sous-région CEMAC est caractérisée par une incapacité totale à financer les dépenses publiques, un énorme retard au règlement des dettes et une multiplication des euro bonds. Cela conduit à un déséquilibre macroéconomique et réduit la capacité des États à assurer une gestion économique, sociale et politique appropriée (Collier, 2007 ; FMI, 2011).

L’activité économique en zone CEMAC a négativement été impactée par le ralentissement enregistré au niveau mondial au cours de l’année 2019. Cet effet néfaste est dû aux incertitudes sur les politiques publiques. La situation s’est aggravée avec l’arrivée de la pandémie du corona virus vers la fin du premier trimestre 2020 (BEAC, 2020).

Depuis plusieurs mois, les États membres de la CEMAC demeurent plongés dans une incertitude sans pareille. Les activités de toutes formes ayant été ralenties pour certains et stoppées pour d’autres, afin d’endiguer la propagation du virus. Pour les petites économies ouvertes comme celles de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), le canal principal par lequel cette crise se transmet à l’économie est celui des prix internationaux.

Les fluctuations importantes des coûts de matières premières observées induisent principalement : une baisse significative des recettes budgétaires donc, pétrolières, une dégradation importante des comptes macroéconomiques, une décrue des financements extérieurs, la perturbation du commerce intracommunautaire, la fragilisation de la stabilité externe, monétaire et financière ainsi qu’un risque de montée des tensions inflationnistes (Kouam et Kakdeu, 2020).

La dette publique de ces pays a considérablement augmenté. Cette augmentation est bien plus importante que celle admise par le nouveau cadre de convergence régional de la CEMAC. Il en résulte une aggravation des déficits budgétaires nationaux, au-dessus de la norme communautaire fixée. Ce qui, pose un véritable problème de financement des dépenses publiques par l’État.

Les théories économiques comme la Optimal Concurrency Area (OCA) de Mundell suggèrent que la mise en place d’une monnaie unique augmente les échanges commerciaux entre les États membres, chose qui pourtant ne se vérifie pas dans le cas de la région CEMAC. Le commerce au sein des pays de la CEMAC ne représente qu’environ 0,8 % de son commerce total, alors que son commerce avec la CEDEAO et le reste de l’Afrique est nettement plus élevé (1,4 % et 3,2 % respectivement).

Ce même commerce avec l’UE représente 40 % de toutes les exportations et 60 % de toutes les importations (Jeune Afrique Économie, 2021). La faiblesse des échanges au sein de la zone CEMAC qui aurait pour source le faible niveau de production qui lui-même est le résultat d’un manque d’intérêt considérable au financement des investissements privés, pourrait être le résultat des tarifs commerciaux qui existent dans la région, allant ainsi à l’encontre de l’objectif de l’intégration économique.

Les pays en voie de développement sont confrontés à d’énormes défis en matière de financement de dépenses publiques. Les déficits budgétaires dans la zone CEMAC engendrent d’énormes mécontentements qui poussent à de multiples grèves les citoyens : la grève du corps enseignants au Cameroun (2022) due au non-paiement des salaires ; celle de la fonction publique au Gabon (2020) qui a duré plus de deux mois ; celle du personnel soignant qui réclamait le paiement de la prime spéciale covid-19 et celle des enseignants du supérieur en RCA (2021) ; la grève des travailleurs au Tchad (2021) pour exiger le rétablissement des salaires (ce n’est pas à eux de payer les factures de la mauvaise gouvernance.) se réclament-ils ; la grève des confédérations nationales des travailleurs en Guinée (2016) pour la principale revendication relative à la baisse du prix du litre du carburant.

Pour ne citer que ces cas, tout se passe comme si les différents États membres de la CEMAC étaient subitement à court d’argent. Pour combler leurs déficits, les États sont contraints de recourir massivement à la dette. Donc à cause des déficits, les États membres de la CEMAC deviennent dépendants de l’étranger.

Comme l’a souligné l’économiste Américaine Stéphanie Kelton (2020) dans son livre The Deficit Myth, les décideurs politiques agissent autrement par rapport au déficit. Tout d’abord ils s’efforcent à gérer le budget de l’État comme celui d’un ménage ; ils effectuent les dépenses largement au-dessus des moyens de l’État, ce qui justifie le déficit ; ces derniers émettent une idée selon laquelle les déficits vont peser sur les générations futures et s’attachent à une dépendance totale de l’étranger. Un schéma qui se dessine fort bien aux États de la CEMAC et fausse les anticipations.

Toutes ces limites portent à croire que la zone CEMAC n’a pas su trouver le moyen adéquat du mode de financement des dépenses publiques capable d’assurer un bon redressement économique qui épouse les objectifs conventionnels de la sous-région. La recherche d’une solution optimale nous ramène à une déclaration du 24 octobre 2020 de l’économiste Mario Draghi, président du conseil des ministres d’Italie qui quittait la présidence de la Banque Centrale Européenne en adressant une dernière recommandation : « la politique monétaire pourrait atteindre ses objectifs plus rapidement, et avoir moins d’effets secondaires négatifs, avec l’aide des politiques budgétaires ». La politique budgétaire et même la monétisation des déficits publics seraient donc bien des outils à disposition des autorités pour favoriser la transition énergétique, et sortir les pays développés de la stagnation économique ou pour favoriser le développement des pays les moins riches.

Sept ans avant cette recommandation, l’économiste britannique A. Turner (2013, p.2) se proposait de briser un « tabou » en recommandant « la monétisation permanente de la dette publique » pour sortir définitivement de la crise. Des économistes comme R. Wray mettent au cœur de leurs analyses et recommandations l’indispensable soutien de la Banque Centrale au Trésor afin de régler les problèmes de sous-emploi et de mettre en place la transition écologique.

La monétisation apparaît alors comme une variable indispensable pour assurer une bonne gouvernance dans des États à la recherche d’un meilleur équilibre macroéconomique. Dans le but de mieux saisir l’impact de la monétisation, il est nécessaire pour nous de présenter quelques éléments de définition de cette notion.

Traditionnellement, on dit qu’il y a monétisation de la dette publique, si celle-ci est détenue sous forme monétaire, soit à l’actif de la Banque Centrale (en contrepartie de 𝑀0, définition stricte de la monétisation), soit à l’actif du système bancaire (en contrepartie de 𝑀3, définition large de la monétisation).

𝑀0 représente la base monétaire, en effet, il s’agit de l’ensemble des engagements monétaires d’une Banque Centrale. On enregistre ici les pièces et billets en circulation, ainsi que les avoirs en monnaie scripturale comptabilisée par la Banque Centrale. La masse monétaire 𝑀3 quant à elle, correspond à celle 𝑀2 augmentée des avoirs très liquides et peu risqués.

Ces derniers ne sont autre que des instruments négociables sur le marché monétaire émis par les Institutions Financières Monétaires (IFM).

L’économiste français Henri Sterdyniack (2020), identifie trois tâches de la Banque Centrale : d’abord veiller à l’équilibre macroéconomique en ciblant, en priorité, le niveau d’inflation ; ensuite contrôler le niveau d’activité (contrôler le système bancaire ; assurer le financement des déficits publics) et enfin garantir la dette publique. Dans ce dernier rôle, H. Sterdyniack souligne que, si la Banque Centrale ne peut financer une partie importante de la dette publique, elle doit intervenir quand ce financement pose problème. La monétisation (au sens strict) peut alors éviter que certains États aient des difficultés ponctuelles à se financer. Les néo-chartalistes (les partisans de la théorie monétaire moderne) introduisent une définition assez originale de la monétisation.

Pour ces derniers, la monétisation doit se traduire par « une économie d’intérêts payés par le gouvernement, une création de monnaie supplémentaire de façon permanente et pouvant se traduire par un changement implicite de l’objectif des Banques Centrales ou de leur cible d’inflation ». Il ressort donc de cette définition que, le gouvernement, en contrepartie d’un ensemble de mesures budgétaires, émettrait une obligation perpétuelle à coupon zéro, achetée par les Banques Commerciales.

La dette n’aurait aucune obligation de remboursement ou de paiement d’intérêt, elle n’est pas exigible et a pour contrepartie une création de monnaie directement utilisable par les agents non financiers. Donc, la monétisation permet de mener une politique budgétaire expansionniste sans accroître la dette exigible.

Dans le cadre de notre travail, nous testons l’impact d’un tel mode de financement dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Ces pays sont au nombre de six : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad. Nous pensons que cette approche du financement des dépenses publiques sera une grande opportunité pour favoriser l’émergence des pays de cette sous-région surtout en ce moment où la transformation économique mondiale migre vers un système qui prône la souveraineté monétaire.

En référence à l’économiste Sheila Dow (1990, P. 354), citant Geoff Harcourt, la vision des économistes post-keynésiens est : « de transformer le monde pour le rendre meilleur pour les hommes et les femmes ordinaires, de construire une société plus juste et plus équitable ». Il s’agit ici d’un objectif des plus louables, mais, logiquement, on s’intéresse tous ici de savoir comment parvenir à cet objectif. L’enjeu est de taille importante, et donc nécessite une forte mobilisation des moyens financiers. Cela conduit à une préoccupation de l’économiste américaine S. Kelton (2020) selon laquelle : Que l’on parle santé, infrastructure, éducation, ou changement climatique, la même question surgit inévitablement, vous payez ça comment ?

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L’économiste américain Abba Lerner (1940) a développé une approche qu’il nommait la finance fonctionnelle dans le cas de l’Amérique. Celle-ci repose sur deux principes :

  1. Si le revenu national est trop faible, le gouvernement doit dépenser plus. Le chômage apporte une preuve suffisante de cette situation. L’existence du chômage signifie donc que les dépenses publiques sont trop faibles.
  2. Si le taux d’intérêt dans le pays est trop élevé, cela signifie que le gouvernement doit mettre en circulation davantage de monnaie, principalement sous la forme de réserves bancaires.

Ainsi, pour l’auteur les dépenses publiques doivent être émises en fonction des besoins de la population. Dans le même ordre, le 9 novembre 2020, dans la collection Policy Brief de l’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Christophe Blot et Paul Hubert ont publié un document intitulé : « De la monétisation à l’annulation de la dette publique, quels enjeux pour les Banques Centrales ? ». Ils comparent les effets de l’assouplissement quantitatif (Quantitative Easing (QE)) et de la monétisation des dettes publiques et concluent : « La monétisation serait probablement plus efficace que le QE pour la stabilisation de la croissance nominale ».

Les économistes de la Théorie Monétaire Moderne (TMM) proposent une approche basée sur la création de la monnaie. Ces derniers ont développé leur analyse des transactions entre le gouvernement, la Banque Centrale et les banques de second rang (Wray, 1998 ; Bell, 2000). Il s’agit en effet d’un financement des dépenses publiques par pure création monétaire (monétisation).

Cette théorie associée aux dépenses publiques à grande échelle, a la volonté de mettre fin au chômage involontaire, aux programmes de lutte contre la pauvreté et au changement climatique. La Théorie Monétaire Moderne prône ainsi une politique de monétisation systématique de la dette publique (c’est-à-dire son financement par la création monétaire réalisée par la Banque Centrale), tant que cette dernière ne provoque aucune inflation.

Cependant, la politique de garantie d’emploi qui promet, de faire disparaître le chômage involontaire et de donner à tous les individus disposés à travailler un salaire minimum comme l’indique cette théorie, pose un certain nombre de problèmes : risque de création d’un effet d’éviction car, elle mobilise des ressources dont la quantité est limitée ; risque de changement sur les choix des personnes actives : Il suffit que la rémunération qu’offrent ces emplois soit plus élevée que ce que touche un salarié pour qu’il soit intéressé. La conséquence est un

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déplacement d’emplois privés vers des emplois aidés et probablement une baisse de la productivité du travail en moyenne (Skousen, 2020, p. 17) ; Une fois l’emploi garanti obtenu, un changement par les individus n’est plus évident. Si comme souvent à une récession succède une phase d’expansion, lors de la phase d’expansion, au lieu de se tourner vers les nouveaux emplois, les individus vont rester enfermés dans le système d’emplois garantis.

Ce qui va ralentir la reprise et limiter l’efficience du système dans son ensemble. De plus, le niveau des salaires de ces emplois aura des conséquences sur l’équilibre du marché du travail. Si les salaires garantis sont hauts, ils risquent d’induire une hausse de tous les salaires, et donc une hausse des prix.

Le néo-chartalisme soutient les politiques de monétisation de la dette et de bas taux d’intérêt, suivant l’idée qu’un État qui possède la souveraineté monétaire ne peut pas être à court d’argent. Selon ce courant de pensée, les gouvernements paient leurs dettes arrivées à échéance en distribuant la monnaie qu’ils ont dans leurs coffres.

S’ils n’ont plus de liquidité, ils ne peuvent pas être mis en défaut puisqu’ils peuvent imprimer autant qu’ils en souhaitent. Il s’agit ici de donner à la politique monétaire pour mission de rendre la dette publique soutenable. Une telle proposition, néglige le fait que les paiements d’impôts ne sont pas effectués immédiatement au moment où le fait imposable s’est produit.

Ces retards de paiement ou de recouvrement n’ont que peu d’importance lorsque le taux d’inflation est faible. Par contre, lorsque l’inflation est élevée, et qu’un pays tente de financer les dépenses publiques en imprimant plus d’argent (à l’exemple du Zimbabwe), il va plutôt augmenter le taux d’inflation, ce qui pourrait réduire les recettes fiscales d’un montant supérieur à la valeur réelle des revenus provenant du financement inflationniste : c’est l’effet Olivera-Tanzi (1978).

Le gouvernement serait de plus placé dans l’incapacité d’emprunter dans sa propre monnaie, car les fonds qu’il devrait emprunter auraient perdu toute valeur au moment où il les recevrait. C’était le cas avec la fin de l’hyperinflation hongroise de 1946, la valeur totale de tous les billets hongrois en circulation était d’un millième de cent américain (S. Dow, 2020).

La proposition des Postkeynésiens a bien conscience des risques d’inflation, mais en sous-estime la probabilité d’occurrence. Pourtant, le risque inflationniste croît de plus avec le montant de la monnaie de base créé pour payer les dépenses publiques. Si l’État veut financer l’intégralité de ses dépenses par l’impression de billets, il faudra multiplier la base monétaire par un chiffre beaucoup plus important et les risques d’hyperinflation deviendront majeurs (S. Dow, 2020). Cependant, une bonne déflation n’est pas la conséquence d’une pénurie de monnaie, mais de la baisse des prix induite par la mondialisation et la hausse de la productivité. Cette baisse augmente le pouvoir d’achat des salaires et les rentes des épargnants. De fait, il ne suffit pas d’emprunter dans sa propre monnaie pour éviter aux États de faire faillite. S’il est vrai que l’Italie en 1990 n’a pas fait faillite et qu’elle avait une dette libellée en Lire, il est aussi vrai que la Russie en 1998 a fait faillite et que sa dette était libellée en Rouble.

Il est donc important de noter que, les États n’ont pas, de plus, toujours le choix de leur monnaie, cela dépend de la confiance que les prêteurs accordent à cette dernière. Les prêteurs ont préféré libeller la dette vénézuélienne en dollar qu’en Bolivar, car ils anticipaient un important risque de change (Murphy, 2020).

Libeller sa dette en euro attire plus les investisseurs que de la libeller en franc. La politique de monétisation systématique de la dette publique entraînerait probablement un effondrement du taux de change de la monnaie d’un pays qui la pratiquerait (Summers, 2020, p. 673). On le sait bien que les politiques de bas taux et de déficits systématiques ont été introduites par le Japon.

La Banque Centrale japonaise en 1999 a été la première à abaisser ses taux à 0 %. Elle a aussi été la première en 2001 à lancer un programme de rachats d’actifs ou de quantitative easing, cela a abouti à une augmentation du ratio de dette publique sur PIB de 70 % à près de 240 % entre 1990 et 2019.

D’où la monétisation de la dette et la baisse des taux d’intérêt créent les conditions d’une dette soutenable, mais aussi d’une économie sans crise majeure, car en perpétuelle récession (Newman, 2020, p.30).


Questions Fréquemment Posées

Quel est l’impact de la monétisation de la dépense publique sur la croissance économique au Cameroun?

À court terme, la monétisation a un effet positif sur la croissance économique du Cameroun.

Comment la monétisation de la dépense publique affecte-t-elle le Congo et le Gabon?

La monétisation impacte négativement la croissance du Congo et du Gabon à court terme.

Quelles recommandations sont proposées pour améliorer la gestion de la politique fiscale dans la CEMAC?

Les recommandations incluent le renforcement du processus de monétisation de la dette publique au niveau régional et l’amélioration des stratégies dans la conduite de la politique fiscale.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les effets de la monétisation de la dépense publique sur la croissance économique des États de la CEMAC ?

La monétisation de la dépense publique a des effets variés dans la sous-région. À court terme, elle agit positivement sur la croissance économique du Cameroun, tandis qu’elle impacte négativement la croissance du Congo et du Gabon.

Comment la monétisation de la dépense publique affecte-t-elle le Cameroun à long terme ?

À long terme, la monétisation affecte directement de manière négative la croissance du Cameroun.

Quelles recommandations sont proposées pour améliorer la gestion de la politique fiscale dans la CEMAC ?

Les recommandations incluent le renforcement du processus de monétisation de la dette publique au niveau régional, l’amélioration de la compétitivité, et le renforcement de la stabilité politique.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les effets de la monétisation des dépenses publiques sur la croissance économique au Cameroun?

À court terme, la monétisation des dépenses publiques agit positivement sur la croissance économique du Cameroun.

Comment la monétisation des dépenses publiques affecte-t-elle le Congo et le Gabon?

La monétisation des dépenses publiques impacte négativement la croissance du Congo et du Gabon.

Quelles recommandations sont proposées pour améliorer la gestion de la politique fiscale dans la CEMAC?

Les recommandations incluent le renforcement du processus de monétisation de la dette publique, l’amélioration de la compétitivité, et le renforcement de la stabilité politique.

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