La monétisation des dépenses publiques révèle des effets inattendus sur la croissance économique des États de la CEMAC. Cette étude met en lumière des résultats contrastés, suggérant des ajustements cruciaux pour optimiser la gestion fiscale et assurer la stabilité régionale.
Les perspectives économiques CEMAC révèlent des effets contrastés de la monétisation de la dépense publique sur la croissance des États membres. Cette étude met en lumière des résultats inattendus, soulignant l’importance d’une gestion fiscale adaptée pour garantir la stabilité économique régionale.
Section 2 :
Lien entre monétisation et politiques économiques
La présente section traite du lien théorique entre politique budgétaire et politique monétaire (A) mais aussi de la relation entre la création monétaire et les politiques économiques (B).
Lien entre politique budgétaire et politique monétaire
La politique monétaire désigne l’ensemble des décisions et des actions mises en œuvre par les autorités monétaires afin de réguler la quantité de monnaie qui circule dans l’économie. Dans la zone CEMAC, c’est le rôle de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Elle a pour mission essentielle d’assurer la stabilité des prix, objectif poursuivi par toutes les Banques Centrales.
Toutefois, certaines peuvent se voir confier des missions plus larges. C’est le cas notamment de la Banque Centrale américaine, la Fed, qui en plus d’assurer la stabilité des prix, est tenue par la loi d’agir en faveur du plein emploi et de la croissance économique. La politique budgétaire quant à elle est celle que met en œuvre un gouvernement pour agir sur l’économie du pays, à travers ses objectifs de recettes et la répartition des dépenses publiques.
C’est l’un des moyens dont dispose le gouvernement pour réguler l’économie et conduire des actions sur les cycles économiques afin d’atteindre ses objectifs que ce soit dans le domaine social ou économique.
En dehors de la littérature liée aux agrégats monétaires, peu d’études étaient consacrées à la question de la cohérence de la politique à moyen terme, et les recherches spécialisées sur les effets à long terme de la politique budgétaire étaient rares, voire inexistantes (D. Gow, 2002).
Analyse sur le court et le long terme
La question de savoir s’il existait un arbitrage à long terme entre l’inflation et le chômage faisait encore l’objet d’un ardent débat au début des années 1970 c’est ainsi que Friedman et Phelps
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(1968) soutenaient qu’il n’existait pas de tel arbitrage, alors que Solow (1969) était de l’avis contraire. Au début des années 1960, des modèles théoriques des effets à court terme des politiques monétaire et budgétaire ont été mis au point par Robert Mundell (1961 ;1962 ;1963) et Marcus Fleming (1962). La prédiction la plus juste fournie par les premiers modèles postulait une substituabilité parfaite entre les actifs intérieurs et étrangers et un niveau des prix intérieurs fixe.
Sous un régime de changes flottants, seule la politique monétaire pourrait influer sur le niveau de la production (l’équilibre interne). Une politique budgétaire expansionniste mènerait, pour sa part, à une nette détérioration du solde de la balance des paiements courants. Inversement, sous un régime de changes fixes, seule la politique budgétaire pourrait influer sur le niveau de la production ; la politique monétaire, quant à elle, agirait sur la balance des paiements par l’entremise de son incidence sur le niveau des réserves officielles de change
(D. Gow, 2002).
Dans ses modèles simples, Mundell avait recours à des hypothèses assez restrictives en ce qui a trait aux prix et aux attentes en matière de mouvements du taux de change et d’inflation. Il convient de noter cependant que, même si l’on assouplit ces hypothèses (tout en maintenant celle de la substituabilité parfaite des actifs), on arrive à la même conclusion, à savoir : la politique monétaire n’a aucun effet sur la production sous un régime crédible de changes fixes (puisqu’elle doit servir à défendre le
taux de change et qu’elle est donc déterminée de manière endogène). En outre, compte tenu de la substituabilité parfaite des actifs, la politique monétaire exerce un effet plus puissant sur la production et la politique budgétaire, un effet moins puissant en régime de changes flottants qu’en régime de changes fixes (Marston, 1985).
Cela tient au fait que les effets intérieurs de la politique monétaire sont amplifiés par son incidence sur le taux de change, alors que les effets intérieurs de la politique budgétaire sont atténués par les variations du taux de change.
En 1970, les agrégats monétaires étaient les seuls auxquels la littérature pertinente prêtait une certaine attention, de tous les points d’ancrage susceptibles d’assurer la stabilité des prix et de bons résultats sur le front de l’inflation. Les années 1960 et 1970 furent la période d’une lutte entre les monétaristes, qui préconisaient une expansion lente et stable des agrégats monétaires, et les keynésiens, qui croyaient aux vertus du réglage conjoncturel et qui, dans certains cas, jugeaient la politique monétaire inefficace. Le risque qu’une politique budgétaire inadéquate mine la crédibilité de la politique monétaire est l’une des raisons pour lesquelles il s’avérait essentiel que le gouvernement et la Banque s’engagent ensemble publiquement.
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De 1983 à 1985, les économistes commencèrent à discuter de la capacité des administrations publiques de soutenir leurs déficits et du rôle que devrait jouer la politique budgétaire. Bruce et Purvis (1983 et 1986), de l’Université Queen’s, apportèrent une contribution déterminante à cet effort de réflexion. Selon eux, le problème de l’endettement public se résume à deux éléments : Premièrement, le rythme de croissance de la dette publique ne peut rester indéfiniment supérieur à celui de l’économie. Tôt ou tard, il faut rectifier le tir de la politique budgétaire.
Deuxièmement, lorsque le taux d’intérêt de la dette publique dépasse le taux de progression de l’activité, toute hausse du déficit par rapport à la taille de l’économie se solde nécessairement, à plus ou moins brève échéance, par le relèvement des taux d’imposition ou la compression des dépenses des programmes gouvernementaux en pourcentage du PIB.
Ce qui donne lieu à des transferts intergénérationnels considérables. Parallèlement, les économistes prirent davantage conscience de l’ampleur des conséquences réelles des déficits et de la dette sur l’économie. Ces conséquences viennent de ce que, dans les faits, les variations de l’épargne du secteur privé ne neutralisent pas entièrement celles de l’épargne publique.
En 1986, les deux auteurs relèvent six raisons pour lesquelles il ne saurait y avoir d’équivalence ricardienne, où le secteur privé viendrait contrebalancer entièrement l’incidence des mesures gouvernementales sur l’épargne nationale. En d’autres termes, la réduction de l’épargne publique entraîne une diminution du niveau national de l’épargne. Dans une petite économie ouverte comme celle de la sous-région CEMAC, où les actifs présentent un très haut degré de substituabilité à l’échelle internationale, les variations de la dette publique se répercutent surtout sur l’endettement extérieur.
Toute baisse du déficit fait reculer le niveau des dépenses intérieures relativement à la production nationale, ce qui accroît le solde de la balance courante. Il en résulte une chute correspondante des entrées nettes de capitaux et, par conséquent, de la dette extérieure. Le repli de cette dernière a pour effet de réduire les flux d’intérêt et de dividendes vers l’étranger et d’élever le revenu intérieur net en proportion du PIB.
Compte tenu de ces deux effets majeurs, on peut avancer que la politique budgétaire devrait viser, en longue période, à stimuler l’épargne, l’investissement et la production par le maintien du ratio de la dette au PIB au bas niveau approprié (Bruce, 1983).
La réduction de ce ratio peut comporter d’autres avantages. Tout d’abord, pour autant que l’allégement du service de la dette donne lieu à une diminution des impôts plutôt qu’à une majoration des dépenses, une baisse du ratio de la dette au PIB amoindrit les effets de distorsion habituels des impôts. Deuxièmement, dans la mesure où elle atténue l’incidence des fluctuations des taux d’intérêt sur les finances publiques, une telle baisse facilite de beaucoup la
planification budgétaire. Troisièmement, elle inverse la tendance qu’ont les marchés, lorsque le ratio de la dette au PIB est très élevé, à se prémunir contre le risque perçu de monétisation de la dette en intégrant une prime aux taux d’intérêt. Finalement, elle permet généralement d’éviter que les gouvernements fortement endettés ne sentent l’obligation, en période de ralentissement économique, de faire obstacle au libre jeu des stabilisateurs automatiques afin de ne pas aggraver leur situation financière (D. Gow, 2002).
Par ricochet, les rôles des politiques se trouvent partagés adéquatement : la politique monétaire est affectée à l’équilibre interne en longue période à savoir le maintien d’un taux d’inflation bas et stable, tandis que la politique budgétaire l’est à l’équilibre externe en longue période, soit l’accumulation de richesse découlant, du moins en partie, de l’augmentation des actifs étrangers nets.
Il ne faut voir dans cette répartition des rôles qu’un parallèle approximatif avec les résultats obtenus par Mundell sur les effets à court terme des politiques en régime de changes flottants dans un contexte de substituabilité parfaite des actifs à l’échelle internationale. Elle ne rend pas compte de la richesse du processus dynamique par lequel une action peut s’exercer à la fois sur le stock de capital et celui des actifs étrangers nets.
La coordination entre politique budgétaire et politique monétaire
La coordination des politiques est née d’une entente mutuelle sur les cibles d’inflation. Comme les autorités monétaire et budgétaire sont clairement d’accord sur les objectifs à moyen terme de leurs politiques et ont une même compréhension du cadre dans lequel celles-ci opèrent, elles n’ont nul besoin de coordonner leur action en matière de taux d’intérêt ou de politique budgétaire (Gow, 2002). La littérature sur la coordination des politiques économiques traite généralement de situations où :
- Les autorités budgétaires et monétaires conçoivent très différemment le bien-être économique, car, leurs fonctions de perte sont très différentes.
- Chacune des parties cherche à maximiser ses gains aux dépens de l’autre, comme dans le cadre d’un jeu ;
- Les objectifs des politiques budgétaire et monétaire sont incompatibles ;
- L’une de ces politiques est de nature entièrement discrétionnaire.
Compte tenu du cadre actuel en place, le gouvernement doit, lorsqu’il veut apporter des modifications à sa politique budgétaire, réfléchir à leurs incidences sur l’inflation et, partant sur
les taux d’intérêt. Parallèlement, la Banque doit se demander comment ces changements influeront sur la demande et l’inflation, ainsi que sur ses propres décisions concernant l’établissement des taux directeurs. Il est donc dans l’intérêt des deux parties de collaborer, en mettant en commun les renseignements dont ils disposent et leurs analyses en vue de conduire leur politique respective (D. Gow, 2002).
Agnès Labye en 2015, identifie plusieurs niveaux de dépendance entre la politique monétaire et la politique budgétaire :
- Le lien entre la liquidité des banques et le niveau des modalités de financement de la dette publique : en Europe par exemple, les banques détiennent un volume important de titres de la dette publique, lesquels sont facilement négociables et permettent aux banques de rester liquides. Les États n’ont donc en principe aucune difficulté à placer leurs titres ;
- Celui de la dépendance de la Banque Centrale vis-à-vis de la contrainte budgétaire des États : dans la mesure où le défaut de paiement d’un État peut avoir un grand impact sur la santé financière d’une ou plusieurs banques. Les Banques Centrales doivent en tenir compte dans l’élaboration de la politique monétaire ;
- Le lien entre le financement de la dette publique et les taux d’intérêt : le niveau des taux d’intérêt conditionne celui de la charge d’intérêt qui pèse sur les États. Pour l’alléger, il faut des taux d’intérêt les plus bas possible.
Questions Fréquemment Posées
Quel est le lien entre la politique budgétaire et la politique monétaire dans la CEMAC?
La politique monétaire désigne l’ensemble des décisions et des actions mises en œuvre par les autorités monétaires afin de réguler la quantité de monnaie qui circule dans l’économie, tandis que la politique budgétaire est celle que met en œuvre un gouvernement pour agir sur l’économie du pays, à travers ses objectifs de recettes et la répartition des dépenses publiques.
Quels sont les effets de la monétisation de la dépense publique sur la croissance économique des États de la CEMAC?
Les résultats montrent des effets variés de la monétisation sur la croissance économique, avec des impacts positifs à court terme pour le Cameroun et négatifs pour le Congo et le Gabon.
Quelles recommandations sont proposées pour améliorer la gestion de la politique fiscale dans la CEMAC?
Des recommandations sont proposées pour améliorer la gestion de la politique fiscale et renforcer la stabilité politique.
Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact de la monétisation des dépenses publiques sur la croissance économique des États de la CEMAC?
Les résultats montrent des effets variés de la monétisation sur la croissance économique, avec des impacts positifs à court terme pour le Cameroun et négatifs pour le Congo et le Gabon.
Comment la politique budgétaire influence-t-elle l’économie dans la zone CEMAC?
La politique budgétaire est celle que met en œuvre un gouvernement pour agir sur l’économie du pays, à travers ses objectifs de recettes et la répartition des dépenses publiques.
Quelle est la relation entre la politique monétaire et la monétisation des dépenses publiques?
La politique monétaire désigne l’ensemble des décisions et des actions mises en œuvre par les autorités monétaires afin de réguler la quantité de monnaie qui circule dans l’économie.