La méthodologie de comparaison du riz révèle des rendements surprenants : 5,41 t/ha en SRI contre 3,56 t/ha en SRT. Ces résultats, avec des implications économiques significatives, redéfinissent les pratiques agricoles dans la Vallée de l’Artibonite, suscitant un intérêt croissant pour l’optimisation des systèmes de riziculture.
Université d’État d’Haïti
Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire
Département de Phytotechnie
Option : Phytotechnie
Mémoire de fin d’études agronomiques pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur-Agronome
Project presentation
Performances agronomiques et économiques du riz (Oryza sativa L), var TCS-10, en Système de Riziculture Traditionnel (SRT) et en Système de Riziculture Intensif (SRI) dans la commune de Verrettes, Vallée de l’Artibonite.
Maguintontz Cedney Jean-Baptiste
Mai 2013
Ce travail a été réalisé dans le but de comparer les performances agronomiques et économiques de la variété du riz (Oryza sativa L.) TCS10, en Système de Riziculture Traditionnel (SRT) et en Système de Riziculture Intensif (SRI) dans la commune de Verrettes. Dans le SRT le repiquage des plants se fait de façon irrégulière avec 3 à 4 plants par poquet, 25 à 30 jours après le semis, tandis qu’il se fait en lignes espacées de 25 cm, 8 à 10 jours après le semis dans le SRI.
Un dispositif en blocs complets aléatoires (DBCA) avec six répétitions a été utilisé, ce qui correspondait à douze unités expérimentales. La collecte des données a été portée sur les indicateurs de performances agronomiques (état sanitaire des parcelles, hauteur des plantes, le nombre de jours à la floraison, le nombre de jours à maturité, les composantes du rendement et le rendement) et sur les indicateurs de performances économiques (les charges d’exploitation, les produits bruts, le profit à l’hectare et le profit par homme jour).
Les données collectées ont été soumises à une analyse de variance. Puis, le test de Fischer a été réalisé à 5% de probabilité pour comparer les moyennes. Le logiciel R, version 2.15.2. a été utilisé. Les résultats ont montré qu’avec un rendement de 5.41 t/ha, le SRI est significativement supérieur au SRT dont le rendement a été de 3.56t/ha. Le profit à l’hectare pour le SRI (23033.04 HTG) a été significativement supérieur à celui obtenu pour le SRT (17588.57 HTG). Tandis que, le profit par homme jour pour le SRT (229.37 HTG) a été significativement supérieur à celui enregistré pour le SRI (199.19 HTG). Ce contraste est expliqué par le fait que le SRI est plus exigeant en main d’œuvre que le SRT. Toutefois, le SRI est globalement plus performant que le SRT, tant sur le plan agronomique que sur le plan économique.
I.-Introduction
1.1.-Problématique et Justification
Le riz est l’un des aliments de base de la population mondiale et constitue la première ressource alimentaire consommée en Haïti. Il joue un rôle primordial dans la sécurité alimentaire du pays, car il compte plus de 50 % de la diète alimentaire de la population et fournit 75 % des apports énergétiques, 10 % de protéines, 12 % d’eau et 3 % de lipides (FAO, 2002).
Selon le Département de l’Agriculture des Etats-Unis d’Amérique (USDA, 2013), la production mondiale de riz en 2012/13 est attendue à 464 MT équivalent blanchi, une baisse de plus de 1 MT par rapport aux dernières estimations de la campagne précédente soit 465 MT estimées en 2011/12, avec une consommation mondiale de 468 MT, (l’USDA, 2013).
Selon la FAO, 2010, les paysans haïtiens arrivaient à produire 88 351TM de riz paddy en 2006 alors que la production était de l’ordre de 130,000TM en 2000. Avec les nombreux efforts réalisés dans le secteur rizicole, la production nationale se situait autour de 110 000 TM de paddy en 2008 et 144.603 TM en 2011 [mais reste encore faible] selon le MARNDR/DPV, 2011.
Cette petite augmentation n’est pas suffisante pour combler les besoins de la population, ce qui contribue à l’augmentation des volumes d’importation et d’aide alimentaire, afin de répondre à la demande nationale.
Le riz est la céréale la plus consommée en Haïti avec une consommation de 50000TM environ dont seulement 28% de la consommation annuelle (FAO, 2010), mais cette augmentation n’arrive pas à combler les besoins de la population qu’on estimait à 300,000 TM en 2003 et 500,000 TM en 2010 (CNSA, 2010). Selon BID, 2009, le solde entre production et consommation est couvert par des importations estimées à 80%, en provenance principalement des Etats-Unis, soit 360,000TM annuellement, à raison de $ 750 US/TM (MARNDR/FAO, 2010).
Le projet ODVA/BID donne comme chiffre de superficie totale irrigable de la Vallée de l’Artibonite 40,000 hectares dont 32,000 hectares effectivement irrigués et 28,000 hectares consacrés uniquement au riz (PINCHINAT et ALIX, 1981). La Vallée de l’Artibonite, est la plus importante zone rizicole du pays (plus de 50% des superficies) ces 28,000 hectares fournit entre 60% et 80% de la production totale soit à peu près 18% de la consommation locale (LETANG, 2007) et représente environ 80% des terres rizicoles en Haïti (FAO, 2005).
Plusieurs petits périmètres irrigués sont repartis dans divers endroit du pays comme Maribahoux (Nord-Est), Grison-Garde (Nord), St Louis du Sud (Sud), dont le riz est la principale culture représentant une superficie de 15,000 ha irrigués (PAUL, 2005). Même avec une utilisation écrasante de la main d’œuvre agricole au niveau de la Vallée de l’Artibonite (GEDEON, 2008) et l’utilisation de 100 à 110 kg de semence (CNSA, 2010), le rendement moyen est faible.
Pour la variété TCS-10, les résultats d’enquête réalisée par MTAC (Mission Technique Agricole de Chine) au niveau de différentes communes de la Vallée ne le rendement moyen était de 2.3TM/ha pour l’année 2002 (LOUIS, 2009) il avoisinait les 3.5 TM/ha selon LOUISSAINT et DUVIVIER (2003). Le profit, des agriculteurs de la Vallée de l’Artibonite, est de 4,840.81 Gourdes, ce qui correspond à $ 286.17 US par hectare [au taux de 16.9158 Gourdes pour $ 1 US] (JEAN, 1998 ; Unibank, 1999). Grâce aux nombreux efforts réalisés dans le secteur rizicole, en 2007, le profit moyen était de 21,935.75 Gourdes, soit $ 588.29 US par hectare [au taux de 37.2875 Gourdes pour $ 1 US] (ANACAPH, 2008 ; Unibank, 2008).
L’augmentation de la production rizicole ne doit pas être envisagée de façon théorique, mais plutôt en recourant aux techniques agricoles modernes, lutte contre les pestes, les maladies, et surtout l’introduction de nouvelles techniques de culture, adaptées aux conditions de la riziculture qui leur seule permettre d’obtenir des rendements élevés à l’unité de surface.
Pour cela, on peut se référer à plusieurs pays tels que Népal, Chine, Indonésie et Mali où une nouvelle façon de faire a vu le jour ; il s’agit du Système de Riziculture Intensif (SRI). Avec un bon entretien des plants et quelques aménagements du terrain et de l’eau, les rendements peuvent doubler voire tripler à l’hectare (ATS, 2006).
Avec cette nouvelle méthode de riziculture, il a été prouvé qu’avec seulement 5 à 7 Kg/ha de semences et peu d’intrants chimiques, on arrive à obtenir respectivement des rendements de 9TM/ha, 10.5TM/ha, 9.5TM/ha et 9.8TM/ha (ECHOS RIZICOLES, 2012). Par contre, les rendements obtenus par la méthode traditionnelle pur ces mêmes pays sont de 3.6TM/ha, 6TM/ha, 4.2 TM/ha et 4.9TM/ha, respectivement (ECHOS RIZICOLES, 2012).
Du point de vue économique, dans son mémoire de fin d’études à l’université de Madagascar, (RAZAFIMANANTSOA, 2009), avance que le SRI donne 3,200.000 Ariary correspondant à $ 1442.5 US par hectare et le SR un profit de 800.000 Ariary correspondant à $360.62 US. Ce système peut donner de meilleurs résultats en Haïti, donc il s’agit de l’appliquer dans toute son intégralité en mettant en œuvre les paquets techniques, pour qu’une telle amélioration et une augmentation de rendement et de revenu soient possibles.
C’est dans ce contexte qu’il s’agit de faire une étude comparative sur le plan agronomique et économique, entre le Système Riziculture Traditionnel (SRT) et le Système de Riziculture Intensif (SRI) dans les conditions écologiques de la Vallée de l’Artibonite, en vue d’augmenter les rendements et les revenus des agriculteurs.
L’Oxfam América (OA) à travers son « Projet de soutien au développement du Système de Riziculture Intensif (SRI) » en collaboration avec le Centre de Formation Lévèque (CFL), sous la supervision de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) a établi des parcelles d’expérimentation de SRI dans diverses communes de la vallée de l’Artibonite. Cependant, en vue de relever les caractéristiques potentiellement utiles et valorisables à l’amélioration de la riziculture haïtienne, on se propose de réaliser cette étude intitulée : «Performances agronomiques et économiques du riz (Oryza sativa L), var TCS-10, en Système de Riziculture Traditionnel (SRT) et en Système de Riziculture Intensif (SRI) dans les localités : Poterie, Pont-Tante, Charles Vanyan, Cabois, Macage et Coupon (commune de Verrettes).
1.2- Objectifs
1.2.1.- Objectif général
Ce travail se propose d’étudier et comparer les performances agronomiques et économiques du SRI par rapport SRT dans la vallée de l’Artibonite.
1.2.2.-Objectifs spécifiques
- Comparer la main-d’œuvre nécessaire pour conduire chaque système ;
- Comparer les charges liées à la réalisation de chacun des systèmes ;
- Comparer les produits d’exploitation de chacun des systèmes ;
- Comparer les profits à l’hectare et par homme des deux systèmes ;
- Comparer les rendements des deux systèmes ;
- Évaluer l’état phytosanitaire des parcelles conduites en SRT et SRI ;
1.3.-Hypothèses de l’étude
Pour cette étude, les hypothèses suivantes ont été retenues :
Hypothèse technique : En système traditionnel, Haïti, Népal, Chine, Indonésie et Mali obtiennent des rendements similaires, soient 3,5TM/ha (LOUISSAINT et DUVUVIER, 2005), 3.6TM/ha, 6TM/ha, 4.2TM/ha et 4.9TM/ha (ECHOS RIZICOLES, 2012), respectivement. Par contre, en SRI, les rendements obtenus à Népal, Chine, Indonésie et Mali sont respectivement 9 TM/ha, 10.5TM/ha, 9.5TM/ha et 9.8TM/ha. Sur la base de ces informations, il a été formulé l’hypothèse qu’en introduisant le SRI en Haïti, le rendement sera augmenté de 75%. Il passera de 3.5TM/ha à 6TM/ha.
Hypothèse économique : En système traditionnel, Madagascar obtient un profit de 800,000 Ariary correspondant à $ 360.62 US ; par contre, pour ce même pays, le SRI obtient un profit de 3,200.000 Ariary soit $ 1,442.5 US, (RAZAFIMANANTSOA, 2009), des profits de 4,840.81 Gourdes [$ 286.17 US] en 1998 et 21,935.75 Gourdes [$ 588.29 US] en 2007 en Haïti (JEAN, 1998 ; ANACAPH, 2008), on peut augmenter le profit des riziculteurs haïtiens à travers le SRI.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les rendements du riz TCS-10 en SRT et SRI?
Le rendement du SRI est de 5.41 t/ha, tandis que celui du SRT est de 3.56 t/ha.
Quel système de riziculture génère un meilleur profit à l’hectare?
Le Système de Riziculture Intensif (SRI) génère un profit à l’hectare plus élevé de 23033.04 HTG, contre 17588.57 HTG pour le SRT.
Pourquoi le SRI est-il considéré comme plus performant que le SRT?
Le SRI est globalement plus performant que le SRT tant sur le plan agronomique que sur le plan économique, malgré une demande en main-d’œuvre plus importante.