Les meilleures pratiques en communication interculturelle révèlent des mécanismes de défense insoupçonnés dans le contexte congolais. Cette recherche innovante, alliant psychologie et méthodologie mixte, offre des perspectives inédites sur les dynamiques socioculturelles, essentielles pour comprendre les interactions interculturelles.
- Concepts-clés de la méthode
Alex Mucchielli et Claire Noy389 ont défini dix concepts liés à la démarche constructiviste, à savoir la vision de la situation par acteur, la problématique situationnelle, le cadrage d’une situation par acteur, les panoramiques des visions individuelles d’une situation,
les éléments pertinents de la situation, la communication-processus, les activités et conduites en situation, les contextes d’une situation-problème, le sens d’une activité communicationnelle et les ressources de communication. L’essentiel de chaque concept est analysé dans les lignes suivantes.
La vision de la situation par acteur : définition qu’un acteur impliqué d’une manière ou d’une autre dans une situation concrète de la vie donne à cette situation. Pour construire cette vision individuelle, le chercheur s’appuie sur l’observation des actions, le recueil des dires de l’acteur et les entretiens non-directifs.
La formalisation de cette vision individuelle explicitera les « éléments » (ou objets cognitifs) contenus dans les différents « contextes constitutifs d’une situation ».
La problématique situationnelle : pour des acteurs impliqués et confrontés à une situation concrète de la vie, cette « situation » leur pose toujours un problème fondamental appelé « problématique situationnelle ».
Ce problème est habituellement défini par le type de situation sociale et donc par les normes sociales et les contraintes sociales et institutionnelles englobant la situation. Les communications-processus faites par les différents acteurs servent alors à la résolution collective de la problématique.
Le cadrage d’une situation par acteur : c’est la délimitation arbitraire donnée à la situation par un acteur. C’est l’ensemble des éléments concrets ou idéels et des phénomènes qu’il englobe dans la prise en compte de ce qui fait la situation pour lui.
Cette délimitation est plus souvent le fruit des habitudes de penser liées à la formation intellectuelle et à l’expérience professionnelle. Les communications-processus interviennent aussi sur les différents cadrages que les acteurs peuvent avoir d’une même « situation ».
Les panoramiques des visions individuelles d’une situation : il s’agit d’une construction intellectuelle, faite du point de vue d’un observateur extérieur à sa situation, qui reprend, en un tableau synoptique, toutes les observations individuelles de la même situation faite par les acteurs différents.
Les éléments pertinents de la situation : un élément pertinent ou significatif d’une situation est une donnée humaine, idéelle ou matérielle, présente dans une situation et qui, compte tenu des activités en cours, des orientations d’esprit et d’autres éléments, apparaît aux acteurs sociaux avec une signification subjective particulière.
Cet élément peut être spécifique à la « vision du monde » d’un acteur. Il faut donc signifier qu’« un élément significatif d’une situation s’offre comme matériau de base au travail de la communication. »390.
La communication-processus : concerne toutes les communications d’un acteur social (conduite, parole, manière d’être et de faire, script d’actions, …) faites dans une situation partagée avec d’autres acteurs. Cette communication est un processus, c’est-à-dire elle effectue un travail de transformation sur les éléments pertinents ou objets cognitifs constitutifs de différents contextes de la situation.
De ce fait, elle modifie les contextes auxquels appartiennent ces objets cognitifs et, donc, modifie toutes les visions individuelles de la situation permettant ainsi un renouvellement des significations attachées aux actions qui se déroulent ou pourraient se dérouler.
Les activités et conduites en situation : parler, agir, penser, raisonner, calculer, questionner, s’informer, explorer, inférer, délibérer, contester, décider, …, sont des activités faites en situation, c’est-à-dire, impliquées dans des situations de la vie concrète qui posent des problèmes aux acteurs sociaux.
Ces activités s’appuient sur d’éléments pertinents ou cognitifs présents. La conduite en situation d’un acteur est aussi influencée par l’action elle-même qu’il est en train de mener.
Les contextes d’une situation-problème : une situation-problème pour un acteur est définie par un ensemble d’éléments significatifs de la situation pour l’acteur. Ces éléments pertinents, par définition, appartiennent à des « contextes » différents selon leur nature.
On considère sept « contextes », tous étant présents en même temps et enchevêtrés entre eux, à savoir le contexte des normes et règles collectivement partagées, le contexte des positions respectives des acteurs, le contexte relationnel social immédiat, le contexte temporel, le contexte spatial, le contexte physique et sensoriel.
Le sens d’une activité communicationnelle : le sens global d’une activité est la résultante de la sommation des significations prises par l’activité faite dans ces contextes. Le problème du repérage du « contexte le plus pertinent » (le cadrage final) pour les différents acteurs se posant d’ailleurs en permanence, comme l’a bien signalé l’Ecole Palo Alto.
Chacun de ces contextes, du point de vue d’un acteur, est constitué d’un ensemble d’éléments significatifs qui ont une parenté avec les objets cognitifs de la situation distribuée. Dans ce cas, la communication généralisée va intervenir pour les modifier.
Les ressources de communication : la faculté de réagir, de se conduire, d’avoir des attitudes, de dire des choses, …, sont autant de ressources communicationnelles, c’est-à-dire des sortes de moyens utilisables, comme les autres ressources traditionnelles, pour transformer une situation, agir sur les événements pour essayer de les rendre plus favorables.
On note également que les contraintes culturelles (normes), institutionnelles (règles, habitudes) ou situationnelles (convenances liées aux rôles, …) ne permettent pas que les formes communicationnelles utilisées par un acteur soient n’importe lesquelles.
Pour conclure, ces concepts sont fédérateurs de l’analyse constructiviste des phénomènes de communication généralisée. Ils vont nous aider dans la compréhension de la démarche choisie et dans l’analyse des situations en vue d’en dégager les éléments pertinents ou significatifs pour tel ou tel acteur.
Ces éléments détermineront le contexte dans lequel la communication se fait dans notre pays.
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387 WACHEUX, F., op.cit, pp. 12-14.
388 RICOEUR cité par WACHEUX, F., op.cit, p. 15.
389 MUCCHIELLI, A. et NOY, C., op.cit, pp. 84-100. ↑
390 ZARIFIAN, P., Travail et communication, Pais, PUF, 1996, p. 137. ↑
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que la vision de la situation par acteur en communication interculturelle?
La vision de la situation par acteur est la définition qu’un acteur impliqué dans une situation concrète donne à cette situation, construite à partir de l’observation des actions et des dires de l’acteur.
Comment la problématique situationnelle influence-t-elle la communication interculturelle?
La problématique situationnelle est un problème fondamental posé par une situation sociale, défini par les normes et contraintes sociales, et les communications-processus servent à la résolution collective de cette problématique.
Quels sont les éléments pertinents d’une situation en communication interculturelle?
Un élément pertinent d’une situation est une donnée humaine, idéelle ou matérielle qui apparaît aux acteurs sociaux avec une signification subjective particulière, et qui sert de base au travail de la communication.