Comment les mécanismes de défense interculturels transforment la communication au Congo ?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

Les mécanismes de défense interculturels révèlent des dynamiques surprenantes au sein des discours congolais. En explorant des valeurs négatives et des sentiments tribaux, cette recherche offre des perspectives inédites sur la communication interculturelle, essentielles pour comprendre les tensions socioculturelles actuelles.


        1. Résultats relatifs aux mécanismes ethniques

L’« alibi culturel » est utilisé par les sujets provenant de dix provinces (Bandundu, Bas- Congo, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu et Sud-Kivu). Ces sujets ont développé dans leurs discours des valeurs négatives à l’égard d’autres culturels. L’Equateur et le Kasaï Oriental ont, en outre, développé un sentiment tribal envers les leurs.

La « construction idéologique interculturelle » est partagée par la majorité de provinces (Bandundu, Bas-Congo, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Maniema, Nord- Kivu et Sud-Kivu), dont les sujets développent des valeurs négatives à l’égard d’autres culturels. En outre, l’Equateur et le Kasaï Oriental ont développé un sentiment tribal envers les leurs. Les sujets de deux provinces (Equateur et Kinshasa) n’ont pas véhiculé ces mécanismes dans leurs discours.

Les « identification et protection ethniques » s’observent dans la majorité de provinces du pays (Bandundu, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Maniema, Province Orientale et Sud-Kivu), dont les originaires ont développé des valeurs négatives à l’égard d’autres culturels. Seulement, une minorité constituée de trois provinces (Bas-Congo, Kinshasa et Nord-Kivu) a constitué l’exception pour avoir développé des valeurs positives à l’égard des étrangers.

La « perversion démocratique » est partagée par la majorité de provinces (Bandundu, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu, Province Orientale et Sud-Kivu) qui véhiculent des valeurs négatives à l’égard d’autres culturels, excepté une seule province qui a toléré l’exception par des discours réconciliants, il s’agit de Bas- Congo.

La « résistance au changement » est partagée par la majorité de provinces (Bandundu, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu et Sud- Kivu) dont les membres ont véhiculé dans leurs discours des valeurs négatives à l’égard d’autres culturels. Seulement, deux provinces (Equateur et Province Orientale) en ont constitué l’exception pour avoir développé des points de vue positifs vis-à-vis des autres.

En gros, l’ensemble de ces résultats montre, à suffisance, que les cinq mécanismes ethniques examinés dans le cadre de notre étude sont partagés en grande partie par les sujets originaires de différentes provinces.

      1. Résultats secondaires de l’étude (tirés des analyses quantitatives)

D’un autre côté, les analyses quantitatives (métrologique, différentielle et factorielle) ont permis effectivement de consolider les résultats (constats) des analyses précédentes (qualitatives).

A propos des qualités métrologiques de l’instrument de recherche, les constats (résultats) suivants sont à retenir :

  • l’homogénéité de l’instrument est très satisfaisante. Les construits (thèmes abordés relativement aux vingt mécanismes étudiés) sont des aspects qui s’observent effectivement dans les milieux d’enquête. Ils reflètent donc des réalités vécues par les sujets congolais enquêtés dans leurs provinces ;
  • la validité de l’instrument est très satisfaisante. Les quatre facteurs (psychique de base, situationnel, discriminatoire et ethnique) constituent des aspects d’une même réalité dans le contexte congolais. Chacun de ces facteurs a donné une bonne saturation à l’instrument de recherche, mais le facteur « ethnique » était plus déterminant que les autres ;

En ce qui concerne l’analyse différentielle entre les provinces, les constats (résultats) suivants sont à relever :

  • il existe bel et bien des différences significatives entres les individus de onze provinces dans leurs échanges. Les cultures provinciales agissent sur la manière dont les acteurs congolais produisent des mécanismes de défense à travers les communications généralisées ;
  • il se dégage 55% de cas de ressemblances ou d’attractions, c’est-à-dire des provinces dont les différences ne sont pas significatives. Il s’agit de : Bandundu-Katanga, Katanga- Bandundu, Bandundu-Sud Kivu, Sud Kivu- Bandundu, Bas Congo-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Bas Congo, Bas Congo-Nord Kivu, Nord Kivu-Bas Congo, Bas Congo-Province Orientale, Province Orientale-Bas Congo, Bas Congo-Sud Kivu, Sud Kivu-Bas Congo, Kasaï Occidental-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental- Kinshasa, Kinshasa-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental-Maniema, Maniema-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental-Nord-Kivu, Nord Kivu-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental-Province Orientale, Province Orientale-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental- Sud Kivu, Sud Kivu-Kasaï Occidental, Kasaï Oriental-Kinshasa, Kinshasa-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Maniema, Maniema-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Nord Kivu et Nord Kivu-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Province Orientale, Province Orientale-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Sud Kivu, Sud Kivu-Kasaï Oriental, Katanga-Kinshasa, Kinshasa-Katanga, Katanga-Nord Kivu, Nord Kivu-Katanga, Katanga-Sud Kivu, Sud Kivu-Katanga, Kinshasa-Maniema, Maniema-Kinshasa, Kinshasa-Nord Kivu, Nord Kivu-Kinshasa, Kinshasa-Province Orientale, Province Orientale-Kinshasa, Kinshasa- Sud Kivu, Sud Kivu-Kinshasa, Maniema-Nord Kivu, Nord Kivu-Maniema, Maniema- Province Orientale, Province Orientale-Maniema, Maniema-Sud Kivu, Sud Kivu- Maniema, Nord Kivu-Province Orientale, Province Orientale-Nord Kivu, Nord Kivu- Sud Kivu, Sud Kivu-Nord Kivu, Province Orientale-Sud Kivu et Sud Kivu-Province Orientale ;

45 % de cas d’opposition ou de dissemblance, c’est-à-dire de provinces dont les différences sont significatives lorsqu‘elles sont prises deux à deux. Il s’agit de : Bandundu-Bas-Congo, Bas-Congo-Bandundu, Bandundu-Equateur, Equateur- Bandundu, Bandundu-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental-Bandundu, Bandundu-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Bandundu, Bandundu-Kinshasa, Kinshasa-Bandundu, Bandundu-Maniema, Maniema-Bandundu, Bandundu-Nord Kivu, Nord Kivu- Bandundu, Bandundu-Province Orientale, Province Orientale-Bandundu, Bas Congo- Equateur, Equateur-Bas-Congo, Bas Congo-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental-Bas- Congo, Bas Congo-Katanga, Katanga-Bas-Congo, Bas Congo-Kinshasa et Kinshasa-Bas- Congo, Bas Congo-Maniema, Maniema-Bas-Congo, Equateur-Kasaï Occidental, Kasaï Occidental-Equateur, Equateur-Kasaï Oriental, Kasaï Oriental-Equateur, Equateur- Katanga, Katanga-Equateur, Equateur-Kinshasa, Kinshasa-Equateur, Equateur- Maniema, Maniema- Equateur, Equateur-Nord Kivu, Nord Kivu-Equateur, Equateur- Province Orientale, Province Orientale-Equateur, Equateur-Sud Kivu, Sud Kivu- Equateur, Kasaï Occidental-Katanga, Katanga-Kasaï Occidental, Kasaï Oriental- Katanga, Katanga-Kasaï Oriental, Katanga-Maniema, Maniema-Katanga, Katanga- Province Orientale et Province Orientale-Katanga.

Notons en définitive par rapport à ces résultats d’un côté des provinces qui s’opposent puisqu’elles ont des cultures extrêmement différentes et de l’autre, des provinces qui s’attirent puisqu’elles partagent beaucoup de points communs. L’ensemble de ces résultats nous permettent donc de répondre à la question fondamentale de notre recherche en vue de valider notre hypothèse, à savoir : « Quels sont les mécanismes de défense sociale que les individus issus d’origines culturelles et ethniques différentes peuvent-ils produire en communication interculturelle ? ». Le paragraphe qui suit présente cette préoccupation.

    1. Validation de l’hypothèse de recherche à la lumière des résultats de l’étude

A la lumière des résultats (constats) observés dans la section précédente, notre hypothèse générale vient d’être validée. Ainsi, en communication interculturelle, les individus d’origines culturelles et ethniques différentes produisent des mécanismes de défense psychiques de base, situationnels, discriminatoires et ethniques à travers les communications généralisées et les contextualités situationnelles.

Ce constat confirme partiellement notre modèle de recherche, car les orignes culturelles et ethniques, incarnées ici par les provinces, ont amené les acteurs sociaux de construire des cadres d’interprétation différents devant les situations ou problèmes auxquels ils sont confrontés sous forme de mécanismes de défense. Il s’agit, selon Alex Mucchielli et Claire Noy (2005), du « processus communicationnel de contextualisation » ou de la « communication généralisée processuelle ». Ces mécanismes sont véhiculés à travers les « communications généralisées » et les « contextualités situationnelles » ; ils permettent, de ce fait, aux acteurs sociaux de sauvegarder consciemment ou inconsciemment leur patrimoine culturel.

Ceci vient une fois de plus de confirmer le cadre théorique psychologique choisi pour cette étude qui est à la fois « interculturel » et « constructiviste », car les acteurs sociaux enquêtés construisent la réalité à partir du sens psychologique qu’ils lui attribuent en fonction de leur grille culturelle. Toutefois, il est intéressant de voir comment ces résultats s’observent à la lumière des théories et travaux antérieurs.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les mécanismes de défense interculturels identifiés dans l’étude au Congo?

Les mécanismes de défense interculturels identifiés incluent l’alibi culturel, la construction idéologique interculturelle, l’identification et protection ethniques, la perversion démocratique et la résistance au changement.

Comment l’alibi culturel se manifeste-t-il dans les discours des Congolais?

L’alibi culturel est utilisé par les sujets provenant de dix provinces, qui développent des valeurs négatives à l’égard d’autres cultures.

Quelles provinces congolaises n’ont pas véhiculé de mécanismes de défense dans leurs discours?

Les sujets de deux provinces, l’Equateur et Kinshasa, n’ont pas véhiculé ces mécanismes dans leurs discours.

Quelle est l’importance de l’analyse quantitative dans l’étude des mécanismes de défense interculturels?

Les analyses quantitatives ont permis de consolider les résultats des analyses qualitatives, montrant que les construits observés reflètent des réalités vécues par les sujets congolais.

Comment les cultures provinciales influencent-elles les mécanismes de défense au Congo?

Les cultures provinciales agissent sur la manière dont les acteurs congolais produisent des mécanismes de défense à travers les communications généralisées, avec des différences significatives entre les individus de onze provinces.

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