Le jugement professionnel en expertise comptable repose sur des compétences essentielles souvent sous-estimées. En révélant l’importance des qualités comportementales, cette recherche transforme notre compréhension de la réussite dans cette profession, avec des implications cruciales pour les praticiens.
Sous-section 3 : La démarche nécessaire pour la formulation d’un jugement professionnel de qualité
La démarche nécessaire pour la formulation d’un bon jugement professionnel peut être décomposée en plusieurs étapes. Ces étapes comportent la description du problème posé, l’identification de la meilleure solution et la formulation des conclusions et la mise en œuvre de la solution choisie170.
§1. La description du problème posé
La description du problème posé consiste à dégager une problématique. On peut distinguer plusieurs tâches à accomplir lors de la réalisation de cette phase. En fonction de la complexité du problème, l’expert-comptable doit accomplir le nombre nécessaire de tâches pour étayer son opinion ou sa décision.
Quelles que soient les difficultés que comporte cette étape, elle comprend, généralement, l’obtention des données, les investigations complémentaires et l’œil critique.
169 Voir Section 1 : Choix des règles de conduite dans la recherche d’une clientèle cible.
170 ICCA, le jugement professionnel en vérification, ICCA, 1995, pages 51 à 54
1. L’obtention des données
Il s’agit d’obtenir les données internes et externes nécessaires à la bonne compréhension du problème à traiter.
2. Les investigations complémentaires
L’expert-comptable pourra estimer nécessaire de mener des investigations complémentaires permettant :
- De faciliter le traitement de la problématique posée à partir de l’étude de problèmes similaires.
- De s’assurer que les objectifs réels poursuivis par le client ne sont que la régularité, la sincérité et l’image fidèle.
3. L’œil critique
Après avoir collecté les données nécessaires, l’expert-comptable doit garder un œil critique par rapport au travail fourni. Il est tenu d’accorder le même degré d’importance aux éléments qui confirment son jugement ainsi qu’aux éléments qui l’infirment.
De même, il doit faire preuve de scepticisme professionnel pour les informations reçues171.
§2. L’identification de la meilleure solution
La formulation de la conclusion et, éventuellement, la rédaction du rapport impliquent la détermination de la solution adéquate au problème posé. Cette étape nécessite d’abord, l’identification des solutions possibles, ensuite l’évaluation de ces solutions pour en choisir celle qui paraît la plus appropriée.
1. L’identification des solutions possibles
Cette étape vise à envisager toutes les solutions possibles sans exclusion afin de parvenir à une décision. En effet, l’ICCA affirme que « si la certitude est souhaitable, il faut bien reconnaître que, souvent, une question de comptabilité ou de vérification peut se résoudre de diverses façons »172.
De ce fait, l’expert-comptable est tenu d’éviter de retenir systématiquement la première solution valable. « Il est utile de songer à toutes les solutions envisageables afin d’avoir un plus grand éventail de choix. À ce stade, il faut encourager la réflexion et laisser émerger toutes les idées »173.
L’identification des solutions exige l’examen des normes, de la doctrine et, éventuellement, la consultation de la documentation professionnelle lorsqu’il s’agit d’un secteur d’activité très spécialisé. L’utilisation de bases de données et le recours à l’Internet sont de nature à rendre cette étape plus rapide et plus riche.
171 Grille de compétences des candidats à la profession de CA, publié en vue de l’EFU de 2007, page 40.
172 Op.cit., page 53.
173 Yaïch (A.), « L’intelligence comportementale comptable », page 11.
2. L’évaluation des solutions
Selon Yaïch (A.)174, la valeur d’une solution est appréciée par rapport aux trois critères suivants à savoir, le caractère définitif ou durable, le rapport coût/avantages et les effets secondaires.
Selon l’ICCA, l’expert-comptable doit choisir la solution la plus appropriée en prenant du recul et en tenant compte des personnes qu’elle affectera et des conséquences qui en découleront 175.
Encore, faut-il prévoir les questions que pourraient soulever les clients176, les tiers et les autres professionnels, ne pas négliger la nature fondamentale de la situation en gardant à l’esprit la primauté du fond sur la forme177 et consulter ses pairs.
§3. La formulation des conclusions et la mise en œuvre de la solution choisie
Le rapport de l’expert-comptable constitue le résultat des étapes sus indiquées. Il formalise les conclusions et il planifie éventuellement la mise en œuvre de la solution choisie.
1. La formulation des conclusions
Selon l’ICCA, la formulation des conclusions peut comporter les étapes suivantes178 :
- La revue des données et hypothèses prises en compte : L’expert-comptable doit contrôler et évaluer les hypothèses et données retenues afin de s’assurer que la solution retenue est la meilleure. La qualité de la solution dépend non seulement de la cohérence des hypothèses mais aussi de l’exactitude des données de départ.
- Résoudre effectivement le problème : Plus le problème posé est ardu, plus la rédaction de la conclusion prendra du temps dans la mesure où l’on ne doit négliger aucun aspect tout en restant synthétique pour que la solution soit facilement accessible.
- Faire valoir son point de vue : Cette étape exige que l’expert-comptable ait confiance en soi et qu’il mette en place un argumentaire pertinent et une communication adaptée. Il sera d’autant plus facile de le faire si l’expert-comptable fait preuve de suffisamment de pédagogie pour faire ressortir l’adéquation de sa solution face à la complexité du problème soulevé.
174 Op.cit., page 12.
175 Op.cit., pages 53 à 54.
176 L’expert-comptable comptable est tenu de prendre en compte l’importance accordée à la signification du problème par le client en fonction du contexte de la mission pour évaluer quelle semble être la meilleure solution.
177 Cette convention comptable doit être prise en compte lorsque l’on porte un jugement de praticien sur la dérogation à un principe comptable généralement admis ayant trait à l’obtention d’une image plus fidèle des comptes à la réalité.
178 Op.cit., page 92.
- Obtenir un consensus : Lors de la confrontation des points de vue, l’expert-comptable ne doit pas chercher à imposer sa solution à tout prix mais, il est tenu, plutôt, de tenter à aboutir à un consensus autour d’une solution jugée acceptable sans sacrifier les éléments fondamentaux.
2. Planifier et évaluer la mise en œuvre de la solution retenue
« Le niveau de formalisation de la planification est fonction de l’importance du problème, de ses implications et de la durée que prendra la mise en œuvre de la solution retenue »179.
Les résultats obtenus doivent être toujours comparés à ceux attendus. Cette évaluation peut amener à la révision du plan d’exécution initial voire même la remise en cause de la solution retenue.
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169 Voir Section 1 : Choix des règles de conduite dans la recherche d’une clientèle cible. ↑
170 ICCA, le jugement professionnel en vérification, ICCA, 1995, pages 51 à 54 ↑
171 Grille de compétences des candidats à la profession de CA, publié en vue de l’EFU de 2007, page 40. ↑
173 Yaïch (A.), « L’intelligence comportementale comptable », page 11. ↑
176 L’expert-comptable comptable est tenu de prendre en compte l’importance accordée à la signification du problème par le client en fonction du contexte de la mission pour évaluer quelle semble être la meilleure solution. ↑
177 Cette convention comptable doit être prise en compte lorsque l’on porte un jugement de praticien sur la dérogation à un principe comptable généralement admis ayant trait à l’obtention d’une image plus fidèle des comptes à la réalité. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les étapes pour formuler un jugement professionnel de qualité en expertise comptable ?
La démarche nécessaire pour la formulation d’un bon jugement professionnel peut être décomposée en plusieurs étapes, comprenant la description du problème posé, l’identification de la meilleure solution, et la formulation des conclusions.
Comment l’expert-comptable doit-il décrire le problème posé ?
La description du problème posé consiste à dégager une problématique et comprend généralement l’obtention des données, les investigations complémentaires et l’œil critique.
Quels critères l’expert-comptable utilise-t-il pour évaluer les solutions possibles ?
La valeur d’une solution est appréciée par rapport aux critères suivants : le caractère définitif ou durable, le rapport coût/avantages et les effets secondaires.