L’insertion professionnelle des diplômés révèle une inadéquation alarmante entre le système éducatif et le marché de l’emploi, avec seulement 43,9 % des diplômés de l’ETFP intégrant le secteur formel. Cette étude met en lumière des leviers cruciaux pour améliorer cette situation préoccupante.
- Efficacité externe du système éducatif
Concernant l’efficacité externe du système, l’analyse fait ressortir une inadéquation quantitative et qualitative entre les sortants du système éducatif et le marché de l’emploi.
En effet, relativement à l’insertion des diplômés de l’ETFP sur le marché de l’emploi, les données de l’enquête emploi 2013 combinées aux statistiques du secteur Éducation-Formation, révèlent que les taux d’insertion respectifs dans le secteur formel sont de 43,9 % pour le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle), 16,8 % pour le BEP (Brevet d’Études Professionnelles), 36,0 % pour le BT (Brevet de Technicien), 49,4 % pour le BP (Brevet Professionnel) et 49,5 % pour le BTS (Brevet de Technicien Supérieur). En plus, la durée moyenne des diplômés de l’ETFP pour avoir un emploi est de 23 mois et de 24 mois pour le BTS.
8 Le coefficient de détermination (R2) est un indicateur qui mesure l’ampleur des écarts relatifs par rapport à la relation moyenne estimée. L’indicateur peut prendre une valeur comprise entre 0 et 1. La valeur 1 correspond à une relation fonctionnelle selon laquelle toutes les écoles sont traitées de la même manière et le nombre d’enseignants ne dépend que du nombre d’élèves. A contrario, la valeur 0 correspond à l’absence totale de relation entre le nombre d’enseignants d’une école et celui de ses élèves.
Concernant l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur, l’enquête emploi réalisée en 2012, révèle des taux de chômage de 27,8% pour les titulaires de DUT, 35,7% pour le DESS et 42,9% pour les Masters. Toutefois, l’analyse du taux global d’insertion des sortants (TGIS), qui est un indicateur synthétique du taux de main d’œuvre, du taux d’emploi et du taux d’emploi formel et rend compte de l’insertion, montre que cette situation s’améliore aussi dans le temps.
En effet, les données du RESEN font ressortir le fait que l’insertion s’améliore dans le temps, de 17 % la première année à 31 % cinq ans après la fin des études. Mais elle reste une fonction croissante des qualifications et compétences acquises, puisque le TGIS croît avec le niveau d’éducation.
Les sortants de l’EFTP et de l’enseignement supérieur sont ceux dont l’insertion est la meilleure au bout d’une année, avec des TGIS respectifs de 23 % et de 22 %. Les sortants du primaire, très peu qualifiés, se caractérisent par un TGIS nettement plus faible, de 12 %.
Par ailleurs, la majorité de ces derniers trouve un emploi dans le secteur informel : leur taux d’emploi informel un an après leur sortie de l’école est estimé à 98 %.
Dans la mesure où l’offre d’emploi moderne est très restreinte dans le pays, l’une des explications aux difficultés d’insertion des sortants du système éducatif est l’inadéquation quantitative de l’offre du système éducatif par rapport à la capacité réelle d’absorption du marché du travail. En effet, selon le PND 2016-2020, en 2013 le nombre de sortants du système éducatif est trois fois supérieur à la capacité d’accueil à court terme du marché du travail et les sortants du supérieur étaient même 3,5 fois plus nombreux que le nombre d’emplois offert dans le secteur moderne au cours de la même année.
Ce déséquilibre quantitatif a comme conséquence un déclassement et un désajustement important chez les sortants. L’exploitation des données de l’Enquête Emploi de 2014, montre qu’environ 80% des personnes en emploi affirment exercer un emploi qui ne correspond pas à leur formation, près de 54% affirment que la formation qu’elles ont suivie n’a pas été utile pour l’accès à leur premier emploi.
Le déséquilibre qualitatif entre les besoins du marché de l’emploi et les sortants du système éducatif est reflété par la faiblesse des inscriptions d’étudiants dans les filières scientifiques et technologiques. En effet, selon le PND 2016 – 2020, la répartition des étudiants selon les domaines d’études indique que 26% des étudiants sont inscrits dans les domaines scientifiques (sciences et technologies, Sciences de la Santé, Sciences Agronomiques) et 74% dans les domaines dits « littéraires » (Économie, Gestion, Droit, Lettres, Langue, etc.). Les Sciences Économiques et de Gestion reçoivent l’effectif le plus élevé (29%) tandis que les sciences agronomiques n’enregistrent que 1% de l’effectif total.
- Financement du système éducatif
Un autre aspect du diagnostic relatif aux coûts et financements montre un engagement constant et important de l’État depuis plusieurs années en faveur de l’éducation. En effet, la part des dépenses publiques d’éducation en pourcentage du PIB dépasse les 4% depuis près de deux décennies, un niveau qui place la Côte d’Ivoire parmi les pays de la sous-région investissant le plus dans son système éducatif.
Au niveau des dépenses courantes d’éducation, celles-ci représentent 29,5% des dépenses publiques courantes totales (hors service de la dette) en 2013 contre 26,4% en 2006. Cette statistique est également bien au-dessus du seuil de 20% préconisé par le Partenariat Mondial pour l’Éducation et de la moyenne régionale (24,5%). Ce niveau d’effort budgétaire important ajouté aux priorités intersectorielles du pays (infrastructures économiques, santé, sécurité) limite les marges de manœuvre pour le nécessaire accroissement des ressources publiques dans les années à venir. Ainsi, cela impose de meilleurs arbitrages au niveau intra-sectoriel et une gestion plus efficiente des ressources disponibles.
L’analyse des distributions des dépenses publiques par niveau met en évidence une répartition favorable à l’enseignement primaire. En effet, bien qu’en baisse depuis plusieurs années (de 50,5% en 1993, 42,7% en 2007), le primaire concentre en 2013 39,1% des dépenses courantes d’éducation suivi par l’enseignement supérieur (14,6% en 1993, 20,9% en 2007 et 21,1% en 2013). Dans la partie moyenne du système, l’on note une augmentation de quelques points notamment dans le premier cycle du secondaire (17,6% en 2007 à 18,7% en 2013), probablement en réponse à la pression exercée par les flux du cycle primaire depuis la levée de la barre d’admission entre le CM2 et la sixième.
En analysant les dépenses courantes d’éducation, les dépenses salariales représentent le plus gros poste de dépenses, absorbant en moyenne 74% des dépenses avec des points critiques comme au primaire et le secondaire où cette statistique atteint les 90% laissant très peu de marges pour les autres dépenses de fonctionnement.
En effet, au primaire, ce sont à peine 2% des dépenses courantes qui sont allouées au fonctionnement des écoles et 2,5% au fonctionnement des services administratifs et pédagogiques centraux/déconcentrés. Une situation qui, bien qu’aucune directive de l’administration ne l’autorise, contraint certains chefs d’établissement à recourir à la contribution des parents pour certaines dépenses de fonctionnement avec comme conséquence directe l’augmentation des coûts d’éducation supportés par les familles.
Les transferts au secteur privé représentent en moyenne 12% des dépenses courantes et sont particulièrement importants aux niveaux du premier cycle du secondaire, de l’ETFP et du supérieur où ils représentent près du quart des ressources publiques du sous-secteur.
Quant aux coûts unitaires publics, ils sont variables selon le niveau d’étude. Toutefois, entre 2007 et 2013, les données font constater une baisse de ces coûts pour tous les ordres d’enseignement. Au préscolaire, au primaire et au secondaire, les coûts unitaires publics sont passés respectivement de 48% à 23% du PIB par tête, de 17% à 14% du PIB par tête et de 38% à 36% du PIB par tête.
Pour l’ETFP (hors BTS) et l’enseignement supérieur, comparativement à l’enseignement primaire, les coûts unitaires publics ont été multipliés par 14,6 et 10,8 respectivement en 2013 avec une forte variabilité selon le diplôme préparé ou la filière suivie pour le premier ordre d’enseignement, et selon que l’on soit dans une grande école publique ou à l’université pour le second9.
À côté du financement public de l’éducation, les ménages contribuent à 37% des dépenses totales courantes d’éducation. L’enseignement secondaire général absorbe l’essentiel de ces ressources avec 47% au collège et 43% au lycée. Les frais de scolarité constituent le poste budgétaire dominant de ces dépenses.
Au regard de l’efficience, l’indicateur d’efficience (EVS/Dépenses publiques) s’est amélioré sur la période 2007-2013 passant de 1,3 à 1,6. Cette évolution est surtout imputable à l’amélioration de la couverture scolaire aux différents niveaux du système éducatif qui a permis de gagner une année et demie de scolarisation en moyenne. En effet, l’espérance de vie scolaire (EVS) est passée de 5,5 à 7 années mais reste inférieure à la moyenne régionale (8,1) et à celle des pays proches de la Côte d’Ivoire comme le Ghana (10,5) et le Togo (9,8). Ainsi en 2012-2013, un enfant qui commence l’école ne peut espérer atteindre et valider que la classe de 5ème.
En matière de recherche scientifique, selon le diagnostic posé dans le PND 2016 – 2020, il ressort que malgré les nombreuses avancées sur le plan agronomique, la Côte d’Ivoire a besoin de renforcer ses équipements de recherche et son capital humain dans les autres domaines d’innovation notamment technologique. De plus, les échanges de bonnes pratiques et de résultats de recherche entre les structures publiques, le système éducatif, le secteur privé et les centres de recherche extérieurs restent encore insuffisants. Enfin, les niveaux d’investissements (publics et privés) pour la recherche et le développement sont faibles.
Par ailleurs, le secteur reste marqué par la faible incitation des chercheurs, le manque d’infrastructures modernes de recherche, l’insuffisance des ressources humaines pour le transfert et l’adaptation technologique.
________________________
2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. ↑
3 Auchan Les 4 Temps, La Défense. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quel est le taux d’insertion des diplômés du CAP en Côte d’Ivoire?
Les taux d’insertion respectifs dans le secteur formel sont de 43,9 % pour le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle).
Combien de temps en moyenne faut-il aux diplômés pour trouver un emploi en Côte d’Ivoire?
La durée moyenne des diplômés de l’ETFP pour avoir un emploi est de 23 mois et de 24 mois pour le BTS.
Comment évolue le taux global d’insertion des sortants en Côte d’Ivoire?
L’insertion s’améliore dans le temps, de 17 % la première année à 31 % cinq ans après la fin des études.