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Comment l’innovation technologique renforce la pérennité des PME camerounaises ?

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🏫 Université de Yaoundé II SOA
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master 2 Professionnel - 2020
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L’innovation technologique PME est essentielle pour la pérennité des entreprises camerounaises. Cette étude révèle comment une gestion proactive des risques fiscaux, illustrée par le cas de BKOUASS-Sarl, transforme les défis en opportunités, avec des implications cruciales pour le développement économique local.


2.3. Le contexte camerounais ou l’environnement des affaires au Cameroun

Le Cameroun est un pays d’Afrique Centrale et il fait partie de la CEMAC9. A l’horizon 2035, ce pays en développement, aimerait être un «pays émergent» avec une économie qui « se caractérise […] par la prédominance du secteur industriel en général et manufacturier en particulier (dans le PIB et les exportations), [et] une intégration effective à l’économie mondiale » (MINEPAT, 2010, p. 50). Dans cette perspective, le Cameroun prévoit disposer, en 2030, d’« un secteur manufacturier sain, compétitif et diversifié, capable d’inverser la structure du commerce extérieur (exportations et importations) » (MINEPAT, 2010, p. 51); les exportations de produits manufacturés devenant plus importantes au détriment des produits primaires (Sevaistre, 2010)10.

Considérant que les meilleures économies sont celles où les gouvernements ont mis en place des règles qui facilitent l’interaction sur les marchés et sans nécessairement inhiber le développement des entreprises (World Bank, 2013), le Cameroun, pour atteindre ses objectifs, devrait avoir un cadre favorable au développement des entreprises en général, et des entreprises manufacturières en particulier. Qu’en est-il aujourd’hui?

Sur le plan global, l’environnement des affaires se serait détérioré au Cameroun. Dans le rapport de la Banque mondiale, Doing business, ce pays a reculé de 1 place de 2019 à 2020. En effet, pour l’année 2020, le pays est classé 167e, alors qu’il a occupé le 166e rang dans le classement de 2019. Dans le détail, le pays obtient cette année une note de 46,1 sur les 100 points mis en jeu. Il convient tout d’abord de noter qu’une forte volonté politique existe depuis l’indépendance de ce pays en 1960.

C’est en effet depuis les années 60 que le Cameroun a mis en place différentes structures pour stimuler et soutenir la création d’entreprise. Parmi celles-ci, on peut citer : le CAPME créée en 1970 et chargé de l’étude et d’assistance aux Petites et Moyennes Entreprises; la SNI créée en 1964 pour gérer les entreprises du portefeuille de l’État, étudier les projets d’investissement public; orienter l’épargne nationale en vue de financer l’investissement; la Banque Camerounaise de Développement (BCD) créée en 1961 pour financer les investissements privés; la Mission d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles (MAGZI) chargée de réaliser les opérations d’aménagement et de gestion des zones industrielles et le FOGAPE qui garantissait les crédits accordés aux PME.

Cette infrastructure institutionnelle après avoir porté des fruits (émergence de plusieurs entreprises de diverses tailles) va connaitre une longue période de déclin. La mauvaise gestion et la réduction des moyens de l’État camerounais (due principalement à la crise économique) combinées à l’ajustement structurel vont conduire à la fermeture de certaines de ces organisations (fin des années 80 et début des années 90; BCD, CAPME, FOGAPE) ou à une réduction très sensible de leurs activités pour celles qui survivront (MAGZI, SNI par exemple).

Depuis les années 2000, le développement des entreprises locales est redevenu une priorité pour le gouvernement camerounais. Cette volonté s’est matérialisée par la mise en place de diverses structures contribuant à rendre effective cette orientation politique. Parmi ces mesures, on peut citer la création de deux ministères : le Ministère en charge des PME (MINPMEESA) et le Ministère de l’industrie (MINIMIDT).

Le premier « a pour principale mission, l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de la politique du gouvernement en matière de développement des petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat »11 tandis que le second s’occupe de « l’élaboration des stratégies de développement des industries en valorisant les ressources naturelles et les mines du pays, et du développement technologique dans les différents secteurs de l’économie nationale »12.

Quelques années plus tard, la création d’une Agence de Promotion des Investissements (API; décret n° 2005/310 du 01 septembre 2005), de l’Agence pour la promotion des PME (APME; créée en avril 2013) et de la Banque Nationale des PME (créée 2013).

On retrouve aussi diverses associations professionnelles dont les plus reconnues sont entre autres : le Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM), le Syndicat des Industriels du Cameroun (SYNDUSTRICAM), l’Association Interprofessionnelle pour Agro-industries du Cameroun (AGROCOM), Entreprises du Cameroun (E-CAM), etc.

En termes d’infrastructures matérielles, le réseau routier camerounais est constitué d’environ 50 000 km de routes dont seulement 10% serait bitumées; par ailleurs seulement 25% des routes bitumées serait en bon état (MINEFI, 2005). « Cette situation nuit énormément à la compétitivité des entreprises dont les coûts de transport deviennent logiquement élevés, avec plus de risque de perdre les produits avant que ces derniers n’atteignent le marché » (MINEFI, 2005, p. 6).

Dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, le Cameroun était classé en 2002 parmi les pays à faible accès numérique avec un indice d’accès numérique13 évalué à 0,16 (MINEPAT, 2010; Simard, 2003). Ce pays ne semble pas avoir beaucoup progressé depuis cette date. En effet, son indice de développement des TIC (indice qui suit et compare les progrès accomplis en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC) dans différents pays) a stagné autour de 1,7 (sur une échelle de 10), en 2011 (soit 1,66) et en 2012 (soit 1,72); dans ce classement, le Cameroun occupe le 136e rang (sur 157 pays) pour les deux années suscitées (UIT, 2013).

Sur le plan énergétique, le Cameroun fait face à un déficit structurel malgré son potentiel hydroélectrique (MINEPAT, 2010). « Les ressources hydrologiques du pays sont les plus importantes de l’Afrique subsaharienne (après celles de la République démocratique du Congo), mais un pour cent seulement de cette richesse est exploité » (BAfD/OCDE, 2007, p. 197). Pour résorber ce déséquilibre entre l’offre et la demande d’énergie, le Cameroun, seul ou en partenariat avec des entreprises privées, a engagé de grands chantiers : construction de centrale thermique à gaz dans différentes villes, la construction du barrage à Lom-Pangar et la construction d’une centrale hydroélectrique à Nachtigal. A terme, la production d’électricité du Cameroun devrait lui permettre de faire de l’exportation vers les pays voisins.

Dans le domaine universitaire, le Cameroun dispose de 3 grandes écoles dont la réputation est établie depuis les années 80 : l’École polytechnique à Yaoundé, l’ENSAI14 (École Nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles) à N’Gaoundéré et l’ESSEC (École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales) à Douala.

Sur le plan culturel, le Cameroun est une mosaïque. On y retrouve près de 240 ethnies regroupées dans différents ensembles culturels. Parmi ces différents ensembles, les bamilékés, populations du grand ouest Cameroun (que l’on désigne aussi souvent par le terme anglais Grass Fields), sont réputés pour leur orientation entrepreneuriale et leur réussite en affaires dans divers secteurs de la vie économique (banque, commerce, industrie, services, etc.) (Vallée, 1992; Warnier, 1995).

On trouve également des exemples de réussite entrepreneuriale dans d’autres groupes culturels qui ne sont pas de l’ouest du Cameroun. A la fin des années 80, Atangana Onana (1986 cité par Warnier, 1995) observait déjà que le prestige attaché à l’entrepreneur privé venait supplanter celui lié à la fonction publique. L’initiative entrepreneuriale peut donc être considérée comme une activité valorisée dans l’ensemble de la population camerounaise même si elle est plus ancrée dans certains groupes culturels.

Le secteur financier au Cameroun est dominé par les grandes banques étrangères, et les institutions financières non bancaires jouent un rôle mineur dans le pays15. En dépit de la « très forte surliquidité » des établissements bancaires (Banque de France, 2010), qui perdure depuis plusieurs années, « […] l’intermédiation financière et l’accès aux services financiers demeurent limités. L’expansion des opérations de prêt continue d’être entravée par des capacités limitées de collecte d‘informations sur la solvabilité des emprunteurs, alors que les impôts lourds et un plafond de taux d’intérêt de 15 pour cent sur les prêts aux petites et moyennes entreprises (PME) découragent les banques qui ont traditionnellement préféré traiter avec de grandes sociétés bien établies »16.

En 2013, un partenariat entre le GICAM, 5 banques locales (Afriland First Bank, BICEC, Société Générale – Cameroun, Eco Bank, BGFI) et avec l’appui du African Guarantee Fund, a permis la création d’une ligne de crédit de 50 milliards de francs CFA destinée à financer, à des conditions abordables (taux d’intérêt de 10%, dont 8% pour les banques et 2% pour le African Guarantee Fund), les investissements d’extension, de renouvellement de l’outil de production et de modernisation. L’African Guarantee Fund apporte sa caution au crédit à hauteur de 50%; le reste de la garantie est complété par la caution solidaire du dirigeant et le nantissement des équipements financés. La durée des concours oscillera entre 18 mois et 5 ans17.

En conclusion, l’environnement d’affaires du Cameroun présente un ensemble diversifié de ressources favorables à l’entrepreneuriat. D’après le modèle de l’écosystème du forum économique mondial que nous avons légèrement modifié, on y trouve entre autres, le soutien culturel, des universités qui jouent leur rôle (dans une certaine mesure), un dispositif institutionnel et règlementaire en développement, certaines options de financement.

Cependant, les entreprises camerounaises auraient de la difficulté à consolider leur croissance et à assurer leur pérennité. En effet, le dernier recensement général des entreprises au Cameroun a évalué l’âge moyen des entreprises à 10 ans (INS, 2011) et ce, malgré des décennies d’efforts et de mesures incitatives (certes entrecoupées par la crise économique). On se demande alors si l’écosystème est entrepreneurial et s’il est réellement favorable au développement des PME manufacturières camerounaises?

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9 Communauté Economique des pays de l’Afrique Centrale.

10 La part des produits manufacturés au Cameroun en 2009 a été évaluée à 10% des exportations contre 40% des importations (OCDE/OMC, 2011).

11 Site internet du MINPMEESA http://www.minpmeesa.gov.cm

12 Décret n° 2004/320 du 8 décembre 2004 portant organisation du gouvernement du Cameroun.

13 L’indice d’accès numérique (IAN) mesure la capacité globale des individus d’un territoire donné à accéder et à utiliser les technologies de l’information et de la communication.

14 A la création, cette école s’appelait : ENSIAAC.

15 Making finance work for Africa, http://www.mfw4a.org/fr/cameroun/le-secteur-financier.html

16 Op. cit.

17 https://www.afrilandfirstbank.com/recrutement/posts/0,0/525,des-banques-au-secours-des-pmecamerounaises.html


Questions Fréquemment Posées

Comment la gestion du risque fiscal contribue-t-elle à la pérennité des PME camerounaises?

Les résultats montrent que le contrôle des factures et la déclaration régulière contribuent à prévenir les risques fiscaux.

Quel est l’impact de l’environnement des affaires sur les PME au Cameroun?

Sur le plan global, l’environnement des affaires se serait détérioré au Cameroun, le pays étant classé 167e dans le rapport Doing Business de 2020.

Quelles structures ont été mises en place pour soutenir les PME au Cameroun?

Le Cameroun a mis en place différentes structures pour stimuler et soutenir la création d’entreprise, comme le CAPME, la SNI, et la Banque Camerounaise de Développement.

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