Quelles implications politiques pour le système de santé haïtien en 2024 ?

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🏫 Université Paul Verlaine de Metz et Université Quisqueya - Formation Doctorale : Automatique (France) et Formation Doctorale : Génie Industriel (Haïti)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Doctorat - 2012
🎓 Auteur·trice·s
Norly GERMAIN
Norly GERMAIN

Les implications politiques en santé en Haïti révèlent des défis alarmants, notamment des taux de mortalité maternelle et infantile élevés. Cette recherche propose une modélisation innovante du système hospitalier, promettant une alternative viable à l’hospitalisation classique pour transformer la prise en charge de la maternité.


Le système de santé Haïtien

Dans le système hospitalier haïtien, on distingue les hôpitaux publics, sous la tutelle du MSPP (Ministère de la Santé Publique et de la Population), les hôpitaux privés à but lucratif ou à but non lucratif et les hôpitaux mixtes généralement gérés par une organisation privée sans but lucratif et équipés d’un personnel partiellement ou complètement salarié du MSPP (HENRYS 2003) et finalement on retrouve des cliniques, des polycliniques, des dispensaires et des ONG (Organisation non- gouvernementale) offrant des soins à des niveaux divers.

Nous ajoutons également le secteur de soins informels regroupant les guérisseurs traditionnels communautaires. Ces derniers jouent un rôle prépondérant dans le système de santé haïtien.

L’environnement des systèmes de production de soins est en constante mutation et évolution. Des efforts manifestés tant au niveau du secteur public qu’au niveau du secteur privé pour l’amélioration de la qualité de service et la rationalisation des dépenses de santé sont à considérer.

Toutefois, en dépit des sacrifices consentis en vue d’un développement stratégique du système hospitalier haïtien, l’organisation des soins présente des lacunes majeures empêchant de satisfaire les besoins en soins de santé de la population.

Le système de santé haïtien connaît depuis toujours un manque d’organisation et une carence atroce en professionnels de santé (médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, auxiliaire ou aides-soignantes…). Les services offerts dans les centres hospitaliers ne sont pas bien définis pour la population, ce qui entraîne le plus souvent de très graves conséquences.

On trouve des patients qui se dirigent vers des centres ne traitant pas leur cas par manque d’information.

Même s’il est écrit dans la constitution de la république que l’État doit garantir le droit à la santé pour toute la population. Dans ses articles 19 et 23 « l’Etat a l’impérieuse obligation de garantir le droit à la santé, l’Etat est astreint à l’obligation d’assurer à tous les citoyens dans toutes les collectivités territoriales les moyens appropriés pour garantir la protection, le maintien et le rétablissement de leur santé ».

L’Etat n’a, pourtant, aucune emprise sur le système de soins. Le patient est livré à lui-même. L’absence d’une couverture de sécurité sociale universelle, l’absence de certaines technologies médicales et les problèmes liés à la gestion des systèmes d’information hospitaliers constituent des obstacles majeurs (Germain, Monteiro, Rezg, et Emmanuel 2008).

Au cas où le patient n’a pas de quoi à payer pour se faire soigner, il ne reçoit pas de soins dans la majeure partie des cas et de ce fait, il se tourne vers des croyances populaires qui, parfois, n’apportent aucune solution concrète.

En raison du niveau critique de la pauvreté et du sous-développement, le système de soins reste à l’état traditionnel. On assiste à un manque d’organisation atroce et une centralisation de services en milieu urbain.

De plus, on constate que, rares sont les centres hospitaliers haïtiens qui respectent les normes au niveau des appareils nécessaires pour la production des soins, des équipements ergonomiques assurant le confort des patients et des systèmes de gestion des informations.

Il y a parfois des malades (les plus fortunés) qui se trouvent dans l’obligation de laisser le pays du fait que des centres, même les plus réputés, ne disposent pas d’appareils leur permettant de faire certaines analyses et de médecins pouvant traiter leur cas.

Certains patients, même arrivés sur les lieux, rendent leur dernier souffle pour des raisons diverses: services non offerts, indisponibilité des médecins, impossibilité de se procurer des médicaments qu’ils trouvent trop chers, centres à capacités fortement réduites.

Dans son livre « Mountains beyond Mountains: The Quest of Dr. Paul Farmer », Tracy Kidder (Kidder 2003) révèle que la structure hospitalière haïtienne compte le plus grand nombre de médecins médiocres dans le continent américain. Il est à noter que même les hôpitaux publics et semi-privés sont en manque de ressources techniques et matérielles.

On observe une augmentation du coût des services de santé, des matériels médicaux et des médicaments. Vu que la majorité des produits médicaux et pharmaceutiques sont commandés de l’étranger, la variation de la devise et le taux d’inflation rendent l’accès universel aux soins de santé très difficile (MSPP 2003; LOUIS-CHARLES et GERMAIN 2009).

Organisation du système de santé haïtien

Ce système s’organise autour d’une pyramide en trois niveaux de soins : primaire, secondaire et tertiaire (voir figure 7). Par rapport au système global de la santé, le MSPP a englobé toutes les institutions et ressources au niveau primaire en un microsystème dénommée UCS 8 (Unités Communales de Santé).

  • Au niveau primaire, on retrouve les hôpitaux communautaires de référence (HCR). À ce niveau les institutions et l’ensemble des ressources locales s’organisent en réseau au sein de l’UCS dans une logique de complémentarité et non de concurrence. De cette façon, au-delà de l’institution à laquelle le patient a recours, le système de santé est en mesure de lui prodiguer des soins au niveau approprié à travers son organisation des références et des contre références.
  • Au niveau secondaire, on retrouve les hôpitaux départementaux, les hôpitaux privés à but lucratif et non lucratif ;
  • Au niveau tertiaire, on retrouve les hôpitaux universitaires et/ou spécialisés dont le plus important est l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), tête de pont du réseau hospitalier métropolitain.

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Figure 7: Pyramide d’organisation du système de santé en Haïti

Les unités communales de santé (UCS)

Dans le cadre de la décentralisation, le Ministère de la Santé définit les UCS comme une entité du système nationale de santé qui met en relation cinq éléments (VOLTAIRE 1999) :

  1. Un espace géographique dénommé « aire de santé ».
  2. Une population de desserte utilisatrice potentielle des services
  3. Des organisations sanitaires mises en réseau (système de référence/contre référence).
  4. Un paquet minimum de services disponibles suivant une approche complémentaire entre les différents échelons.
  5. L’organisation et la redéfinition du personnel prestataire.

A l’intérieur des UCS, la base de la pyramide, c’est-à-dire le niveau primaire, est subdivisée en deux échelons :

  1. Le premier échelon, composé d’institutions de base offrant les services de santé prévus par le paquet minimum de services (PMS). Ces offres de service comprennent des activités de promotion, de prévention et de soins curatifs délivrés essentiellement en ambulatoire. Ce sont les Services de Santé de Premier Échelon (SSPE), tels que : les cabinets médicaux et de soins, les dispensaires, les centres de santé sans lits (CSL) et les centres de santé avec lits (CAL).
  2. Le deuxième échelon, représenté par l’hôpital Communautaire de Référence ou HCR, institution de premier recours au sein de l’UCS pour toutes les institutions du premier échelon. Elle dispose de 4 services de base: médecine – chirurgie – pédiatrie – obstétrique et gynécologie.

Les autres niveaux de prestation sont représentés par : l’Hôpital Départemental offrant des soins spécialisés comme l’ophtalmologie, l’orthopédie, l’urologie, et la cancérologie et les Hôpitaux Spécialisés et Universitaires.

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8 Une UCS est une organisation en réseau (logique de complémentarité), dans un territoire défini d’environ 150000 à 250000 personnes, avec des acteurs, des institutions de santé et des organisations de participation communautaire.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les principales lacunes du système de santé haïtien ?

L’organisation des soins présente des lacunes majeures empêchant de satisfaire les besoins en soins de santé de la population, notamment un manque d’organisation et une carence en professionnels de santé.

Comment l’État haïtien garantit-il le droit à la santé ?

Bien que la constitution stipule que l’État doit garantir le droit à la santé, l’État n’a aucune emprise sur le système de soins, et le patient est souvent livré à lui-même.

Quels obstacles majeurs entravent le système de soins en Haïti ?

L’absence d’une couverture de sécurité sociale universelle, le manque de certaines technologies médicales et les problèmes liés à la gestion des systèmes d’information hospitaliers constituent des obstacles majeurs.

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