Quelles implications politiques pour la communication interculturelle au Congo en 2023 ?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

Les implications politiques de la communication révèlent des mécanismes de défense insoupçonnés au sein des interactions interculturelles congolaises. Cette recherche novatrice met en lumière des dynamiques socioculturelles essentielles, offrant un cadre théorique crucial pour comprendre la discrimination communautaire dans un contexte multiculturel.


    1. Communications généralisées et contextualités situationnelles de « discrimination liée à l’appartenance communautaire »
      1. Description de cas

Pour comprendre comment les acteurs sociaux congolais produisent le « discrimination liée à l’appartenance communautaire » dans un contexte multiculturel, les sujets enquêtés ont été appelés à tour de rôle à discuter autour du thème ci-après : « Les ressortissants de chaque province ont des caractéristiques particulières qui les distinguent des autres ».

Lesquelles pour chaque province que vous connaissez particulièrement ? ». Les données recueillies de ces échanges peuvent être résumées comme suit456 :

  • Bandundu : Souvent il est vrai que chaque province présente des traits spécifiques. Ceci peut s’observer sur le plan marital ou linguistique, tels les Bakongo qui sont dans le système matriarcal comme nous, contrairement aux Katangais qui sont patriarcaux. Du point de vue linguistique, par ailleurs, lorsqu’un Muluba entend quelqu’un d’autre parler sa langue, il s’y intéresse et cherche à l’approcher, ce qui n’est pas forcement le cas chez nous. Tandis que le Kinois est qualifié d’orgueilleux. Il souffre toujours du complexe de supériorité. Ainsi, il se moque de tous ceux qui parlent leur langue vernaculaire.
  • Bas-Congo : Souvent, généralement les Bakongo sont calmes, timides et réservés. Les Equatoriens sont des ambianceurs et n’ont pas de pudeur. Et les Kasaïens ne sont pas sociables et cherchent à s’imposer, raison pour laquelle beaucoup de Bakongo refusent de loger les Kasaïens dans leur parcelle.
  • Equateur : Très souvent nous observons que chaque province a ses traits spécifiques. Nous les Equatoriens, nous sommes généralement insolents, sans pudeur, sans scrupule. Nous avons des réactions primaires (spontanées) ; il est donc rare de trouver des gens doux et courtois.
  • Chez nous tempérament peut être dû à notre climat, car il fait extrêmement chaud ; malgré cela nous ne sommes pas rancuniers. Chez nous les Katangais sont assimilés aux Rwandais, on ne leur fait pas confiance, car ils ont un cœur dur et ne partagent pas. Ils critiquent feu le président Mobutu pendant qu’eux-mêmes, aujourd’hui au pouvoir, ils ne font rien. Ils sont nos ennemis.

    Les originaires de la Province Orientale sont reconnus comme de grands cultivateurs. Ils cultivent le riz, le haricot, la courge, ils produisent les pilons et les mortiers. Malgré ces qualités, leurs femmes sont soupçonnées d’être infidèles dans le mariage. Les originaires du Bandundu sont naturellement des rancuniers et difficiles à comprendre. Ils aiment bien les fétiches et pratiquent la sorcellerie.

  • Kasaï Occidental : Très souvent lorsque nous sommes en contact avec les autres, nous nous rendons compte que chaque peuple a bel et bien sa propre culture qui la distingue des autres. Mais les Kinois n’ont pas une vraie culture puisque Kinshasa est une ville cosmopolite. Ils sont considérés comme des ambianceurs et des buveurs. Ils aiment bien passer leur temps à fêter des anniversaires, ce qui ne se fait pas chez nous où même un enfant de moins de 18 ans est interdit de prendre la bière.
  • Kasaï Oriental : Très souvent nous constatons des traits culturels spécifiques pour chaque peuple. Nous observons que les Kabindais sont accueillants, chaleureux et compréhensifs. Tandis que les Baluba sont orgueilleux, orgueilleux et moins compréhensifs. Les originaires du Bandundu ne se font pas remarquer puisqu’ils se sont facilement intégrés dans notre culture.
  • Katanga : Souvent il nous arrive d’observer que les Kinois sont trop loquaces, ils aiment tutoyer les gens (manque de respect, de prosodie, de décence dans l’habillement). Les Kivussiens par contre sont doux et intelligents. Les Kasaïens sont des débrouillards, ils n’acceptent pas les défaites, mais ils aiment trop se promener en moto. Ils ont envahi la ville avec leurs motos.
  • Kinshasa : A Kinshasa, nous constatons souvent que les ressortissants de différentes provinces ont l’habitude de se réunir. Ils sont très unis et cherchent toujours à coopérer sous l’étiquette des « associations des ressortissants de ». Par conséquent, ils élaborent des stratégies pour contourner les Kinois soit dans les études, soit dans la vie professionnelle, soit dans la vie sociale. Ils sont donc très dangereux.
  • Maniema : Très souvent il nous arrive de relever des spécificités pour chaque province, comme exemple : les Bakongo sont des rancuniers, les Kasaïens sont brutaux, le peuple de la Province Orientale est bien éduqué, mais leurs femmes sont réputées d’être des prostituées et nous-mêmes nous sommes trop fermés (introvertis) et très fermes quant à notre prise de position.
  • Nord-Kivu : Très souvent nous constatons que chaque peuple a ses traits spécifiques. La plupart de provinces de notre pays ont beaucoup d’intellectuels, c’est à peine que nous commençons à avoir des étudiants. C’est donc rare de trouver dans notre province des vieux ou vieilles qui parlent le français.
  • En revanche, il est rare de trouver chez nous des vieux ou vielles enguêlant les jeunes en public, chose que l’on retrouve presque chaque jour à Kinshasa. Chez nous, la vieillesse est acceptée et elle est vécue, par contre à Kinshasa ou dans d’autres provinces les gens luttent contre la vieillesse, ils prennent une cure de rajeunissement.

  • Province Orientale : Très souvent nous percevons les Equatoriens comme des personnes ouvertes, mais qui manquent de courtoisie quand ils font des reproches aux autres ; les Kivusiens du Nord et du Sud sont égoïstes ; nous avons une certaine méfiance envers les Kinois, car ce sont des orgueilleux, des bavards et font peur aux autochtones ; nous nous abstenons de porter un jugement sur le Katangais.
  • Sud-Kivu : Très souvent nous n’acceptons pas que les étrangers bénéficient des mêmes avantages que nous. Nous, nous sommes des autochtones et nous devons bénéficier de tous nos droits.

Ces données sont analysées en termes d’éléments communicationnels (généralisés et contextuels) dans le paragraphe qui suit en fonction de « tableau panoramique de dépouillement » (voir le tableau n°08) et de la « grille d’analyse » (voir tableau n°09).

      1. Analyse des éléments communicationnels (généralisés et contextuels)

Il s’agit ici de dégager les éléments de la communication généralisée et de la contextualité situationnelle à partir des discours (réactions) des sujets enquêtés décrits ci-haut. Le tableau panoramique n°29 résume les éléments de cette analyse.

Tableau n°29 :

Tableau panoramique du mécanisme de discrimination liée à l’appartenance communautaire

Tableau panoramique du mécanisme de discrimination liée à l’appartenance communautaire
ProvinceCaractéristiques perçues
BandunduReconnaissance des traits spécifiques provinciaux, perception des Kinois comme orgueilleux avec complexe de supériorité
Bas-CongoPerception des Kasaïens comme non sociables et cherchant à s’imposer
EquateurAuto-perception comme insolents sans pudeur, méfiance envers les Katangais assimilés aux Rwandais
Kasaï OccidentalPerception des Kinois comme sans vraie culture, ambianceurs et buveurs
Kasaï OrientalReconnaissance des traits culturels spécifiques, perception des Baluba comme orgueilleux
KatangaPerception des Kinois comme loquaces et manquant de respect, des Kasaïens comme débrouillards
KinshasaPerception des ressortissants provinciaux comme unis et dangereux pour les Kinois
ManiemaPerception des Bakongo comme rancuniers, des Kasaïens comme brutaux
Nord-KivuReconnaissance des différences éducatives, perception positive de la vieillesse contrairement à Kinshasa
Province OrientaleMéfiance envers les Kinois perçus comme orgueilleux et bavards
Sud-KivuRefus que les étrangers bénéficient des mêmes avantages que les autochtones

Il ressort du tableau n°29 le constat tel que toutes les provinces, sans exception aucune, pratiquent la « discrimination liée à l’appartenance communautaire » (soit 100 %). Les enquêtés de ces provinces développent des valeurs négatives vis-à-vis des autres culturels, comme le rejet, la méfiance et la tendance égocentrique.

________________________

456 Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC, du 09 au 30 avril 2013.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les caractéristiques des Bakongo selon l’article?

Les Bakongo sont souvent décrits comme calmes, timides et réservés.

Comment les Kasaïens sont-ils perçus par les autres provinces?

Les Kasaïens sont considérés comme des débrouillards qui n’acceptent pas les défaites et aiment se promener en moto.

Quels traits culturels sont associés aux originaires de l’Equateur?

Les Equatoriens sont généralement perçus comme insolents, sans pudeur et avec des réactions primaires.

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