Les implications politiques de l’autogestion révèlent une transformation inattendue des formes organisationnelles contemporaines. En réactualisant ce concept, cette recherche met en lumière des principes essentiels tels que la participation et la démocratie, essentiels pour naviguer dans la crise du modèle industriel traditionnel.
Conclusion :
La réactualisation de l’idée autogestionnaire dans les nouvelles théories organisationnelles :
Ainsi, nouvelles théories organisationnelles et théorie autogestionnaire développent toutes deux une « image » très similaire de l’organisation et des processus organisationnels, mettant notamment l’accent sur :
- La reconnaissance des dimensions collectives, interactionnelles et collaboratives du travail
- Le refus du centralisme et de l’autoritarisme auxquels se substituent la décentralisation et les thématiques de la confiance, de la coopération et de la réciprocité
- La remise en cause de la logique de formalisation et la reconnaissance de l’importance du système de régulation autonome et informel
- La valorisation de l’intelligence, de l’apprentissage et de la créativité
- La reconnaissance du pluralisme
- L’importance de la pleine implication et participation de tous
- La revalorisation du travail
- Le passage de formes organisationnelles pyramidales et hiérarchiques à des formes organisationnelles horizontales disséminant les compétences et les pouvoirs décisionnels et organisationnels à tous les niveaux de l’organisation.
- La remise en cause de la division du travail, de la séparation entre conception et exécution, et de la division entre les différentes sphères de l’existence humaine
- Une conception non plus statique mais processuelle de l’organisation valorisant les thématiques de l’expérimentation et du changement permanent.
Autant de nouveaux fondements pour l’organisation, communs à la théorie autogestionnaire et aux nouvelles théories organisationnelles, qui nécessitent la démultiplication des flux de communication pour s’actualiser.
Les Sciences de l’Information et de la Communication s’avèrent donc être une discipline clé pour analyser les entrelacements de ces deux modèles organisationnels.
La société de l’information, de la communication et de la connaissance comme terrain propice au renouveau de l’idée autogestionnaire :
La société de l’information a été un sujet favori des futurologues et prospectivistes avant de devenir une préoccupation des chercheurs et des décideurs politiques.
On constate depuis quelques temps un glissement sémantique qui nous fait passer de la société de l’information à celle de la connaissance.
Ce glissement témoigne de la mutation de notre regard sur les phénomènes organisationnels et communicationnels, qui s’attache désormais à dépasser les conceptions classiques réductrices pour développer des approches à la fois élargies et affinées, en un mot complexifiées.
Ainsi pour Valenduc, ce glissement permet de « retracer un itinéraire conceptuel qui part d’une approche de la société postindustrielle nettement imprégnée de déterminisme technologique, pour s’achemer (provisoirement sans doute) sur la notion de société de la connaissance, qui accorde un rôle prépondérant au capital humain et au capital social ».
Ainsi, « parler de société de la connaissance c’est mettre l’accent sur de nouvelles dimensions : le savoir, l’apprentissage, la culture ».
Ce n’est plus le simple échange d’informations, de données brutes qui permet l’organisation, mais la compréhension, l’intériorisation puis l’extériorisation des ces informations leur conférant un statut de connaissance.
C’est donc l’intelligence qui devient la variable organisationnelle, et donc productive, de base au travers des processus informationnels et communicationnels.
Ceux-ci permettent en effet aux potentiels cognitifs non seulement de s’exprimer (et de servir ainsi l’organisation), mais plus encore de se développer à travers la transmission d’informations, les échanges et les relations sociales.
La société actuelle est ainsi celle de l’information, la communication et de la connaissance.
On retrouve ici les trois variables clés des organisations autogérées.
Comme nous l’avons évoqué, c’est en effet la socialisation de ces trois variable organisationnelles qui sont à la base de la socialisation du pouvoir et donc de l’autogestion.
Cette société de l’information, de la communication et de la connaissance semble un terrain propice pour le développement d’organisations autogérées.
Elle se caractériserait en effet par la démocratisation de la réception et de l’émission d’informations.
Elle encourage donc la « socialisation » des moyens d’information et de communication, c’est-à-dire leur dissémination au sein du tissu social.
Parallèlement, cette nouvelle doctrine repose sur l’idée qu’information et communication sont désormais les principaux vecteurs d’organisation.
En socialisant les moyens d’information et de communication, elle participe donc, in fine, à la socialisation des moyens d’organisation et donc du pouvoir.
Ainsi, comme le souligne Pierre Rosanvallon : « la société informationnelle est l’envers du centralisme démocratique : elle organise la circulation du pouvoir à tous les niveaux et pas seulement de manière verticale.
Elle s’appuie sur la conception d’une société décentralisée qui tend à diffuser le pouvoir pour le démocratiser »280.
Frank Georgi, fervent défenseur et promoteur de l’idée autogestionnaire, milite ainsi pour « une société informationnelle où le pouvoir circule à tous les niveaux »281.
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Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les dimensions collectives de l’autogestion ?
Les dimensions collectives de l’autogestion incluent la reconnaissance des interactions et de la collaboration dans le travail, ainsi que la pleine implication et participation de tous.
Comment l’autogestion remet-elle en cause le centralisme ?
L’autogestion refuse le centralisme et l’autoritarisme, en favorisant la décentralisation et des thématiques telles que la confiance, la coopération et la réciprocité.
Pourquoi la société de la connaissance est-elle importante pour l’autogestion ?
La société de la connaissance met l’accent sur le savoir, l’apprentissage et la culture, transformant l’échange d’informations en un processus de compréhension et d’intériorisation, ce qui est fondamental pour l’organisation autogérée.