Les implications politiques de l’audit interne révèlent des failles surprenantes dans la gestion d’Ecobank Centrafrique. Cette étude met en lumière comment l’audit peut transformer la performance financière, offrant des solutions critiques pour renforcer le contrôle interne et maîtriser les risques.
Section 2 : contribution de l’audit interne à l’amélioration de la performance
Plusieurs réflexions managériales peuvent nous permettre de lier l’amélioration de la performance d’une entreprise à l’audit interne. En effet plusieurs théories dans le mangement des organisations montrent que la mise en œuvre de certains mécanismes de contrôle tels que l’audit interne est nécessaire, permettant ainsi aux dirigeants de s’assurer de la bonne marche de leurs activités.
La théorie de l’agence
La théorie de l’agence constitue aujourd’hui le cadre d’analyse dominant des formes d’organisation économiques, et plus particulièrement de la firme, proposée par les développements néoclassiques JENSEN et MECKLING (1976)19. Son point de départ est la relation d’agence.
L’origine de l’étude de la relation d’agence et des questions qu’elle soulève est située en général dans les réflexions d’Adam Smith sur l’inefficacité des sociétés par action dont la direction est confiée à un agent non propriétaire qui ne serait pas incité de ce fait à gérer au mieux les affaires qui lui sont confiées. Cette relation est alors présentée comme un cas particulier de relation d’agence.
La définition la plus classique de cette relation d’agence est celle selon laquelle « la relation d’agence est un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l’agent) pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d’un certain pouvoir de décision ».
Les auteurs en arrivent à considérer que toute coopération entre agents pose les problèmes caractéristiques d’une relation d’agence et peut être traitée de la même manière. En effet, le dirigeant peut souhaiter maximiser ses objectifs propres au détriment de ceux de d’actionnaire.
De plus ce comportement qualifié d’opportuniste, est difficile et coûteux à contrôler pour les actionnaires dans la mesure où le dirigeant dispose d’informations internes à l’entreprise que les actionnaires n’ont pas : c’est le principe d‘asymétrie de l’information.
L’asymétrie de l’information est le plus souvent à l’avantage de l’agent. C’est pourquoi le principal souhaite en général, le contrôler en concevant des moyens pour empêcher l’agent de prendre des décisions à l’encontre de ses propres intérêts ; ce qui n’est pas sans conséquences sur le fonctionnement de l’organisation.
En effet, cela engendre des coûts d’agence que JENSEN et MECKLING (1976) regroupent en coûts de surveillance, coûts d’engagement et pertes résiduelles.
- Les coûts de surveillance sont ceux engagés par le principal et destinés à contrôler l’agent. Les dépenses de contrôle correspondent ainsi aux coûts de rédaction et de surveillance du respect des « conventions » passées entre le principal et l’agent pour restreindre les marges de manœuvre de ce dernier en fixant par exemple des mesures compensatoires ou en limitant certains budgets.
- Les coûts d’engagement sont, quant-à-eux supportés par l’agent afin de mettre en confiance le principal. Ils peuvent résulter de la rédaction par l’entreprise de rapports financiers et la réalisation d’audits par des experts externes à l’organisation.
- Les pertes résiduelles sont liées à la persistance d’une divergence entre les décisions prises par l’agent et celles qui maximiseraient le bien-être du principal en dépit du contrôle et de l’engagement.
Dans cette perspective apparait alors la nécessité de mettre en place, au sein de l’organisation, une nouvelle règle visant à la minimisation des coûts liés à ces problèmes d’informations: l’audit interne.
En effet, considérant que l’individu a tendance, en général, à privilégier son propre intérêt, JENSEN et MECKLING soulignent qu’il est nécessaire de prévoir, dans le processus de décentralisation, un système de contrôle organisationnel qui rapproche les intérêts des individus de ceux de l’organisation.
Les dispositifs de mesure et d’évaluation de la performance sont également un des axes de contribution des auteurs à la théorie de l’agence. JENSEN et MECKLING examinent les méthodes d’évaluation de la performance associées à cinq grands types d’unités
organisationnelles (centres de responsabilités) : centres de coûts, centres de revenus, centres de profits, centres d’investissements, centres de frais. Ils proposent alors d’étudier les conditions sous lesquelles, chaque centre de responsabilité constitue un dispositif de mesure et d’évaluation de la performance.
Mise en perspective
La théorie de l’agence s’articule, à travers ses fondements et ses centres d’intérêts à d’autres courants déjà existant. Tout d’abord, s’appuyant sur les postulats selon lesquels l’individu privilégie son intérêt personnel et qu’il existe des conflits d’objectifs au niveau organisationnel, la théorie de l’agence adopte une position identique au modèle politique de l’organisation.
L’audit interne apparait donc, au vu de cette théorie de l’agence, comme un processus qui permet à l’organisation de minimiser les couts et de réduire les pertes et les risques liés à l’activité. Par ailleurs, la définition de « conventions » claires comme l’ont souligné JENSEN et MECKLING est primordiale pour le fonctionnement efficace d’une organisation.
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19 JENSEN et MECKLING, Théorie de la firme : « Comportement Managérial, cout d’agence et structure de propriété » JFE 1976 ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les implications de l’audit interne sur la performance financière d’une banque ?
L’audit interne est nécessaire pour s’assurer de la bonne marche des activités de la banque et contribue à l’amélioration de la performance en minimisant les coûts liés aux problèmes d’information.
Comment la théorie de l’agence explique-t-elle le besoin d’audit interne ?
La théorie de l’agence souligne que le dirigeant peut maximiser ses propres objectifs au détriment de ceux des actionnaires, rendant nécessaire la mise en place d’un système de contrôle comme l’audit interne.
Quels sont les coûts associés à la relation d’agence selon Jensen et Meckling ?
Les coûts d’agence comprennent les coûts de surveillance, les coûts d’engagement et les pertes résiduelles, qui sont tous liés à la nécessité de contrôler les décisions de l’agent par le principal.