L’impact économique du trachome est alarmant : il entraîne des pertes significatives dans les communautés touchées, exacerbées par l’insécurité au Cameroun. Cette étude révèle des stratégies novatrices pour surmonter ces défis, essentielles pour la santé publique et le développement économique local.
Répercussions sociale et économique du trachome
L’analyse de la distribution mondiale des déficiences visuelles rapporte une prévalence plus élevée dans les pays en voie de développement. Les cécités évitables les plus fréquentes dans ces pays sont la cataracte et le trachome.
Si certains enfants souffrant du trachome actif se plaignent de douleurs oculaires, de sécheresse ou de sensation de sable dans les yeux, la plupart d’entre eux n’imagine pas souvent être infectée. Dans la majorité des cas, le trachome actif est méconnu et n’est pas traité. Par contre, le TT est une affection grave qu’il est impossible d’ignorer.
Le TT est habituellement reconnu des populations. Il existe habituellement dans la langue locale de la région d’endémicité un vocable pour le désigner. En général dans la communauté, bien des croyances traditionnelles sont invoquées pour expliquer pourquoi les populations souffrent du TT. Mais le rapprochement n’est pas toujours fait entre ce problème des yeux qui semble pourtant peu grave chez l’enfant, et toute l’horreur du TT et de la cécité chez l’adulte.
La prévalence du trachome reflète différentes caractéristiques (accès à l’eau, habitat, éducation, hygiène…) essentielles au développement humain. Une prévalence élevée révèle immanquablement les conditions de vie particulièrement difficiles d’une communauté. De ce point de vue, la prévalence du trachome apparaît comme un indicateur très spécifique du développement humain.
L’insuffisance de développement économique est un facteur favorisant la survenue des déficiences visuelles. C’est pourquoi, les programmes de prévention et de soins oculaires ne devraient pas seulement s’intéresser à l’élimination de la cécité évitable, mais aussi à un développement économique concomitant.
Le coût de la réhabilitation et des soins apportés aux déficients visuels est le plus apparent. Mais les coûts indirects résultant des pertes de productivité sont moins apparents mais tout aussi importants.
Le trachome sévit dans les communautés défavorisées où les conditions de vie sont précaires. La fréquence du trachome chez les enfants apparait inversement liée à la scolarisation. Les pays où le trachome actif est le plus fréquent sont ceux où le taux de scolarisation des enfants sont les plus bas et où peu d’adultes savent lire et/ou écrire.
La personne déficiente visuelle et sa famille font face à d’importantes contraintes sociales. Directement et indirectement les déficiences visuelles interfèrent avec diverses activités quotidiennes. Chez les adultes les possibilités d’emploi d’un déficient visuel sont très limitées, leur participation à un grand nombre d’activité est sérieusement entravée.
À cela s’ajoute une perte du statut social et d’estime de soi. Ces implications physiques et psychosociales des déficiences visuelles diminuent la qualité de vie des aveugles et de leurs familles.
Pour les investisseurs, l’élimination du trachome pourrait représenter une opportunité dotée de retours sur investissement considérables. Préserver la vue d’une personne atteinte de TT nécessite une simple opération chirurgicale de la paupière qui peut être pratiquée dans un centre de santé local.
Les activités des programmes comprenant la distribution d’antibiotiques, l’éducation, l’accès à l’eau et à l’assainissement ont un impact positif allant bien au-delà d’objectifs ultimes « propres au trachome ». Certains qualifient l’élimination du trachome « d’initiative offrant le meilleur rapport qualité-prix » en termes de développement.
Politiques de prévention et de lutte contre le trachome
La stratégie CHANCE adoptée par l’OMS en 1993 comprend 4 volets:
- CH : la chirurgie pour traiter le stade cécitant de la maladie. L’acte chirurgical permet de rectifier et de corriger les cils palpébraux rétrovertis des patients souffrant de TT.
- A : les antibiotiques sont utilisés dans le traitement du trachome actif. Ils permettent également de réduire le réservoir de virus dans la communauté. Dans le cadre d’une administration massive, ils sont donnés par le fabricant au programme national par l’intermédiaire de l’Initiative Internationale contre le Trachome (ITI).
- N : le nettoyage du visage. Un visage sale est fortement associé à la transmission du trachome actif. En effet, les enfants dont les visages sont sales sont davantage susceptibles de transmettre le trachome s’ils ont une infection active, ou d’être contaminés s’ils ne sont pas infectés. Les sécrétions oculaires et nasales attirent les mouches qui cherchent à se poser sur les yeux, et qui peuvent transmettre l’infection à d’autres personnes. En se frottant les yeux avec des serviettes, des draps ou le foulard de la mère, on risque également de transmettre le trachome. Une des priorités des programmes de lutte contre le trachome consiste à communiquer l’idée qu’il faut prendre pour habitude de toujours garder propre le visage de l’enfant.
- CE : le changement de l’environnement. Le trachome persiste dans des environnements où le surpeuplement côtoie la pauvreté, le manque d’infrastructures de base pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’élimination des déchets. Cette maladie continuera à se répandre dans de tels endroits, et y reviendra même après un traitement à base d’antibiotiques, si de telles conditions ne changent pas. Ce volet revêt un caractère impératif dans toute lutte soutenue contre le trachome et, nécessite la collaboration d’autres secteurs comme l’éducation, l’eau, l’habitat, l’environnement, le développement rural.
En 1996, l’OMS a lancé l’alliance pour l’élimination mondiale du trachome d’ici 2020. Il s’agit d’un partenariat qui soutient la mise en œuvre de la stratégie CHANCE et le renforcement des capacités nationales à travers l’évaluation épidémiologique, le suivi, la surveillance de la maladie, l’évaluation des projets menés et la mobilisation de ressources. La plupart des pays endémiques ont convenu d’accélérer la mise en œuvre de cette stratégie afin d’atteindre leurs objectifs respectifs en matière d’élimination d’ici 2020.
L’élaboration d’un plan d’action contre le trachome est le résultat d’une recommandation de la réunion de l’Alliance de l’OMS pour l’élimination mondiale du trachome cécitant d’ici l’an 2020 (GET 2020) qui s’est tenue à Genève en 2011. Celle-ci reconnaissait la nécessité pour les pays de tracer leur voie vers l’élimination du trachome. Pour atteindre l’objectif du GET 2020, une planification adaptée au contexte et une réflexion stratégique sont nécessaires.
Le véritable défi pour mener une lutte continue et soutenue contre le trachome est d’ouvrir les yeux aux populations pour qu’elles puissent apprécier le lien entre une bonne hygiène, un bon assainissement et de meilleures conditions de vie pour les enfants ; ceci afin que leurs soit épargnée la terrible épreuve du TT à l’âge adulte.
Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact économique du trachome sur les communautés défavorisées?
Le trachome sévit dans les communautés défavorisées où les conditions de vie sont précaires. Les coûts indirects résultant des pertes de productivité sont importants, et les déficiences visuelles interfèrent avec diverses activités quotidiennes.
Comment le trachome affecte-t-il la scolarisation des enfants?
La fréquence du trachome chez les enfants apparaît inversement liée à la scolarisation. Les pays où le trachome actif est le plus fréquent sont ceux où le taux de scolarisation des enfants est le plus bas.
Quelles sont les stratégies de prévention contre le trachome proposées par l’OMS?
La stratégie CHANCE adoptée par l’OMS en 1993 comprend 4 volets : la chirurgie pour traiter le stade cécitant, l’utilisation d’antibiotiques pour traiter le trachome actif, l’éducation, et l’accès à l’eau et à l’assainissement.