L’impact des ajustements structurels sur la société camerounaise entre 1987 et 2017 révèle des transformations inattendues dans les domaines de l’emploi, de la santé et de l’éducation. Cette étude met en lumière des conséquences profondes, essentielles pour comprendre les dynamiques sociales actuelles au Cameroun.
Les objectifs et les stratégies généraux des PAS au Cameroun
Pour parvenir à ses fins, le FMI s’appuya sur un ensemble d’objectifs et de stratégies. Les objectifs sont en fait un ensemble de buts à atteindre par les programmes du FMI et les stratégies les mesures d’accompagnement de ces objectifs. Il est cependant capital si l’on veut comprendre la politique d’ajustement, de revenir sur ces objectifs et stratégies.
Les objectifs généraux des PAS
D’entrée de jeu, il faut dire que l’objectif principal avoué des PAS au Cameroun était la réparation des distorsions nées de la crise c’est-à-dire la stabilisation et la relance des finances publiques. Il faut donc remarquer que les PAS, visant tous les aspects de la vie économique du pays, comportaient deux volets principaux.
Le premier volet visait la stabilisation de la détérioration de la balance de paiement et la lutte contre l’inflation. Le deuxième volet visait pour sa part, la réallocation des ressources dans l’économie25. Pour parvenir à cet objectif principal, le FMI et le Cameroun durent se fixer d’autres objectifs qui se voulaient être secondaires, par rapport aux objectifs principaux.
Comme objectif secondaire et sectoriel, apparait en premier ressort la réhabilitation des entreprises publiques26. Cet objectif devait stimuler l’offre interne et favoriser l’allègement des mauvaises performances des entreprises exercées sur le budget de l’État.
Pour ce qui est du système bancaire et financier, l’objectif secondaire était la réforme du système27. L’atteinte de cet objectif était la restauration de la liquidité minimale des banques qui était d’ailleurs le problème auquel les établissements bancaires faisaient face au Cameroun. Au niveau managérial, il fallait la promotion d’une croissance économique forte et durable, des politiques adéquates de réduction de la pauvreté, d’une meilleure gestion des dépenses, et du renforcement de la gouvernance qui devaient réduire la pauvreté ambiante. Il fallait aussi, une rationalisation de la gestion des secteurs publics et parapublics dans l’optique de rétablir les grands équilibres financiers rompus par la crise. Dans ce sillage, l’État devait réduire ses charges et augmenter ses revenus.
25 Mamadou Lamine Diallo, Les Africains sauveront-ils l’Afrique ?, Paris, Karthala, 1996, p.42.
26 Ebalé, « Vingt ans d’ajustement… », p. 384.
27 Ibid.
L’État devait aussi relancer ses activités économiques. Les PAS prévoyaient de ce fait la valorisation des matières premières et des autres ressources nationales notamment du sol et du sous-sol28. Au-delà de ces objectifs, la BM à travers les PAS pensait appliquer un ensemble de principes. Ces derniers devaient limiter les actions de l’État à la simple fixation des règles, l’amélioration du fonctionnement des infrastructures et du marché.
Aussi, la BM préconisait la privatisation des entreprises publiques qu’elle jugeait avoir une mauvaise performance29. L’État devrait alors réorienter ses choix et ses stratégies de développement non plus vers la satisfaction des besoins intérieurs, mais plutôt vers le marché extérieur. La BM préconisait aussi la suppression du contrôle administratif des prix qui devait assurer une meilleure allocation des ressources et par conséquent faciliter l’accroissement de la concurrence sur les marchés internes30.
Au total, les PAS au Cameroun avaient un ensemble d’objectifs qui prenaient en compte presque tous les domaines de la vie de l’État. Les PAS apparaissaient ainsi comme les déterminants essentiels de l’évolution future de l’économie en ce sens qu’ils avaient pour visée de corriger les déséquilibres macro-économiques et de rétablir les conditions favorables à la relance de la croissance31. Ils s’articulaient alors autour de quatre grands axes à savoir : la stabilisation des finances publiques, la réforme du système bancaire et financier, le redressement des entreprises publiques et parapubliques, la reprogrammation des investissements publics32. Ainsi, pour atteindre ces différents objectifs, le Cameroun se devait de mettre sur pied des stratégies.
Les stratégies générales des PAS
Les stratégies des PAS au Cameroun étaient fonction des objectifs définis. De ce fait, au niveau managérial où il fallait stabiliser les finances, il y avait comme stratégies : le contrôle des salaires, la révision du cadre légal et statutaire de la Fonction publique, la rationalisation des services de gestion économique, l’amélioration des recettes budgétaires grâce à l’élargissement de l’assiette fiscale, le règlement des arriérés de la dette de l’État vis-à-vis du
28 Ebalé, « Vingt ans d’ajustement… », p. 384.
29 AMINEPAT, 3C71, Programme d’Ajustement Structurel : Négociation, 90-97, Statuts de la Mission de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic.
30 Abena Etoundi, « La planification économique… », p.425.
31 Bruno Bekolo Ebe, « Unité Européenne, ajustement déflationniste et polarisation désintégrant des économies africaines », in Touna Mama et al., Les économies africaines face à l’Europe de 1993, Yaoundé, PUC, 1992, p.172. 32 Paul Biya, « Rapport de politique générale au Premier congrès ordinaire du RDPC (28 juin 1990) », inédit, p.1.
secteur privé, la rationalisation des choix d’investissement publics33. Il fallait aussi la lutte contre la corruption, l’implication de la société civile dans l’élaboration des stratégies de lutte contre la pauvreté, la formation du capital humain, l’amélioration des conditions de vie des populations, la redistribution équitable des fruits de la croissance entre toutes les couches de la société34.
Pour le volet des entreprises, l’urgence de la réhabilitation de ces dernières nécessitait les mesures telles que : la privatisation des entreprises publiques et parapubliques, la liquidation et la restructuration sur la base des contrats de performance35. Ces mesures concernaient aussi le secteur bancaire et financier dont l’objectif était la réforme du système.
Il fallait alors la création d’une unité de recouvrement des créances douteuses des banques étatiques. Pour ce qui est de la relance de l’activité économique, il fallait une profonde réforme. Ainsi, les mesures préconisées étaient la sécurité alimentaire, la relance et la diversification des exportations, la révision du rôle des organismes de régularisation, la relance des secteurs forestiers, de l’élevage et de la pêche, la promotion du secteur privé et l’amélioration de la compétitivité de l’industrie, la réhabilitation et la maintenance des réseaux de communication,
la création des compagnies aéroportuaires et aéronautiques autonomes, l’élaboration des stratégies dans les domaines de l’eau, de l’énergie et des mines36.
En somme, malgré les différentes réticences observées de la part du gouvernement camerounais par rapport aux mesures du FMI, la conclusion des accords Stand-by fut faite. Ceci donna lieu à l’application des PAS au Cameroun dont l’objectif principal était la correction des distorsions liées à la crise et la relance de l’économie. Il est important dès lors d’examiner la mise en œuvre de ces programmes au Cameroun.
Questions Fréquemment Posées
Quel était l’objectif principal des programmes d’ajustement structurel au Cameroun ?
L’objectif principal avoué des PAS au Cameroun était la réparation des distorsions nées de la crise, c’est-à-dire la stabilisation et la relance des finances publiques.
Quels volets principaux comprenaient les programmes d’ajustement structurel ?
Les PAS comportaient deux volets principaux : la stabilisation de la détérioration de la balance de paiement et la lutte contre l’inflation, ainsi que la réallocation des ressources dans l’économie.
Comment le FMI a-t-il proposé de réformer le système bancaire au Cameroun ?
L’objectif secondaire concernant le système bancaire et financier était la réforme du système, visant à restaurer la liquidité minimale des banques.