L’étude de cas sur la réinsertion sociale des ex-détenus jeunes adultes révèle que 70 % d’entre eux souffrent d’une faible estime de soi, entravant leur intégration. Les résultats suggèrent que la programmation neurolinguistique pourrait être une solution transformative pour surmonter ces défis critiques.
CHAPITRE 4 PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS
Cette partie est réservée à la présentation brute et l’analyse des résultats. À cet effet, dans la présentation, nous ferons recours à des tableaux statistiques pour décrire et commenter la tendance des données collectées sur le terrain. Bien plus, dans l’analyse, nous vérifierons la validité de nos hypothèses de recherche à travers le Test de Student.
Présentation brute des résultats
Ici, nous présentons les tableaux des effectifs et des pourcentages issus de l’analyse des données. Elle se fera en deux grandes articulations. Dans la première section nous rapportons les données liées à l’identification des enquêtés tandis que dans la deuxième partie nous présentons les données relatives au pré-test et aux trois post- tests réalisés au cours de notre expérimentation.
Identification des enquêtés
Tableau N°- 7 : distribution des répondants en fonction du genre
Genre | Effectifs | Pourcentage (%) |
Masculin | 46 | 92,0 |
Féminin | 4 | 8,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
La lecture de ce tableau statistique N°8 sur le genre nous permet de comprendre que notre échantillon de 50 ex-détenus est composé de 46 hommes soit 92% et 4 femmes soit 8%. Cette sur-représentativité du genre masculin au détriment du genre féminin dans la démographie des ex-détenus de la prison centrale de Maroua peut mieux s’expliquer à travers le sur-effectif du genre masculin en milieu carcéral au Cameroun. À titre d’illustration, le rapport annuel de la direction de l’administration pénitentiaire (DAPEN) rapporte que en 2020, sur les 30701 détenus que comptaient les 191 prisons camerounaises, 29878 étaient des hommes soit 97,31% contre 823 femmes soit 2,68%.
Bien plus, relevons que cette situation est loin d’être une réalité spécifique à la prison centrale de Maroua ou au milieu carcéral camerounais. C’est un fléau qui touche pratiquement le monde entier pour preuve, le rapport de l’UNIDOC (2020) précise que la population adolescente que l’on trouve dans les prisons sur le plan mondial estimée à 16 Millions est composée d’hommes à hauteur 96,4 % de la population carcérale générale. L’âge moyen de la population carcérale est de 34,2 ans. Le niveau d’instruction des individus en détention est relativement faible puisque 41 % se sont arrêtés en primaire et 10,7 % sont illettrés. En outre, 80% des personnes détenues sont prévenues et la durée d’incarcération est d’environ 5 ans.
Tableau N°- 8 : distribution des répondants en fonction de l’âge au moment de la première incarcération
Age au moment de la première incarcération | Effectifs | Pourcentage(%) |
14-16 ans | 17 | 34,0 |
17-19 ans | 33 | 66,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
En ce qui concerne l’âge au moment de la première incarcération, de ce tableau N°9, il ressort que sur les 50 ex-détenus, 33 avaient entre 17 et 19 ans soit 66%. De plus, 17 ans avaient entre 14 et 16 ans soit 34 %. L’analyse de ces chiffres nous permet de comprendre qu’il y a un effectif élevé des adolescents de 17 à 19.
En psychologie de développement, cette tranche d’âge est la période par excellence de la manifestation de la délinquance juvénile liée à la crise adolescentaire. En fait, selon Freud (1970), l’adolescence comporte trois phases à savoir, l’opposition, l’affirmation du moi et l’insertion. Pendant les deux premières phases correspondant à 17-19 ans, l’adolescent en voulant faire émerger son identité, expérimente tout et manifeste des comportements antisociaux susceptibles d’entrainer la violation de la loi.
C’est ainsi qu’on peut aboutir à une incarcération qui pourrait justifier de leur présence pléthorique en prison.
En outre, Djakba et Makadji (2020) nous ont montré que la prison en tant qu’institution de rééducation du délinquant est sensée transformer positivement le comportement de l’adolescent, cependant, le constat était que à sa sortie de prison le comportement de l’adolescent était pire qu’à sa première incarcération. En guise d’illustration, lors de la première incarcération les délinquants mineurs sont le souvent impliqués dans des infractions telles que la bagarre, le vol simple, la toxicomanie, le défaut de CNI… Or, à la seconde incarcération ces derniers sont impliqués dans les délits et crimes tels que le braquage, le vol à main armé, le viol, l’avortement, violation de tombeau, émission de fausse monnaie…
Tableau N°- 9 : distribution des répondants en fonction de l’âge actuel
Age actuel | Effectifs | Pourcentage (%) |
22-23 ans | 17 | 34,0 |
24-25 ans | 33 | 66,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
Le tableau N°10 ci-dessus fait une description de l’âge actuel des 50 ex-détenus qui entre dans notre échantillon. Nous remarquons que 33 d’entre eux soit 66% ont aujourd’hui entre 24 et 25 ans. Par ailleurs, 17 d’entre eux soit 34% ont entre 22 et 23 ans. Le choix de la tranche d’âge de 22 à 25 ans s’explique par le fait que le désarroi lié au développement personnel touche davantage cette catégorie de jeune adulte. Leur implication dans cette expérimentation est aussi motivée par leur ouverture d’esprit, leur adhésion au projet de recherche et leur disponibilité.
Ces ex-détenus se recrutent dans toutes les couches socioculturelles et géographiques de la ville de Maroua. C’est ainsi que parmi eux, ont peut retrouver les Mofu, Guiziga, Peuls, Daba, Toupouri, Mafa, Mousgoum, Kotoko, Mandara, Kanuri, Mada, Podoko, Zoulgo, Méri. Maroua a donc une culture plurielle. La langue peule est la plus parlée dans le Nord-Cameroun et dans la ville de Maroua en particulier. Les ex- détenus sont aussi issus des religions variées dont les plus dominantes sont entre autre le christianisme, l’islam et l’animisme. Les phares quartiers dans lesquels ont les retrouves sont entre autres : Palar, Bao Hosséré, Domayo, Hardé, Makabaye, ZokokLadéo, Meskine, Ouro-Tchédé, Pitoaré, Ziling.
Tableau N°- 10 : distribution des répondants en fonction du niveau d’étude
Niveau d’étude | Effectifs | Pourcentage (%) |
Primaire | 7 | 14,0 |
Secondaire | 40 | 80,0 |
Universitaire | 3 | 6,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
Les données recueillies dans ce tableau N°11 sur le niveau d’étude de notre échantillon nous ont permis d’observer que 40 d’entre eux soit 80% ont arrêté les études au secondaire. 7 soit 14% un niveau de scolarisation primaire et 3 soit 6% ont un niveau universitaire. Cette situation peut se comprendre par le fait que la crise adolescentaire et la délinquance qui l’accompagne se manifestent généralement durant le cycle d’étude secondaire. Or, la délinquance juvénile demeure à ce jour, la principale raison de l’incarcération de ces derniers.
Tableau N°- 11 : distribution des répondants en fonction du nombre de temps passé en détention
Nombre de temps passé en détention | Effectifs | Pourcentage (%) |
0-2 ans | 32 | 64,0 |
3-5 ans | 12 | 24,0 |
Plus de 5 ans | 6 | 12,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
Parlant du nombre de temps passé en détention, ce tableau N°12 nous révèle que 32 soit 64% des ex-détenus ont passé entre 0 et 2 ans en prison. En outre, 12 d’entre eux soit 24% ont fait entre 3 et 5 ans en prison. Enfin, 6 soit 12% d’entre eux ont fait plus de 5 ans en prison. Le caractère réduit du séjour en prison des ex-détenus peut se comprendre par la nature de l’infraction commise. Le plus souvent, ils sont auteurs de contraventions dont la condamnation ferme dure d’un à six mois. Cependant, décrions aussi le fait que ces derniers soient généralement récidivistes.
Tableau N°- 12 : distribution des répondants en fonction de la profession
Profession | Effectifs | Pourcentage (%) |
Élève/étudiant | 7 | 14,0 |
Manœuvre/maçon | 12 | 24,0 |
Commerçant | 3 | 6,0 |
Moto taximan | 3 | 6,0 |
Employé à la carrière de sable | 6 | 12,0 |
Sans emploi | 17 | 34,0 |
Autres | 2 | 4,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
En fonction de la configuration professionnelle, de ce tableau N°13 nous retenons que parmi les ex-détenus, 17 soit 34% sont sans emploi, 12 soit 24% font dans la maçonnerie, 7 soit 14% sont étudiants, 6 soit 12% sont employés à la carrière de sable, 3 soit 6% sont moto taximen, 3 soit 6% sont commerçants et 2 soit 4% font autres choses. La sur-représentativité des sans-emplois est justifiée par la réticence de la société à faire confiance aux ex-détenus en leur offrant un emploi.
Du point de vue économique, la vie de l’ex détenu n’est pas du tout aisée dans le Département du Diamaré en général et à Maroua en particulier, car il n’a pas de travail, il est refoulé comme un mal propre quand il se présente pour demander un gagne-pain, personne n’a confiance en lui et par conséquent, il va tomber dans le chômage. Rappelons que les activités économiques de cette contrée sont basées essentiellement sur l’agriculture, l’élevage, la Moto-taxi, la maçonnerie et le commerce.
Les activités agricoles ne sont pas très florissantes à cause du changement climatique qui sévit un peu partout dans le monde. Elle est caractérisée par un faible rendement de production de maïs, du mil, d’arachide, du niébé (haricots). Le sac de maïs qui autrefois coûtait 8 à 10 mille francs, coûte actuellement 25 mille francs ; situation très inquiétante qui laisse présager une disette pendant la saison des pluies des mois de juillet, d’août et septembre. En outre relevons le problème de l’insuffisance des terres cultivables étant donné que Maroua est une ville urbanisée.
Tableau N°- 13 : distribution des répondants en fonction du statut carcéral
Statut carcéral | Effectifs | Pourcentage (%) |
Primo-délinquant | 20 | 40,0 |
Récidiviste | 30 | 60,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
En fonction du statut carcéral, ce tableau N°14 nous renseigne que 30 ex-détenus soit 60% sont des récidivistes alors que 20 soit 40% sont des primo-délinquant. Cela peut se comprendre à travers le comportement irrévérencieux des ex-détenus, le refus de la société à les accompagner dans leur processus de réinsertion, le caractère ultra répressif de la loi vis-à-vis des ex-détenus.
Le constat empirique est qu’au lieu de se racheter, les ex-détenus socialement inadaptés se livrent à des contraventions, délits et crimes. C’est ainsi qu’à partir du mois de Juin 2020, les quartiers de la ville de Maroua tels que Palar-Samedi, Ziling, Meskine, Pont vert étaient pratiquement infréquentables à une certaine heure de la nuit car on agresse, on vole, on viole.
Socialement parlant, l’univers des ex-détenus à Maroua est aussi marqué par une hausse de la toxicomanie. En effet, ils se livrent davantage à la consommation du tramadol, du chanvre indien et des boissons locales appelés en fulfuldé « bil-bil », « champoupou », « arki ». Ceci, malgré l’interdiction formelle de la prise de ses substances, caractérisée par l’augmentation des saisies, la destruction des drogues et la pénalisation de personnes incriminées. Ainsi, les produits tels que le tramadol, le diazépam, l’hexol qui coûtaient dix francs CFA le comprimé sont devenu avec la restriction au prix de 1000 F CFA l’unité.
Tableau N°- 14 : distribution des répondants en fonction du motif de l’incarcération
Motif de l’incarcération | Effectifs | Pourcentage (%) |
Contravention | 19 | 38,0 |
Délit | 19 | 38,0 |
Crime | 12 | 24,0 |
Total | 50 | 100,0 |
Source : données du terrain 2021
S’agissant du motif de l’incarcération le présent tableau N°15 nous montre que 19 ex-détenus soit 38% ont été interpellés pour contravention. 19, soit 38% sont interpellés pour délit et 12 soit 24% sont interpellés pour crime. La nature de l’infraction est cependant graduelle en fonction du niveau et de la fréquence de la récidive. Cette situation peut s’expliquer par la défaillance constatée au sein de la justice, l’administration pénitentiaire et le milieu carcéral. Ces derniers n’arrivent pas jusque-là à assurer aux détenus une rééducation de qualité et un bon accompagnement psychosocial en vue de faciliter leur réinsertion sociale. Bien plus, la société à travers les préjugés et les stéréotypes a du mal à accepter et à intégrer en son sein les anciens détenus.
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Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux défis de développement personnel des ex-détenus jeunes adultes à Maroua?
Les ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua rencontrent des problèmes d’estime de soi et de confiance en soi malgré leur libération.
Comment la programmation neurolinguistique peut-elle aider à la réinsertion sociale des ex-détenus?
L’étude propose que la programmation neurolinguistique pourrait favoriser la réinsertion sociale et le développement personnel des ex-détenus.
Quel est le profil démographique des ex-détenus étudiés à Maroua?
L’échantillon de 50 ex-détenus est composé de 46 hommes (92%) et 4 femmes (8%), avec une majorité ayant entre 17 et 19 ans au moment de leur première incarcération.