Les défis de la gestion urbaine à Louga révèlent des obstacles financiers et institutionnels inattendus qui compromettent le développement durable de la ville. Cette étude propose des solutions innovantes pour surmonter ces défis, offrant ainsi des perspectives cruciales pour l’avenir urbain du Sénégal.
Chapitre 2 : Les limites de la municipalité dans la gestion de l’espace urbain
La municipalité de Louga s’est fixée la mission de développer la ville de Louga suivant les compétences qui lui sont transférées en collaboration avec l’Etat, les organisations, les partenaires au développement etc. Mais dans l’exercice de ces fonctions, elle rencontre des difficultés de natures diverses qui entravent l’efficacité de ses actions. Elles sont d’ordre financier, institutionnel, urbanistique et social.
Financières
Les interventions de la municipalité, dans la limite des compétences qui lui sont dévolues par les lois de la décentralisation, sont contraintes par les réalités relatives à l’insuffisance des ressources financières, le poids écrasant des charges de fonctionnement et le remboursement des emprunts. C’est dans ce sens que l’Etat prend des mesures d’accompagnement qui se traduisent par l’allocation de fonds (FDD, FECL) afin de les aider et de les assister dans leurs missions.
Mais ces fonds injectés par l’Etat dans les caisses de la municipalité sont jugés trop faibles parce qu’ils représentent un faible pourcentage dans les recettes de la commune et sont confrontés entre autres à l’indisponibilité et à l’irrégularité des versements. Ce qui ne facilite pas une bonne gestion de la ville qui ne cesse de s’agrandir et dont les besoins en termes d’infrastructures et d’équipements augmentent de plus en plus.
En outre, constituant la principale source de revenu de la commune, les recettes fiscales ne permettent pas à la commune de réaliser ses projets et de s’acquitter des dépenses de la municipalité.
Cependant, le recouvrement de ces ressources fait défaut et les fonds nécessaires qui devraient permettre à la commune de mener sa mission sont insuffisants. En effet, en plus du patrimoine bâti et non bâti qui rapporte peu, ce niveau peu performant des recouvrements peut s’expliquer par des raisons économiques relevant de la pauvreté des ménages qui ne peuvent pas contribuer régulièrement ; techniques liées à la centralisation de la chaîne fiscale et à la faible transparence du marché immobilier et même sociopolitiques en rapport avec la frustration des populations qui se sentent exclues dans les décisions et la perte de confiance de celles-ci sur les élus locaux.
Institutionnelles
La gestion urbaine est très complexe parce-que faisant appel aux nombreux acteurs dont les actions ne sont pas toujours faciles à coordonner. Ainsi, on note une certaine inadéquation du cadre institutionnel à travers le chevauchement des rôles et les confusions importantes et persistantes, donnant ainsi lieu à des conflits de compétence, qui ont favorisé considérablement le développement anarchique de la ville.
Pourtant, les missions et attributions des principaux acteurs qui interviennent dans la gestion de la ville sont bien définies par le code général des collectivités locales. Mais le problème se pose surtout par rapport à la maîtrise ou à la connaissance de ces textes par certains élus ou simplement par le non-respect de ces textes par les différentes parties.
On note la difficile collaboration entre les autorités municipales et celles déconcentrées. En effet, le contrôle qu’exerce les services de l’Etat sur la commune ne favorise pas le développement car le poids de la tutelle handicape le fonctionnement de la municipalité et l’exercice de ses compétences. En outre, sur le plan de la coopération internationale qui nécessite aussi l’aval des représentants de l’Etat, la collaboration assez limitée avec les services déconcentrés de l’Etat sont une véritable insuffisance dans certains jumelages.
Urbanistiques
Sur le plan urbanistique, nous voulons souligner quelques problèmes notamment liés à l’organisation et à la qualité de l’habitat. Ce problème urbanistique caractérise même les aménagements de la périphérie à travers les violations notables des procédures juridico-techniques qui précèdent l’acquisition et la construction des maisons. En effet, à l’exception de quelques quartiers qui ont fait l’objet d’un plan d’aménagement ou d’un lotissement préalable, dans la majeure partie des quartiers de la ville de Louga, l’occupation a été faite d’une manière désordonnée notamment avec les
« faak deuk » qui finissent souvent par devenir un quartier. Dans ces « faak » comme il est contracté dans l’expression populaire, les habitations sont construites les unes après les autres sans plan du bâti. Morcelées par les propriétaires terriens sans l’aide d’un géomètre, les parcelles ont diverses formes géométriques si bien que les maisons sont imbriquées les unes dans les autres.
De plus, ceux-ci n’ont pas le souci de laisser des passages larges pouvant permettre la circulation de véhicules, ce qui est d’ailleurs source de danger.
En outre, dans ces espaces périphériques, il n’y a quasiment que des maisons (Touba Seras, Medina garage) avec peu d’infrastructures car ces espaces ne sont pas prévus pour la mise en place d’infrastructures éventuelles. Même les jeunes sont obligés d’aller un peu plus loin pour se tailler un terrain de football.
Les détenteurs traditionnels de terre qui n’ont pas de notions urbanistiques n’acceptent pas le morcellement de leur espace pour la mise en place des infrastructures ou services.
Cependant, il faut reconnaître que l’Etat et la municipalité ne s’impliquent pas assez dans la restructuration de ces quartiers « spontanés » de la ville. En effet, à défaut d’une restructuration, ils peuvent procéder à un re-lotissement de ces quartiers ou convaincre les propriétaires à céder leurs terres avec l’appui de techniciens.
Par ailleurs, il est à noter que la commune ne possède actuellement pas de plan d’urbanisme pour organiser son développement économique et spatial. Il en résulte des extensions urbaines
incontrôlées, spontanées et irrégulières qui augmentent rapidement, notamment dans la périphérie où les populations viennent de partout pour s’y installer.
Sociales
L’étude des contraintes sociales de la gestion nécessite l’observation des pratiques foncières et spatiales populaires dans la ville qui relève de la mentalité africaine à propos du foncier, facteur fondamental de l’extension spatiale de la ville. Ainsi dans la ville de Louga, les considérations coutumières à propos du foncier sont toujours d’actualité et beaucoup ne reconnaissent ou ne sont pas trop interpellés par les exigences du domaine national. En effet, « le voisinage et la parenté sont les principaux mécanismes qui déterminent la rotation de la tenure foncière surtout dans la propriété coutumière » (Wade C S 1995). Ainsi, ces considérations posent le problème réel de l’organisation de l’espace urbain.
Par ailleurs, l’intervention des organisations communautaires et des associations dans la gestion de la ville est menacée par les magouilles politiciennes qui limitent leur impact. En effet, il arrive que les politiques poussent les organisations de jeunes à s’organiser pour former une grande structure, interlocutrice censée les représenter auprès des institutions mais seulement pour des raisons inavouées cachant une volonté d’hégémonie politique.
Mais dans ce cas, les organisations doivent savoir que l’on ne peut vouloir une chose et son contraire à la fois ; demander des garanties de financement, de statut et de pérennité et conserver une indépendance d’action relève un peu de l’utopie quand on connait les ambitions politiques des autorités locales.
Ainsi, la participation des populations locales à la gestion à la gestion de la ville pourtant reconnue « unanimement » comme indispensable souffre dans la pratique car l’application des grandes décisions en matière de gestion urbaine est souvent extérieure aux citoyens.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les défis financiers de la gestion urbaine à Louga ?
Les défis financiers incluent l’insuffisance des ressources financières, le poids des charges de fonctionnement et le remboursement des emprunts, rendant difficile la réalisation des projets municipaux.
Comment la municipalité de Louga gère-t-elle ses ressources fiscales ?
La municipalité dépend principalement des recettes fiscales, mais le recouvrement de ces ressources fait défaut en raison de la pauvreté des ménages et d’une faible transparence du marché immobilier.
Quelles sont les limites institutionnelles rencontrées par la municipalité de Louga ?
Les limites institutionnelles incluent des conflits de compétence, une mauvaise coordination entre les acteurs et une collaboration difficile avec les autorités déconcentrées, ce qui entrave le développement de la ville.