Quels défis le sourcing pose-t-il à l’industrie aéronautique européenne ?

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🏫 Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Mémoire de fin d’études - 2010
🎓 Auteur·trice·s
Cécile Izumi ASAMA
Cécile Izumi ASAMA

Les défis du sourcing aéronautique révèlent une réalité surprenante : alors que l’internationalisation semble inévitable, les contraintes géopolitiques freinent l’essor d’EADS. Cette recherche met en lumière les stratégies cruciales à adopter pour naviguer dans un paysage complexe et en constante évolution.


2. Le sourcing et la centralisation des achats : un défi pour l’industrie aéronautique européenne.

Alors que Boeing a déjà engagé depuis longtemps une politique d’externalisation et d’approvisionnement à l’étranger, les politiques européennes, plus protectionnistes en termes d’emploi, ont freiné ce départ pourtant inexorable du géant européen, vers des sources internationales. Toutefois, il s’agit pour EADS, de ne pas répéter les erreurs de son concurrent américain, et de veiller à son organisation logistique.

a. Le sourcing / outsourcing / offshoring, ou l’approvisionnement à l’international.

Lorsque l’on tape le mot « sourcing » dans un moteur de recherche tel que Google (en mode Web), 16 300 000 résultats ressortent. Afin d’avoir une définition la plus communément accessible, une consultation de la définition donnée par le wikipédia s’avère être :

« Le sourcing est un terme anglais utilisé dans les achats et les RH pour désigner le fait de trouver soit des fournisseurs soit des candidats. Le terme vient du verbe anglais « To Source ».9 ».

« To source » en anglais signifie, selon wordreference : « acheter, se procurer »10. Dans la définition concernant le monde des affaires, donnée par wikipédia, le sourcing est « l’acte qui vise à réduire le coût général des achats, en automatisant les processus concernés. Expression anglo-saxonne (recherche d’une source) utilisée pour désigner l’action de recherche, localisation et évaluation d’un fournisseur ad hoc, afin de répondre à un besoin identifié (en matière de biens ou de services) formulé par une entreprise ou par un service ou un département de cette entreprise. ». Par conséquent, selon cette précision, se « sourcer » n’est pas tant le fait d’acheter, mais de rechercher/localiser une nouvelle source. Le sourcing n’est donc pas, à première vue, un acte du service des achats, mais relève plus du top management dans le choix des fournisseurs.

De manière générale, il est étonnant et en même temps grisant, de constater que ce terme est utilisé autant pour des problématiques de supply chain au niveau achats, mais aussi dans la sphère des ressources humaines. Ceci démontre une évolution du processus d’achat, qui n’est plus seulement un acte de sélection de fournisseurs et de transaction, mais de choix d’un interlocuteur privilégié, avec toute sa dimension humaine.

Toutefois, lorsque l’on fait défiler les pages du moteur de recherche, toujours avec le même mot-clé, apparaissent alors, par effet de synectique, les termes : « externalisation », « sous-traitance », « à l’international », « Chine », « source d’approvisionnement »11… En effet, cela découle du mot anglais « outsourcing », qui signifie « sous- traitance, externalisation » : « La notion d’outsourcing […] consiste à acheter à des fournisseurs des biens ou services qui étaient produits

précédemment par l’entreprise elle-même (notion de « make to

12 »). Ainsi, et cela est lié, le sourcing de manière générale, comporte les achats de matières premières, brutes, mais aussi les achats de composants, ou pièces détachées. L’outsourcing revêt alors l’étiquette de la délocalisation des achats vers des pays en voie de développement, où les prix seront moindres, selon les compétences demandées.

Se pose alors la question de la réelle importance du facteur humain lorsque l’on parle de sourcing, puisqu’il s’agit apparemment de trouver des mines de ressources ailleurs, moins coûteuses, aux dépens des actuelles. Ceci nous amène donc à une piste de réflexion plus large, concernant la nouvelle distribution des spécialisations par pays à l’échelle du commerce international, puisqu’il va s’agir d’allouer des tâches à des fournisseurs étrangers, et donc de favoriser des économies étrangères à celles de l’entreprise.

L’outsourcing est donc la nouvelle forme de délocalisation de la production, via le choix d’un fournisseur étranger pour la sous-traitance de composants d’un produit dans notre cas, et/ou d’un service plus généralement. L’outsourcing, au sens de la sous-traitance, délocalisé dans un autre pays, se dit « offshoring »13. C’est le fait de déplacer sa sélection de sous-traitants dans une autre région du globe.

Force est de constater, que ne serait-ce qu’en termes de vocabulaire, ces notions ne sont pas encore standardisées, et la confusion règne. La règle en vigueur est celle du vocabulaire de l’entreprise, et il n’est pas impertinent de demander aux interlocuteurs de spécifier leur propre définition du sourcing, outsourcing, et offshoring : « Le sourcing peut avoir plusieurs définitions, je l’entends de la manière suivante dans nos activités : processus amont d’achat, de la définition de la stratégie à la sélection des fournisseurs.

Le mot sourcing est principalement utilisé lorsque les achats sont ou seront réalisés dans un environnement mondialisé, et principalement dans les

14 pays émergents. Toutefois, qu’il s’agisse de l’achats de matières premières, ou de simples pièces ou composants, la notion qui nous intéresse particulièrement dans ce mémoire, est l’acte d’achat qui favorise maintenant une localisation étrangère plutôt que domestique, d’où les emplois aléatoires des termes sourcing, outsourcing et offshoring. En effet, logistiquement parlant, le fait que l’on traite de matières premières, ou de composants, ne change pas tant les données du problèmes, et à terme, dans une vision un peu plus lointaine, tout en observant l’histoire, force est de croire que si le processus d’achats à l’étranger commence par les matières premières dans les pays low-costs, l’industrialisation simultanée du pays concerné, mène par la suite, à la sous-traitance du moins des composants les moins technologiquement avancés. Par conséquent, commencer à engager une stratégie de sourcing, mène le plus souvent à poser les premières fondations pour l’offshoring.

b. La centralisation, ou globalisation : vers une réorganisation des achats.

Ainsi, le défi se révèle être définitivement logistique, puisqu’il comprend les processus d’achats, mais aussi les problématiques de transport, dans un objectif de réduction des coûts. Ce dernier objectif implique aussi une rationalisation des procédures, et donc une démarche imposée à l’ensemble de la société pour créer un levier performant et pertinent d’économies par une action de consolidation des transactions. On parle alors de « centralisation », de « joint procurement », et de « globalisation des achats » : « Regrouper dans le temps (plusieurs années), dans l’espace (plusieurs services) et par nature (plusieurs catégories d’achat) les besoins relatifs à des achats de même nature. La globalisation permet de faire jouer l’effet prix. »15

Sémantiquement, il se révèle pertinent de faire le lien entre la globalisation en tant que centralisation, mais aussi, pour reprendre le terme anglo-saxon « globalization, globalisation », soit en français, « mondialisation », qui implique aussi la notion d’utilisation des ressources mondiales, et d’extension des marchés dans le domaine du commerce international.

Si la pratique est maintenant ordinaire dans certains secteurs, comme la grande distribution par exemple, la centralisation des achats n’est pas encore au goût du jour dans l’industrie aéronautique. Le phénomène de centralisation des achats dans ce premier secteur, se modélise par la création de centrales d’achats, mais aussi de fonctions, telles que les « category manager », ou acheteur centrale, spécialisés dans le regroupement des achats pour une même gamme, voire un produit spécifique.

On les distingue alors de l’acheteur international, ou sourceur. Ce dernier est alors affecté aux tâches de sélection des fournisseurs internationaux, avec comme qualités pré-requises de bonnes connaissances du pays, de la culture, et une maîtrise de la langue ad hoc. Ainsi, dans la grande distribution, le modèle d’organisation de la fonction achats sépare le sourcing de la centralisation, comme deux spécialités bien distinctes, mais nécessairement complémentaires.

Aux débuts du sourcing, les acheteurs eux-mêmes étaient chargés de trouver et de sélectionner les fournisseurs. Toutefois, avec la globalisation des achats et donc l’augmentation des responsabilités et des volumes de produits traités, il a été, dans la plupart des cas, décidé de créer un poste de sourceur, distinct de celui de l’acheteur, afin d’apporter une notion d’expertise pays supplémentaire.

L’expertise est d’ailleurs le point clé, qui engendre dans l’industrie aéronautique, une prise de conscience de l’importance de la logistique. En effet, cela peut être principalement expliqué par la complexité de l’organisation de l’industrie.

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9 http://fr.wikipedia.org/wiki/Sourcing

10 http://www.wordreference.com/enfr/to%20source

11 http://www.agrojob.com/dictionnaire/definition-sourcing-3783.html

12 Définition donnée par Sébastien Wurmser, manager Global Sourcing Governance à EADS, cf. questionnaire en annexes.

13 http://www.sourcingmag.com/content/what_is_offshoring.asp

14 Définition donnée par Sébastien Wurmser.

15 http://www.decision-achats.fr/Definition-Glossaire/Globalisation-6586.htm


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les défis du sourcing dans l’industrie aéronautique européenne ?

Le sourcing pose des défis à l’industrie aéronautique européenne en raison des politiques protectionnistes en matière d’emploi qui freinent l’externalisation vers des sources internationales.

Quelle est la différence entre sourcing, outsourcing et offshoring ?

Le sourcing désigne la recherche et la localisation de fournisseurs, l’outsourcing consiste à acheter des biens ou services à des fournisseurs externes, et l’offshoring se réfère à la délocalisation des achats vers des pays à coûts moindres.

Pourquoi le facteur humain est-il important dans le sourcing aéronautique ?

Le facteur humain est crucial dans le sourcing car il s’agit de choisir un interlocuteur privilégié, ce qui implique une dimension humaine dans le processus d’achat.

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