Comment le cadre théorique influence-t-il l’expertise comptable ?

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🏫 Université de Sfax - Faculté des Sciences Economiques et de Gestion - Commission d'Expertise Comptable
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d'expertise comptable - 2006-2007
🎓 Auteur·trice·s
Ramzi BORGI
Ramzi BORGI

Le cadre théorique de l’expertise comptable révèle que 70 % des succès professionnels dépendent de compétences comportementales, souvent négligées au profit des diplômes. Cette étude met en lumière l’importance cruciale de ces compétences pour exceller dans un environnement concurrentiel.


Sous-section 1 : Définir le champ d’intervention du cabinet (définir les missions)

La profession comptable couvre plusieurs types de métiers. Ces métiers peuvent être regroupés en trois catégories, à savoir l’assistance, la certification et le consulting.

Tout en exigeant la maîtrise des compétences comportementales critiques de base, chacun de ces métiers se caractérise par des spécificités, nécessitant la maîtrise de compétences comportementales dites spécifiques.

Aussi, le champ d’intervention de l’expert-comptable est-il influencé par ses prédispositions techniques mais aussi comportementales.

§1. L’assistance

Les missions d’assistance 21 mobilisent les compétences comportementales critiques suivantes :

  • L’exigence de perfection ;
  • La passion du service ;
  • La gestion des attentes ; et
  • Le sens de la collaboration et de la coopération.
  1. L’exigence de perfection

Cette compétence détermine l’effort fourni pour atteindre un niveau d’excellence, ou pour l’améliorer. Autrement dit, il s’agit de l’amour du travail bien fait22.

L’exigence de perfection implique un travail soigné et de haute qualité, ce qui minimise le risque d’erreur et assure au client une sécurité accrue23.

Dans les missions d’assistance, la discipline intérieure est fondamentale pour fournir un service de qualité.

  1. La passion du service

Selon Yaïch (A.) 24, les experts-comptables animés par une passion du service sont toujours disponibles au service de leurs clients et surtout dans les moments cruciaux, ce qui favorise un environnement de collaboration et une coopération permanente facilitant,

21 Ces missions consistent à établir ou à assister les clients dans l’établissement de leurs états financiers et déclarations sociales, fiscales ainsi que dans les travaux juridiques.

22 Yaïch (A.), op.cit., page 74.

23 Yaïch (A.) (op.cit.) avance que « celui qui aime ce qu’il fait et trouve du plaisir à le faire travaille dans le bonheur, ce qui le favorise pour atteindre le sommet de la réussite. Toute grande réussite commence par une grande émotion : la passion pour son travail ».

24 Yaïch (A.), op.cit, page 86.

ainsi, la réalisation de la mission et contribuent à l’amélioration de la qualité de la prestation rendue25.

  1. La gestion des attentes

L’expert-comptable génère, souvent, par ses dires, attitudes et comportements des attentes chez ses clients. Aussi, doit-il faire attention à ne promettre que ce qu’il est capable de tenir. En effet, dans les missions de tenue et d’assistance, le risque de générer des attentes irréalistes, du type de mettre le client à l’abri des divers contrôles, peut être source de déception élevée.

Une bonne gestion des attentes minimise ce risque et augmente la fiabilité et la crédibilité de l’expert-comptable alors qu’une mauvaise gestion des attentes peut affecter sa réputation, porter atteinte à sa crédibilité et à la qualité des rapports qu’il entretient avec ses clients.

  1. Le sens de la collaboration et de la coopération

Le travail en commun facilite la rotation des collaborateurs nécessaire à l’accomplissement des missions de tenue et d’assistance et contribue à l’amélioration des prestations rendues26.

§2. La certification

Les missions de certification27 mobilisent les compétences comportementales suivantes :

  • L’indépendance d’esprit et l’objectivité ;
  • La communication ;
  • L’écoute active ;
  • La confiance en soi ; et
  • Le travail en équipe.
  1. L’indépendance d’esprit et l’objectivité

Selon le § 8.8 du code d’éthique de l’IFAC « l’indépendance d’esprit28 désigne l’état d’esprit qui permet d’émettre une opinion sans être affecté par des influences qui

25 Selon Goleman (D.), le service rendu par les grands professionnels diffère radicalement de la relation de service courante. La prestation de service pure n’est pas le seul objectif de la relation commerciale que les professionnels d’exception établissent mais constitue la retombée naturelle des efforts déployés pour comprendre et fournir le service adéquat afin de satisfaire les besoins des clients.

26 Un proverbe japonais dit « Aucun de nous n’est aussi intelligent que nous tous ».

27 Les missions de certification regroupent l’audit légal et contractuel ainsi que les missions d’expertise judiciaire. Dans ces missions, l’expert-comptable est tenu à formuler une opinion sur l’élément contrôlé.

28 Selon Yaïch (A.), « L’homme ne peut se sentir libre d’esprit et de mouvement que lorsqu’il se met en situation de ne pas craindre la vérité quelle qu’elle soit ».

compromettent le jugement professionnel permettant à un expert-comptable d’agir avec intégrité et d’exercer l’objectivité et le scepticisme professionnels adéquats »29.

Les professionnels indépendants prennent, souvent, les mesures nécessaires pour conserver leur indépendance30.

Quant à l’objectivité, l’ordre des comptables agréés d’Angleterre la définit comme étant « l’état d’esprit qui tient compte de toutes les considérations pertinentes pour le travail considéré mais uniquement de ces considérations »31. Ainsi, un expert-comptable est un professionnel équitable et qui ne doit pas laisser des préjugés ou des partis pris, des conflits d’intérêt ou l’influence de tiers nuire à son objectivité.

  1. La communication32

Il s’agit d’une compétence déterminante et importante pour l’exercice des missions de certification des comptes, dans la mesure où l’expert-comptable qui sait communiquer obtiendra plus facilement les informations dont il a besoin pour exécuter sa mission33. Une communication de qualité repose sur une écoute active.

  1. L’écoute active

Base de l’empathie, savoir écouter est un ingrédient essentiel pour la réussite dans les missions de certification. En effet, auditer c’est écouter activement afin d’assurer l’implication du client34.

Dans une communication de qualité, l’auditeur est appelé à écouter en profondeur, dépasser ce que dit le client en posant des questions, raisonner et imaginer ce qu’il entend. De ce fait, la marge d’erreurs sera réduite et la qualité du travail devient meilleure.

  1. La confiance en soi

Cette compétence est critique pour les missions de certification, dans la mesure où l’expert-comptable est tenu d’émettre une opinion motivée sur la sincérité des éléments

29 Ledit paragraphe distingue entre l’indépendance d’esprit et l’apparence d’indépendance qui implique que l’expert-comptable évite les faits ou les circonstances qui sont tels qu’une troisième partie objective et raisonnable, bien informée et ayant connaissance de tous les éléments pertinents y compris les mesures préventives appliquées, peut raisonnablement conclure que l’intégrité, l’objectivité ou le scepticisme professionnels sont compromis.

30 Les professionnels qui possèdent cette compétence, n’hésitent pas à refuser une mission ou à démissionner s’ils estiment que leur indépendance est menacée.

31 Yaïch (A.), op.cit

32 Communiquer vient du latin « communicare » qui signifie « être en relation avec ».

33 Des études démontrent qu’une bonne communication peut favoriser les rapports, renforcer les liens, promouvoir la confiance en soi et avoir un effet positif sur l’environnement de travail, www.warrenshepell.com visité en janvier 2005, Question de santé, page 1.

34 Goleman (D.), op.cit, page 170.

contrôlés et, éventuellement, faire face aux situations délicates. Selon Yaïch (A.),

« certifier ou refuser de certifier nécessitent d’avoir confiance en soi »35.

Cette compétence permet, également, à l’expert-comptable de se comporter en harmonie avec ses valeurs et convictions.

  1. Le travail d’équipe

Les missions de certification sont, généralement, assorties de délais36 pour la remise des rapports à la société auditée. Ces délais sont, souvent, courts pour des missions exigeantes en termes de démarches ainsi que de responsabilité. Le développement de l’esprit de travail en équipe37, au sein du cabinet, permet de tenir les délais et de garantir la qualité des travaux et de préserver l’expert-comptable contre les risques de mission.

§3. Le consulting

Les missions de consulting 38 sont des plus exigeantes en termes de compétences comportementales. Ces missions mobilisent une multitude de compétences dont particulièrement :

  • L’empathie ;
  • La souplesse ; et
  • La motivation.
  1. L’empathie

Qualifiée par Goleman (D.) de radar social, « c’est l’aptitude à ressentir ce que pensent les autres, sans qu’il aient besoin de le dire39. Les autres expriment rarement par des mots ce qu’ils ressentent mais, ils le laissent transparaître par le ton de leur voix (le vocal), l’expression de leur visage, ou d’autres modes de communication tacites (le kinésique) »40.

Un conseiller empathique sait écouter pour comprendre les besoins de son client et par suite lui fournir le service adéquat. De tels professionnels épousent le point de vue du client et se comportent en conseillers avisés et fidèles41.

35 Yaïch (A.), op.cit, page 64.

36 Le commissaire aux comptes, par exemple, est tenu de présenter son rapport général sur les comptes dans le mois qui suit la communication qui lui est faite des états financiers arrêtés par le conseil d’administration ou la gérance (article 269 CSC).

37 L’esprit d’équipe comprend les compétences nécessaires pour travailler avec d’autres personnes.

38 Le consulting recouvre les missions de conseil de gestion et celles d’organisation.

39 L’empathie suppose un minimum de savoir déchiffrer les sentiments de son interlocuteur. A un niveau plus profond, elle définit la capacité de deviner les problèmes et les soucis qui se cachent derrière ces sentiments.

40 Brunel & Cynthia, « Les conceptions de l’empathie avant, pendant et après Rogers », Carrierologie, page 487.

41 Yaïch (A.), op.cit, page 47.

  1. La souplesse

Selon le répertoire des compétences de l’Université d’Ottawa « la souplesse est la capacité de travailler efficacement, quelles que soient les situations, avec des personnes ou des groupes divers. Elle suppose une aptitude à comprendre et à évaluer des points de vue différents et même opposés sur une question, à adapter son approche en fonction des changements qui surviennent et à effectuer ou accepter facilement ces changements dans l’entreprise ou dans ses propres responsabilités »42.

Cette compétence est importante pour l’exercice des missions de consulting puisqu’elle permet de s’adapter aux changements et de manier les situations difficiles et d’intégrer les divers points de vue.

  1. La motivation

Lorsqu’on se motive pour un travail, on mobilise le meilleur de ses talents. Mais pour donner le meilleur de soi-même, l’expert-comptable doit aimer ce qu’il fait et trouver du plaisir à le faire43.

La motivation permet au consultant d’engager les efforts nécessaires à la recherche d’informations et de méthodes lui permettant de fournir des conseils de qualité44.

Malgré l’importance cruciale des compétences critiques comptables dans l’explication des cas de réussite, l’analyse des résultats de l’enquête montre que ces dernières demeurent des compétences tacites dans la pratique professionnelle comptable tunisienne. En effet, aucune personne ne nie l’importance de la fiabilité, de la conscience professionnelle ou encore de la confidentialité dans l’exercice de la profession comptable, toutefois on ne les reconnaît pas en tant que compétences critiques. D’ailleurs, la notion de compétence critique semble être méconnue. Ce constat peut être expliqué par la faible intégration de l’intelligence comportementale dans les programmes universitaires.

Le diagnostic interne des compétences comportementales et sa confrontation aux compétences exigées par la profession n’est pas une fin en soi, c’est un point de départ. L’expert-comptable est appelé, en outre, à définir les valeurs et exigences éthiques applicables en matière de recherche et d’acceptation des clients et auxquelles doivent adhérer tous les membres de son cabinet.

42 Répertoire des compétences, Université d’Ottawa, décembre 1998.

43 Le plaisir au travail mène à l’excellence.

44 Dans ce sens, Yaïch (A.) (2005) affirme qu’un consultant motivé, est souvent fasciné par le travail bien fait. Il fait preuve d’anticipation, de persévérance et d’intuition lui permettant de se projeter dans l’avenir pour imaginer que sera la situation si … Il poursuit ses objectifs avec ténacité malgré obstacles et déconvenues en faisant preuve d’optimisme afin de transmettre de l’espoir à ceux qu’il est chargé d’aider.

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21 Ces missions consistent à établir ou à assister les clients dans l’établissement de leurs états financiers et déclarations sociales, fiscales ainsi que dans les travaux juridiques.

22 Yaïch (A.), op.cit., page 74.

23 Yaïch (A.) (op.cit.) avance que « celui qui aime ce qu’il fait et trouve du plaisir à le faire travaille dans le bonheur, ce qui le favorise pour atteindre le sommet de la réussite. Toute grande réussite commence par une grande émotion : la passion pour son travail ».

24 Yaïch (A.), op.cit, page 86.

25 Selon Goleman (D.), le service rendu par les grands professionnels diffère radicalement de la relation de service courante. La prestation de service pure n’est pas le seul objectif de la relation commerciale que les professionnels d’exception établissent mais constitue la retombée naturelle des efforts déployés pour comprendre et fournir le service adéquat afin de satisfaire les besoins des clients.

26 Un proverbe japonais dit « Aucun de nous n’est aussi intelligent que nous tous ».

27 Les missions de certification regroupent l’audit légal et contractuel ainsi que les missions d’expertise judiciaire. Dans ces missions, l’expert-comptable est tenu à formuler une opinion sur l’élément contrôlé.

28 Selon Yaïch (A.), « L’homme ne peut se sentir libre d’esprit et de mouvement que lorsqu’il se met en situation de ne pas craindre la vérité quelle qu’elle soit ».

29 Ledit paragraphe distingue entre l’indépendance d’esprit et l’apparence d’indépendance qui implique que l’expert-comptable évite les faits ou les circonstances qui sont tels qu’une troisième partie objective et raisonnable, bien informée et ayant connaissance de tous les éléments pertinents y compris les mesures préventives appliquées, peut raisonnablement conclure que l’intégrité, l’objectivité ou le scepticisme professionnels sont compromis.

30 Les professionnels qui possèdent cette compétence, n’hésitent pas à refuser une mission ou à démissionner s’ils estiment que leur indépendance est menacée.

31 Yaïch (A.), op.cit.

32 Communiquer vient du latin « communicare » qui signifie « être en relation avec ».

33 Des études démontrent qu’une bonne communication peut favoriser les rapports, renforcer les liens, promouvoir la confiance en soi et avoir un effet positif sur l’environnement de travail, www.warrenshepell.com visité en janvier 2005, Question de santé, page 1.

34 Goleman (D.), op.cit, page 170.

35 Yaïch (A.), op.cit, page 64.

36 Le commissaire aux comptes, par exemple, est tenu de présenter son rapport général sur les comptes dans le mois qui suit la communication qui lui est faite des états financiers arrêtés par le conseil d’administration ou la gérance (article 269 CSC).

37 L’esprit d’équipe comprend les compétences nécessaires pour travailler avec d’autres personnes.

38 Le consulting recouvre les missions de conseil de gestion et celles d’organisation.

39 L’empathie suppose un minimum de savoir déchiffrer les sentiments de son interlocuteur. A un niveau plus profond, elle définit la capacité de deviner les problèmes et les soucis qui se cachent derrière ces sentiments.

40 Brunel & Cynthia, « Les conceptions de l’empathie avant, pendant et après Rogers », Carrierologie, page 487.

41 Yaïch (A.), op.cit, page 47.

42 Répertoire des compétences, Université d’Ottawa, décembre 1998.

43 Le plaisir au travail mène à l’excellence.

44 Dans ce sens, Yaïch (A.) (2005) affirme qu’un consultant motivé, est souvent fasciné par le travail bien fait. Il fait preuve d’anticipation, de persévérance et d’intuition lui permettant de se projeter dans l’avenir pour imaginer que sera la situation si … Il poursuit ses objectifs avec ténacité malgré obstacles et déconvenues en faisant preuve d’optimisme afin de transmettre de l’espoir à ceux qu’il est chargé d’aider.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les compétences comportementales essentielles pour un expert-comptable?

Les compétences comportementales essentielles incluent l’exigence de perfection, la passion du service, la gestion des attentes, et le sens de la collaboration et de la coopération.

Comment l’indépendance d’esprit influence-t-elle la certification en comptabilité?

L’indépendance d’esprit désigne l’état d’esprit qui permet d’émettre une opinion sans être affecté par des influences, ce qui est crucial pour la certification.

Pourquoi la gestion des attentes est-elle importante pour un expert-comptable?

Une bonne gestion des attentes minimise le risque de déception et augmente la fiabilité et la crédibilité de l’expert-comptable, tandis qu’une mauvaise gestion peut affecter sa réputation.

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