Le cadre théorique de la PNL révèle des statistiques surprenantes sur la réinsertion des ex-détenus jeunes adultes à Maroua. Cette recherche met en lumière les défis d’estime de soi auxquels ils font face, tout en proposant des solutions innovantes pour leur développement personnel.
Contexte camerounais
La formulation de notre contexte du point de vue national porte sur les aspects psychologique, politico-judiciaire, socioculturel et économique.
Contexte psychologique
En psychologie, l’âge du jeune adulte de 22 à 25 ans correspond à la période d’insertion sociale, de stabilisation du développement personnel (Nurmi, 2002). À cet effet, le sujet développe des modèles de raisonnement plus avancés et un sens de soi plus fort. Il cherche à forger sa propre identité, développant des attachements importants avec des personnes autres que leurs parents. Selon Baumeister (1996), il affirme son désir d’auto responsabilité et d’indépendance.
Pour ce qui est de l’ex-détenu jeune adulte issu des prisons camerounaises plus particulièrement, son développement personnel est calqué sur la sociologie carcérale. Car, dès l’entrée en prison, le détenu est dépouillé de son identité initiale. Ces attaques psychologiques sont souvent bien plus dévastatrices que l’attaque physique. L’individu perd petit à petit son statut, son identité d’avant, pour ne devenir qu’un détenu parmi d’autres. Cela se fait à travers la prisonniérisation qui est définie selon Vacheret et Lemire (2007, p. 16) comme « le processus d’intégration à différents degrés, des normes, des coutumes, de la culture générale du milieu carcéral ».
En plus, notons que cet isolement à la Prison du reste de la société combinée au maintien du détenu dans un réseau formé quasi seulement de pairs délinquants. Il constitue un accélérateur de désaffiliation avec le réseau social non délinquant d’avant l’incarcération et de réaffiliation avec des groupes délinquants. Foucault (1975, p. 311) va lui aussi dans ce sens lorsqu’il affirme que les conditions d’existence produites par l’incarcération « favorisent l’organisation d’un milieu de délinquants, solidaires les uns les autres, hiérarchisés, prêts pour toutes les complicités futures ».
Enfin, il apparaît qu’à force de subir un regard négatif, on note chez les détenus une baisse de 1’estime de soi. Là-dessus, Vacheret et Cousineau (2007, p. 116) soutiennent que, malgré toute la motivation que peut avoir un détenu, la sortie en libération d’office s’avère tout de même souvent très difficile. Ceci ne serait-ce qu’à cause de l’étiquette « d’ex-détenu » dont est affligée la personne, des « contraintes du retour en société ». Par exemple, trouver un emploi et un logement sont les équations les plus difficiles à résoudre par ce dernier.
Contexte politico-judiciaire
La situation de l’ex-détenu au Cameroun vu sous l’angle politico-judiciaire est davantage marquée par la précarité de l’avenir de ce dernier et une discrimination dans le processus de la réinsertion socioprofessionnelle. Ceci accompagné d’un bannissement à l’éligibilité politique.
En effet, si la délicate mission de garde est bien remplie par l’administration pénitentiaire, la mission de réinsertion a plus de mal à entrer dans les faits. Comment préparer une réinsertion socioprofessionnelle en un lieu qui désocialise, déresponsabilise ? Car, comme le disait Maret (1971, p.90) « nos prisons sont des fabriques des criminels.
Tout individu sort de là, pire qu’il n’y est entré. Si l’on veut améliorer un fruit, on ne le met pas soigneusement parmi d’autres fruits gâtés ». Pour Sigouin (2016) avant d’avoir à faire avec à la justice pénale et d’entrer en contact avec le système carcéral, bon nombre de prisonniers ont un passé marqué par l’exclusion sociale : faible niveau d’éducation, problème de santé, dépendance aux stupéfiants.
De plus, le Décret N° 94/199 du 07 octobre 1994 portant statut général de la Fonction Publique de l’État dispose en son article 13 alinéa 1 point d que nul ne peut être recruté en qualité de fonctionnaire : s’il a été l’objet d’une condamnation ferme pour crime ou délit de probité, notamment pour vol, faux, trafic d’influence, escroquerie, fraude, corruption, détournement de deniers publics ou abus de confiance ; à une peine assortie de l’une des échéances prévues par le code pénal ; pour une infraction ayant entraîné une peine d’emprisonnement ferme de six (6) mois.
Dans le plus clair des cas, pour certains détenus qui avaient un emploi, l’incarcération est évidemment synonyme de la perte de cet emploi et du revenu qui l’accompagnait. Il est rare qu’une aide soit prévue pour les aider à le conserver pendant la période de détention, qui peut pourtant être courte de toute manière, rare sont les employeurs qui désirent réembaucher du personnel passé par la « case prison ».
Pour les personnes les plus éloignées du marché de travail avant leur détention, les petits boulots mal payés (vannerie, bijouterie, blanchisserie…) qu’offre la prison peuvent donner à penser que travailler légalement est inutile et ne rapporte rien ; d’autant plus que ces boulots sont souvent déconnectés de la réalité du travail en dehors du système carcéral.
Par ailleurs, Idrissou (2005) nous renseigne que le travail en prison peut permettre à certains détenus de gagner en expérience et d’entrer en contact avec des employeurs prêts à les embaucher dès leur sortie de la prison. Cependant, un important travail est encore à faire pour convaincre et encourager les employeurs potentiels à voir les ex-détenus comme des travailleurs fiables. Nous constatons dès lors que malgré ces efforts déployés par l’État pour protéger et accompagner les ex-détenus dans leur processus de resocialisation, ces derniers éprouvent jusque-là des multiples défis.
L’un des faits marquants la vie post détention est le bannissement à la participation et à l’éligibilité politique. En effet, la loi N° 2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral, modifiée et complétée par la loi N° 2012/017 du 21 décembre 2012 dispose en son article 47 que ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale : les personnes condamnées pour crime, même par défaut ; les personnes condamnées à une peine privative de liberté sans sursis supérieure à trois (03) mois ; les personnes condamnées à une peine privative de liberté assortie de sursis simple ou avec probation supérieure à six (06) mois ; les personnes qui font l’objet d’un mandat d’arrêt ; les faillis non réhabilités dont la faillite a été déclarée soit par les tribunaux camerounais, soit par un jugement rendu à l’étranger et exécutoire au Cameroun ; les aliénés mentaux.
En outre, l’article 48 de cette disposition juridique en son alinéa prévoit aussi que « ne peuvent pas être inscrites sur les listes électorales pendant un délai de dix (10) ans, sauf réhabilitation ou amnistie, les personnes condamnées pour atteinte à la sûreté de l’État ». À l’alinéa 2 il est renchéri « le délai de dix (10) ans prévu à l’alinéa 1 ci-dessus court du jour de la libération, pour les condamnés à une peine privative de liberté, et du jour de paiement de l’amende, le cas échéant ». Ainsi, les ex-détenus sont en effet confrontés à des multiples blocages qui affectent leur attitude à devenir des citoyens respectueux de la loi. Ceci en particulier pour les délinquants à haut risque dont le casier judiciaire est lourdement chargé.
Ainsi le bulletin numéro 3 ou un séjour en milieu carcéral devient comme une épée de Damoclès sur le sujet. De plus, il devient un objet de chantage politique. Notons aussi que le code pénal camerounais prévoit qu’en cas de récidive, l’ex-détenu va recevoir le double de la peine qui est prévue par le chef d’accusation. Cela transparait clairement dans les dispositions de la loi N°2016-07 du 12 Juillet 2016 portant code pénal en son article 88 alinéa 1 il est précisé que est récidiviste, sauf en ce qui concerne les peines perpétuelles, et encourt le double du maximum de la peine prévue : celui qui, après avoir été condamné pour crime ou délit, commet une nouvelle infraction qualifiée crime ou délit dans un délai qui commence à courir à compter de la date de la condamnation devenue définitive et qui expire cinq ans après l’exécution de la peine prononcée ou sa prescription. Celui qui, après avoir été condamné pour contravention, commet une nouvelle contravention dans un délai qui commence à courir à compter de la date de la condamnation devenue définitive et qui expire douze mois après l’exécution de la peine prononcée ou sa prescription.
Dès lors, nous comprenons que dans la configuration politico-judiciaire actuelle, l’ex-détenu jeune adulte est une personne stigmatisée, en discrédit et en disgrâce. La société et la justice le surveillent de près pour détecter en lui la moindre erreur et le réprimer. La stigmatisation des détenus est due à une multitude de phénomènes complexes. C’est donc à juste titre qu’en 2020 Toews Ministre fédéral de la sécurité publique du Canada disait « notre gouvernement est prêt à payer le prix pour retirer les dangereux criminels de nos rues ».
Par ailleurs, du 19 au 21 septembre 1996, plus de 130 participants ont assisté à Kampala en Ouganda, au premier séminaire panafricain sur les prisons d’Afrique. Organisé par la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), The Kampala Déclaration on Prison Conditions in Africa a été adopté à l’unanimité à l’issue de ce séminaire.
Il a enjoint la CADHP, entre autres recommandations, de veiller à l’amélioration des conditions de détention dans les prisons d’Afrique. Un poste de Rapporteur Spécial sur les prisons et les conditions de détention en Afrique a été créé lors de la 20è session de la CADHP à l’île Maurice en octobre 1996.
À l’invitation du gouvernement camerounais, le Dr Vera Chirwa Mlangazuwa, juriste malawite et Rapporteur Spécial de la CADHP, a séjourné au Cameroun et visité du 1er au 14 septembre 2002, six prisons centrales (Yaoundé, Bafoussam, Douala, Bamenda, Garoua et Maroua) et une prison principale (Bafang).
À la fin de sa visite, elle a reconnu que la surpopulation carcérale, la mauvaise alimentation et le manque de structures sanitaires adéquates, constituent les problèmes majeurs des prisons au Cameroun d’aujourd’hui. Comme ultime recommandation, elle a indiqué d’infrastructures carcérales, car la quasi-totalité des bâtiments servant de locaux de détention au Cameroun sont des vestiges de l’époque coloniale que « Government should also built more prisons », traduisant de ce fait un manque d’infrastructures carcérales, car la quasi-totalité des bâtiments servant de locaux de détention au Cameroun sont des vestiges de l’époque coloniale.
Contexte socioculturel
Socialement parlant, l’univers des ex-détenus à Maroua est aussi marqué par une hausse de la toxicomanie. En effet, ils se livrent davantage à la consommation du tramadol, du chanvre indien et des boissons locales appelées en fulfuldé « bil-bil », « champoupou », « arki ». Ceci, malgré l’interdiction formelle de la prise de ces substances, caractérisées par l’augmentation des saisies, la destruction des drogues et la pénalisation de personnes incriminées. Ainsi, les produits tels que le tramadol, le diazépam, l’hexol qui coûtaient dix francs CFA le comprimé sont devenus avec la restriction au prix de 1000 FCFA l’unité.
Par ailleurs, la formation professionnelle reçue en prison est basée sur le travail pénitentiaire et l’apprentissage des petits métiers tels que la couture, l’artisanat, la menuiserie, la cordonnerie, la vannerie, la bijouterie, la teinture. Elle ne facilite pas leur réinsertion socioprofessionnelle des ex-détenus à Maroua. Car, le tout n’est pas de recevoir seulement une formation professionnelle alors qu’il n’y a pas de mesure d’accompagnement post détention. En effet, il est très difficile pour un ex-détenu de trouver par exemple un financement pour son projet professionnel auprès d’une banque, d’une association, d’une coopérative ou d’un créancier quelconque. Vu que ces derniers sont considérés comme étant de moralité douteuse prête à escroquer et à abuser de la confiance d’autrui.
Contexte économique
Selon Jeune Afrique économie (2017), le Cameroun est entré dans une crise économique depuis 2016. Cette situation a contraint l’État en juin 2017 a contracté un prêt auprès de la FMI. Cette situation est dû à crise sécuritaire au Nord et Sud-Ouest, à la guerre contre Boko Haram dans l’Extrême Nord et à la crise sanitaire à corona virus (Covid-19).
Cela a obligé l’État à réduire son budget qui est quitté de 5212700 000 000Fcfa en 2019 à 4951700000 000Fcfa à 2020 (MINFI, 2020). La réduction du train de vie de l’État a aussi touché l’administration pénitentiaire qui a vu son budget de fonctionnement connaitre une baisse remarquable quittant de 21597605000 FCFA en 2019 à 20679626000 F CFA en 2020.
Ceci, malgré les défis auxquels elle est soumise à l’instar de la surpopulation carcérale et les mutineries, la malnutrition, la crise sanitaire.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les défis de développement personnel des ex-détenus jeunes adultes à Maroua ?
Les ex-détenus jeunes adultes de la Prison Centrale de Maroua rencontrent des problèmes d’estime de soi et de confiance en soi, ainsi que des difficultés à se réinsérer socialement.
Comment la programmation neurolinguistique (PNL) peut-elle aider les ex-détenus ?
L’étude propose que la programmation neurolinguistique pourrait favoriser la réinsertion sociale et le développement personnel des ex-détenus jeunes adultes.
Pourquoi l’estime de soi est-elle affectée chez les ex-détenus ?
L’estime de soi des détenus diminue à cause du regard négatif de la société et de l’étiquette ‘d’ex-détenu’ qui les accompagne, rendant leur réinsertion difficile.