Les applications pratiques en expertise comptable révèlent que les compétences comportementales surpassent souvent les diplômes pour garantir le succès professionnel. Cette découverte transforme notre compréhension des exigences essentielles dans l’exercice libéral, avec des implications majeures pour les futurs experts-comptables.
Sous-section 3 : Information sur la politique choisie pour gérer les risques
La politique de gestion des risques peut être définie comme l’ensemble des actions visant à maîtriser les risques professionnels. Cette politique est mise en œuvre par tous les membres du cabinet.
La mise en œuvre de la politique de gestion des risques dépend de la nature de la perception des membres du cabinet du risque et concerne l’appétence pour le risque et le traitement des risques identifiés.
§1. La perception du risque
Selon Rigaud (E.), les principales problématiques liées à la mise en œuvre d’une politique de gestion des risques professionnels au sein des entreprises sont résumées dans les caractéristiques de la perception des risques des entrepreneurs346.
De même, Legoherel et Callot confirment « le lien établi entre l’environnement, le degré d’incertitude, la perception du risque et la prise de décision. La perception du risque agit
345 Le développement d’une procédure d’information automatique de l’expert-comptable des risques subis par le client (erreurs comptables, fraudes fiscales …), par exemple, permet de prendre les mesures nécessaires (essayer de corriger ces erreur en manifestant le désaccord du cabinet à ce type de pratique, voire même démissionner de la mission en cas de résistance du client) pour réduire ce risque ainsi que le risque subi par le cabinet.
346 Rigaud (E.), « Définition et opérationnalisation d’une organisation virtuelle à base d’agents pour contribuer à de meilleures pratiques de gestion des risques dans les PME-PMI », Thèse de doctorat, L’école des Mines, Paris, 2003, page 24.
sur les comportements et joue un rôle prépondérant sur le processus de décision de l’individu »347.
La perception du risque348 est une des clés de succès d’une gestion performante des risques. En effet, elle affecte les comportements et oblige à prendre des mesures de sorte qu’il est possible d’affirmer que les décisions, les moyens réservés et les mesures prises sont fonction de la gravité des risques et de leur caractère inévitable tels qu’ils sont perçus beaucoup plus que tels qu’ils devraient être considérés349.
Plus une personne, notamment l’expert-comptable et chacun de ses collaborateurs, développe son sens du risque, plus son acuité de vision du risque est percutante et plus son travail et ses conclusions sont fiables et sécurisés et la gestion du risque proactive et efficace350.
§2. L’information sur la perception du niveau acceptable du risque « appétence pour le risque »
L’appétence pour le risque351 est directement liée à la stratégie du cabinet. En effet, le dispositif de gestion des risques permet à l’expert-comptable de choisir une stratégie en cohérence avec son niveau d’appétence pour le risque.
347 Rapporté in, Yaïch (A.), « La perception du risque », Lettre comptable n°6 de l’année 2006.
348 En traitant des aspects qualitatifs de la perception du risque, la lettre comptable n° 6 de l’année 2006, rapporte que, selon une étude du Programme des Nations Unis pour le développement (PNUD) « Evaluation de la vulnérabilité et des risques », la recherche sur la perception des risques montre qu’un risque concret et personnalisé est mieux perçu qu’un risque abstrait.
Un risque abstrait qui laisse croire que cela n’arrivera jamais est plus facilement toléré qu’un risque personnalisé qui s’est réellement posé à d’autres personnes dans la même situation que soi.
De même, les problèmes complexes relatifs aux risques sont traités psychologiquement par un rejet.
Les risques courus par un groupe sont mieux tolérés qu’un risque menaçant individuellement une personne, même si le groupe comprend cette personne.
La perception des risques familiers courus plusieurs fois, peut devenir au fil du temps comme négligeable et faible. Des risques inévitables peuvent être totalement rejetés et pratiquement occultés.
« De façon générale, les recherches sur la perception des risques montrent que les gens évaluent les risques à l’aide de nombreux concepts subjectifs, opérant à plusieurs niveaux. L’aspect quantitatif du risque est moins important que certains de ses caractères qualitatifs : l’image offerte par un risque particulier et les suppositions qui lui sont associées. Quatre facteurs semblent importants dans la perception des risques :
Exposition : Le niveau réel du risque, mesuré quantitativement ; Familiarité : Expérience personnelle de cet aléa ;
Prévention : Degré auquel l’aléa est perçu comme contrôlable, et ses effets évitables ;
Effroi : Ce concept, attaché sous ce nom aux aléas par certains chercheurs, signifie l’horreur inspirée par l’aléa, son amplitude et ses conséquences ».
Le facteur « effroi » atteint un haut degré lorsque le risque a des conséquences dommageables graves et largement perçues comme inévitable. Et l’étude du PNUD ajoute que « la perception du risque s’avère étroitement liée au facteur d’effroi ; elle est liée de façon moins spécifique avec le niveau d’exposition ou de familiarité ».
Elle ajoute qu’un niveau élevé de perception du risque déclenche en général le désir et les actions visant à le réduire ; ou dans le cas ou le risque est inacceptable à le supprimer, si possible.
Il est clair, ajoute le PNUD, qu’un accès accru à une information sur les faits peut accroître la perception du risque, et par conséquent réduire l’acceptation de ce risque ».
349 Yaïch (A.), op.cit
350 Yaïch (A.), « L’impôt sur les sociétés 2007 », page 24.
351 Le comité COSO définit l’appétence pour le risque comme étant le niveau de risque global auquel l’organisation accepte de faire face, en cohérence avec ses objectifs de création de valeur. Il précise aussi que deux approches
Le niveau de tolérance du risque reflète la conception du cabinet en matière de gestion des risques et influence sa culture et ses activités quotidiennes.
Selon Yaïch (A.), un niveau élevé de perception du risque et de sa gravité déclenche les actions visant à le traiter. A un certain niveau de gravité, le risque devient inacceptable.
Le concept de tolérance au risque et la limite où se situe le seuil de l’inacceptable détermine les moyens et l’ampleur des efforts et sacrifices que l’on est prêt à consentir pour le traiter352.
La réalisation des objectifs visés par l’expert-comptable dépend de la qualité avec laquelle les collaborateurs mettent en œuvre la stratégie du cabinet. L’attitude des collaborateurs est étroitement liée à la connaissance de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas.
§3. L’information sur la politique de traitement des risques
Bien que la réponse à certains risques soit mise en application par les collaborateurs353 dans le cadre de l’exercice de leurs activités quotidiennes, les conséquences de ces risques sont toujours subies par le cabinet en sa globalité et particulièrement l’expert-comptable.
Il est, par conséquent, nécessaire de bien informer les collaborateurs sur la nature des réponses qui doivent être apportées aux risques identifiés et de contrôler, continuellement, leurs attitudes (pour s’assurer qu’ils apportent les traitements adéquats et informent automatiquement l’expert-comptable) vis-à-vis des risques identifiés.
Malgré l’importance accordée à l’intégration des collaborateurs dans le processus de gestion des risques, la nécessite de l’information des nouveaux recrutés semble être méconnue par les experts-comptables ayant participé à l’enquête. En effet, 50% des participants affirment que certains de leurs collaborateurs, uniquement, sont informés de la politique de gestion des risques choisie par le cabinet354.
La performance des collaborateurs, dans leurs activités de gestion des risques, dépend autant du ton donné par l’expert-comptable et son exemplarité en matière de gestion risques que de la qualité des outils d’information qu’il utilise.
peuvent être adoptées pour la détermination de l’appétence au risque, l’approche qualitative (élevée, moyenne ou faible) et celle quantitative qui consiste à comparer le coût des risques tolérés par rapport à leur contribution dans la réalisation des objectifs.
352 Yaïch (A.), « La perception du risque », La lettre comptable, n° 6 de l’année 2006.
353 Autre que la réponse au risque liée à l’acceptation des clients qui reste une attribution de l’expert-comptable.
354 Voir l’analyse des questions 18.2 et 18.3 en annexe.
________________________
345 Le développement d’une procédure d’information automatique de l’expert-comptable des risques subis par le client (erreurs comptables, fraudes fiscales …), par exemple, permet de prendre les mesures nécessaires (essayer de corriger ces erreur en manifestant le désaccord du cabinet à ce type de pratique, voire même démissionner de la mission en cas de résistance du client) pour réduire ce risque ainsi que le risque subi par le cabinet. ↑
346 Rigaud (E.), « Définition et opérationnalisation d’une organisation virtuelle à base d’agents pour contribuer à de meilleures pratiques de gestion des risques dans les PME-PMI », Thèse de doctorat, L’école des Mines, Paris, 2003, page 24. ↑
347 Rapporté in, Yaïch (A.), « La perception du risque », Lettre comptable n°6 de l’année 2006. ↑
348 En traitant des aspects qualitatifs de la perception du risque, la lettre comptable n° 6 de l’année 2006, rapporte que, selon une étude du Programme des Nations Unis pour le développement (PNUD) « Evaluation de la vulnérabilité et des risques », la recherche sur la perception des risques montre qu’un risque concret et personnalisé est mieux perçu qu’un risque abstrait. ↑
350 Yaïch (A.), « L’impôt sur les sociétés 2007 », page 24. ↑
351 Le comité COSO définit l’appétence pour le risque comme étant le niveau de risque global auquel l’organisation accepte de faire face, en cohérence avec ses objectifs de création de valeur. Il précise aussi que deux approches ↑
352 Yaïch (A.), « La perception du risque », La lettre comptable, n° 6 de l’année 2006. ↑
353 Autre que la réponse au risque liée à l’acceptation des clients qui reste une attribution de l’expert-comptable. ↑
354 Voir l’analyse des questions 18.2 et 18.3 en annexe. ↑
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que la politique de gestion des risques en expertise comptable?
La politique de gestion des risques peut être définie comme l’ensemble des actions visant à maîtriser les risques professionnels, mise en œuvre par tous les membres du cabinet.
Comment la perception du risque influence-t-elle la prise de décision en expertise comptable?
La perception du risque agit sur les comportements et joue un rôle prépondérant sur le processus de décision de l’individu, affectant ainsi les décisions, les moyens réservés et les mesures prises.
Quelle est l’importance de l’appétence pour le risque dans un cabinet d’expertise comptable?
L’appétence pour le risque est directement liée à la stratégie du cabinet et permet à l’expert-comptable de choisir une stratégie en cohérence avec son niveau d’appétence pour le risque.