Les applications pratiques de l’irrigation révèlent une réalité surprenante : malgré des efforts de réhabilitation, les terres en aval du périmètre de Digoterie souffrent d’une gestion inefficace de l’eau. Cette étude propose des solutions innovantes pour optimiser la distribution et renforcer les capacités des irrigants, avec des implications cruciales pour la durabilité agricole.
Gestion sociale de l’irrigation
La gestion sociale de l’irrigation est une approche qui considère qu’un système d’irrigation est une construction technique et sociale pour laquelle les irrigants définissent collectivement :
- Les normes d’accès et de distribution de l’eau, ainsi que les droits des irrigants et les obligations que tout un chacun doit respecter pour conserver l’accès à la ressource en eau (par exemple : travaux collectifs pour l’entretien, participation aux réunions et assemblées générales, paiement d’une redevance, etc.) ;
- Une infrastructure physique qui répond aux normes établies et à la gestion de l’eau définie de manière collective ;
- Un type d’organisation en capacité de veiller au respect des normes établies (Aubriot, 2000; Apollin et Bérut, 2004, dans Hérard, 2005).
Même si l’irrigation est destinée à proposer à l’homme une alimentation régulière, donc une meilleure vie, elle n’est jamais un cadeau, mais une perturbation pour le paysan et son environnement, d’où la nécessité de penser à sa meilleure gestion.
Tout projet d’irrigation doit tenir compte de quatre facteurs essentiels à savoir : Techniques, économiques, sociaux et écologiques (FAO, 2004).
- Les facteurs techniques cherchent la meilleure méthode adaptée aux conditions du projet.
- Les facteurs économiques cherchent à maximiser les revenus par de meilleurs rendement, de meilleurs assolements et un coût d’investissement aussi bas que possible.
- Les facteurs sociaux cherchent à l’amélioration des ressources nutritionnelles et des revenus ainsi qu’à l’amélioration du niveau technique des paysans et
- Les facteurs écologiques cherchent à limiter les incidences sur le milieu où le projet est implanté.
L’harmonisation de ces facteurs nécessite : un organisme de gestion, des réglementations de distribution de l’eau (droits et obligations des usagers), un personnel qualifié pour assurer la distribution de l’eau, le contrôle des canaux et les perturbations de l’environnement (FAO, 2004).
Organisme de gestion
Tout système irrigation, quelle que soit sa dimension et son histoire est géré par une organisation qui a pour mission d’en assurer son bon fonctionnement et sa pérennité (Tiercelin, 2006).
Une grande diversité de formes d’organisations se rencontre selon les objectifs assignés et les motivations qui ont prévalu à l’origine du projet.
À sa création, un système irrigation est porté par un maître d’œuvre qui peut être l’État, une collective territoriale ou une organisation d’usagers établie selon des règlementations en vigueur dans le pays.
Le maître d’œuvre a la responsabilité de la mise en place de l’organisation de gestion. Il pourra pour cela soit mobiliser ses propres moyens (services de l’État ou de la collectivité, autogestion par les usagers), soit confier par un contrat à un organisme privé ou public la gestion du service de l’eau (Ibid.).
En Haïti, dans le temps, la gestion des périmètres était effectuée par l’État, mais actuellement, suivant la nouvelle politique de l’irrigation de l’État, la plupart des périmètres irrigués sont gérés par les usagers soit de fait ou à travers un contrat de transfert de gestion (MARNDR, 2012).
Dans tous les cas, l’organisation de gestion devra se doter de moyens pour assurer ses missions de base, notamment l’exploitation et la maintenance des ouvrages (consistant à faire fonctionner le réseau : assurer sa mobilisation, son transport, sa distribution), et éventuellement, d’autres missions de développement et/ou d’assistance technique qui lui seraient confiées.
Règles de distribution et de gestion de l’eau
Ce sont des principes définis au sein de l’organisation interne de gestion du système, rédigés en accord avec les différents acteurs (les usagers en particulier).
Ces principes précisent qui est usager ou non, de quels droits chaque usager dispose, et dans quelles conditions ces droits peuvent exercer, les modes de distribution de l’eau (Tiercelin, 2006).
Les règles fixent donc dans un cadre pour la gestion des infrastructures, des flux hydriques, des systèmes de production et des risques environnementaux.
Personnel de distribution de l’eau et de contrôle des canaux
Ce sont des personnes qui accompagnent les membres de l’organisation. Suivant leurs tâches, on distingue : le vannier et la police des eaux.
Vannier
Le vannier assure le maniement des vannes au niveau de la prise. De cette façon, il empêche les débris et roches charriés par la rivière en crue, de pénétrer dans le canal principal.
Il assure aussi la manœuvre des vannes au niveau des canaux secondaires, voire tertiaires, selon la configuration du réseau (Berut, 2012).
Les tâches du vannier peuvent se résumer ainsi :
- S’assurer de l’entretien courant des vannes ;
- S’assurer de la pénétration libre et régulière de l’eau dans le canal principal et les canaux secondaires ;
- Signaler tous les dégâts constatés au niveau du barrage, de la prise ;
- Faire part de l’état des ouvrages, du matériel et outils nécessaires.
Police des eaux
En général, la police des eaux est là pour réduire les cas d’affrontements, de conflits, d’endommagements et de pertes au niveau du périmètre irrigué ; le comité de gestion doit mettre en place une structure de contrôle des dégâts : « la police des eaux » pour veiller au respect de la bonne distribution de l’eau (Berut, 2012).
Le rôle de la police des eaux est de :
- Faire respecter l’horaire d’irrigation ;
- Surveiller l’infrastructure ;
- Constater et dresser des procès-verbaux contre toutes personnes qui détournent l’eau, détruisent les infrastructures et qui ne respectent pas les règles établies.
Ces personnes doivent avoir des moyens et des compétences adéquats pour mener à bien leurs travaux.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les facteurs essentiels à considérer dans un projet d’irrigation?
Tout projet d’irrigation doit tenir compte de quatre facteurs essentiels à savoir : Techniques, économiques, sociaux et écologiques.
Comment est gérée l’eau d’irrigation dans le périmètre irrigué de Digoterie?
La gestion de l’eau d’irrigation est assurée par une organisation qui a pour mission d’en assurer son bon fonctionnement et sa pérennité.
Quelles sont les règles de distribution de l’eau dans un système d’irrigation?
Les règles de distribution et de gestion de l’eau sont des principes définis au sein de l’organisation interne de gestion du système, rédigés en accord avec les différents acteurs.