L’intégration régionale en Afrique est souvent perçue comme un défi, mais des données récentes révèlent des opportunités insoupçonnées. Cet article met en lumière les différences clés entre l’Union africaine et l’Union européenne, tout en proposant des réformes essentielles pour dynamiser l’intégration sur le continent.
Paragraphe 2 : Pour l’Union africaine des peuples
Il s’agira de renforcer l’implication des Etats et des parlements nationaux dans les grands débats sur la problématiques et enjeux de l’intégration continentale, de même que les acteurs de la société civile, les citoyens, bénéficiaires in fine des avancées du projet d’intégration.
A- Impliquer davantage les Etats et parlements nationaux
Les États membres sont les véritables piliers du processus d’intégration. De nombreux États africains sont cependant fragiles et tous ne sont pas partisans d’une intégration régionale. Un grand nombre d’entre eux considèrent que leur toute première priorité est de renforcer leur propre capacité de gouvernance.
Dans de telles circonstances, il n’est pas aisé d’inciter ces États à participer activement aux étapes mises en œuvre en vue d’une intégration régionale. Il est par conséquent important de mettre en place des éléments poussant les États membres de l’UA à s’engager davantage dans l’intégration régionale africaine au moyen de projets véritablement intégrateurs en fonction des besoins sous-régionaux ou d’accompagnement dans certains domaines cruciaux, etc).
Les parlements sous-régionaux et nationaux doivent également être renforcés et organiser de véritables élections dans des cadres où il est clair que des changements peuvent être enclenchés et le seront, de façon à ce que les candidats et les partis puissent militer en faveur de ces changements.
B- Assurer la participation du citoyen africain
Dans l’UE, le citoyen élit les membres du parlement et se trouve de ce fait responsable des décisions et actes émanant des eurodéputés.
Ainsi, l’importance de la participation des citoyens aux élections du Parlement européen est plus évidente puisque leur vote par procuration influence indirectement le choix du président de la Commission européenne. Le Parlement européen élit les candidats proposés à la majorité de ses membres.
Par ailleurs, chaque citoyen ou personne morale dispose du droit, reconnu par les traités, d’adresser des pétitions au Parlement européen, qui sont traitées par la commission des pétitions.
Dans le cadre d’une initiative citoyenne, un groupe de citoyens (groupe de lobbying) de l’Union (article 11, paragraphe 4, du traité UE) peut aussi inviter la Commission à élaborer une proposition.
Pour ce qui est de l’Afrique, un large consensus s’est fait jour, lors de la mise en place des organes de l’Union africaine, quant à la nécessité de doter la société civile d’une place adéquate au sein de ces institutions. Le challenge à ce sujet est par conséquent de parvenir à une bonne connaissance du paysage de la société civile africaine et des liens probables entre les différents acteurs au niveau national, régional et continental.
La question se pose également de savoir quelles stratégies sont nécessaires pour renforcer la société civile, pour lui permettre de profiter pleinement des nouvelles opportunités de participation dans des domaines politiques clés afin d’assumer ses nouvelles responsabilités.
Dans le cadre de l’Union africaine, le chantier de la promotion de l’intégration politique basée sur les citoyens par un renforcement du rôle des parlements nationaux, du Parlement panafricain, de l’ECOSOCC et de la société civile, demeure encore ouvert.
Un plus grand potentiel de changement peut être dégagé si la CUA et les organisations de la société civile collaborent pour se renforcer mutuellement.
L’expérience de la Commission africaine des droits de l’homme en est une excellente illustration puisque la coopération avec la société civile, prévue dans ce dispositif, s’est traduite par une nette amélioration de la qualité du travail de cette commission. Il faut également élargir et approfondir la représentation de la société civile en Afrique.
L’ECOSOCC a favorisé un mouvement de fédération des organisations de la société civile (OSC), une évolution qui donne un peu plus de solidité à l’action de la société civile. De bonnes avancées ont été réalisées à ce niveau, mais l’ECOSOCC doit encore trouver une manière d’intégrer progressivement une plus large palette d’organisations de la société civile africaine.
Les parlements régionaux et nationaux doivent également être renforcés et organiser de véritables élections dans des cadres où il est clair que des changements peuvent être enclenchés et le seront, de façon à ce que les candidats et les partis puissent militer en faveur de ces changements.
L’UA doit aussi faire l’objet d’un débat plus vaste au sein même des États membres africains, ainsi que dans les médias, dans les OSC et parmi les citoyens. La vision et le programme politique de l’UA ne sont pas assez connus des populations africaines.
Les conditions nécessaires pour un débat solide et ouvert doivent encore être créées. Néanmoins, une immense capacité se développe depuis la base et les gens pourraient fort bien prendre leurs destinées en mains. Il faut mettre en place un processus et décider de la répartition des tâches, des mandats et des compétences entre les acteurs clés.
La vision panafricaine repose en fait sur de solides fondements populaires et à de nombreux niveaux, les populations africaines sont déjà bien plus avancées dans leur pratique quotidienne de l’intégration continentale que ne le sont les institutions panafricaines.
Par ailleurs, peu d’États africains peuvent prétendre être régi par des systèmes véritablement démocratiques avec une réelle implication des populations dans les prises de position, ce qui peut inciter à un certain scepticisme quant à la nature « populaire » du projet actuel d’intégration africaine mis en œuvre par l’UA.
Le concept même d’une intégration continentale « mue par les populations » est peut-être davantage une notion qui implique la création d’une nouvelle identité, ce qui est un processus qui demande du temps.
En Afrique, les choses prennent généralement une tournure moins favorable lorsqu’on aborde la question de transferts de pouvoirs et de transition en matière de leadership, d’où l’importance de mettre en place des institutions fortes.
Il est d’une importance vitale ici de permettre aux citoyens de demander des comptes à leur gouvernement, de créer un environnement propice et de développer un avantage comparatif dans un contexte mondialisé.
Si l’on veut créer une Union centrée sur les citoyens, les gouvernements nationaux ont un rôle crucial à jouer pour faire avancer ce processus. En termes institutionnels, le centrage ne doit pas reposer seulement sur la CUA.
Il est au contraire essentiel de reconnaître la valeur ajoutée des autres organes et d’impliquer les CER et les États membres. L’ECOSOCC et le Parlement panafricain peuvent contribuer à accroître la représentation populaire dans les décisions internes.
Questions Fréquemment Posées
Comment renforcer l’implication des États dans l’intégration régionale en Afrique ?
Il est important de mettre en place des éléments poussant les États membres de l’UA à s’engager davantage dans l’intégration régionale africaine au moyen de projets véritablement intégrateurs en fonction des besoins sous-régionaux.
Pourquoi la participation des citoyens est-elle essentielle dans le processus d’intégration régionale ?
La participation des citoyens est essentielle car elle permet de renforcer la société civile et d’assurer que les décisions prises par les institutions reflètent les besoins et les aspirations des citoyens africains.
Quels sont les défis de la société civile dans l’intégration régionale en Afrique ?
Le challenge est d’arriver à une bonne connaissance du paysage de la société civile africaine et des liens probables entre les différents acteurs au niveau national, régional et continental.